Actualités de l'Urgence - APM

ATTENTAT DE NICE: LES DIRECTEURS DE CLINIQUES RACONTENT
NICE, 20 juillet 2016 (APM) - Après l'attentat perpétré jeudi soir sur la promenade des Anglais à Nice, qui a fait 84 morts et 331 blessés, les directeurs de la clinique Saint-George, de l'institut privé non lucratif Arnaud-Tzanck et de la clinique du parc impérial ont raconté à l'APM le déroulé des évènements dans leurs établissements respectifs.
"Le soir, nous avons pris entre 20 et 25 patients en charge, et une quinzaine environ le lendemain. En tout, nous avons eu deux urgences absolues: la première est arrivée vers 1 heure du matin et est passée au bloc dans la foulée, plus tard une dame est arrivée avec un problème cardiaque généré par le stress et a nécessité une surveillance et des soins particuliers", a expliqué mercredi Jacqueline Sincholles, collaboratrice du PDG de la clinique Saint-George, située à 7 kilomètres environ de la promenade des Anglais.
"Nous n'avons pas été prévenus officiellement. Notre urgentiste de garde a appris par les réseaux sociaux qu'il y avait un attentat sur la promenade, il a fait informer rapidement notre PDG, qui a déclenché le plan blanc dès 23 heures", a-t-elle indiqué.
"Nous avons rappelé le personnel, mais beaucoup sont venus avant d'avoir été contactés, donc nous avions beaucoup beaucoup de monde, aussi bien dans les équipes médicales que paramédicales. Nous avons aussi fait venir sur place la psychologue", a rapporté Jacqueline Sincholles.
"Les premiers blessés sont arrivés un petit peu en différé, nous avons eu les premiers vers 1 heure du matin. Nous avons eu beaucoup de 'traumato', des fractures, et surtout des gens très très choqués, qui nous racontaient leurs visions d'horreur.. La psychologue a été précieuse, elle les voyait, parlait un peu avec eux, revenait après".
"Nous avons hospitalisé une dizaine de personnes environ, certaines sont ressorties assez rapidement. Il y a eu une réplique le lendemain matin, avec une vague de gens qui sont venus spontanément pour de petites blessures. Ils n'étaient pas venus la veille parce qu'ils étaient choqués ou parce qu'ils ne voulaient pas encombrer les services d'urgences", a-t-elle constaté.
=3 L'alerte attentat n'a pas fonctionné
Selon elle, la clinique disposait dans la nuit de jeudi à vendredi de "toutes les équipes chirurgicales sur place: plusieurs chirurgiens digestifs, beaucoup d'anesthésistes, les médecins urgentistes qui sont revenus très vite, un chirurgien thoracique, plusieurs chirurgiens orthopédiques... Nous avions des équipes complètes, c'est-à-dire que nous pouvions faire face à toutes les situations". "Mais à aucun moment nous n'avons eu l'alerte attentat qui devait soit-disant fonctionner, alors que c'est ce que nous avait annoncé la préfecture lors des réunions préparatoires à l'Euro 2016, et le système Orsan pour l'identification des blessés n'a pas fonctionné non plus", a regretté la collaboratrice du PDG de la clinique.
"En fait, les premiers blessés nous ont été adressés par le poste de contrôle qui était sur la promenade des anglais. Les urgentistes qui ont reçu les appels nous ont dit 'vous avez quatre véhicules qui arrivent avec des blessés'. Ils n'avaient pas le temps de s'étendre, puis les blessés nous ont été amenés par les pompiers."
"Nous nous sommes débrouillés pour assurer notre sécurité nous-mêmes à l'intérieur de l'hôpital, tandis que des agents de sécurité ou policiers étaient mis en place devant l'hôpital. Si on avait été informés officiellement, ça aurait été bien... Là, nous avons dû nous débrouiller tout seuls", a déploré Jacqueline Sincholles.
La direction de la clinique a demandé une explication à l'agence régionale de santé (ARS) Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca), qui n'a pas encore trouvé de réponse.
"Un membre de notre personnel est décédé dans l'attentat, une femme qui travaillait chez nous depuis longtemps et faisait partie du personnel hôtelier du bloc opératoire, ce qui a beaucoup choqué le personnel de l'établissement. Elle était très appréciée de ses collègues et de tout le monde", a observé Jacqueline Sincholles.
"Hier, nous avons fait une soirée de recueillement, avec des échanges, de manière à ce que les gens puissent s'exprimer, et nous diffusons le numéro de notre psychologue, pour que les membres du personnel puissent l'appeler directement s'ils le souhaitent. Elle m'a dit qu'elle n'avait eu qu'un seul appel. Je pense qu'il faut qu'elle 'tourne' dans la maison et qu'elle propose son aide, parce que le personnel a l'air d'avoir du mal à faire la démarche...", a-t-elle ajouté.
