Actualités de l'Urgence - APM

01/02 2024
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AU CH DE CHARTRES, UNE ACTIVITÉ CHIRURGICALE PARTICULIÈREMENT DYNAMIQUE MAIS UNE SITUATION FINANCIÈRE DÉGRADÉE

(Par Maxime GRAVIER)

CHARTRES, 1er février 2024 (APMnews) - L'activité chirurgicale du centre hospitalier (CH) de Chartres a retrouvé son niveau de 2019, portée notamment par une démographie médicale et paramédicale favorable, n'empêchant toutefois pas l'établissement de voir son déficit s'aggraver, a témoigné le directeur de l'hôpital, Pierre Best, contacté mercredi par APMnews.

L'activité en chirurgie a connu "une bonne dynamique" en 2023, a décrit Pierre Best. "Nous avons dépassé le niveau de séjours de 2019, l'année de référence avant le Covid", a-t-il fait valoir.

Si les hospitalisations complètes sont équivalentes en nombre à celles d'il y a quatre ans, ce sont surtout les prises en charge ambulatoires qui ont connu une forte augmentation.

En médecine, l'activité a peu évolué en matière de séjours. En revanche, "les séances, notamment en oncologie et en dialyse, affichent une progression à deux chiffres", a noté le directeur d'hôpital. L'obstétrique, plombé par la baisse de la natalité en France en 2023, a reculé de 3%.

Des changements de personnes ont eu lieu en chirurgie en 2023, avec notamment un nouveau chef de pôle, permettant de "remobiliser les équipes", a mis en avant Pierre Best. Le CH a également mené des opérations de communication à destination du public mais aussi des professionnels de santé libéraux.

L'hôpital n'est "pas contingenté" par ses capacités opératoires ou ses capacités d'hospitalisations, a ajouté le directeur.

"S'il y a un domaine dans lequel nous allons plutôt bien, c'est au niveau des personnels: nous avons des effectifs complets ou quasi complets d'anesthésistes-réanimateurs, d'infirmiers de bloc opératoire [Ibode] et d'infirmiers anesthésistes [Iade]. C'est rare", a-t-il souligné.

Cela a permis à l'établissement de reprendre son activité sans être freiné par un sous-effectif.

En revanche, au niveau du territoire, le CH souffre d'un manque de lits d'aval (cf dépêche du 01/02/2024 à 16:09).

Délai dans la reconstruction de la réanimation

Le service de réanimation va par ailleurs être reconstruit. "C'est un projet très important pour notre établissement", a soutenu Pierre Best, décrivant "une opération à tiroirs".

"Cela va nous permettre de libérer l'emprise actuelle de notre réanimation, et une fois fait, de transmettre ce service en chirurgie ambulatoire, ce qui permettra d'agrandir notre bloc opératoire et d'avoir des conditions de travail encore plus favorables", a-t-il expliqué.

Actuellement, le service dispose de 12 lits en réanimation et de six lits en unité de surveillance continue (USC). Le projet permettra d'avoir 20 lits flexibles, pouvant servir, selon les besoins, en réanimation ou en USC.

Le nouveau site comptera également des bureaux modulaires pré-équipés, pouvant se transformer en deux ou trois jours en chambre et dégager sept lits "de crise" supplémentaires durant les périodes de tensions importantes.

Le service de réanimation s'étalera sur 2.500 m², pour un coût de 13 millions d'euros (M€).

Du retard a néanmoins été pris, a pointé Pierre Best. Le projet présenté par le CH et son partenaire a été refusé fin 2023 par la commission de sécurité incendie, qui a relevé des manquements en matière de cloisonnement et de portes coupe-feu.

L'hôpital est en train d'étudier ses options: continuer avec le partenaire actuel ou repartir sur un nouveau projet.

Les changements demandés "ne sont pas très compliqués […] mais ils entraîneront un retard de plusieurs mois" par rapport au calendrier initial, qui misait sur un début du terrassement en mars. Les travaux pourraient ne débuter qu'au second semestre.

Des projets en pédiatrie, cardiologie et au bloc opératoire

Cette opération doit s'accompagner du déplacement des urgences pédiatriques. Celles-ci sont "trop petites" et "mal localisées" car situées au sein du pôle mère-enfant du CH et donc "loin des urgences adultes", a observé Pierre Best.

L'objectif est de les déplacer sur la nouvelle extension, à proximité des urgences adultes et du bloc opératoire, et d'accroître leur surface, qui passera de 600 m² à 900 m².

Une unité de cardiologie ambulatoire sans ou avec rendez-vous (Ucasar), sur le modèle de celle existante au CHU d'Orléans (cf dépêche du 26/09/2023 à 18:15), doit aussi s'installer au deuxième étage du bâtiment Fontenoy, après une année de travaux, pour un coût de 1,5 M€.

L'Ucasar facilitera la prise en charge en ambulatoire des "semi-urgences" cardiologiques, a détaillé le directeur. Si les locaux n'existent pas encore, le "concept" est déjà mis en place dans l'unité de cardiologie actuelle, et "trois personnes, arrivées sans rendez-vous, ont été sauvées en 2023", les médecins ayant mis en évidence des infarctus masqués ou des arythmies cardiaques, a-t-il assuré.

