Actualités de l'Urgence - APM

ACCÈS AUX EXAMENS D'IMAGERIE PÉDIATRIQUES: DES DÉLAIS TROP LONGS POUR L'IRM (ENQUÊTE SFR)
PARIS, 16 octobre 2015 (APM) - Les délais d'obtention d'examens d'imagerie pédiatriques paraissent longs, en particulier pour l'IRM, et dans une moindre mesure pour le scanner, selon une enquête présentée aux Journées françaises de radiologie diagnostique et interventionnelle (JFR) vendredi à Paris.
Une enquête réalisée pour la Société française de radiologie (SFR) et la Société française de pédiatrie auprès de radiologues et de pédiatres donne pour la première fois des données sur l'offre de soins d'imagerie pour l'enfant, a indiqué le Pr Hubert Ducou Le Pointe (hôpital Trousseau, Paris, AP-HP), président du congrès, lors d'une conférence de presse de la SFR.
L'étude a été réalisée en ligne par la société Adexsol auprès de 754 praticiens ayant répondu (514 radiologues et 240 pédiatres), entre mai et août, reflétant la diversité des modes d'exercice (323 radiologues hospitaliers, 191 radiologues libéraux, 182 pédiatres hospitaliers et 58 pédiatres libéraux).
Les résultats montrent que les pédiatres adressent généralement les enfants aux radiologues de ville pour l'imagerie généraliste -la radiographie standard et l'échographie (sauf pour le nourrisson). Le recours au secteur libéral est globalement plus important chez les enfants de plus de 6 ans que chez les plus petits.
"Plus ça se spécialise et plus on a recours au secteur hospitalier et surtout les CHU, que ce soit avant 6 ans ou après. L'IRM reste très clairement adressé au CHU" (88% en milieu hospitalier dont 64% vers le CHU et 24% vers un CH avant 6 ans et 46% et 33% après 6 ans), a indiqué le Pr Ducou Le Pointe.
Pour le scanner, les trois quarts des pédiatres envoient l'enfant à l'hôpital (50% en CHU, 35% en établissement de santé hors CHU pour les moins de 6 ans, et respectivement 37% et 35% après 6 ans).
Cela s'explique par la nécessité d'une prise en charge particulière pour la réalisation de l'examen: une prémédication pour les plus petits et une mise en situation pour les autres afin de les faire participer à l'examen, de les mettre en confiance puis les surveiller pendant et après et cette activité qui demande du temps n'est pas valorisée, a expliqué le spécialiste. Elle demande aussi une formation des professionnels, a complété le Pr Christophe Delacourt, pédiatre à l'hôpital Necker (Paris, AP-HP).
Les délais d'obtention des examens augmentent avec leur complexité et restent trop longs, a poursuivi le Pr Ducou Le Pointe.
Si la radiographie standard est obtenue dans la journée dans 68% des cas et dans la semaine dans 31% des cas, seulement 8% des prescriptions d'échographie chez le nourrisson sont réalisées dans les 24 heures, 55% entre deux et sept jours et 35% nécessitent un délai de huit à 31 jours, selon cette enquête.
Cela ne concerne pas l'urgence. En urgence, de nuit et le week-end, les enfants sont adressés au CHU dans 62% des cas et dans un autre établissement de santé dans 38% des cas, le recours à un cabinet libéral étant exceptionnel.
Cependant, pour le scanner (hors urgences), chez les moins de 6 ans, dans 50% des cas, il faut attendre de huit à 31 jours. L'examen est fait dans un délai de deux à sept jours pour 37% (plus 5% dans la journée), mais dans 8% des cas, le délai dépasse 31 jours.
Pour l'IRM, le délai est supérieur à 31 jours dans 49% des cas, il est d'une semaine dans 43% et d'une journée dans 8%.
Chez les plus de 6 ans, 52% des examens de scanner sont faits dans un délai de huit à 31 jours, 35% dans la semaine (plus 5% dans la journée) et 8% au-delà de 31 jours. Pour l'IRM, 50% sont faits dans un délai de deux à sept jours (8% le jour même) mais 42% après 31 jours.
"Pour l'échographie et le scanner, les machines sont là mais les délais peuvent provenir d'un problème de compétences. Les spécialistes ne sont pas là tous les jours et les examens sont regroupés sur certaines demi-journées", a expliqué le Pr Ducou Le Pointe.
"Pour l'IRM, on rejoint la problématique globale de cet équipement qui fait défaut en France. Attendre plus d'un mois ou même entre quatre et six mois pour un examen sous anesthésie générale, c'est beaucoup pour les parents: est-ce acceptable par exemple en cas de retard psychomoteur suspecté?", a-t-il demandé.