=3 Quatorze patients pris en charge à l'Institut Arnaud-Tzanck
Sur le site de Saint-Laurent-du-Var (Alpes-Maritimes) de l'institut Arnaud-Tzanck, situé à une dizaine de kilomètres de la promenade des Anglais, ont été pris en charge "uniquement des patients qui se sont présentés spontanément au service d'accueil des urgences, qui n'ont pas été hospitalisés et ont pu rentrer chez eux", a rapporté à l'APM son directeur, Michel Salvadori.
"Au total, nous avons pris en charge 14 patients entre la nuit du jeudi et samedi. Trois nous ont été amenés par les pompiers, mais bien plus tard. Ils ont tous été identifiés comme étant en lien avec l'évènement mais ils ne présentaient pas de traumatismes graves ou de blessures nécessitant une hospitalisation ou un séjour en réanimation", a-t-il indiqué.
"Notre directrice des soins est également responsable du plan blanc; elle a pris connaissance de l'évènement, s'est rendue spontanément à la clinique et a interrogé le Centre 15 qui lui a confirmé qu'elle pouvait passer en mode plan blanc, mais il n'y a pas eu de déclenchement officiel de la part de l'ARS ou du préfet", a-t-il noté.
"Nous avons donc déclenché notre plan blanc en interne, en rassemblant une cellule de crise restreinte. Nous nous sommes tous retrouvés entre minuit et demi et 1 heure du matin pour décider de ce que nous allions faire, et voir s'il y allait ou pas y avoir un afflux massif de patients par le Samu ou d'autres organismes, sachant que si c'était le cas, notre plan blanc prévoit -et c'est ce qu'on a fait- d'ouvrir les blocs opératoires et d'ouvrir un secteur ambulatoire au premier étage pour opérer un tri des patients. Nous avons demandé à l'urgentiste d'astreinte de venir, et nous avons attendu les consignes", a-t-il expliqué.
Le directeur a ajouté que tous les médecins d'astreinte n'avaient pas été prévenus, "parce que nous ne parvenions pas à obtenir d'informations pour savoir si nous allions avoir un afflux massif de patients, ce qui n'a finalement pas eu lieu". "Nous avons fini par quitter l'établissement vers 5 ou 6 heures du matin. Nous avons fermé les blocs et renvoyé chez elles les dix personnes qui s'étaient rejointes au milieu de la nuit pour qu'elles se reposent jusqu'au lendemain, car des patients pouvaient arriver dans un deuxième temps".
"Dans le même temps, nous avons renseigné la base de données officielle de l'ARS avec l'identité de tous les patients en lien avec l'évènement, ce que nous avons continué à faire par la suite et jusqu'à maintenant", a souligné Michel Salvadori.
=3 La clinique du parc impérial mobilisée
A la clinique du parc impérial, le directeur, Benoît de Sermet, a "été prévenu par l'urgentiste qui était sur place, qui lui-même a été prévenu immédiatement par quelqu'un qui était sur le lieu de l'attentat".
"Nous avons tout de suite déclenché le plan blanc au sein de l'établissement. A notre niveau, nous n'avons pas été informés de quoi que ce soit. Une partie du personnel est revenu de façon spontanée après avoir vu les informations qui circulaient sur les réseaux sociaux, ce qui nous a permis de faire face aux évènements de façon efficace", a-t-il commenté.
"Il y a eu tout un travail fait en amont pour faire face à une crise de ce type. Nous nous étions préparés dans le cadre de l'organisation de l'Euro 2016 depuis plusieurs mois, on avait tous remis nos plans blancs à jour, fait des exercices de simulation, etc... Nous nous attendions plutôt à des problèmes pendant l'Euro, ou d'autres festivités pour lesquelles nous avions été alertés, comme le concert de Rihanna, ou un festival de jazz, mais nous étions déjà en veille", a-t-il souligné.
Le directeur a préféré ne pas communiquer sur le nombre de patients pris en charge. "Nous avons un service d'urgences et nous sommes en centre-ville, donc vous imaginez bien que nous avons vu les patients arriver, tout de suite au moment des faits et le lendemain matin", a-t-il soufflé, tout en précisant que les urgences absolues "ont été dirigées en priorité sur l'hôpital public et l'hôpital Lenval pour les enfants".
