Actualités de l'Urgence - APM

AU CH D'ARRAS, LA PROBLÉMATIQUE DE L'APRÈS-RÉANIMATION
Avec 431 personnes actuellement hospitalisées dont 123 en réanimation et 64 décès, le département du Pas-de-Calais est le moins touché de la région Hauts-de-France.
Toutefois dès la fin du mois de février, le centre 15 de l'établissement a dû faire face à une forte augmentation du nombre d'appels, passés d'un millier journalier à environ 3.000. Les appels nécessitant une simple réassurance ont aujourd'hui disparu, et les sollicitations, bien que moins nombreuses, restent importantes et concernent désormais essentiellement des cas symptomatiques.
Cette "vague" a obligé le CH a réorganisé sa régulation (réaffectations, hausse des moyens matériels, sollicitation de la Croix-Rouge, de la Protection civile et d'étudiants en médecine en appui, augmentation des postes de travail) mais a aussi permis à ses équipes d'intégrer très rapidement les enjeux, peut-être plus rapidement que pour les CH ne disposant pas de centre 15, estime le Dr Pierre Valette, chef du Samu 62.
Au-delà du CH, celui-ci travaille "en parfaite coordination" avec la médecine libérale, qui a étendu sa permanence de régulation des soins ambulatoires à 24h/24, afin d'orienter les patients vers les consultations Covid 19.
Le CH, déclenché dans un second temps après les CHU de Lille et Amiens et le CH de Tourcoing (Nord), a développé graduellement sa capacité de réanimation consacrée au Covid-19 de 2 lits il y a 6 semaines à 34 lits aujourd'hui (dont 1 lit de déchoquage + 5 lits en salle de surveillance post-interventionnelle -SSPI-, pour la réanimation non Covid-19). C'est le maximum que le CH peut offrir, affirme Maxime Granier, chef du service réanimation, et ces lits sont tous occupés.
Cette montée en capacité jusqu'à jouer un rôle de premier plan dans la prise en charge des cas en réanimation à l'échelle du Pas-de-Calais, pilotée par l'agence régionale de santé (ARS), en coordination avec les établissements publics et privés du territoire, a été favorisée par le "rôle heuristique" de la vague de sollicitations du Samu, expliquent-ils.
Avec une durée moyenne de séjour comprise entre 2 et 3 semaines, la problématique de la sortie commence à se faire prégnante. Les équipes tentent donc d'"inventer" un circuit de soins intensifs post-réanimation comptant une dizaine de lits ouverts dès la semaine prochaine, précise le directeur du CH, Pierre Bertrand.
D'autres patients seront transférés vers d'autres établissements de soins de suite et de réadaptation (SSR) tels ceux de la Fondation Hopale, la clinique des Bonnettes ou l'hôpital maritime de Berck (Assistance publique-hôpitaux de Paris), mais cette option ne suffira pas en elle-même pour fluidifier les sorties des 34 lits de réanimation, poursuit-il.
Efficacité du management "horizontal"
En gériatrie, le groupement hospitalier de territoire (GHT) de l'Artois-Ternois, dont le CH est établissement support, privilégie le transfert en soins de suite et de réadaptation (SSR) des résidents d'établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) Covid-19 et nécessitant un suivi plus appuyé par les soignants, explique le Dr Bincy Barre, chef du pôle gérontologie. Ces lits "SSR Covid" n'étant pas saturés (le GHT compte 19 cas confirmés au total dans ses 3 Ehpad), cette solution est aujourd'hui privilégiée à l'hospitalisation à domicile (HAD), ajoute Pierre Bertrand.
Patrick Le Coz, président de la commission médicale d'établissement (CME), mentionne qu'une unité cardiologique et neurovasculaire est consacrée aux patients Covid-19 ne nécessitant pas de réanimation mais victimes d'infarctus ou encore d'insuffisance cardiaque.
Il salue la "solidarité exceptionnelle" du corps médical, entre praticiens "de première ligne" (urgences, réanimation, anesthésie), de "seconde ligne" (pneumologie, infectiologie) et l'ensemble des praticiens, y compris avec la médecine ville.
Selon Pierre Bertrand, cette crise revêt une dimension "instructive" quant à "la nécessité d'avoir un management beaucoup plus horizontal" permettant une meilleure réactivité, là où l'hôpital se caractérise souvent par une verticalité, tant entre l'administration et le corps médical qu'entre les spécialités médicales elles-mêmes.
L'épisode n'a pour autant ici non plus rien d'une partie de plaisir: le Dr Laurence Réal, chef du service pharmacie, évoque une période "très angoissante" lorsque le stock de thérapeutiques destinés à la réanimation était de 2 jours, alors que tous les lits n'étaient pas remplis. La visibilité est désormais de 5 à 7 jours.
