Actualités de l'Urgence - APM

ACCÈS AUX SOINS URGENTS ET NON PROGRAMMÉS: EMMANUEL MACRON ANNONCE UNE MISSION FLASH D'UN MOIS SUR LES URGENCES
Pour le premier déplacement sur le terrain de son second quinquennat, Emmanuel Macron s'est rendu au CHPC accompagné de la ministre de la santé et de la prévention, Brigitte Bourguignon (cf dépêche du 30/05/2022 à 14:36).

"Il y a eu une première étape avec le Ségur, on voit que ça n'est pas suffisant", a reconnu le président face aux professionnels qui lui faisaient part de leurs difficultés.
Il a annoncé le lancement d'une mission d'appui, portée par des professionnels de terrain, visant à identifier d'ici au 28 juin de premières solutions opérationnelles pour faciliter l'accès aux soins urgents et non programmés, partout en France.
Brigitte Bourguignon a confié le pilotage de cette mission à François Braun, conseiller santé du président pendant sa campagne, qui sera entouré d’un collectif de professionnels, a précisé le ministère dans un communiqué diffusé dans la soirée.
"Puis à partir de juillet, j'aimerais lancer une conférence des parties prenantes sur la santé comme sur l'éducation. Il faut que les gens décident au plus près sur le terrain. Il faut de la souplesse", a déclaré Emmanuel Macron. Cette conférence des parties prenantes faisait partie de son programme de campagne pour mettre en place des solutions locales et nationales pour l'accès aux soins, notamment avec un "nouveau pacte entre l'hôpital et la médecine de ville", rappelle-t-on (cf dépêche du 18/03/2022 à 11:46).
Le président a rappelé que la crise avait montré "que nous avons collectivement la capacité à faire l'impossible" et a indiqué vouloir s'appuyer sur le terrain.
"La pandémie de Covid-19 a mis en évidence les forces de notre système de santé, qui tiennent à l'extraordinaire mobilisation solidaire des professionnels de santé, à leur résilience et à leur immense capacité d'adaptation. Elle nous en a aussi rappelé ses faiblesses, qui se cristallisent à nouveau, avec une intensité particulière, au sein des services d’urgences", explique-t-il dans la lettre de mission adressée à François Braun.
"A la jonction d'une médecine de ville fortement sollicitée et d'un hôpital pris en étau entre le renforcement des parcours programmés et le retour complexe à un fonctionnement normal à l'issue de la crise, les urgences cumulent les difficultés du système. En cela, la 'crise des urgences' est bien le symptôme d'une crise plus large et plus profonde, celle de l'accès de plus en plus difficile de nos concitoyens aux soins non programmés, qu'ils soient courants ou urgents, en ville comme à l'hôpital', indique-t-il.
Face à l'urgence d'apporter des réponses aux besoins de santé des Français tout en améliorant les conditions d'exercice des professionnels, la mission conduite par François Braun visera à identifier, en ville et à l'hôpital, des solutions pragmatiques, rapidement applicables au sein des territoires, afin de maintenir, par l'élan collectif de tous les professionnels de santé, la continuité de l'accès aux soins urgents dans les mois qui viennent, et pour soutenir et accompagner les équipes qui sont mobilisées.
Cette mission d'appui opérationnel associera, outre les professionnels, les élus locaux engagés au plus près du terrain, ainsi que les représentants des soignés.
Pour préparer l'évolution du système de santé sur le moyen et le long terme que le gouvernement souhaite engager, dès les prochaines semaines, avec l'ensemble des acteurs de la santé, la mission s'attachera en outre à identifier des pistes plus pérennes pour renforcer durablement l'accès aux soins urgents et non programmés sur l'ensemble du territoire, et améliorer les conditions de travail des professionnels de santé.
