Actualités de l'Urgence - APM

APRÈS UN ÉTÉ SANS RUPTURE MAJEURE AUX URGENCES, LES HÔPITAUX CHAMPAGNE SUD SE RÉORGANISENT SUR LE LONG TERME
TROYES, 30 août 2023 (APMnews) - Les Hôpitaux Champagne Sud (HCS), qui rassemblent sept établissements en direction commune dont le centre hospitalier (CH) de Troyes, veulent engager des réorganisations structurantes sur leurs services d'urgence mais également sur la transversalité inter-établissements et les contrats de pôle, a-t-on appris auprès du directeur des HCS, Damien Patriat.
Après un mois d'avril marqué comme ailleurs par de fortes tensions sur les services d'urgence (cf dépêche du 26/04/2023 à 17:47), le directeur des HCS, contacté jeudi dernier par APMnews, a assuré que l'été s'était "plutôt bien passé jusqu'à maintenant" au sein des établissements qu'il dirige depuis février.
Les HCS rassemblent les CH de Troyes, de Bar-sur-Seine et de Bar-sur-Aube, l'établissement public de santé mentale de l'Aube (EPSMA), le groupement hospitalier (GH) Aube-Marne à Romilly, ainsi que les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) de Brienne-le-Château et d'Arcis-sur-Aube.
Il a cependant fait état de la persistance "de fortes tensions sur des secteurs classiques comme l'anesthésie, donc les blocs et la chirurgie", en raison d'une part des conséquences de la mise en œuvre de la loi Rist sur le plafonnement de l'intérim, et d'autre part du fait de l'habituelle contraction de l'offre privée au mois d'août sur le secteur.
Si ces difficultés ont conduit les HCS à procéder à des "réductions capacitaires" et à "de la gestion de flux sous contrainte", le directeur a néanmoins souligné "[qu']aucune fermeture d'activité" n'avait eu lieu.
"La situation reste très fragile et repose sur la bonne volonté de toute la communauté hospitalière des établissements", a reconnu Damien Patriat, avant d'enchaîner: "On a travaillé à la fois sur le fond du sujet pour le moyen et long terme, avec des bénéfices qui commencent à arriver dans certains cas à partir de septembre-octobre."
Des réorganisations de moyen et long termes pour les urgences
Parmi les chantiers de fond lancés par ses établissements sur la filière Samu-urgences, le directeur a notamment mentionné:
- des réorganisations sur les fonctions et la stratégie managériales dans les différents services d'urgence
- des travaux sur les transports de patients, qui constituaient "un sujet majeur, conflictuel et catastrophique" à sa prise de poste
- une concertation avec les partenaires externes comme le service départemental d'incendie et de secours (Sdis), les structures de soins non programmés et les transports sanitaires urgents (TSU), "pour que tout le monde aille dans le même sens dans le territoire".
Pour composer avec les tensions en ressources médicales, les HCS ont également mené un travail plus spécifique sur le maillage Smur, en expérimentant deux puis trois équipes paramédicales de médecine d'urgence (EPMU), qui devraient devenir des unités mobiles hospitalières paramédicalisées (UMH-P) dans la future réforme des autorisations d'urgence (cf dépêche du 17/08/2023 à 17:13).
"On a tenu à ce que le SAS [service d'accès aux soins] commence avant l'été, même de façon imparfaite", a poursuivi Damien Patriat. Le CH de Troyes a notamment fait preuve de "beaucoup de souplesse administrative, juridique et financière" pour permettre un démarrage précoce du SAS, en procédant à des avances en trésorerie pour les investissements matériels ou en assumant le recrutement des opérateurs de soins non programmés (OSNP) de la filière ambulatoire.
Le directeur espère que le service d'accès aux soins parviendra désormais à surmonter les difficultés d'interfaçage rencontrées entre les deux logiciels employés par les filières hospitalière et ambulatoire du SAS.
Un peu plus de six mois après avoir pris ses fonctions à Troyes, Damien Patriat a salué "la gradation et l'organisation des soins sur le territoire déjà très cohérentes" qu'il a découvertes, ainsi que la qualité "des plateaux techniques de bon, voire très bon niveau", notamment à Troyes.
Des "leaders hospitaliers" volontaires et des élus soutenants
"Les leaders hospitaliers sont tous dans un volontarisme très impressionnant", a-t-il salué. "J'ai eu la chance d'avoir des gens déjà très engagés dans des projets en arrivant, pour trouver des solutions."
Il a également mis en exergue l'investissement des élus du territoire dans le domaine de la santé, "quels qu'ils soient, du président du conseil de surveillance d'Ehpad [établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes] à François Baroin [maire et président du conseil de surveillance du CH de Troyes]" et le soutien qu'ils apportaient aux établissements "que ce soit pour consolider l'offre ou aller chercher des crédits".
Malgré ces atouts, le directeur des HCS n'a pas caché qu'il avait "quelques petits cailloux dans la chaussure" empêchant la bonne marche de ses établissements, à commencer par "des organisations fragilisées au cours des dernières années", mais aussi "des risques financiers".
