Actualités de l'Urgence - APM

APRÈS UN PASSAGE AUX URGENCES POUR DOULEUR AIGUË, LA MOITIÉ DES PATIENTS ONT BESOIN DE MOINS DE CINQ COMPRIMÉS D'OPIOÏDE
"Les opioïdes tels que la morphine peuvent être très bénéfiques pour les patients souffrant de douleurs aiguës. Cependant, les patients se voient souvent prescrire trop de comprimés, ce qui signifie que des comprimés inutilisés sont disponibles pour un mésusage", constate Raoul Daoust de l'Université de Montréal, qui a présenté l'étude prospective OPUM, dans un communiqué du congrès.
La surprescription et le mésusage sont à l'origine de la crise des opioïdes qui sévit aux Etats-Unis et conduit aujourd'hui certains médecins à craindre de prescrire des opioïdes, laissant des patients sans solution satisfaisante. "Avec ce travail, je souhaitais proposer une approche adaptée de la prescription d'opioïdes afin que les patients en aient suffisamment pour gérer leur douleur, mais qu'ils ne disposent pratiquement pas de comprimés inutilisés susceptibles d'être utilisés à mauvais escient", explique le clinicien-chercheur. L'objectif est d'aider les urgentistes à trouver le bon équilibre en prescrivant le nombre optimal de comprimés.
Avec ses collègues, ils ont recruté 2.240 patients de 18 ans et plus (âge moyen de 51 ans) pris en charge au sein de six services d'urgence hospitaliers et d'un service d'urgence communautaire du Canada pour une douleur aiguë et auxquels ont été prescrits des opioïdes à la sortie de l'hôpital.
Les patients souffraient de fractures (24%), de coliques néphrétiques (19%), de troubles musculosquelettiques (19%), de lombalgies (16%), de douleurs abdominales (7%), de douleurs cervicales (3%) et d'autres douleurs (16%).
Pendant les deux semaines qui ont suivi leur sortie des urgences, ils ont bénéficié d'un suivi téléphonique et ont rempli un journal détaillant en temps réel les quantités, les doses et le nom de chaque médicament antidouleur consommé quotidiennement.
Les résultats ont montré que la moitié des patients n'ont eu besoin que de cinq comprimés ou moins de morphine à 5 mg ou d'un analgésique opioïde équivalent dans les 14 jours qui ont suivi leur sortie des urgences, ce qui s'est traduit par un taux de comprimés non utilisés de 62,9%. Le nombre médian de comprimés qui avaient été prescrits était de 16 comprimés pour deux semaines et de sept pour trois jours, avec de grandes variations en fonction du type de douleur.
Les chercheurs ont par ailleurs établi que pour fournir de manière adéquate 80% des patients pendant deux semaines, les patients souffrant de coliques néphrétiques ou de douleurs abdominales ont besoin de huit comprimés, tandis que ceux souffrant de fractures, de lombalgies, de douleurs cervicales ou d'autres douleurs musculosquelettiques en ont besoin respectivement de 24, 21, 17 et 16.
Le premier jour ayant suivi la sortie des urgences, les deux tiers des patients ont consommé des opioïdes, alors qu'ils n'étaient plus que 12% à en avoir pris le dernier jour du suivi, avec une diminution progressive.
"Nos résultats permettent d'adapter la quantité d'opioïdes que nous prescrivons en fonction des besoins des patients. On pourrait demander au pharmacien de fournir également des opioïdes en petites quantités, comme cinq comprimés au départ, car pour la moitié des patients, cela suffirait pour deux semaines", résume Raoul Daoust, qui ajoute qu'une date limite de prescription pourrait aussi être précisée sur l'ordonnance.
Les chercheurs souhaitent désormais voir si cette pratique pourrait avoir un réel impact sur le mésusage à long terme des opioïdes.
cc/fb/ab/APMnews
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APRÈS UN PASSAGE AUX URGENCES POUR DOULEUR AIGUË, LA MOITIÉ DES PATIENTS ONT BESOIN DE MOINS DE CINQ COMPRIMÉS D'OPIOÏDE
"Les opioïdes tels que la morphine peuvent être très bénéfiques pour les patients souffrant de douleurs aiguës. Cependant, les patients se voient souvent prescrire trop de comprimés, ce qui signifie que des comprimés inutilisés sont disponibles pour un mésusage", constate Raoul Daoust de l'Université de Montréal, qui a présenté l'étude prospective OPUM, dans un communiqué du congrès.
La surprescription et le mésusage sont à l'origine de la crise des opioïdes qui sévit aux Etats-Unis et conduit aujourd'hui certains médecins à craindre de prescrire des opioïdes, laissant des patients sans solution satisfaisante. "Avec ce travail, je souhaitais proposer une approche adaptée de la prescription d'opioïdes afin que les patients en aient suffisamment pour gérer leur douleur, mais qu'ils ne disposent pratiquement pas de comprimés inutilisés susceptibles d'être utilisés à mauvais escient", explique le clinicien-chercheur. L'objectif est d'aider les urgentistes à trouver le bon équilibre en prescrivant le nombre optimal de comprimés.
Avec ses collègues, ils ont recruté 2.240 patients de 18 ans et plus (âge moyen de 51 ans) pris en charge au sein de six services d'urgence hospitaliers et d'un service d'urgence communautaire du Canada pour une douleur aiguë et auxquels ont été prescrits des opioïdes à la sortie de l'hôpital.
Les patients souffraient de fractures (24%), de coliques néphrétiques (19%), de troubles musculosquelettiques (19%), de lombalgies (16%), de douleurs abdominales (7%), de douleurs cervicales (3%) et d'autres douleurs (16%).
Pendant les deux semaines qui ont suivi leur sortie des urgences, ils ont bénéficié d'un suivi téléphonique et ont rempli un journal détaillant en temps réel les quantités, les doses et le nom de chaque médicament antidouleur consommé quotidiennement.
Les résultats ont montré que la moitié des patients n'ont eu besoin que de cinq comprimés ou moins de morphine à 5 mg ou d'un analgésique opioïde équivalent dans les 14 jours qui ont suivi leur sortie des urgences, ce qui s'est traduit par un taux de comprimés non utilisés de 62,9%. Le nombre médian de comprimés qui avaient été prescrits était de 16 comprimés pour deux semaines et de sept pour trois jours, avec de grandes variations en fonction du type de douleur.
Les chercheurs ont par ailleurs établi que pour fournir de manière adéquate 80% des patients pendant deux semaines, les patients souffrant de coliques néphrétiques ou de douleurs abdominales ont besoin de huit comprimés, tandis que ceux souffrant de fractures, de lombalgies, de douleurs cervicales ou d'autres douleurs musculosquelettiques en ont besoin respectivement de 24, 21, 17 et 16.
Le premier jour ayant suivi la sortie des urgences, les deux tiers des patients ont consommé des opioïdes, alors qu'ils n'étaient plus que 12% à en avoir pris le dernier jour du suivi, avec une diminution progressive.
"Nos résultats permettent d'adapter la quantité d'opioïdes que nous prescrivons en fonction des besoins des patients. On pourrait demander au pharmacien de fournir également des opioïdes en petites quantités, comme cinq comprimés au départ, car pour la moitié des patients, cela suffirait pour deux semaines", résume Raoul Daoust, qui ajoute qu'une date limite de prescription pourrait aussi être précisée sur l'ordonnance.
Les chercheurs souhaitent désormais voir si cette pratique pourrait avoir un réel impact sur le mésusage à long terme des opioïdes.
cc/fb/ab/APMnews