Un groupe restreint de professionnels libéraux et hospitaliers
François Braun sera entouré d’un groupe restreint de professionnels, libéraux et hospitaliers, et notamment du Pr Karim Tazarourte, président de la Société française de médecine d'urgence (Sfmu), du Dr Antoine Leveneur, président de la conférence nationale des URPS de médecins libéraux (et président de l'URPS médecins libéraux en Normandie), du Dr Delphine Tortiget, médecin généraliste de terrain, et de Thomas Deroche, directeur général de l’ARS Normandie.
Des échanges réguliers se tiendront entre Brigitte Bourguignon et la mission, qui devra remettre à la ministre ses propositions concrètes pour le 28 juin prochain. Emmanuel Macron a évoqué la notion de "boîte à outils opérationnelle", mobilisable dans un délai court dans les territoires et personnalisable.
Cette mission d'appui "pourra faire émerger des solutions autour de trois axes: le patient et ses besoins, le professionnel de santé et ses aspirations, le cadre de régulation et ses adaptations territoriales", précise le président dans la lettre de mission adressée à François Braun.
Il va falloir innover
"Dans les prochaines années, on va continuer à gérer la pénurie. Il faut qu'on soit très innovants dans la capacité à attirer des soignants", a déclaré Emmanuel Macron aux professionnels de la Manche, qui lui expliquaient ce qui a été mis en place à Cherbourg.
Face aux difficultés à tenir les plannings d'urgence par manque de personnel médical, en dépit de recrutements sur de multiples spécialités et du recours à l'intérim, le CHPC a été contraint en janvier d'adapter l'organisation de son service d'accueil des urgences (SAU) afin d'assurer la prise en charge des patients et de garantir la sécurité des soins (cf dépêche du 07/01/2022 à 18:32).
Une régulation complète par le centre 15 de l'accueil au service des urgences a été installée la nuit, de 19h à 8h30. L'organisation a été établie après un travail collectif ville-hôpital; elle s'appuie sur l'ensemble des ressources médicales du territoire et cherche à préserver le fonctionnement des urgences de l'hôpital pour les urgences vitales. En mai, le CHPC a dû avancer à 15h l'heure à partir de laquelle commence la régulation complète.
Le Dr Bastien Julliard, chef du service des urgences du CHPC, a fait part d'une "perte de sens sur le soin". Il a mentionné des problèmes de recrutement, "mais ce qui a vraiment surchargé nos urgences, ce sont les départs [liés à de] l'épuisement et une perte de sens". Il n'y a plus que sept équivalents temps plein (ETP) pour un objectif de 25.
"La fermeture nous paraissait inévitable", a-t-il indiqué, d'où l'idée de limiter le flux aux urgences en "renvoyant tout ce qu'on peut vers la médecine de ville".
"Les soins urgents sont complètement noyés dans les soins non programmés. C'est une partie de la solution. Au Samu, on a vu le nombre d'appels augmenter de 70% donc il y a un report important d'activité sur le centre 15, alors qu'aux urgences, l'activité reste stable. Donc ça fonctionne", a témoigné le Dr Thomas Delomas, chef du Samu de la Manche.
Il a toutefois souligné les difficultés de recrutement en régulation pour assumer cette activité qui monte.
"On fait du dégradé; on ne fait plus de la médecine optimale", a regretté le Dr Christophe Marchenay, président de SOS médecins Cherbourg.
"La situation est grave, très grave. La situation est tellement difficile que cela nous oblige", a ajouté le Dr Antoine Leveneur, assurant de l'engagement de la médecine libérale.
Une manifestation était organisée devant l'hôpital à l'occasion de la venue d'Emmanuel Macron, avec 250 à 300 manifestants selon les forces de l'ordre et 500 selon la CGT.
Plusieurs syndicats de professionnels hospitaliers ont alerté sur des tensions inédites aux urgences avant l'été (cf dépêche du 25/05/2022 à 17:52).
En juin 2019, la ministre des solidarités et de la santé, Agnès Buzyn, avait déjà lancé une mission flash sur les urgences, confiée à Pierre Carli et Thomas Mesnier, rappelle-t-on (cf dépêche du 14/06/2019 à 16:16).
