Actualités de l'Urgence - APM
ANTILLES: UN NOUVEAU RENFORT DE PLUS DE 300 PROFESSIONNELS DE SANTÉ EST PARTI D'ORLY
ORLY (Val-de-Marne), 20 août 2021 (APMnews) - Un peu plus de 300 professionnels de santé sont partis vendredi après-midi de l'aéroport de Paris-Orly en renfort de la Guadeloupe et la Martinique, très gravement touchées par la vague de Covid-19, a annoncé vendredi le directeur général de la santé (DGS), Jérôme Salomon, lors d'un point presse devant l'aéroport.
Deux vols sont partis vendredi après-midi d'Orly, l'un pour la Martinique et l'autre pour la Guadeloupe, à bord d'avions des compagnies Air France et Corsair.
La répartition des professionnels entre les deux îles n'a pas été précisée, elle est toutefois "équitable" et s'est faite "en fonction des besoins", a assuré la DGS. Il s'agit de vols de "renfort supplémentaire" en personnel mais également pour la relève d'une partie de ceux déjà sur place.
Mardi, 120 soignants et médecins sont partis de métropole, répartis "équitablement" entre les deux territoires (cf dépêche du 19/08/2021 à 12:37). Le 10 août, 240 professionnels de santé volontaires, venant d'une dizaine de régions métropolitaines, avaient été envoyés en Martinique et en Guadeloupe (cf dépêche du 09/08/2021 à 12:53).
Au total, "plus de 900 professionnels de santé: médecins, infirmiers, aides-soignants, spécialistes d'anesthésie et réanimation, en maladies infectieuses, urgentistes, sont venus soutenir leurs collègues de médecine de ville et hospitalière" en Guadeloupe et en Martinique, a déclaré Jérôme Salomon.
"Je suis venu [les] saluer" et "exprimer notre fierté" à leur égard. Ces professionnels "partent de toutes les régions de France, en dehors de celles qui sont en tension actuellement, et donc c'est un magnifique symbole". C'est un effort absolument considérable" de leur part, a-t-il poursuivi.
"C'est extrêmement émouvant d'entendre des soignants qui ont vécu la première et la deuxième vague de Covid, parfois dans des régions très touchées, et qui disent aujourd'hui 'c'est à mon tour maintenant d'aider'", après avoir reçu eux-mêmes des renforts d'autres régions pendant les mois de crise, a-t-il continué.
"C'est toujours très agréable de voir des professionnels porter secours à leurs collègues, pour plusieurs jours au milieu de leurs vacances", a ajouté le directeur général de la santé.
Construire un "pont aérien" en personnel, matériel et médicaments
Les besoins en personnel sont "affinés de jour en jour", "nous allons avoir de plus en plus de renforts" et "ainsi monter en puissance", a annoncé Jérôme Salomon.
L'objectif est de construire un "pont aérien solidaire" entre les Antilles et la métropole avec l'envoi de professionnels, ainsi qu'un "pont aérien sanitaire" avec l'évacuation d'au total "30 malades graves" vers la métropole, a-t-il rappelé.
"D'autres évacuations sanitaires en nombre sont organisées dans les prochains jours", a précisé Jérôme Salomon.
Du matériel et des médicaments ont également été envoyés vendredi vers les Antilles.
Un "pont aérien logistique" est ainsi mis en place avec l'envoi "d'oxygène, de respirateurs, des médicaments de réanimation, des médicaments de type anticorps monoclonaux [anti-Sars-CoV-2] et d'extracteurs d'oxygène", a-t-il poursuivi.
"Tout est fait pour que les malades aux Antilles" soient pris en charge correctement, malgré une situation très tendue avec notamment "7.000 cas supplémentaires de Covid cette semaine en Guadeloupe", a-t-il assuré.
"Un Guadeloupéen sur 50 est touché, et un Martiniquais sur 100. C'est donc une vague extrêmement massive et sérieuse qui nécessite toute notre mobilisation", a-t-il ajouté.
