Actualités de l'Urgence - APM
"ON VA SE RETROUVER RAPIDEMENT DANS UNE SITUATION TRÈS DIFFICILE", ALERTE LE PR CHRISTIAN RABAUD (PCME DU CHU DE NANCY)
Depuis la première vague épidémique de Covid-19 au printemps, les Prs Christian Rabaud, Nicolas Jay (professeur de santé publique au CHU de Nancy) et Gilles Karcher (responsable du service de médecine nucléaire du CHU) ont créé un outil de simulation permettant de modéliser l’évolution des besoins en lits de réanimation en fonction de la situation épidémique.
"C'est vraiment le modèle classique utilisé en épidémiologie, où on intègre que chaque patient va contaminer X patients en fonction du R0 [le taux de reproduction du virus]", a expliqué le Pr Rabaud, joint lundi par APMnews. "On considère qu’à peu près 3% des patients vont finir à l’hôpital et parmi eux, un certain nombre vont finir en réanimation."
"C’est un modèle qu'on peut mettre en prospectif et on peut le rectifier régulièrement rétrospectivement, sachant que les chiffres de la réanimation sont assez fiables", a poursuivi le Pr Rabaud.
Le président de la CME du CHU de Nancy a souligné que cet outil était également ajusté en fonction des estimations de l'impact des mesures prises par les pouvoirs publics, comme le confinement: "Le R0 de 0,8 du premier confinement a été estimé à 0,85 pour le second, en raison des règles moins strictes mais avec d’autres biais plus favorables comme le port du masque [en population générale], puis rectifié à 0,87 au bout de quelques jours".
Il a reconnu que l'impact du 1er couvre-feu avait été en revanche difficile à estimer au niveau national en raison de sa courte durée et de son caractère très localisé sur certaines grandes métropoles.
Cet outil est utilisé depuis plusieurs mois par le CHU de Nancy pour adapter son organisation et prévoir l'impact de l'épidémie sur son activité (cf dépêche du 19/11/2020 à 19:36).
"Avant les vacances, où l'on va avoir besoin de gérer moins de personnels, qui sont en congés, moins d’étudiants qui sont vacances, l'objectif était de savoir si la pression va monter sur le Covid", a-t-il expliqué. "La question c’était, compte tenu de nos moyens et de la pression à venir, est-ce qu’on doit déprogrammer des patients ?"
"Le modèle nous permet de dire, au niveau national, qu’on sera peut-être à la fin de la période de congés et indépendamment du brassage que pourra donner le réveillon de Noël, à 500 lits de réanimation en plus en France", a indiqué le Pr Rabaud, alors que le pays comptait dimanche 2.274 patients hospitalisés en réanimation selon les données publiées sur le site gouvernement.fr.
5.000 patients Covid en réanimation au 22 janvier
Selon la dynamique actuelle et en l'absence de nouvelles mesures sanitaires, la modélisation du CHU de Nancy prévoit une hausse exponentielle de la pression épidémique avec "5.000 lits de réa Covid en France au 22 janvier 2021, soit le pic de la 2e vague".
Il a également ajouté qu'une éventuelle arrivée en France du variant du Sars-CoV-2, le VUI-2020-12-01, circulant actuellement dans le sud du Royaume-Uni (cf dépêche du 21/12/2020 à 11:43), pourrait aggraver sensiblement la situation sanitaire alors "qu’on estime à +0,4" son impact sur le R0.
"On va se retrouver rapidement dans une situation très difficile sauf à avoir des mesures très fortes pour bloquer la diffusion [du virus]", a-t-il prévenu, en soulignant que si le gouvernement prenait des mesures au 7 janvier 2021, celles-ci n’auraient pas d'impact avant le 22 janvier.
Le CHU de Nancy comptait 137 patients Covid hospitalisés en médecine lundi, soit 20 patients de plus que la semaine passée et "entre 35 et 40" patients Covid en réanimation.
Le président de la CME du CHU a expliqué qu'un "départ à la hausse" des admissions en réanimation était attendu "cette semaine avec possiblement 15 à 20 lits [de réa Covid] de plus d’ici la fin des vacances".