Lettre de mission à François Braun
sl/ed/APMnews
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ACCÈS AUX SOINS URGENTS ET NON PROGRAMMÉS: EMMANUEL MACRON ANNONCE UNE MISSION FLASH D'UN MOIS SUR LES URGENCES
Pour le premier déplacement sur le terrain de son second quinquennat, Emmanuel Macron s'est rendu au CHPC accompagné de la ministre de la santé et de la prévention, Brigitte Bourguignon (cf dépêche du 30/05/2022 à 14:36).

"Il y a eu une première étape avec le Ségur, on voit que ça n'est pas suffisant", a reconnu le président face aux professionnels qui lui faisaient part de leurs difficultés.
Il a annoncé le lancement d'une mission d'appui, portée par des professionnels de terrain, visant à identifier d'ici au 28 juin de premières solutions opérationnelles pour faciliter l'accès aux soins urgents et non programmés, partout en France.
Brigitte Bourguignon a confié le pilotage de cette mission à François Braun, conseiller santé du président pendant sa campagne, qui sera entouré d’un collectif de professionnels, a précisé le ministère dans un communiqué diffusé dans la soirée.
"Puis à partir de juillet, j'aimerais lancer une conférence des parties prenantes sur la santé comme sur l'éducation. Il faut que les gens décident au plus près sur le terrain. Il faut de la souplesse", a déclaré Emmanuel Macron. Cette conférence des parties prenantes faisait partie de son programme de campagne pour mettre en place des solutions locales et nationales pour l'accès aux soins, notamment avec un "nouveau pacte entre l'hôpital et la médecine de ville", rappelle-t-on (cf dépêche du 18/03/2022 à 11:46).
Le président a rappelé que la crise avait montré "que nous avons collectivement la capacité à faire l'impossible" et a indiqué vouloir s'appuyer sur le terrain.
"La pandémie de Covid-19 a mis en évidence les forces de notre système de santé, qui tiennent à l'extraordinaire mobilisation solidaire des professionnels de santé, à leur résilience et à leur immense capacité d'adaptation. Elle nous en a aussi rappelé ses faiblesses, qui se cristallisent à nouveau, avec une intensité particulière, au sein des services d’urgences", explique-t-il dans la lettre de mission adressée à François Braun.
"A la jonction d'une médecine de ville fortement sollicitée et d'un hôpital pris en étau entre le renforcement des parcours programmés et le retour complexe à un fonctionnement normal à l'issue de la crise, les urgences cumulent les difficultés du système. En cela, la 'crise des urgences' est bien le symptôme d'une crise plus large et plus profonde, celle de l'accès de plus en plus difficile de nos concitoyens aux soins non programmés, qu'ils soient courants ou urgents, en ville comme à l'hôpital', indique-t-il.
Face à l'urgence d'apporter des réponses aux besoins de santé des Français tout en améliorant les conditions d'exercice des professionnels, la mission conduite par François Braun visera à identifier, en ville et à l'hôpital, des solutions pragmatiques, rapidement applicables au sein des territoires, afin de maintenir, par l'élan collectif de tous les professionnels de santé, la continuité de l'accès aux soins urgents dans les mois qui viennent, et pour soutenir et accompagner les équipes qui sont mobilisées.
Cette mission d'appui opérationnel associera, outre les professionnels, les élus locaux engagés au plus près du terrain, ainsi que les représentants des soignés.
Pour préparer l'évolution du système de santé sur le moyen et le long terme que le gouvernement souhaite engager, dès les prochaines semaines, avec l'ensemble des acteurs de la santé, la mission s'attachera en outre à identifier des pistes plus pérennes pour renforcer durablement l'accès aux soins urgents et non programmés sur l'ensemble du territoire, et améliorer les conditions de travail des professionnels de santé.