"C'est très dommageable d'attendre plus d'un mois", a-t-il déploré, d'autant plus que l'IRM est un examen non irradiant. "Pour une famille qui a une prescription de scanner ou d'IRM, c'est déjà une inquiétude, alors ce délai d'attente est difficile", a ajouté le Pr Delacourt.
Pour 25% des pédiatres ayant répondu, le centre d'imagerie spécialisée est à plus de 20 km. Or les pédiatres sont plutôt situés en zone urbaine.
MEME EN URGENCE
Sans surprise, le CHU joue un rôle considérable dans l'urgence pédiatrique puisqu'il réalise 62% des examens. L'accessibilité est bonne sauf pour l'IRM. Seules 35% des structures peuvent proposer cet examen 24 heures sur 24 et sept jours sur sept. En cas de traumatisme crânien, 98% des pédiatres hospitaliers accueillant des urgences pédiatriques ont accès au scanner en urgence pour un enfant de moins de 6 ans.
Des améliorations sont nécessaires en termes d'équipements et d'équipes formées, a commenté le Pr Ducou Le Pointe.
Dans le cas d'une suspicion d'appendicite, l'examen préconisé est l'échographie mais 41% disent pratiquer en urgence un scanner et une échographie. Les raisons citées sont à 51% la performance de l'examen (ce qui atteste d'un problème de formation), et dans un tiers des cas des raisons organisationnelles (25% n'ont pas de spécialiste pour faire l'échographie pédiatrique et 8% pas de radiologue sur place). "Cela pointe la nécessité d'une amélioration des pratiques", surtout que le scanner est irradiant, a-t-il souligné.
Chez les radiologues, la nécessité d'une formation et d'une prise en charge particulière sont parmi les premiers motifs de non-réalisation de certains examens chez les enfants. Par ailleurs, seuls 46% sont en capacité de réaliser une sédation pour des enfants non coopérants pour un scanner ou un examen d'IRM.
Enfin, l'enquête montre que des efforts sont à faire pour mieux diffuser les supports d'information sur la radioprotection qui est peu abordée par les pédiatres. Seuls 24% des radiologues (25% à l'hôpital, 22% en libéral) et surtout seuls 7% des pédiatres (9% des hospitaliers et 2% des libéraux) disent disposer de supports à destination des parents.
Ces documents existent (fiche SFR, plaquette de l'IRSN) mais leur diffusion est à améliorer, a noté le Pr Ducou Le Pointe.
sl/ab/APM polsan
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PARIS, 16 octobre 2015 (APM) - Les délais d'obtention d'examens d'imagerie pédiatriques paraissent longs, en particulier pour l'IRM, et dans une moindre mesure pour le scanner, selon une enquête présentée aux Journées françaises de radiologie diagnostique et interventionnelle (JFR) vendredi à Paris.
Une enquête réalisée pour la Société française de radiologie (SFR) et la Société française de pédiatrie auprès de radiologues et de pédiatres donne pour la première fois des données sur l'offre de soins d'imagerie pour l'enfant, a indiqué le Pr Hubert Ducou Le Pointe (hôpital Trousseau, Paris, AP-HP), président du congrès, lors d'une conférence de presse de la SFR.
L'étude a été réalisée en ligne par la société Adexsol auprès de 754 praticiens ayant répondu (514 radiologues et 240 pédiatres), entre mai et août, reflétant la diversité des modes d'exercice (323 radiologues hospitaliers, 191 radiologues libéraux, 182 pédiatres hospitaliers et 58 pédiatres libéraux).
Les résultats montrent que les pédiatres adressent généralement les enfants aux radiologues de ville pour l'imagerie généraliste -la radiographie standard et l'échographie (sauf pour le nourrisson). Le recours au secteur libéral est globalement plus important chez les enfants de plus de 6 ans que chez les plus petits.
"Plus ça se spécialise et plus on a recours au secteur hospitalier et surtout les CHU, que ce soit avant 6 ans ou après. L'IRM reste très clairement adressé au CHU" (88% en milieu hospitalier dont 64% vers le CHU et 24% vers un CH avant 6 ans et 46% et 33% après 6 ans), a indiqué le Pr Ducou Le Pointe.
Pour le scanner, les trois quarts des pédiatres envoient l'enfant à l'hôpital (50% en CHU, 35% en établissement de santé hors CHU pour les moins de 6 ans, et respectivement 37% et 35% après 6 ans).
Cela s'explique par la nécessité d'une prise en charge particulière pour la réalisation de l'examen: une prémédication pour les plus petits et une mise en situation pour les autres afin de les faire participer à l'examen, de les mettre en confiance puis les surveiller pendant et après et cette activité qui demande du temps n'est pas valorisée, a expliqué le spécialiste. Elle demande aussi une formation des professionnels, a complété le Pr Christophe Delacourt, pédiatre à l'hôpital Necker (Paris, AP-HP).
