Actualités de l'Urgence - APM

Laurence Garo

Interrogée lundi par APMnews, elle explique que son futur successeur (qui n'est pas encore choisi) aura notamment à mener à bien deux projets immobiliers qui sont soutenus financièrement par l'agence régionale de santé (ARS) Auvergne-Rhône-Alpes. L'un concerne la psychiatrie/santé mentale et l'autre les urgences et plusieurs activités de court séjour.

Un projet pour repenser la prise en charge psychiatrique

En psychiatrie, le programme, baptisé "Psysalide", porte sur deux opérations de travaux menées à Yzeure de manière concomitante: la réfection complète de toute l'infrastructure technique du site (eau, chauffage, défense incendie, réseaux électriques, informatique et téléphonie) et la reconstruction à neuf de la psychiatrie adulte comprenant un bâtiment consacré aux soins aigus et un bâtiment qui hébergera les soins au long cours.

Les travaux sont programmés de début 2025 à courant 2027. Le budget prévisionnel de cet "énorme projet de restructuration" est estimé à 37 millions d'euros (M€), précise Laurence Garo.

Elle souligne que ce plan, élaboré suite à la validation par les instances du CH et de l'ARS du projet médico-soignant de santé mentale en 2021, a suscité "un fort intérêt et un soutien immédiat de l'ARS". Inscrit initialement au second volet du plan Ségur, il a été finalement rattaché au premier volet du Ségur investissement.

Il est le fruit d'un travail "colossal" de la part de la direction et des professionnels des pôles de santé mentale, insiste-t-elle.

Ce projet est d'autant plus important que l'hôpital est "en grande difficulté" sur les recrutements de psychiatres et de personnels paramédicaux dans ce secteur, comme de nombreux autres établissements en France, souligne-t-elle.

Ce secteur fait l'objet d'ailleurs d'un mouvement social au CHMY depuis le mois de janvier qui, bien que ne concernant que 2,5% des agents, est symptomatique de ces difficultés, même s'il n'y a jamais eu autant de moyens qui ont été consacrés à la psychiatrie, observe la directrice.

"Psysalide" "a pour ambition de repenser complétement la prise en charge psychiatrique et d'en finir avec les conceptions asilaires d'un autre temps", explique-t-elle. Il s'inscrit "dans la santé mentale du 21ème siècle en s'appuyant sur des logiques de filières d'âge et de prise en charge déclinées autour de la prévention, des parcours de soins spécifiques et de la réhabilitation psychosociale".

Avant les travaux prévus à partir de début 2025, le CH de Moulins-Yzeure a réalisé des investissements pour moderniser son site d'Yzeure, en procédant à plus de 2 M€ d'euros de travaux depuis 2018 et en faisant l'acquisition d'équipements pour 180.000 euros. "Ces investissements visent à offrir un meilleur accueil des usagers ainsi qu'une amélioration significative des conditions de travail et de sécurité des professionnels", souligne Laurence Garo.

Concrètement, le centre médico-psychologique (CMP) adulte a déménagé dans des locaux refaits à neuf, tandis que les hôpitaux de jour et CMP de pédopsychiatrie ont intégré des locaux dans un seul pavillon qui a été rénové. Un CMP adulte, enfant et adolescent et gérontopsychiatrie va intégrer la maison de santé de Bourbon-l'Archambault à l'été 2024, ce qui permettra à un médecin généraliste d'orienter immédiatement un patient vers un psychiatre.

L'établissement a aussi engagé une politique RH (ressources humaines) consistant à mettre en place des contrats attractifs pour les praticiens en psychiatrie et installer deux infirmiers en pratiques avancées (IPA) sur ce secteur. Le recrutement d'un nouveau psychiatre a été réalisé en février, précise Laurence Garo.

Elle rappelle aussi que depuis le 1er janvier 2022, le CHMY assure la prise en charge des soins sans consentement du CH de Montluçon-Néris-les-Bains. Si ce dernier assure momentanément une grande partie des transports de son secteur vers Yzeure, une validation définitive de ce dispositif transitoire doit être prononcée par l'ARS qui a déjà émis un accord de principe.

Au CH de Moulins-Yzeure, la psychiatrie recouvre deux pôles (santé mentale et psychiatrie enfant et adolescent), 320 professionnels, 123 lits et 77 places.

Début de "Résurgence"

Le CHMY a un autre projet immobilier important, baptisé "Résurgence", qui est mené sur son site de Moulins.

Il consiste en la construction et restructuration de 9.000 m² de locaux qui concerneront les urgences, le Samu, l'unité de post-urgences, l'unité d'hospitalisation de courte durée (UHCD), la médecine et la chirurgie ambulatoires, les consultations et les hospitalisations de pédiatrie et deux unités de médecine.

Les travaux doivent commencer en avril par la démolition de la chaufferie et s'achever en décembre 2026. Ils conduiront à améliorer les conditions de prise en charge hôtelière et médico-soignante ainsi que des conditions de travail des professionnels (traitement d'air, luminosité, rails de plafond lève-malade…).

Le projet représente un coût total de 21,8 M€ dont 19,6 M€ financés dans le cadre de la stratégie régionale d'investissement et le Ségur de la santé (cf dépêche du 30/08/2022 à 19:12 et dépêche du 19/01/2023 à 16:57). Le contrat a été signé avec l'ARS et celle-ci a commencé les premiers versements pour son financement, se félicite Laurence Garo.

Globalement, "l'hôpital de Moulins va mieux car il a réalisé des projets et en a d'autres. C'est pour cela que nous avons obtenu des financements", assure sa directrice.

Ces projets sont à même d'attirer des professionnels, ajoute Laurence Garo qui en veut pour preuve la nette diminution du nombre de postes vacants aux urgences (de 17 ETP en 2019 à 5,5 ETP). "Les recrutements médicaux et paramédicaux sont notre priorité."

Interrogée sur la situation financière de son établissement, elle rappelle qu'il avait terminé l'exercice 2022 quasiment à l'équilibre (-200.000 € sur un budget d'environ 200 M€) avec toutefois un soutien marqué de l'ARS en crédits accompagnement à la contractualisation et en trésorerie pour soutenir des projets.

S'agissant de 2023, si les résultats ne sont pas encore consolidés, les prévisions sont plus pessimistes que pour 2022, avec une prévision de déficit de 5 M€, mais qui reste à confirmer, en raison de l'inflation, de la hausse des coûts de l'énergie et d'une activité qui reste en retrait par rapport à 2019 mais qui devrait s'améliorer en chirurgie grâce à des recrutements.

san/ed/APMnews