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01/12 2025
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AU CH CHARLES-PERRENS DE BORDEAUX, LA DIRECTRICE, STÉPHANIE FAZI-LEBLANC, SE SAIT "TRÈS ATTENDUE" SUR LE FINANCEMENT DES TRAVAUX

(Par Valérie LESPEZ, à Bordeaux)

BORDEAUX, 1er décembre 2025 (APMnews) - Stéphanie Fazi-Leblanc, la nouvelle directrice du centre hospitalier (CH) Charles-Perrens spécialisé en psychiatrie à Bordeaux, se sait "très attendue" sur le financement des travaux inscrits dans le projet d'établissement 2025-2030, qui nécessiteront selon elle "l'aide" de l'agence régionale de santé (ARS), a-t-elle dit lors d'un entretien avec APMnews, mercredi.

Stéphanie Fazi-Leblanc est directrice du CH Charles-Perrens depuis août. Elle était auparavant conseillère "financement et produits de santé" de l'ancien ministre chargé de la santé et de l'accès aux soins, Yannick Neuder.

Diplômée de Sciences Po Grenoble, ancienne élève de l'Ecole des hautes études en santé publique (EHESP, 2001-2003), elle a travaillé près de 10 ans au CHU de Grenoble, comme directrice financière (2009-2016) puis directrice générale adjointe (2016-2018). Elle a ensuite été nommée directrice générale adjointe du CHU de Bordeaux (2018-2022), puis a œuvré en détachement auprès du tribunal administratif de Bordeaux (2022-2025).

En Gironde, le CH Charles-Perrens se partage les secteurs de psychiatrie avec le CH spécialisé en psychiatrie de Cadillac et l'hôpital général de Libourne, le CHU de Bordeaux ne gérant pas de secteur de psychiatrie.

APMnews: Pourquoi avez-vous souhaité diriger le CH Charles-Perrens?

Stéphanie Fazi-Leblanc. Photo: Valérie Lespez/APMnews
Stéphanie Fazi-Leblanc. Photo: Valérie Lespez/APMnews

Stéphanie Fazi-Leblanc: C'est un établissement que je connaissais car il y a des liens entre le CHU de Bordeaux et Charles-Perrens; j'ai eu l'occasion de travailler sur le pôle interétablissements [CHU-Charles-Perrens] d'addictologie, par exemple. Et du CHU, j'avais vu le dynamisme des équipes de Charles-Perrens.

C'est un établissement avec beaucoup de projets, qui s'est beaucoup modernisé ces dernières années (cf dépêche du 31/01/2025 à 17:36), et cela me motivait de poursuivre cette dynamique. De plus, j'avais envie de travailler en psychiatrie […], au regard de l'explosion des besoins et du caractère évolutif, innovant, des prises en charge.

La valence universitaire de Charles-Perrens a également été déterminante dans mon choix. Quand j'étais en CHU, j'ai pu mesurer combien la recherche clinique médicale et soignante dans un établissement garantit un niveau de qualité supérieur et tire tous les professionnels vers le haut. La mission d'enseignement est aussi très importante, à un moment où on cherche à encourager les vocations. Mon prédécesseur l'a fait mais je souhaite développer encore plus les liens avec l'université.

Que pensez-vous apporter?

Outre le site principal, nous avons 29 sites extrahospitaliers et de nombreuses équipes mobiles. En psychiatrie, il y a une mission territoriale essentielle, avec les autres établissements publics, privés, et avec tous les partenaires, les élus locaux, les associations, le secteur social et médico-social, l'éducation nationale, etc.

Ayant travaillé pendant quatre ans au CHU, et au tribunal administratif de Bordeaux, je connais un certain nombre de partenaires sur le territoire et dans la région. J'ai le souhait de mettre à disposition toutes les connaissances que j'ai pu acquérir ces dernières années, les liens noués sur le territoire, au service des patients et des professionnels de Charles-Perrens.

L'hôpital a adopté son projet d'établissement 2025-2030 avant votre arrivée. Y souscrivez-vous?

Je m'inscris dans la poursuite des actions de mon prédécesseur. Je le reprends intégralement à mon compte.

Il a été conçu avec 200 professionnels -sur 2.400 personnes physiques qui travaillent à Charles-Perrens- ce qui est beaucoup. Il a été validé par les instances au printemps et mon travail va donc être de le mettre en œuvre.