Un groupe restreint de professionnels libéraux et hospitaliers
François Braun sera entouré d’un groupe restreint de professionnels, libéraux et hospitaliers, et notamment du Pr Karim Tazarourte, président de la Société française de médecine d'urgence (Sfmu), du Dr Antoine Leveneur, président de la conférence nationale des URPS de médecins libéraux (et président de l'URPS médecins libéraux en Normandie), du Dr Delphine Tortiget, médecin généraliste de terrain, et de Thomas Deroche, directeur général de l’ARS Normandie.
Des échanges réguliers se tiendront entre Brigitte Bourguignon et la mission, qui devra remettre à la ministre ses propositions concrètes pour le 28 juin prochain. Emmanuel Macron a évoqué la notion de "boîte à outils opérationnelle", mobilisable dans un délai court dans les territoires et personnalisable.
Cette mission d'appui "pourra faire émerger des solutions autour de trois axes: le patient et ses besoins, le professionnel de santé et ses aspirations, le cadre de régulation et ses adaptations territoriales", précise le président dans la lettre de mission adressée à François Braun.
Il va falloir innover
"Dans les prochaines années, on va continuer à gérer la pénurie. Il faut qu'on soit très innovants dans la capacité à attirer des soignants", a déclaré Emmanuel Macron aux professionnels de la Manche, qui lui expliquaient ce qui a été mis en place à Cherbourg.
Face aux difficultés à tenir les plannings d'urgence par manque de personnel médical, en dépit de recrutements sur de multiples spécialités et du recours à l'intérim, le CHPC a été contraint en janvier d'adapter l'organisation de son service d'accueil des urgences (SAU) afin d'assurer la prise en charge des patients et de garantir la sécurité des soins (cf dépêche du 07/01/2022 à 18:32).
Une régulation complète par le centre 15 de l'accueil au service des urgences a été installée la nuit, de 19h à 8h30. L'organisation a été établie après un travail collectif ville-hôpital; elle s'appuie sur l'ensemble des ressources médicales du territoire et cherche à préserver le fonctionnement des urgences de l'hôpital pour les urgences vitales. En mai, le CHPC a dû avancer à 15h l'heure à partir de laquelle commence la régulation complète.
Le Dr Bastien Julliard, chef du service des urgences du CHPC, a fait part d'une "perte de sens sur le soin". Il a mentionné des problèmes de recrutement, "mais ce qui a vraiment surchargé nos urgences, ce sont les départs [liés à de] l'épuisement et une perte de sens". Il n'y a plus que sept équivalents temps plein (ETP) pour un objectif de 25.
"La fermeture nous paraissait inévitable", a-t-il indiqué, d'où l'idée de limiter le flux aux urgences en "renvoyant tout ce qu'on peut vers la médecine de ville".
"Les soins urgents sont complètement noyés dans les soins non programmés. C'est une partie de la solution. Au Samu, on a vu le nombre d'appels augmenter de 70% donc il y a un report important d'activité sur le centre 15, alors qu'aux urgences, l'activité reste stable. Donc ça fonctionne", a témoigné le Dr Thomas Delomas, chef du Samu de la Manche.
Il a toutefois souligné les difficultés de recrutement en régulation pour assumer cette activité qui monte.
"On fait du dégradé; on ne fait plus de la médecine optimale", a regretté le Dr Christophe Marchenay, président de SOS médecins Cherbourg.
"La situation est grave, très grave. La situation est tellement difficile que cela nous oblige", a ajouté le Dr Antoine Leveneur, assurant de l'engagement de la médecine libérale.
Une manifestation était organisée devant l'hôpital à l'occasion de la venue d'Emmanuel Macron, avec 250 à 300 manifestants selon les forces de l'ordre et 500 selon la CGT.
Plusieurs syndicats de professionnels hospitaliers ont alerté sur des tensions inédites aux urgences avant l'été (cf dépêche du 25/05/2022 à 17:52).
En juin 2019, la ministre des solidarités et de la santé, Agnès Buzyn, avait déjà lancé une mission flash sur les urgences, confiée à Pierre Carli et Thomas Mesnier, rappelle-t-on (cf dépêche du 14/06/2019 à 16:16).
Lettre de mission à François Braun
sl/ed/APMnews