Le président de la République, François Hollande a annoncé mercredi que 15 personnes étaient "encore entre la vie et la mort".
cdb/gb/APM polsan
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ATTENTAT DE NICE: LES DIRECTEURS DE CLINIQUES RACONTENT
NICE, 20 juillet 2016 (APM) - Après l'attentat perpétré jeudi soir sur la promenade des Anglais à Nice, qui a fait 84 morts et 331 blessés, les directeurs de la clinique Saint-George, de l'institut privé non lucratif Arnaud-Tzanck et de la clinique du parc impérial ont raconté à l'APM le déroulé des évènements dans leurs établissements respectifs.
"Le soir, nous avons pris entre 20 et 25 patients en charge, et une quinzaine environ le lendemain. En tout, nous avons eu deux urgences absolues: la première est arrivée vers 1 heure du matin et est passée au bloc dans la foulée, plus tard une dame est arrivée avec un problème cardiaque généré par le stress et a nécessité une surveillance et des soins particuliers", a expliqué mercredi Jacqueline Sincholles, collaboratrice du PDG de la clinique Saint-George, située à 7 kilomètres environ de la promenade des Anglais.
"Nous n'avons pas été prévenus officiellement. Notre urgentiste de garde a appris par les réseaux sociaux qu'il y avait un attentat sur la promenade, il a fait informer rapidement notre PDG, qui a déclenché le plan blanc dès 23 heures", a-t-elle indiqué.
"Nous avons rappelé le personnel, mais beaucoup sont venus avant d'avoir été contactés, donc nous avions beaucoup beaucoup de monde, aussi bien dans les équipes médicales que paramédicales. Nous avons aussi fait venir sur place la psychologue", a rapporté Jacqueline Sincholles.
"Les premiers blessés sont arrivés un petit peu en différé, nous avons eu les premiers vers 1 heure du matin. Nous avons eu beaucoup de 'traumato', des fractures, et surtout des gens très très choqués, qui nous racontaient leurs visions d'horreur.. La psychologue a été précieuse, elle les voyait, parlait un peu avec eux, revenait après".
"Nous avons hospitalisé une dizaine de personnes environ, certaines sont ressorties assez rapidement. Il y a eu une réplique le lendemain matin, avec une vague de gens qui sont venus spontanément pour de petites blessures. Ils n'étaient pas venus la veille parce qu'ils étaient choqués ou parce qu'ils ne voulaient pas encombrer les services d'urgences", a-t-elle constaté.
=3 L'alerte attentat n'a pas fonctionné
Selon elle, la clinique disposait dans la nuit de jeudi à vendredi de "toutes les équipes chirurgicales sur place: plusieurs chirurgiens digestifs, beaucoup d'anesthésistes, les médecins urgentistes qui sont revenus très vite, un chirurgien thoracique, plusieurs chirurgiens orthopédiques... Nous avions des équipes complètes, c'est-à-dire que nous pouvions faire face à toutes les situations". "Mais à aucun moment nous n'avons eu l'alerte attentat qui devait soit-disant fonctionner, alors que c'est ce que nous avait annoncé la préfecture lors des réunions préparatoires à l'Euro 2016, et le système Orsan pour l'identification des blessés n'a pas fonctionné non plus", a regretté la collaboratrice du PDG de la clinique.
"En fait, les premiers blessés nous ont été adressés par le poste de contrôle qui était sur la promenade des anglais. Les urgentistes qui ont reçu les appels nous ont dit 'vous avez quatre véhicules qui arrivent avec des blessés'. Ils n'avaient pas le temps de s'étendre, puis les blessés nous ont été amenés par les pompiers."
"Nous nous sommes débrouillés pour assurer notre sécurité nous-mêmes à l'intérieur de l'hôpital, tandis que des agents de sécurité ou policiers étaient mis en place devant l'hôpital. Si on avait été informés officiellement, ça aurait été bien... Là, nous avons dû nous débrouiller tout seuls", a déploré Jacqueline Sincholles.
La direction de la clinique a demandé une explication à l'agence régionale de santé (ARS) Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca), qui n'a pas encore trouvé de réponse.
"Un membre de notre personnel est décédé dans l'attentat, une femme qui travaillait chez nous depuis longtemps et faisait partie du personnel hôtelier du bloc opératoire, ce qui a beaucoup choqué le personnel de l'établissement. Elle était très appréciée de ses collègues et de tout le monde", a observé Jacqueline Sincholles.
"Hier, nous avons fait une soirée de recueillement, avec des échanges, de manière à ce que les gens puissent s'exprimer, et nous diffusons le numéro de notre psychologue, pour que les membres du personnel puissent l'appeler directement s'ils le souhaitent. Elle m'a dit qu'elle n'avait eu qu'un seul appel. Je pense qu'il faut qu'elle 'tourne' dans la maison et qu'elle propose son aide, parce que le personnel a l'air d'avoir du mal à faire la démarche...", a-t-elle ajouté.
