Auteurs
Thibault VIARD (1), Cédric Gil-Jardiné (2)
1. Urgences SMUR, CH Agen, Agen, France
2. Urgences, CHU Bordeaux, Bordeaux, France
Introduction
L'articulation entre la supervision règlementaire permanente des internes en stage aux urgences et l'autonomisation indispensable à leur futur exercice est difficile. Leurs capacités, autonomie, besoins, attentes, intérêt pour les urgences sont variés et méconnus. Nous avons regardé si internes et séniors évaluent différemment la vitesse d'autonomisation des internes lors de leur stage d'urgence. Nous avons aussi regardé les points sur lesquels la distance de séniorisation n'est pas adaptée et la pertinence de certains outils pédagogiques.
Matériel et méthode
Cette étude régionale compare les internes inscrits en médecine générale pour l'année 2012-2013 ayant fait leur stage aux urgences, et les urgentistes de 19 services d'urgences. Un questionnaire de 20 items établi grâce à un focus-group a été diffusé aux internes et séniors à partir d'avril 2013.
Résultats
Nous avons obtenu 74% de réponses pour les internes et 53% pour les séniors. Sur les 428 internes, 207 avaient fait leur stage aux urgences. Leur intérêt pour la médecine d'urgence était faible (29%), moyen (38%) ou important (33%). L'évaluation des internes n'était pas différente de celle des urgentistes à propos de la vitesse d'autonomisation, perçue comme lente pour respectivement 2% et 7%, adaptée pour 71% et 67%, et rapide dans 25% et 24% des cas (p=0,11). Elle semble différente pour la distance de séniorisation dans ses détails. Tous les outils pédagogiques proposés étaient jugés utiles. Présence et disponibilité des séniors étaient bonnes ou excellentes d'après ¾ des internes et séniors, et leur écoute d'après 58% des internes et 70% des séniors. Environ 80% des internes pensent pallier le manque d'urgentistes, contre la moitié des séniors.
Discussion
L'évaluation des internes rejoint celle des séniors concernant la vitesse d'autonomisation aux urgences, mais diffère en revanche légèrement sur certains points en particulier. En terme d'outils pédagogiques, la définition du cadre et des règles de séniorisation est insuffisamment réalisée d'après les internes. Urgentistes et internes souhaitent la généralisation d'un bilan de mi-stage, pour les internes et pour les séniors, qui permet un retour sur les pratiques d'encadrement de chacun.
Conclusion
Notre étude plaide en faveur d'une culture du feedback entre internes et urgentistes tout au long du stage. Le détail de l'étude a été envoyé à chaque hôpital participant et offre des perspectives locales de progression.