Le CH de Troyes et le groupement hospitalier (GH) Aube-Marne ont ainsi accusé des déficits respectifs de 5 millions d'euros (M€) et 2,4 M€ en 2022 et voient leur situation se dégrader encore en 2023.
Selon Damien Patriat, ces déficits se creusent du fait "d'activités de service public nécessaires sur le territoire mais par nature en perte financière" d'une part, et d'autre part en raison d'une baisse d'activité en chirurgie due au manque d'anesthésistes, dont 50% des effectifs étaient assurés par des médecins intérimaires: "Les 50% restants ont tout fait pour maintenir l'activité en avril mais on connaît une baisse d'activité majeure depuis mai."
"Cela engendre des déports d'activité qui représentent une perte importante de recettes pour l'établissement", a insisté le directeur, avant d'ajouter que cette situation mettait également en évidence "la nécessaire modernisation de l'organisation et de l'agilité des organisations médicales soignantes des HCS: "Très clairement, on doit rattraper quelques trains de retard."
Face à ces constats, Damien Patriat a annoncé le lancement début septembre d'une réflexion de fond, "avec tous les responsables médicaux et paramédicaux", sur "la logique de refondation du paradigme": "On souhaite vraiment changer de modèle culturel, d'organisations, pour aller vers des modèles nous permettant de développer nos activités et d'investir."
Cette démarche sera notamment portée le président de la commission médicale d'établissement (CME) du CH de Troyes, le Dr Vincent Lauby.
Un PMSP servant de canevas aux futurs projets d'établissements des HSC
Il a également mentionné "la finalisation et la validation" du projet médico-soignant partagé (PMSP) du groupement hospitalier de territoire (GHT) Aube Sézannais, qui associe cinq établissements aux HCS, en saluant "un vrai PMSP de deuxième génération très transversal, conçu avec tous les établissements, dans une logique de gradation des soins et de filières".
Ce PMSP servira de cadre aux futurs projets d'établissement des membres du GHT, attendus pour le premier trimestre 2024.
Enfin, Damien Patriat a fait part de sa volonté de relancer la dynamique des contrats de pôle, "en sommeil depuis le Covid" au sein des HCS.
"Je veux que l'on aille, quand c'est pertinent et que les acteurs sont d'accord, jusqu'à la délégation de signature", a-t-il déclaré.
Cette ambition se traduit par des travaux pour sécuriser les enjeux juridiques, financiers et pénaux: "On doit garantir une sécurité des soins, mais également une sécurité juridique des biens et des personnes."
Ces derniers travaux pourraient aboutir au deuxième trimestre 2024, après la validation des projets d'établissements des membres des HSC.
gl/nc/APMnews
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TROYES, 30 août 2023 (APMnews) - Les Hôpitaux Champagne Sud (HCS), qui rassemblent sept établissements en direction commune dont le centre hospitalier (CH) de Troyes, veulent engager des réorganisations structurantes sur leurs services d'urgence mais également sur la transversalité inter-établissements et les contrats de pôle, a-t-on appris auprès du directeur des HCS, Damien Patriat.
Après un mois d'avril marqué comme ailleurs par de fortes tensions sur les services d'urgence (cf dépêche du 26/04/2023 à 17:47), le directeur des HCS, contacté jeudi dernier par APMnews, a assuré que l'été s'était "plutôt bien passé jusqu'à maintenant" au sein des établissements qu'il dirige depuis février.
Les HCS rassemblent les CH de Troyes, de Bar-sur-Seine et de Bar-sur-Aube, l'établissement public de santé mentale de l'Aube (EPSMA), le groupement hospitalier (GH) Aube-Marne à Romilly, ainsi que les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) de Brienne-le-Château et d'Arcis-sur-Aube.
Il a cependant fait état de la persistance "de fortes tensions sur des secteurs classiques comme l'anesthésie, donc les blocs et la chirurgie", en raison d'une part des conséquences de la mise en œuvre de la loi Rist sur le plafonnement de l'intérim, et d'autre part du fait de l'habituelle contraction de l'offre privée au mois d'août sur le secteur.
Si ces difficultés ont conduit les HCS à procéder à des "réductions capacitaires" et à "de la gestion de flux sous contrainte", le directeur a néanmoins souligné "[qu']aucune fermeture d'activité" n'avait eu lieu.
"La situation reste très fragile et repose sur la bonne volonté de toute la communauté hospitalière des établissements", a reconnu Damien Patriat, avant d'enchaîner: "On a travaillé à la fois sur le fond du sujet pour le moyen et long terme, avec des bénéfices qui commencent à arriver dans certains cas à partir de septembre-octobre."
Des réorganisations de moyen et long termes pour les urgences
Parmi les chantiers de fond lancés par ses établissements sur la filière Samu-urgences, le directeur a notamment mentionné:
- des réorganisations sur les fonctions et la stratégie managériales dans les différents services d'urgence
- des travaux sur les transports de patients, qui constituaient "un sujet majeur, conflictuel et catastrophique" à sa prise de poste
- une concertation avec les partenaires externes comme le service départemental d'incendie et de secours (Sdis), les structures de soins non programmés et les transports sanitaires urgents (TSU), "pour que tout le monde aille dans le même sens dans le territoire".