Les critères d'entrée en réanimation sont "plus stricts" aux Antilles
Il y a beaucoup de "cas graves et plusieurs dizaines de personnes sont actuellement prises en charge en soins critiques" dans les deux îles, a déploré Jérôme Salomon.
Interrogé par APMnews sur une actuelle "priorisation" des patients admis en réanimation (cf dépêche du 19/08/2021 à 19:01), Jérôme Salomon a répondu qu'effectivement, les "critères" d'entrée "sont plus stricts". "C'est ce qui arrive lorsque beaucoup de patients arrivent en réanimation."
"Les réanimateurs sur place ont demandé de l'aide auprès de leurs collègues au niveau national et c'est très important pour fixer les meilleurs critères d'admission et de survie", a-t-il continué.
"Nous avons un travail collégial avec l'ensemble des sociétés savantes de France, notamment celles de médecine de catastrophe, d'urgence, de réanimation et d'anesthésie, qui ont écrit un guide", a-t-il rapporté.
Face à cela, "il y a deux réponses possibles aujourd'hui: augmenter les capacités de soins critiques", ainsi que les évacuations sanitaires vers la métropole pour que toutes les personnes pouvant être évacuées le soient, a-t-il souligné.
Parallèlement à la prise en charge hospitalière, il y a un "énorme effort" notamment de la médecine de ville pour "prendre en charge au maximum à la maison" grâce "notamment aux extracteurs d'oxygène", a-t-il ajouté.
Une population antillaise particulièrement fragile face au virus
La gravité de la situation peut s'expliquer parce que les Antilles "avaient été relativement épargnées" lors des précédentes vagues et que la population est donc "relativement peu immune", a déclaré Jérôme Salomon.
La population est par ailleurs "assez fragile" car il y a "beaucoup de personnes âgées, avec du diabète et d'autres facteurs de risque".
En outre, les taux de vaccination sont particulièrement faibles aux Antilles mais ils "progressent". Il y a "peut-être eu une incrédulité initiale" face au vaccin, a-t-il dit. "Vous savez, quand on n'est pas touché soi-même ou dans son entourage par la maladie, on attend un peu d'être convaincu."
Or, "d'après une étude qui a été menée en août sur les personnes vaccinées, il y a 8 fois moins de contaminations lorsqu'on est vacciné et 11 fois moins de risques d'être admis en soins critiques", a-t-il rapporté.
Toutefois, "je crois que les Antillais sont en train de réaliser la sévérité de la vague épidémique et les bénéfices du vaccin", a-t-il commenté.
Des professionnels en partance pour la Guadeloupe témoignent
"J'ai répondu à un élan de solidarité et c'est aussi une expérience professionnelle en tant que médecin urgentiste de voir comment se passe la médecine en temps de catastrophe", a déclaré Simon Ribes, 35 ans, médecin urgentiste au CHU de Nantes.
"L'ampleur de la vague aux Antilles est du jamais-vu mais maintenant, nous avons quand même le recul depuis un an sur le Covid et le risque infectieux ne me stresse pas trop. Je pense que nous aurons quand même un minimum d'équipements de protection", a-t-il continué.
"J'essaie de ne pas trop penser à l'enjeu", "le but est de faire autant qu'on peut, avec les moyens qu'on a", a-t-il ajouté.
Laura Menigoz, 22 ans, infirmière aux urgences du centre hospitalier (CH) de Remiremont (Vosges), a répondu aux appels à la mobilisation du ministère des solidarités et de la santé pour venir aux Antilles. "Cela m'a intéressée par rapport à mon projet professionnel", a-t-elle dit.
Elle a évoqué "un peu de stress, d'appréhension et beaucoup d'émotions qui se joignent aussi avec de l'excitation car on a hâte d'aider, de rencontrer d'autres personnes, et de savoir dans un premier temps où on va être affecté".