=3 Quatorze patients pris en charge à l'Institut Arnaud-Tzanck
Sur le site de Saint-Laurent-du-Var (Alpes-Maritimes) de l'institut Arnaud-Tzanck, situé à une dizaine de kilomètres de la promenade des Anglais, ont été pris en charge "uniquement des patients qui se sont présentés spontanément au service d'accueil des urgences, qui n'ont pas été hospitalisés et ont pu rentrer chez eux", a rapporté à l'APM son directeur, Michel Salvadori.
"Au total, nous avons pris en charge 14 patients entre la nuit du jeudi et samedi. Trois nous ont été amenés par les pompiers, mais bien plus tard. Ils ont tous été identifiés comme étant en lien avec l'évènement mais ils ne présentaient pas de traumatismes graves ou de blessures nécessitant une hospitalisation ou un séjour en réanimation", a-t-il indiqué.
"Notre directrice des soins est également responsable du plan blanc; elle a pris connaissance de l'évènement, s'est rendue spontanément à la clinique et a interrogé le Centre 15 qui lui a confirmé qu'elle pouvait passer en mode plan blanc, mais il n'y a pas eu de déclenchement officiel de la part de l'ARS ou du préfet", a-t-il noté.
"Nous avons donc déclenché notre plan blanc en interne, en rassemblant une cellule de crise restreinte. Nous nous sommes tous retrouvés entre minuit et demi et 1 heure du matin pour décider de ce que nous allions faire, et voir s'il y allait ou pas y avoir un afflux massif de patients par le Samu ou d'autres organismes, sachant que si c'était le cas, notre plan blanc prévoit -et c'est ce qu'on a fait- d'ouvrir les blocs opératoires et d'ouvrir un secteur ambulatoire au premier étage pour opérer un tri des patients. Nous avons demandé à l'urgentiste d'astreinte de venir, et nous avons attendu les consignes", a-t-il expliqué.
Le directeur a ajouté que tous les médecins d'astreinte n'avaient pas été prévenus, "parce que nous ne parvenions pas à obtenir d'informations pour savoir si nous allions avoir un afflux massif de patients, ce qui n'a finalement pas eu lieu". "Nous avons fini par quitter l'établissement vers 5 ou 6 heures du matin. Nous avons fermé les blocs et renvoyé chez elles les dix personnes qui s'étaient rejointes au milieu de la nuit pour qu'elles se reposent jusqu'au lendemain, car des patients pouvaient arriver dans un deuxième temps".
"Dans le même temps, nous avons renseigné la base de données officielle de l'ARS avec l'identité de tous les patients en lien avec l'évènement, ce que nous avons continué à faire par la suite et jusqu'à maintenant", a souligné Michel Salvadori.
=3 La clinique du parc impérial mobilisée
A la clinique du parc impérial, le directeur, Benoît de Sermet, a "été prévenu par l'urgentiste qui était sur place, qui lui-même a été prévenu immédiatement par quelqu'un qui était sur le lieu de l'attentat".
"Nous avons tout de suite déclenché le plan blanc au sein de l'établissement. A notre niveau, nous n'avons pas été informés de quoi que ce soit. Une partie du personnel est revenu de façon spontanée après avoir vu les informations qui circulaient sur les réseaux sociaux, ce qui nous a permis de faire face aux évènements de façon efficace", a-t-il commenté.
"Il y a eu tout un travail fait en amont pour faire face à une crise de ce type. Nous nous étions préparés dans le cadre de l'organisation de l'Euro 2016 depuis plusieurs mois, on avait tous remis nos plans blancs à jour, fait des exercices de simulation, etc... Nous nous attendions plutôt à des problèmes pendant l'Euro, ou d'autres festivités pour lesquelles nous avions été alertés, comme le concert de Rihanna, ou un festival de jazz, mais nous étions déjà en veille", a-t-il souligné.
Le directeur a préféré ne pas communiquer sur le nombre de patients pris en charge. "Nous avons un service d'urgences et nous sommes en centre-ville, donc vous imaginez bien que nous avons vu les patients arriver, tout de suite au moment des faits et le lendemain matin", a-t-il soufflé, tout en précisant que les urgences absolues "ont été dirigées en priorité sur l'hôpital public et l'hôpital Lenval pour les enfants".
Le président de la République, François Hollande a annoncé mercredi que 15 personnes étaient "encore entre la vie et la mort".
cdb/gb/APM polsan