Photo: Valérie Lespez/APMnews
Photo: Valérie Lespez/APMnews

Le point que je mets en priorité, c'est celui de la lisibilité de l'offre de soins. Même si Charles-Perrens est bien identifié à Bordeaux, nous avons énormément de dispositifs, et je pense que notre offre n'est pas bien connue de la population.

Je reprends aussi l'idée de la gradation des soins. Nous avons une offre de proximité de premier niveau, et nous sommes également un établissement universitaire avec des soins très spécialisés, un rôle régional voire national; nous sommes par exemple centre de référence sur le neuro-développement, très spécialisés sur la prise en charge des psychotrauma, les troubles bipolaires, la schizophrénie, la dépression et l'anxiété résistantes. Nous avons donc ici toute la palette de soins sur-spécialisés de psychiatrie, mais également une palette en fonction des âges de la vie et des degrés de précarité.

La gradation implique aussi de consolider les partenariats sur le territoire. Avec le CH de Cadillac, nous avons trois axes de partenariat forts: la filière urgences, l'addictologie -avec le pôle interétablissement CHU-Perrens qui a vocation à s'étendre à Cadillac et au CH de Libourne-, et la filière médico-légale, puisque Cadillac gère une UHSA [unité hospitalière spécialement aménagée] et une UMD [unité pour malades difficiles]. Ils ont des postes vacants, donc nous avons mis en place des postes partagés.

De manière générale, nous aidons les établissements alentour. Par exemple, dans les Landes, où il n'y a plus de pédopsychiatre, nous avons organisé une mission d'appui pour former, mettre en place des téléconsultations, etc. Nous avons une petite trentaine de médecins de Perrens qui n'exercent pas sur un site de Perrens.

Nous avons évidemment un fort partenariat avec le CHU, en neuropsychiatrie par exemple, avec une équipe mobile située à Perrens, et un projet très avancé d'une IRM destinée aux patients de psychiatrie et aux personnes handicapées. Nous avons aussi des projets de recherche communs.

La participation des usagers est aussi un axe fort. Tous les établissements l'affichent mais ce n'est pas toujours appliqué. Or, un des points qui m'ont épatée en arrivant, c'est précisément l'association des patients.

Nous avons également un axe sur la réduction des mesures d'isolement et de contention, ce qui nous permettra aussi de préparer la visite de certification de la Haute autorité de santé (HAS) prévue en mars 2027.

De plus, nous devons poursuivre le travail sur nos 28 filières de soins. Chacun de nos six pôles porte une filière. Par exemple, le pôle "psychiatrie générale universitaire" (PGU) porte la filière médico-légale [de l'hôpital], le pôle "psychiatrie d'urgence, Médoc et Arcachon" (Puma) porte la filière "crise, suicide, trauma", etc.

Comment êtes-vous organisés entre les filières et la sectorisation?

Nos quatre pôles adultes prennent en charge les patients des neuf secteurs sur lesquels nous intervenons. Par exemple, le pôle Puma porte, outre notamment ses filières trauma et urgences, une filière d'hospitalisation sectorielle pour le secteur Médoc-Arcachon.

Le choix qui a été fait ici, et qui est resté dans le projet d'établissement, c'est que la structuration en pôles découle des secteurs. Mais même si elles sont rattachées aux pôles, certaines filières peuvent intervenir de manière transversale. Ce choix de la structuration des pôles par rapport aux secteurs pourrait se discuter, mais moi je ne le discute pas, puisqu'il est inscrit dans le projet d'établissement. Donc, on reste là-dessus et on travaille la transversalité.

L'hôpital est engagé dans un vaste programme de rénovation (cf dépêche du 28/05/2024 à 13:02). Où en est-il?

Ce qui est prévu, c'est d'ouvrir 60 lits de plus sur la durée du projet d'établissement. Sont déjà ouverts huit lits de crise de l'unité Bref pour adolescents, 12 lits sont destinés à l'unité de transition des 16-24 ans dans le bâtiment Nouveau Lescure, 15 lits pour l'unité de crise post-urgence, cinq lits supplémentaires pour la gérontopsychiatrie et 20 lits seront soit pour des soins relais, soit pour de l'addiction complexe -ce n'est pas encore décidé.

Nous sommes actuellement sur la première tranche de travaux, avec la rénovation des trois unités d'hospitalisation du pôle Puma, pour un coût de 20 millions d'euros (M€). La première des trois unités ouvrira en juin.