"Fin janvier, on risquerait de se retrouver dans la même situation qu’au printemps, avec une centaine de patients en réa en plus"; a-t-il ajouté, "mais à l’époque, on avait moins de 10% des lits qui étaient occupés par des patients non Covid, donc on va se retrouver face à des choix impossibles".
gl/ab/APMnews
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"ON VA SE RETROUVER RAPIDEMENT DANS UNE SITUATION TRÈS DIFFICILE", ALERTE LE PR CHRISTIAN RABAUD (PCME DU CHU DE NANCY)
Depuis la première vague épidémique de Covid-19 au printemps, les Prs Christian Rabaud, Nicolas Jay (professeur de santé publique au CHU de Nancy) et Gilles Karcher (responsable du service de médecine nucléaire du CHU) ont créé un outil de simulation permettant de modéliser l’évolution des besoins en lits de réanimation en fonction de la situation épidémique.
"C'est vraiment le modèle classique utilisé en épidémiologie, où on intègre que chaque patient va contaminer X patients en fonction du R0 [le taux de reproduction du virus]", a expliqué le Pr Rabaud, joint lundi par APMnews. "On considère qu’à peu près 3% des patients vont finir à l’hôpital et parmi eux, un certain nombre vont finir en réanimation."
"C’est un modèle qu'on peut mettre en prospectif et on peut le rectifier régulièrement rétrospectivement, sachant que les chiffres de la réanimation sont assez fiables", a poursuivi le Pr Rabaud.
Le président de la CME du CHU de Nancy a souligné que cet outil était également ajusté en fonction des estimations de l'impact des mesures prises par les pouvoirs publics, comme le confinement: "Le R0 de 0,8 du premier confinement a été estimé à 0,85 pour le second, en raison des règles moins strictes mais avec d’autres biais plus favorables comme le port du masque [en population générale], puis rectifié à 0,87 au bout de quelques jours".
Il a reconnu que l'impact du 1er couvre-feu avait été en revanche difficile à estimer au niveau national en raison de sa courte durée et de son caractère très localisé sur certaines grandes métropoles.
Cet outil est utilisé depuis plusieurs mois par le CHU de Nancy pour adapter son organisation et prévoir l'impact de l'épidémie sur son activité (cf dépêche du 19/11/2020 à 19:36).
"Avant les vacances, où l'on va avoir besoin de gérer moins de personnels, qui sont en congés, moins d’étudiants qui sont vacances, l'objectif était de savoir si la pression va monter sur le Covid", a-t-il expliqué. "La question c’était, compte tenu de nos moyens et de la pression à venir, est-ce qu’on doit déprogrammer des patients ?"
"Le modèle nous permet de dire, au niveau national, qu’on sera peut-être à la fin de la période de congés et indépendamment du brassage que pourra donner le réveillon de Noël, à 500 lits de réanimation en plus en France", a indiqué le Pr Rabaud, alors que le pays comptait dimanche 2.274 patients hospitalisés en réanimation selon les données publiées sur le site gouvernement.fr.
5.000 patients Covid en réanimation au 22 janvier
Selon la dynamique actuelle et en l'absence de nouvelles mesures sanitaires, la modélisation du CHU de Nancy prévoit une hausse exponentielle de la pression épidémique avec "5.000 lits de réa Covid en France au 22 janvier 2021, soit le pic de la 2e vague".
Il a également ajouté qu'une éventuelle arrivée en France du variant du Sars-CoV-2, le VUI-2020-12-01, circulant actuellement dans le sud du Royaume-Uni (cf dépêche du 21/12/2020 à 11:43), pourrait aggraver sensiblement la situation sanitaire alors "qu’on estime à +0,4" son impact sur le R0.
"On va se retrouver rapidement dans une situation très difficile sauf à avoir des mesures très fortes pour bloquer la diffusion [du virus]", a-t-il prévenu, en soulignant que si le gouvernement prenait des mesures au 7 janvier 2021, celles-ci n’auraient pas d'impact avant le 22 janvier.
Le CHU de Nancy comptait 137 patients Covid hospitalisés en médecine lundi, soit 20 patients de plus que la semaine passée et "entre 35 et 40" patients Covid en réanimation.
Le président de la CME du CHU a expliqué qu'un "départ à la hausse" des admissions en réanimation était attendu "cette semaine avec possiblement 15 à 20 lits [de réa Covid] de plus d’ici la fin des vacances".
"Fin janvier, on risquerait de se retrouver dans la même situation qu’au printemps, avec une centaine de patients en réa en plus"; a-t-il ajouté, "mais à l’époque, on avait moins de 10% des lits qui étaient occupés par des patients non Covid, donc on va se retrouver face à des choix impossibles".
gl/ab/APMnews