Le Dr Valette s'inquiète quant à lui de la baisse de fréquentation des malades chroniques et du potentiel afflux, après la crise, de situations "trop longtemps négligées".
bd/ab/APMnews
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AU CH D'ARRAS, LA PROBLÉMATIQUE DE L'APRÈS-RÉANIMATION
Avec 431 personnes actuellement hospitalisées dont 123 en réanimation et 64 décès, le département du Pas-de-Calais est le moins touché de la région Hauts-de-France.
Toutefois dès la fin du mois de février, le centre 15 de l'établissement a dû faire face à une forte augmentation du nombre d'appels, passés d'un millier journalier à environ 3.000. Les appels nécessitant une simple réassurance ont aujourd'hui disparu, et les sollicitations, bien que moins nombreuses, restent importantes et concernent désormais essentiellement des cas symptomatiques.
Cette "vague" a obligé le CH a réorganisé sa régulation (réaffectations, hausse des moyens matériels, sollicitation de la Croix-Rouge, de la Protection civile et d'étudiants en médecine en appui, augmentation des postes de travail) mais a aussi permis à ses équipes d'intégrer très rapidement les enjeux, peut-être plus rapidement que pour les CH ne disposant pas de centre 15, estime le Dr Pierre Valette, chef du Samu 62.
Au-delà du CH, celui-ci travaille "en parfaite coordination" avec la médecine libérale, qui a étendu sa permanence de régulation des soins ambulatoires à 24h/24, afin d'orienter les patients vers les consultations Covid 19.
Le CH, déclenché dans un second temps après les CHU de Lille et Amiens et le CH de Tourcoing (Nord), a développé graduellement sa capacité de réanimation consacrée au Covid-19 de 2 lits il y a 6 semaines à 34 lits aujourd'hui (dont 1 lit de déchoquage + 5 lits en salle de surveillance post-interventionnelle -SSPI-, pour la réanimation non Covid-19). C'est le maximum que le CH peut offrir, affirme Maxime Granier, chef du service réanimation, et ces lits sont tous occupés.
Cette montée en capacité jusqu'à jouer un rôle de premier plan dans la prise en charge des cas en réanimation à l'échelle du Pas-de-Calais, pilotée par l'agence régionale de santé (ARS), en coordination avec les établissements publics et privés du territoire, a été favorisée par le "rôle heuristique" de la vague de sollicitations du Samu, expliquent-ils.
Avec une durée moyenne de séjour comprise entre 2 et 3 semaines, la problématique de la sortie commence à se faire prégnante. Les équipes tentent donc d'"inventer" un circuit de soins intensifs post-réanimation comptant une dizaine de lits ouverts dès la semaine prochaine, précise le directeur du CH, Pierre Bertrand.
D'autres patients seront transférés vers d'autres établissements de soins de suite et de réadaptation (SSR) tels ceux de la Fondation Hopale, la clinique des Bonnettes ou l'hôpital maritime de Berck (Assistance publique-hôpitaux de Paris), mais cette option ne suffira pas en elle-même pour fluidifier les sorties des 34 lits de réanimation, poursuit-il.
Efficacité du management "horizontal"
En gériatrie, le groupement hospitalier de territoire (GHT) de l'Artois-Ternois, dont le CH est établissement support, privilégie le transfert en soins de suite et de réadaptation (SSR) des résidents d'établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) Covid-19 et nécessitant un suivi plus appuyé par les soignants, explique le Dr Bincy Barre, chef du pôle gérontologie. Ces lits "SSR Covid" n'étant pas saturés (le GHT compte 19 cas confirmés au total dans ses 3 Ehpad), cette solution est aujourd'hui privilégiée à l'hospitalisation à domicile (HAD), ajoute Pierre Bertrand.
Patrick Le Coz, président de la commission médicale d'établissement (CME), mentionne qu'une unité cardiologique et neurovasculaire est consacrée aux patients Covid-19 ne nécessitant pas de réanimation mais victimes d'infarctus ou encore d'insuffisance cardiaque.
Il salue la "solidarité exceptionnelle" du corps médical, entre praticiens "de première ligne" (urgences, réanimation, anesthésie), de "seconde ligne" (pneumologie, infectiologie) et l'ensemble des praticiens, y compris avec la médecine ville.
Selon Pierre Bertrand, cette crise revêt une dimension "instructive" quant à "la nécessité d'avoir un management beaucoup plus horizontal" permettant une meilleure réactivité, là où l'hôpital se caractérise souvent par une verticalité, tant entre l'administration et le corps médical qu'entre les spécialités médicales elles-mêmes.
L'épisode n'a pour autant ici non plus rien d'une partie de plaisir: le Dr Laurence Réal, chef du service pharmacie, évoque une période "très angoissante" lorsque le stock de thérapeutiques destinés à la réanimation était de 2 jours, alors que tous les lits n'étaient pas remplis. La visibilité est désormais de 5 à 7 jours.
Le Dr Valette s'inquiète quant à lui de la baisse de fréquentation des malades chroniques et du potentiel afflux, après la crise, de situations "trop longtemps négligées".
bd/ab/APMnews