Actualités de l'Urgence - APM

LYON, 5 février 2024 (APMnews) - En dépit d'une situation financière plus difficile que les années précédentes, les Hospices civils de Lyon (HCL) abordent 2024 avec de nombreux projets et comptent confirmer le retour de leur attractivité en matière de ressources humaines, a assuré leur directeur général, Raymond Le Moign, dans un entretien accordé à APMnews jeudi.

En 2023, le deuxième CHU de France (qui regroupe 13 hôpitaux) a montré qu'il était "en mouvement", souligne Raymond Le Moign, qui a repris ses fonctions à la tête des HCL début janvier après avoir été pendant six mois directeur de cabinet de l'ancien ministre de la santé et de la prévention Aurélien Rousseau (cf dépêche du 31/12/2023 à 10:47).

Ils ont aussi avancé sur plusieurs projets d'investissements importants (projet Bauréals à l'hôpital Lyon Sud, mise en fonctionnement du nouveau service des urgences de l'hôpital Edouard-Herriot…), ont obtenu la reconnaissance par l'Etat du projet de Biocluster français d'innovation en infectiologie (BCF2I) (cf dépêche du 17/05/2023 à 16:00), la labellisation de l'Institut d'hépatologie en Institut hospitalo-universitaire (IHU) (cf dépêche du 31/05/2023 à 15:59), ainsi que celle du projet DataHubHouraa au titre de l'appel à projets "Entrepôt des données de santé" (cf dépêche du 22/12/2023 à 13:37).

Sur le plan des ressources humaines, "le point positif est que la machine à recruter redémarre, puisqu'il y a plus d'arrivées que de départs", se félicite Raymond Le Moign.

Les HCL ont pu ainsi recruter 750 infirmiers en 2023 (dont 530 depuis juin), soit une hausse de 15% par rapport à 2022, sur un effectif infirmier total de 4.500 agents, annonce-t-il.

"Nous ne sommes pas encore au plein effectif et il reste des postes vacants, mais on sent que la situation de l'emploi se desserre et que les efforts produits par l'établissement commencent à montrer des effets."

Les HCL sont également engagés dans la mise en œuvre de nouveaux modèles horaires en 12h ou en 9h pour s'adapter aux besoins des professionnels tout au long de leur carrière. Actuellement, 24 services d'hospitalisation conventionnelle et de gériatrie expérimentent ces nouveaux horaires.

Ils mènent une campagne d'engagement collectif qui a récompensé en 2023 plus de 4.000 professionnels, soit le double de 2022, représentant 2 millions d'euros (M€) de primes d'engagement collectif versées. Cette campagne va être reconduite en 2024.

Ils ont également financé 259 agents en études promotionnelles pour accompagner des projets de carrière individuels, dont 100 en formation infirmière, 45 en formation d'infirmier anesthésiste (Iade) et 31 d'infirmier en pratique avancée (IPA), ce qui représente un "signe de l'engagement employeur des HCL et de leur positionnement sur les nouveaux métiers".

Les HCL, qui ont eu entre 10% et 15% de lits fermés en médecine-chirurgie-obstétrique (MCO) et soins médicaux et de réadaptation (SMR, ex-SSR), ont réussi à rouvrir des lits en 2023 grâce aux recrutements, précise Raymond Le Moign.

En ce qui concerne l'activité, il annonce que tous séjours confondus, l'activité a progressé en 2023 de 3,5% par rapport à 2022 (soit une perspective de 414.000 séjours environ en année pleine). A novembre 2023, les HCL étaient à 133.000 séjours en hospitalisation conventionnelle, 121.000 séjours ambulatoires et 127.000 séances.

Mais des différences significatives existent entre l'évolution de l'hospitalisation conventionnelle et l'activité ambulatoire. En séjours d'ambulatoire (hôpital de jour de médecine et chirurgie ambulatoire), les HCL ont enregistré "une forte dynamique" avec +11.500 venues et +2.400 séances par rapport à 2022.

Poursuivre l'essai en matière d'attractivité

En 2024, les HCL entendent "transformer l'essai" en matière d'attractivité en poursuivant la transformation de la fonction RH, entamée en 2023, pour répondre aux aspirations des professionnels de santé. Ils déploieront une importante campagne de communication qui sera une forme d'hommage à la singularité et aux nombreux talents cachés et qui montrera qu'aux HCL, "le champ des possibles est large".

Ils comptent aussi poursuivre la reprise d'activité, qui est un impératif pour permettre à l'établissement de gérer simultanément ses missions de soins programmés et non programmés, explique Raymond Le Moign.

Après avoir rouvert 147 lits de MCO et SMR en 2023, le projet pour 2024 est d'en rouvrir 200 soit, à ce jour, entre 60 et 80 lits supplémentaires, en tenant compte des 3.417 qui l'étaient dans la semaine du 29 janvier au 4 février 2024.

L'objectif est de parvenir fin 2024 à 3.501 lits, soit 510 de moins (87%) par rapport aux capacités théoriques (4.011).