Le montant des travaux du nouveau bâtiment Lescure s'élève à 15 M€. Il accueillera donc l'unité de transition, des espaces QVT [qualité de vie au travail], la Maison des usagers, l'unité médico-psychologique judiciaire (UMPJ), etc.

Un autre très gros projet à 12 M€ prévoit le regroupement de CMP [centres médico-psychologiques] et d'hôpitaux de jour d'un pôle adulte et du pôle de pédopsychiatrie sur un seul site, dans Bordeaux. D'autres CMP et hôpitaux de jour doivent par ailleurs être déménagés ou rénovés.

Dans le projet d'établissement est aussi prévue la rénovation de la maison d'accueil spécialisée (MAS) de 50 places à Saint-Médard-en-Jalles.

Tous ces travaux ont-ils été budgétés?

Charles-Perrens est un établissement en bonne santé financière, à l'équilibre tous les ans. Les travaux de ces dernières années ont été réalisés sans aide de l'ARS [agence régionale de santé].

Mais maintenant, pour réaliser tous ces projets qui ont été validés par l'ARS, nous avons besoin d'aide. Nous pourrons contribuer à une partie des travaux, mais il faudra que l'ARS complète. Je le savais en arrivant, c'est dans ma mission de négocier un soutien de l'agence. Je suis, à juste titre, très attendue sur ce sujet!

Charles-Perrens se distingue par sa forte attractivité. Est-ce toujours le cas?

C'est vrai que nous sommes un cas particulier sur le territoire national. Il y a eu 220 postes créés ces dernières années au fur et à mesure du développement des projets, et il n'y a pas de secteur où il y a structurellement des postes vacants.

C'est sans doute parce qu'on est à Bordeaux, qu'on a des projets intéressants, mais aussi parce que nos professionnels ont des perspectives, avec la recherche, les nouveaux métiers comme les infirmières en pratique avancée (IPA). Chaque professionnel a aussi une à deux formations par an; je n'ai pas vu cela ailleurs.

Néanmoins, sur le plan médical, les urgences restent le service où il est le plus difficile de trouver et de garder les professionnels. Nous avons actuellement trois postes de médecin vacants.

Nous sommes le seul service 100% urgences psychiatriques de Gironde, qui est le plus grand département de France, avec une forte croissance de la population. Nous enregistrons chaque année 9.000 passages au Secop [service d'évaluation de crise et d'orientation psychiatrique]. Le CH de Cadillac n'a pas de service d'urgence, et le CH de Libourne accueille des urgences psychiatriques mais est un hôpital général [et le CHU de Bordeaux n'a pas de secteur de psychiatrie, rappelle-t-on].

Les urgences sont un point d'attention pour moi. C'est un objectif personnel que ce service fonctionne.

Nous travaillons sur la pénibilité du travail. D'abord en veillant à recruter des effectifs suffisants, notamment en infirmiers d'orientation. Ensuite, en travaillant avec les établissements du territoire, comme je le disais, Cadillac et Libourne, pour améliorer le fonctionnement de la filière urgences, par des règles de transfert d'un hôpital à l'autre et la possibilité de solutions d'aval.

Les équipes et mes prédécesseurs ont déjà beaucoup travaillé sur l'amont. Nous avons un partenariat avec le CHU sur les urgences de Pellegrin [juste en face de Charles-Perrens, NDLR] et de Saint-André; nos équipes interviennent en appui pour faire des avis psychiatriques, via les médecins et une équipe mobile d'infirmiers. Et bien sûr, il y a le service d'accès aux soins (SAS) psychiatrique (cf dépêche du 12/12/2024 à 09:45). Nous aidons aussi les médecins généralistes (cf dépêche du 12/12/2024 à 09:46) et avons des partenariats avec les Ehpad pour donner des avis psychiatriques.