Pour composer avec les tensions en ressources médicales, les HCS ont également mené un travail plus spécifique sur le maillage Smur, en expérimentant deux puis trois équipes paramédicales de médecine d'urgence (EPMU), qui devraient devenir des unités mobiles hospitalières paramédicalisées (UMH-P) dans la future réforme des autorisations d'urgence (cf dépêche du 17/08/2023 à 17:13).
"On a tenu à ce que le SAS [service d'accès aux soins] commence avant l'été, même de façon imparfaite", a poursuivi Damien Patriat. Le CH de Troyes a notamment fait preuve de "beaucoup de souplesse administrative, juridique et financière" pour permettre un démarrage précoce du SAS, en procédant à des avances en trésorerie pour les investissements matériels ou en assumant le recrutement des opérateurs de soins non programmés (OSNP) de la filière ambulatoire.
Le directeur espère que le service d'accès aux soins parviendra désormais à surmonter les difficultés d'interfaçage rencontrées entre les deux logiciels employés par les filières hospitalière et ambulatoire du SAS.
Un peu plus de six mois après avoir pris ses fonctions à Troyes, Damien Patriat a salué "la gradation et l'organisation des soins sur le territoire déjà très cohérentes" qu'il a découvertes, ainsi que la qualité "des plateaux techniques de bon, voire très bon niveau", notamment à Troyes.
Des "leaders hospitaliers" volontaires et des élus soutenants
"Les leaders hospitaliers sont tous dans un volontarisme très impressionnant", a-t-il salué. "J'ai eu la chance d'avoir des gens déjà très engagés dans des projets en arrivant, pour trouver des solutions."
Il a également mis en exergue l'investissement des élus du territoire dans le domaine de la santé, "quels qu'ils soient, du président du conseil de surveillance d'Ehpad [établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes] à François Baroin [maire et président du conseil de surveillance du CH de Troyes]" et le soutien qu'ils apportaient aux établissements "que ce soit pour consolider l'offre ou aller chercher des crédits".
Malgré ces atouts, le directeur des HCS n'a pas caché qu'il avait "quelques petits cailloux dans la chaussure" empêchant la bonne marche de ses établissements, à commencer par "des organisations fragilisées au cours des dernières années", mais aussi "des risques financiers".
Le CH de Troyes et le groupement hospitalier (GH) Aube-Marne ont ainsi accusé des déficits respectifs de 5 millions d'euros (M€) et 2,4 M€ en 2022 et voient leur situation se dégrader encore en 2023.
Selon Damien Patriat, ces déficits se creusent du fait "d'activités de service public nécessaires sur le territoire mais par nature en perte financière" d'une part, et d'autre part en raison d'une baisse d'activité en chirurgie due au manque d'anesthésistes, dont 50% des effectifs étaient assurés par des médecins intérimaires: "Les 50% restants ont tout fait pour maintenir l'activité en avril mais on connaît une baisse d'activité majeure depuis mai."
"Cela engendre des déports d'activité qui représentent une perte importante de recettes pour l'établissement", a insisté le directeur, avant d'ajouter que cette situation mettait également en évidence "la nécessaire modernisation de l'organisation et de l'agilité des organisations médicales soignantes des HCS: "Très clairement, on doit rattraper quelques trains de retard."
Face à ces constats, Damien Patriat a annoncé le lancement début septembre d'une réflexion de fond, "avec tous les responsables médicaux et paramédicaux", sur "la logique de refondation du paradigme": "On souhaite vraiment changer de modèle culturel, d'organisations, pour aller vers des modèles nous permettant de développer nos activités et d'investir."
Cette démarche sera notamment portée le président de la commission médicale d'établissement (CME) du CH de Troyes, le Dr Vincent Lauby.
Un PMSP servant de canevas aux futurs projets d'établissements des HSC
Il a également mentionné "la finalisation et la validation" du projet médico-soignant partagé (PMSP) du groupement hospitalier de territoire (GHT) Aube Sézannais, qui associe cinq établissements aux HCS, en saluant "un vrai PMSP de deuxième génération très transversal, conçu avec tous les établissements, dans une logique de gradation des soins et de filières".
Ce PMSP servira de cadre aux futurs projets d'établissement des membres du GHT, attendus pour le premier trimestre 2024.
Enfin, Damien Patriat a fait part de sa volonté de relancer la dynamique des contrats de pôle, "en sommeil depuis le Covid" au sein des HCS.
"Je veux que l'on aille, quand c'est pertinent et que les acteurs sont d'accord, jusqu'à la délégation de signature", a-t-il déclaré.
Cette ambition se traduit par des travaux pour sécuriser les enjeux juridiques, financiers et pénaux: "On doit garantir une sécurité des soins, mais également une sécurité juridique des biens et des personnes."
Ces derniers travaux pourraient aboutir au deuxième trimestre 2024, après la validation des projets d'établissements des membres des HSC.
gl/nc/APMnews