Auteurs
Lise Pujol (1), Farès Moustafa (1), Jennifer Saint-Denis (1), Nicolas Dublanchet (2), Thierry Mathevon (1), Guillaume Nguyen (1), Christine Carrias (1), Jeannot Schmidt (1)
1. Pôle SAMU-SMUR-Urgences, CHU de Clermont-Ferrand, Clermont-Ferrand, France
2. Pôle SAMU - SMUR - Urgences, CHU de Clermont-Ferrand, Clermont-Ferrand, France
Introduction
La consommation d’anticoagulants n’a cessé d’augmenter depuis 10 ans avec le vieillissement de la population. Malgré de nombreuses études sur les accidents hémorragiques graves, la prise en charge des hématomes intramusculaires sous AVK restent est peu documentée. L’objectif de notre étude était de réaliser une analyse descriptive portant sur 73 patients souffrant de cette localisation hémorragique grave et sur leur suivi.
Matériels et Méthodes
Il s’agit d’une étude rétrospective, menée sur 5 ans (2008-2012), portant sur des patients admis aux urgences pour un hématome intramusculaire survenu sous AVK, et reversé par concentré de complexes prothrombiniques (CCP) et vitamine K. Nous avons recueilli les données démographiques, de prise en charge et de suivi à 3 mois des patients.
Résultats
Sur les 631 accidents hémorragiques graves sous AVK recensés, les hématomes intramusculaires arrivent en 3ième position avec 73 patients touchés (11,6%) d’âge moyen de 75,5 ans [72,6–78,3]IC95%. Quinze patients (20,5%) sont sous double traitement anticoagulant associant héparine et AVK ; 8 (11%) reçoivent un antiagrégant plaquettaire et un AVK. On observe un INR> 3 chez 46 patients (63,8%) dont 23 (31.5%) avec un INR> 5. Sur ces 73 hématomes, 47 (64.4%) sont consécutifs à une chute (64,4%), 3 (4.1%) sont apparus dans les suites d’une coronarographie et 1 hématome complique un acte chirurgical. Les 22 (30,1%) hématomes restants semblent de survenue spontanée. Les principales localisations retrouvées sont le quadriceps (n=19, 26%), le muscle psoas-iliaque (n=17, 23.3%), le grand droit (n=11, 15.1%) et le fessier (n=10,13.7%). Le scanner a été l’imagerie la plus utilisée pour le diagnostic (60,3%). Le volume moyen de l’hématome est évalué à 465,4 ml [370,8–560]IC95% et 16 (21.9%) saignements sont actifs au scanner. Deux patients ont bénéficié d’une embolisation et 4 patients ont eu une prise en charge chirurgicale. La durée moyenne d’hospitalisation a été de 13,5 jours [11,6–15,4]IC95%. Quatre décès sont observés dont 3 directement imputables à l’hémorragie intramusculaire. Les AVK ont été définitivement arrêtés pour 35 patients (50,7%) des 69 patients non décédés.
Conclusion
Les hématomes intramusculaires sont la 3ème cause d’hémorragie grave sous AVK sur une période d’observation de 5 ans. Outre l’antagonisation des effets des AVK, le traitement repose trop rarement sur la radiologie interventionnelle à visée hémostatique dans notre série de malades.