Elodie Troux, 22 ans, infirmière en réanimation diplômée en 2021, travaille en agence d'intérim. Elle a répondu à un appel lancé par son agence. "Je me suis dit pourquoi pas me lancer, cela fait de l'expérience, je reste deux semaines en Guadeloupe", a-t-elle témoigné.
syl/nc/APMnews
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ANTILLES: UN NOUVEAU RENFORT DE PLUS DE 300 PROFESSIONNELS DE SANTÉ EST PARTI D'ORLY
ORLY (Val-de-Marne), 20 août 2021 (APMnews) - Un peu plus de 300 professionnels de santé sont partis vendredi après-midi de l'aéroport de Paris-Orly en renfort de la Guadeloupe et la Martinique, très gravement touchées par la vague de Covid-19, a annoncé vendredi le directeur général de la santé (DGS), Jérôme Salomon, lors d'un point presse devant l'aéroport.
Deux vols sont partis vendredi après-midi d'Orly, l'un pour la Martinique et l'autre pour la Guadeloupe, à bord d'avions des compagnies Air France et Corsair.
La répartition des professionnels entre les deux îles n'a pas été précisée, elle est toutefois "équitable" et s'est faite "en fonction des besoins", a assuré la DGS. Il s'agit de vols de "renfort supplémentaire" en personnel mais également pour la relève d'une partie de ceux déjà sur place.
Mardi, 120 soignants et médecins sont partis de métropole, répartis "équitablement" entre les deux territoires (cf dépêche du 19/08/2021 à 12:37). Le 10 août, 240 professionnels de santé volontaires, venant d'une dizaine de régions métropolitaines, avaient été envoyés en Martinique et en Guadeloupe (cf dépêche du 09/08/2021 à 12:53).
Au total, "plus de 900 professionnels de santé: médecins, infirmiers, aides-soignants, spécialistes d'anesthésie et réanimation, en maladies infectieuses, urgentistes, sont venus soutenir leurs collègues de médecine de ville et hospitalière" en Guadeloupe et en Martinique, a déclaré Jérôme Salomon.
"Je suis venu [les] saluer" et "exprimer notre fierté" à leur égard. Ces professionnels "partent de toutes les régions de France, en dehors de celles qui sont en tension actuellement, et donc c'est un magnifique symbole". C'est un effort absolument considérable" de leur part, a-t-il poursuivi.
"C'est extrêmement émouvant d'entendre des soignants qui ont vécu la première et la deuxième vague de Covid, parfois dans des régions très touchées, et qui disent aujourd'hui 'c'est à mon tour maintenant d'aider'", après avoir reçu eux-mêmes des renforts d'autres régions pendant les mois de crise, a-t-il continué.
"C'est toujours très agréable de voir des professionnels porter secours à leurs collègues, pour plusieurs jours au milieu de leurs vacances", a ajouté le directeur général de la santé.
Construire un "pont aérien" en personnel, matériel et médicaments
Les besoins en personnel sont "affinés de jour en jour", "nous allons avoir de plus en plus de renforts" et "ainsi monter en puissance", a annoncé Jérôme Salomon.
L'objectif est de construire un "pont aérien solidaire" entre les Antilles et la métropole avec l'envoi de professionnels, ainsi qu'un "pont aérien sanitaire" avec l'évacuation d'au total "30 malades graves" vers la métropole, a-t-il rappelé.
"D'autres évacuations sanitaires en nombre sont organisées dans les prochains jours", a précisé Jérôme Salomon.
Du matériel et des médicaments ont également été envoyés vendredi vers les Antilles.
Un "pont aérien logistique" est ainsi mis en place avec l'envoi "d'oxygène, de respirateurs, des médicaments de réanimation, des médicaments de type anticorps monoclonaux [anti-Sars-CoV-2] et d'extracteurs d'oxygène", a-t-il poursuivi.
"Tout est fait pour que les malades aux Antilles" soient pris en charge correctement, malgré une situation très tendue avec notamment "7.000 cas supplémentaires de Covid cette semaine en Guadeloupe", a-t-il assuré.
"Un Guadeloupéen sur 50 est touché, et un Martiniquais sur 100. C'est donc une vague extrêmement massive et sérieuse qui nécessite toute notre mobilisation", a-t-il ajouté.
