Actualités de l'Urgence - APM

Il s'agit du premier rapport français du monde associatif concernant l'état de la recherche médicale sur la maladie d'Alzheimer à la fois en France et à l'international, indique la fondation dans la synthèse de ce document d'une cinquantaine de pages.

Au sein de la recherche internationale, "la recherche française est très active, avec des laboratoires d'excellence et une infrastructure de recherche clinique solide et unique en Europe", souligne-t-elle dans un communiqué.

"Mais elle fait face à plusieurs défis: financement, ressources humaines, contraintes administratives, absence de plan national dédié à la maladie", poursuit-elle alors qu'une concertation a été lancée pour une stratégie pour les maladies neurodégénératives (MND) 2024-2028 (cf dépêche du 14/09/2023 à 16:13) après plusieurs années sans engagement politique fort (cf dépêche du 07/11/2022 à 18:57 et dépêche du 16/06/2021 à 09:45).

Comme "il n'existe toujours pas de traitement permettant de guérir complètement de la maladie d'Alzheimer", "il est primordial de continuer à investir massivement dans la recherche et promouvoir la collaboration entre les équipes, en France et dans le monde", poursuit la fondation.

Dans son rapport, elle souligne que dans le domaine de la recherche fondamentale et préclinique, la France est "un des pays à la pointe des recherches sur la maladie d'Alzheimer sur l'ensemble du territoire", citant les sept centres d'excellence en recherche sur les maladies neurodégénératives (CoEN) créés dans le cadre du Plan national MND 2014-2019, avec la particularité d'intégrer la recherche fondamentale et clinique, mais aussi la recherche en sciences sociales et la recherche en épidémiologie.

"Une centaine d'autres laboratoires et instituts de recherche de hauts niveaux, rattachés aux différentes structures publiques françaises, tapissent le territoire et permettent à la France d'être aux premiers rangs dans de nombreux domaines" et à l'avant-garde de nouvelles technologies, ajoute la fondation, citant la génétique et la thérapie génique, l'étude des marqueurs biologiques, la thérapie cellulaire.

La recherche clinique française sur la maladie d'Alzheimer a été structurée grâce à trois plans nationaux successifs, qui ont permis la création des centres mémoire de ressource et de recherche (CMRR) ainsi que des consultations mémoire pour faciliter le diagnostic et promouvoir les études cliniques, actuellement au nombre de respectivement 28 et 450.

Elle se concentre principalement sur la mise en œuvre d'une approche combinée pour un diagnostic précoce, qui intègre l'utilisation des biomarqueurs biologiques et les techniques d'imagerie, avec notamment comme objectif d'harmoniser les pratiques sur le territoire.

Cette recherche bénéficie de collaborations nationales et internationales, notamment dans le cadre d'essais cliniques et de cohortes internationales, souligne la fondation.

Freins réglementaires et lenteur administrative

Cependant, "la recherche clinique sur la maladie d'Alzheimer en France se heurte à plusieurs freins et défis majeurs qui peuvent entraver son avancée". Il s'agit tout d'abord des freins réglementaires et de la lenteur administrative, ce qui ralentit le lancement des études et la collecte des données, et pousse des partenaires industriels à mener des essais cliniques dans d'autres pays.

Or, la participation à un essai thérapeutique permet un meilleur suivi des personnes incluses.

"Un autre défi important réside dans le manque de financement gouvernemental consacré à la maladie d'Alzheimer", pointe la fondation. Jusqu'à présent, la feuille de route MND "maintient l'existant des mesures des plans précédents" mais en l'absence de plan spécifique, la recherche manque de coordination et d'appels d'offres publics.

Les sous-effectifs des personnels de santé dans les hôpitaux, avec des demandes de soins croissantes, représentent "un défi supplémentaire qui retentit sur la recherche clinique" menée dans les CMRR.

Dans son rapport, la fondation Vaincre Alzheimer note qu'outre les deux protéines bêta-amyloïde et tau, d'autres cibles thérapeutiques prometteuses suscitent l'intérêt de la recherche: la neuro-inflammation, le versant vasculaire de la maladie, la génétique, le microbiote intestinal, le dysfonctionnement métabolique et la neuroprotection.

En 2023, plus de 140 candidats médicaments pour la maladie d'Alzheimer sont en cours de développement clinique à travers le monde, avec deux grands domaines d'action: d'une part, les traitements symptomatiques visant à réduire les symptômes cognitifs et psychocomportementaux, et d'autre part, les traitements "disease-modifiers" visant à changer l'évolution de la maladie.

En dehors des traitements pharmacologiques, d'autres pistes sont développées, comme les approches non médicamenteuses, la neurostimulation, l'activité physique…

"Etant donné que cette maladie est multifactorielle et implique des mécanismes complexes, il est de plus en plus reconnu qu'un traitement unique ne suffira probablement pas" et qu'il faudra combiner plusieurs traitements "pour agir sur différentes cibles biologiques de la maladie d'Alzheimer", souligne la fondation.

Il est également nécessaire de poursuivre les travaux sur le diagnostic, la prise en soins et la prévention, ajoute-t-elle.

Créée en 2005, Vaincre Alzheimer est une fondation reconnue d'utilité publique et a contribué à de grandes avancées de la recherche contre la maladie, rappelle-t-elle.

La recherche médicale spécialisée dans la maladie d'Alzheimer: état des lieux et perspectives d'espoir

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