"On part du principe que c'est une erreur politique de vouloir viser le rétablissement des lits installés en 2019" compte tenu de "l'évolution des prises en charge et des organisations qui sont développées autour de nouvelles plateformes ambulatoires". La question est plutôt de savoir "quelle est la nouvelle cible du capacitaire en lits et places à atteindre", justifie Raymond Le Moign.

Et, au regard des difficultés "d'aval", "comment gère-t-on beaucoup mieux par anticipation les sorties d'hospitalisation et beaucoup plus la programmation des lits installés dès lors que leur nombre n'est pas extensible?", ajoute-t-il.

Un déficit inévitable en 2023

Interrogé sur la situation financière, il confirme que, comme pour les autres établissements, elle a été affectée en 2023 par un effet de ciseaux, consistant en une augmentation des charges, notamment en raison de l'inflation et de la hausse des charges salariales, conjuguée à la poursuite du phénomène de fermetures de lits.

Après avoir été à l'équilibre en 2022, les HCL accuseront donc un déficit sur 2023 mais dont le montant dépendra de celui des derniers crédits qu'il reste à déléguer (de l'ordre de 800 M€ au niveau national et éventuellement une compensation exceptionnelle de l'inflation), souligne-t-il.

L'état des prévisions de recettes et de dépenses (EPRD) pour 2024 a été présenté avec un déficit "relativement réduit", compris entre 30 et 40 M€ sur un total de 2,3 milliards d'euros de produits (1,3% à 1,7%), précise Raymond Le Moign.

En 2024, l'enjeu pour les HCL est de sécuriser leur situation financière pour pouvoir poursuivre leur programme d'investissement qui s'établit désormais à 1,2 milliard d'euros sur 10 ans à partir de 2024, soit un niveau un peu inférieur à celui du programme précédent mais qui reste "un effort gigantesque".

Tout le programme d'investissement qui avait été prévu en 2023 a été réalisé. Mais "si on ne sécurise pas la CAF, les HCL devront mobiliser leur fonds de roulement et pourraient revoir leur volume des dépenses d'investissement ou les étaler", prévient leur responsable.

De nouvelles urgences à Lyon Sud, fin de la rénovation de l'hôpital Louis-Pradel…

En attendant, plusieurs opérations lancées au cours des dernières années s'achèveront ou donneront lieu à des mises en service en 2024.

L'hôpital Lyon Sud bénéficiera de l'ouverture de son nouveau service d'urgences qui est prévu pour accueillir jusqu'à 40.000 patients par an.

La réalisation de ce nouveau service s'inscrit dans le projet baptisé Bauréals visant à la transformation des blocs opératoires, de l'accueil des urgences et de la réanimation de cet établissement d'ici à 2026, pour un coût total de 165 M€ (cf dépêche du 09/03/2023 à 16:24).

Bauréals, qui constitue un des grands projets de restructuration portés par les HCL, s'inscrit lui-même dans une démarche d'urbanisme établie "en lien étroit avec les collectivités", rappelle Raymond Le Moign.

Cette démarche a connu une avancée importante à l'automne 2023 avec la mise en service de l'extension de la ligne B du métro, qui permet d'améliorer l'accessibilité de l'hôpital Lyon Sud depuis le centre-ville de Lyon. Le bassin dans lequel se trouve le site hospitalier doit connaître également d'autres évolutions (commerces, logements, crèches…).

Par ailleurs, en 2024, l'hôpital Edouard-Herriot (HEH), établissement emblématique des HCL qui a fêté ses 90 ans en 2023, bénéficiera de la mise en service d'un nouveau bâtiment (pavillon C) consacré à l'ophtalmologie et à l'ORL.

Cette ouverture suivra ainsi celle qui a conduit à réunir les services d'urgences médicales et chirurgicales au sein du pavillon N, après une opération de rénovation qui s'est achevée en 2023 (cf dépêche du 16/10/2023 à 11:40).

"Ces deux opérations ont été menées en respectant l'esprit de l'architecture fonctionnelle de Tony Garnier", met en avant Raymond Le Moign.

Toujours en 2024, les HCL vont "clore" un programme de rénovation d'une durée de 10 ans de l'hôpital cardiologique Louis-Pradel (groupement hospitalier Est), qui a été réalisé en site occupé, pour un montant de près de 90 millions d'euros.

Les HCL vont aussi poursuivre les travaux préparatoires du projet d'hôpital universitaire de médecine de réadaptation (HUMR) sur le GH Est, dans le cadre du transfert des activités de l'hôpital Henry-Gabrielle situé à Saint-Genis-Laval (Rhône, au sud-ouest de Lyon) (cf dépêche du 11/10/2022 à 12:16).

En 2024, les HCL comptent porter d'autres projets dans le domaine de la recherche ou des coopérations, tout en se lançant dans l'élaboration d'un nouveau projet d'établissement qui sera défini pour une durée de 10 ans (cf dépêche du 05/02/2024 à 11:35).

san/nc/APMnews