Les délais d'obtention des examens augmentent avec leur complexité et restent trop longs, a poursuivi le Pr Ducou Le Pointe.
Si la radiographie standard est obtenue dans la journée dans 68% des cas et dans la semaine dans 31% des cas, seulement 8% des prescriptions d'échographie chez le nourrisson sont réalisées dans les 24 heures, 55% entre deux et sept jours et 35% nécessitent un délai de huit à 31 jours, selon cette enquête.
Cela ne concerne pas l'urgence. En urgence, de nuit et le week-end, les enfants sont adressés au CHU dans 62% des cas et dans un autre établissement de santé dans 38% des cas, le recours à un cabinet libéral étant exceptionnel.
Cependant, pour le scanner (hors urgences), chez les moins de 6 ans, dans 50% des cas, il faut attendre de huit à 31 jours. L'examen est fait dans un délai de deux à sept jours pour 37% (plus 5% dans la journée), mais dans 8% des cas, le délai dépasse 31 jours.
Pour l'IRM, le délai est supérieur à 31 jours dans 49% des cas, il est d'une semaine dans 43% et d'une journée dans 8%.
Chez les plus de 6 ans, 52% des examens de scanner sont faits dans un délai de huit à 31 jours, 35% dans la semaine (plus 5% dans la journée) et 8% au-delà de 31 jours. Pour l'IRM, 50% sont faits dans un délai de deux à sept jours (8% le jour même) mais 42% après 31 jours.
"Pour l'échographie et le scanner, les machines sont là mais les délais peuvent provenir d'un problème de compétences. Les spécialistes ne sont pas là tous les jours et les examens sont regroupés sur certaines demi-journées", a expliqué le Pr Ducou Le Pointe.
"Pour l'IRM, on rejoint la problématique globale de cet équipement qui fait défaut en France. Attendre plus d'un mois ou même entre quatre et six mois pour un examen sous anesthésie générale, c'est beaucoup pour les parents: est-ce acceptable par exemple en cas de retard psychomoteur suspecté?", a-t-il demandé.
"C'est très dommageable d'attendre plus d'un mois", a-t-il déploré, d'autant plus que l'IRM est un examen non irradiant. "Pour une famille qui a une prescription de scanner ou d'IRM, c'est déjà une inquiétude, alors ce délai d'attente est difficile", a ajouté le Pr Delacourt.
Pour 25% des pédiatres ayant répondu, le centre d'imagerie spécialisée est à plus de 20 km. Or les pédiatres sont plutôt situés en zone urbaine.
MEME EN URGENCE
Sans surprise, le CHU joue un rôle considérable dans l'urgence pédiatrique puisqu'il réalise 62% des examens. L'accessibilité est bonne sauf pour l'IRM. Seules 35% des structures peuvent proposer cet examen 24 heures sur 24 et sept jours sur sept. En cas de traumatisme crânien, 98% des pédiatres hospitaliers accueillant des urgences pédiatriques ont accès au scanner en urgence pour un enfant de moins de 6 ans.
Des améliorations sont nécessaires en termes d'équipements et d'équipes formées, a commenté le Pr Ducou Le Pointe.
Dans le cas d'une suspicion d'appendicite, l'examen préconisé est l'échographie mais 41% disent pratiquer en urgence un scanner et une échographie. Les raisons citées sont à 51% la performance de l'examen (ce qui atteste d'un problème de formation), et dans un tiers des cas des raisons organisationnelles (25% n'ont pas de spécialiste pour faire l'échographie pédiatrique et 8% pas de radiologue sur place). "Cela pointe la nécessité d'une amélioration des pratiques", surtout que le scanner est irradiant, a-t-il souligné.
Chez les radiologues, la nécessité d'une formation et d'une prise en charge particulière sont parmi les premiers motifs de non-réalisation de certains examens chez les enfants. Par ailleurs, seuls 46% sont en capacité de réaliser une sédation pour des enfants non coopérants pour un scanner ou un examen d'IRM.
Enfin, l'enquête montre que des efforts sont à faire pour mieux diffuser les supports d'information sur la radioprotection qui est peu abordée par les pédiatres. Seuls 24% des radiologues (25% à l'hôpital, 22% en libéral) et surtout seuls 7% des pédiatres (9% des hospitaliers et 2% des libéraux) disent disposer de supports à destination des parents.
Ces documents existent (fiche SFR, plaquette de l'IRSN) mais leur diffusion est à améliorer, a noté le Pr Ducou Le Pointe.
sl/ab/APM polsan