Le CH Charles-Perrens en chiffres (2024)

  • 29.779 patients en file active, dont 28.383 en ambulatoire
  • 438 lits sanitaires et 102 lits médico-sociaux (une MAS et un Ehpad)
  • 272 places en hôpital de jour
  • 100 M€ d'investissement entre 2022 et 2032 pour les opérations immobilières
  • 160 M€ de budget (158,2 M€ de dépenses pour 162,2 M€ de recettes)
  • 2.400 agents, soit 1.983 équivalents temps plein (ETP), dont 220 ETP de personnel médical (dont 62 internes) et 1.763 ETP de personnel non médical

vl/nc/APMnews

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AU CH CHARLES-PERRENS DE BORDEAUX, LA DIRECTRICE, STÉPHANIE FAZI-LEBLANC, SE SAIT "TRÈS ATTENDUE" SUR LE FINANCEMENT DES TRAVAUX

(Par Valérie LESPEZ, à Bordeaux)

BORDEAUX, 1er décembre 2025 (APMnews) - Stéphanie Fazi-Leblanc, la nouvelle directrice du centre hospitalier (CH) Charles-Perrens spécialisé en psychiatrie à Bordeaux, se sait "très attendue" sur le financement des travaux inscrits dans le projet d'établissement 2025-2030, qui nécessiteront selon elle "l'aide" de l'agence régionale de santé (ARS), a-t-elle dit lors d'un entretien avec APMnews, mercredi.

Stéphanie Fazi-Leblanc est directrice du CH Charles-Perrens depuis août. Elle était auparavant conseillère "financement et produits de santé" de l'ancien ministre chargé de la santé et de l'accès aux soins, Yannick Neuder.

Diplômée de Sciences Po Grenoble, ancienne élève de l'Ecole des hautes études en santé publique (EHESP, 2001-2003), elle a travaillé près de 10 ans au CHU de Grenoble, comme directrice financière (2009-2016) puis directrice générale adjointe (2016-2018). Elle a ensuite été nommée directrice générale adjointe du CHU de Bordeaux (2018-2022), puis a œuvré en détachement auprès du tribunal administratif de Bordeaux (2022-2025).

En Gironde, le CH Charles-Perrens se partage les secteurs de psychiatrie avec le CH spécialisé en psychiatrie de Cadillac et l'hôpital général de Libourne, le CHU de Bordeaux ne gérant pas de secteur de psychiatrie.

APMnews: Pourquoi avez-vous souhaité diriger le CH Charles-Perrens?

Stéphanie Fazi-Leblanc. Photo: Valérie Lespez/APMnews
Stéphanie Fazi-Leblanc. Photo: Valérie Lespez/APMnews

Stéphanie Fazi-Leblanc: C'est un établissement que je connaissais car il y a des liens entre le CHU de Bordeaux et Charles-Perrens; j'ai eu l'occasion de travailler sur le pôle interétablissements [CHU-Charles-Perrens] d'addictologie, par exemple. Et du CHU, j'avais vu le dynamisme des équipes de Charles-Perrens.

C'est un établissement avec beaucoup de projets, qui s'est beaucoup modernisé ces dernières années (cf dépêche du 31/01/2025 à 17:36), et cela me motivait de poursuivre cette dynamique. De plus, j'avais envie de travailler en psychiatrie […], au regard de l'explosion des besoins et du caractère évolutif, innovant, des prises en charge.

La valence universitaire de Charles-Perrens a également été déterminante dans mon choix. Quand j'étais en CHU, j'ai pu mesurer combien la recherche clinique médicale et soignante dans un établissement garantit un niveau de qualité supérieur et tire tous les professionnels vers le haut. La mission d'enseignement est aussi très importante, à un moment où on cherche à encourager les vocations. Mon prédécesseur l'a fait mais je souhaite développer encore plus les liens avec l'université.

Que pensez-vous apporter?

Outre le site principal, nous avons 29 sites extrahospitaliers et de nombreuses équipes mobiles. En psychiatrie, il y a une mission territoriale essentielle, avec les autres établissements publics, privés, et avec tous les partenaires, les élus locaux, les associations, le secteur social et médico-social, l'éducation nationale, etc.

Ayant travaillé pendant quatre ans au CHU, et au tribunal administratif de Bordeaux, je connais un certain nombre de partenaires sur le territoire et dans la région. J'ai le souhait de mettre à disposition toutes les connaissances que j'ai pu acquérir ces dernières années, les liens noués sur le territoire, au service des patients et des professionnels de Charles-Perrens.

L'hôpital a adopté son projet d'établissement 2025-2030 avant votre arrivée. Y souscrivez-vous?

Je m'inscris dans la poursuite des actions de mon prédécesseur. Je le reprends intégralement à mon compte.

Il a été conçu avec 200 professionnels -sur 2.400 personnes physiques qui travaillent à Charles-Perrens- ce qui est beaucoup. Il a été validé par les instances au printemps et mon travail va donc être de le mettre en œuvre.