Les critères d'entrée en réanimation sont "plus stricts" aux Antilles
Il y a beaucoup de "cas graves et plusieurs dizaines de personnes sont actuellement prises en charge en soins critiques" dans les deux îles, a déploré Jérôme Salomon.
Interrogé par APMnews sur une actuelle "priorisation" des patients admis en réanimation (cf dépêche du 19/08/2021 à 19:01), Jérôme Salomon a répondu qu'effectivement, les "critères" d'entrée "sont plus stricts". "C'est ce qui arrive lorsque beaucoup de patients arrivent en réanimation."
"Les réanimateurs sur place ont demandé de l'aide auprès de leurs collègues au niveau national et c'est très important pour fixer les meilleurs critères d'admission et de survie", a-t-il continué.
"Nous avons un travail collégial avec l'ensemble des sociétés savantes de France, notamment celles de médecine de catastrophe, d'urgence, de réanimation et d'anesthésie, qui ont écrit un guide", a-t-il rapporté.
Face à cela, "il y a deux réponses possibles aujourd'hui: augmenter les capacités de soins critiques", ainsi que les évacuations sanitaires vers la métropole pour que toutes les personnes pouvant être évacuées le soient, a-t-il souligné.
Parallèlement à la prise en charge hospitalière, il y a un "énorme effort" notamment de la médecine de ville pour "prendre en charge au maximum à la maison" grâce "notamment aux extracteurs d'oxygène", a-t-il ajouté.
Une population antillaise particulièrement fragile face au virus
La gravité de la situation peut s'expliquer parce que les Antilles "avaient été relativement épargnées" lors des précédentes vagues et que la population est donc "relativement peu immune", a déclaré Jérôme Salomon.
La population est par ailleurs "assez fragile" car il y a "beaucoup de personnes âgées, avec du diabète et d'autres facteurs de risque".
En outre, les taux de vaccination sont particulièrement faibles aux Antilles mais ils "progressent". Il y a "peut-être eu une incrédulité initiale" face au vaccin, a-t-il dit. "Vous savez, quand on n'est pas touché soi-même ou dans son entourage par la maladie, on attend un peu d'être convaincu."
Or, "d'après une étude qui a été menée en août sur les personnes vaccinées, il y a 8 fois moins de contaminations lorsqu'on est vacciné et 11 fois moins de risques d'être admis en soins critiques", a-t-il rapporté.
Toutefois, "je crois que les Antillais sont en train de réaliser la sévérité de la vague épidémique et les bénéfices du vaccin", a-t-il commenté.
Des professionnels en partance pour la Guadeloupe témoignent
"J'ai répondu à un élan de solidarité et c'est aussi une expérience professionnelle en tant que médecin urgentiste de voir comment se passe la médecine en temps de catastrophe", a déclaré Simon Ribes, 35 ans, médecin urgentiste au CHU de Nantes.
"L'ampleur de la vague aux Antilles est du jamais-vu mais maintenant, nous avons quand même le recul depuis un an sur le Covid et le risque infectieux ne me stresse pas trop. Je pense que nous aurons quand même un minimum d'équipements de protection", a-t-il continué.
"J'essaie de ne pas trop penser à l'enjeu", "le but est de faire autant qu'on peut, avec les moyens qu'on a", a-t-il ajouté.
Laura Menigoz, 22 ans, infirmière aux urgences du centre hospitalier (CH) de Remiremont (Vosges), a répondu aux appels à la mobilisation du ministère des solidarités et de la santé pour venir aux Antilles. "Cela m'a intéressée par rapport à mon projet professionnel", a-t-elle dit.
Elle a évoqué "un peu de stress, d'appréhension et beaucoup d'émotions qui se joignent aussi avec de l'excitation car on a hâte d'aider, de rencontrer d'autres personnes, et de savoir dans un premier temps où on va être affecté".
Elodie Troux, 22 ans, infirmière en réanimation diplômée en 2021, travaille en agence d'intérim. Elle a répondu à un appel lancé par son agence. "Je me suis dit pourquoi pas me lancer, cela fait de l'expérience, je reste deux semaines en Guadeloupe", a-t-elle témoigné.
syl/nc/APMnews