Photo: Valérie Lespez/APMnews
Photo: Valérie Lespez/APMnews

Le point que je mets en priorité, c'est celui de la lisibilité de l'offre de soins. Même si Charles-Perrens est bien identifié à Bordeaux, nous avons énormément de dispositifs, et je pense que notre offre n'est pas bien connue de la population.

Je reprends aussi l'idée de la gradation des soins. Nous avons une offre de proximité de premier niveau, et nous sommes également un établissement universitaire avec des soins très spécialisés, un rôle régional voire national; nous sommes par exemple centre de référence sur le neuro-développement, très spécialisés sur la prise en charge des psychotrauma, les troubles bipolaires, la schizophrénie, la dépression et l'anxiété résistantes. Nous avons donc ici toute la palette de soins sur-spécialisés de psychiatrie, mais également une palette en fonction des âges de la vie et des degrés de précarité.

La gradation implique aussi de consolider les partenariats sur le territoire. Avec le CH de Cadillac, nous avons trois axes de partenariat forts: la filière urgences, l'addictologie -avec le pôle interétablissement CHU-Perrens qui a vocation à s'étendre à Cadillac et au CH de Libourne-, et la filière médico-légale, puisque Cadillac gère une UHSA [unité hospitalière spécialement aménagée] et une UMD [unité pour malades difficiles]. Ils ont des postes vacants, donc nous avons mis en place des postes partagés.

De manière générale, nous aidons les établissements alentour. Par exemple, dans les Landes, où il n'y a plus de pédopsychiatre, nous avons organisé une mission d'appui pour former, mettre en place des téléconsultations, etc. Nous avons une petite trentaine de médecins de Perrens qui n'exercent pas sur un site de Perrens.

Nous avons évidemment un fort partenariat avec le CHU, en neuropsychiatrie par exemple, avec une équipe mobile située à Perrens, et un projet très avancé d'une IRM destinée aux patients de psychiatrie et aux personnes handicapées. Nous avons aussi des projets de recherche communs.

La participation des usagers est aussi un axe fort. Tous les établissements l'affichent mais ce n'est pas toujours appliqué. Or, un des points qui m'ont épatée en arrivant, c'est précisément l'association des patients.

Nous avons également un axe sur la réduction des mesures d'isolement et de contention, ce qui nous permettra aussi de préparer la visite de certification de la Haute autorité de santé (HAS) prévue en mars 2027.

De plus, nous devons poursuivre le travail sur nos 28 filières de soins. Chacun de nos six pôles porte une filière. Par exemple, le pôle "psychiatrie générale universitaire" (PGU) porte la filière médico-légale [de l'hôpital], le pôle "psychiatrie d'urgence, Médoc et Arcachon" (Puma) porte la filière "crise, suicide, trauma", etc.

Comment êtes-vous organisés entre les filières et la sectorisation?

Nos quatre pôles adultes prennent en charge les patients des neuf secteurs sur lesquels nous intervenons. Par exemple, le pôle Puma porte, outre notamment ses filières trauma et urgences, une filière d'hospitalisation sectorielle pour le secteur Médoc-Arcachon.

Le choix qui a été fait ici, et qui est resté dans le projet d'établissement, c'est que la structuration en pôles découle des secteurs. Mais même si elles sont rattachées aux pôles, certaines filières peuvent intervenir de manière transversale. Ce choix de la structuration des pôles par rapport aux secteurs pourrait se discuter, mais moi je ne le discute pas, puisqu'il est inscrit dans le projet d'établissement. Donc, on reste là-dessus et on travaille la transversalité.

L'hôpital est engagé dans un vaste programme de rénovation (cf dépêche du 28/05/2024 à 13:02). Où en est-il?

Ce qui est prévu, c'est d'ouvrir 60 lits de plus sur la durée du projet d'établissement. Sont déjà ouverts huit lits de crise de l'unité Bref pour adolescents, 12 lits sont destinés à l'unité de transition des 16-24 ans dans le bâtiment Nouveau Lescure, 15 lits pour l'unité de crise post-urgence, cinq lits supplémentaires pour la gérontopsychiatrie et 20 lits seront soit pour des soins relais, soit pour de l'addiction complexe -ce n'est pas encore décidé.

Nous sommes actuellement sur la première tranche de travaux, avec la rénovation des trois unités d'hospitalisation du pôle Puma, pour un coût de 20 millions d'euros (M€). La première des trois unités ouvrira en juin.

Le montant des travaux du nouveau bâtiment Lescure s'élève à 15 M€. Il accueillera donc l'unité de transition, des espaces QVT [qualité de vie au travail], la Maison des usagers, l'unité médico-psychologique judiciaire (UMPJ), etc.

Un autre très gros projet à 12 M€ prévoit le regroupement de CMP [centres médico-psychologiques] et d'hôpitaux de jour d'un pôle adulte et du pôle de pédopsychiatrie sur un seul site, dans Bordeaux. D'autres CMP et hôpitaux de jour doivent par ailleurs être déménagés ou rénovés.

Dans le projet d'établissement est aussi prévue la rénovation de la maison d'accueil spécialisée (MAS) de 50 places à Saint-Médard-en-Jalles.

Tous ces travaux ont-ils été budgétés?

Charles-Perrens est un établissement en bonne santé financière, à l'équilibre tous les ans. Les travaux de ces dernières années ont été réalisés sans aide de l'ARS [agence régionale de santé].

Mais maintenant, pour réaliser tous ces projets qui ont été validés par l'ARS, nous avons besoin d'aide. Nous pourrons contribuer à une partie des travaux, mais il faudra que l'ARS complète. Je le savais en arrivant, c'est dans ma mission de négocier un soutien de l'agence. Je suis, à juste titre, très attendue sur ce sujet!

Charles-Perrens se distingue par sa forte attractivité. Est-ce toujours le cas?

C'est vrai que nous sommes un cas particulier sur le territoire national. Il y a eu 220 postes créés ces dernières années au fur et à mesure du développement des projets, et il n'y a pas de secteur où il y a structurellement des postes vacants.

C'est sans doute parce qu'on est à Bordeaux, qu'on a des projets intéressants, mais aussi parce que nos professionnels ont des perspectives, avec la recherche, les nouveaux métiers comme les infirmières en pratique avancée (IPA). Chaque professionnel a aussi une à deux formations par an; je n'ai pas vu cela ailleurs.

Néanmoins, sur le plan médical, les urgences restent le service où il est le plus difficile de trouver et de garder les professionnels. Nous avons actuellement trois postes de médecin vacants.

Nous sommes le seul service 100% urgences psychiatriques de Gironde, qui est le plus grand département de France, avec une forte croissance de la population. Nous enregistrons chaque année 9.000 passages au Secop [service d'évaluation de crise et d'orientation psychiatrique]. Le CH de Cadillac n'a pas de service d'urgence, et le CH de Libourne accueille des urgences psychiatriques mais est un hôpital général [et le CHU de Bordeaux n'a pas de secteur de psychiatrie, rappelle-t-on].

Les urgences sont un point d'attention pour moi. C'est un objectif personnel que ce service fonctionne.

Nous travaillons sur la pénibilité du travail. D'abord en veillant à recruter des effectifs suffisants, notamment en infirmiers d'orientation. Ensuite, en travaillant avec les établissements du territoire, comme je le disais, Cadillac et Libourne, pour améliorer le fonctionnement de la filière urgences, par des règles de transfert d'un hôpital à l'autre et la possibilité de solutions d'aval.

Les équipes et mes prédécesseurs ont déjà beaucoup travaillé sur l'amont. Nous avons un partenariat avec le CHU sur les urgences de Pellegrin [juste en face de Charles-Perrens, NDLR] et de Saint-André; nos équipes interviennent en appui pour faire des avis psychiatriques, via les médecins et une équipe mobile d'infirmiers. Et bien sûr, il y a le service d'accès aux soins (SAS) psychiatrique (cf dépêche du 12/12/2024 à 09:45). Nous aidons aussi les médecins généralistes (cf dépêche du 12/12/2024 à 09:46) et avons des partenariats avec les Ehpad pour donner des avis psychiatriques.

Le CH Charles-Perrens en chiffres (2024)

  • 29.779 patients en file active, dont 28.383 en ambulatoire
  • 438 lits sanitaires et 102 lits médico-sociaux (une MAS et un Ehpad)
  • 272 places en hôpital de jour
  • 100 M€ d'investissement entre 2022 et 2032 pour les opérations immobilières
  • 160 M€ de budget (158,2 M€ de dépenses pour 162,2 M€ de recettes)
  • 2.400 agents, soit 1.983 équivalents temps plein (ETP), dont 220 ETP de personnel médical (dont 62 internes) et 1.763 ETP de personnel non médical

vl/nc/APMnews

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