Le schéma directeur immobilier prévoit aussi la rénovation du bloc opératoire. Le premier projet "n'avait pas convaincu les chirurgiens en 2022", ces derniers se plaignant du phasage du chantier, provoquant une chute de l'activité.

Les travaux ont finalement été "simplifiés" a mis en exergue Pierre Best: six salles d'opération et la salle de réveil vont être rénovées et quatre salles "relativement récentes" vont être conservées en l'état.

"Il nous reste à trouver quelqu'un pour faire le suivi de la maîtrise d'ouvrage", a précisé le chef d'établissement.

Un déficit de 8 M€

La situation financière n'est "pas favorable", a reconnu Pierre Best.

"Malgré une activité dynamique et une démographie médicale et paramédicale plutôt satisfaisante, nous anticipons un déficit de 8 M€ en 2023", a-t-il fait savoir, pour un budget de 230 M€.

Le CH avait inscrit dans son état prévisionnel des recettes et des dépenses (EPRD) de 2023 un déficit de 5,8 M€, et l'établissement affichait -7,4 M€ en 2022. Les résultats de 2023 traduisent donc "une dégradation" de la situation.

L'hôpital a pourtant minimisé l'impact de la hausse des prix de l'énergie, étant chauffé au bois.

"On a surtout subi un effet inflationniste sur les dépenses liées aux médicaments et, en particulier, aux dispositifs médicaux", a constaté le directeur, évoquant une hausse de 7 à 8%.

Les dépenses du personnel se sont accrues de 3 M€, pour atteindre 145 M€, soit une progression "maîtrisée" de 2%.

Les dépenses financières ont, elles, grimpé de 20%, en raison de la renégociation d'un emprunt qui présentait des risques techniques.

mg/ab/APMnews

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(Par Maxime GRAVIER)

CHARTRES, 1er février 2024 (APMnews) - L'activité chirurgicale du centre hospitalier (CH) de Chartres a retrouvé son niveau de 2019, portée notamment par une démographie médicale et paramédicale favorable, n'empêchant toutefois pas l'établissement de voir son déficit s'aggraver, a témoigné le directeur de l'hôpital, Pierre Best, contacté mercredi par APMnews.

L'activité en chirurgie a connu "une bonne dynamique" en 2023, a décrit Pierre Best. "Nous avons dépassé le niveau de séjours de 2019, l'année de référence avant le Covid", a-t-il fait valoir.

Si les hospitalisations complètes sont équivalentes en nombre à celles d'il y a quatre ans, ce sont surtout les prises en charge ambulatoires qui ont connu une forte augmentation.

En médecine, l'activité a peu évolué en matière de séjours. En revanche, "les séances, notamment en oncologie et en dialyse, affichent une progression à deux chiffres", a noté le directeur d'hôpital. L'obstétrique, plombé par la baisse de la natalité en France en 2023, a reculé de 3%.

Des changements de personnes ont eu lieu en chirurgie en 2023, avec notamment un nouveau chef de pôle, permettant de "remobiliser les équipes", a mis en avant Pierre Best. Le CH a également mené des opérations de communication à destination du public mais aussi des professionnels de santé libéraux.

L'hôpital n'est "pas contingenté" par ses capacités opératoires ou ses capacités d'hospitalisations, a ajouté le directeur.

"S'il y a un domaine dans lequel nous allons plutôt bien, c'est au niveau des personnels: nous avons des effectifs complets ou quasi complets d'anesthésistes-réanimateurs, d'infirmiers de bloc opératoire [Ibode] et d'infirmiers anesthésistes [Iade]. C'est rare", a-t-il souligné.

Cela a permis à l'établissement de reprendre son activité sans être freiné par un sous-effectif.

En revanche, au niveau du territoire, le CH souffre d'un manque de lits d'aval (cf dépêche du 01/02/2024 à 16:09).

Délai dans la reconstruction de la réanimation

Le service de réanimation va par ailleurs être reconstruit. "C'est un projet très important pour notre établissement", a soutenu Pierre Best, décrivant "une opération à tiroirs".

"Cela va nous permettre de libérer l'emprise actuelle de notre réanimation, et une fois fait, de transmettre ce service en chirurgie ambulatoire, ce qui permettra d'agrandir notre bloc opératoire et d'avoir des conditions de travail encore plus favorables", a-t-il expliqué.

Actuellement, le service dispose de 12 lits en réanimation et de six lits en unité de surveillance continue (USC). Le projet permettra d'avoir 20 lits flexibles, pouvant servir, selon les besoins, en réanimation ou en USC.

Le nouveau site comptera également des bureaux modulaires pré-équipés, pouvant se transformer en deux ou trois jours en chambre et dégager sept lits "de crise" supplémentaires durant les périodes de tensions importantes.

Le service de réanimation s'étalera sur 2.500 m², pour un coût de 13 millions d'euros (M€).

Du retard a néanmoins été pris, a pointé Pierre Best. Le projet présenté par le CH et son partenaire a été refusé fin 2023 par la commission de sécurité incendie, qui a relevé des manquements en matière de cloisonnement et de portes coupe-feu.

L'hôpital est en train d'étudier ses options: continuer avec le partenaire actuel ou repartir sur un nouveau projet.

Les changements demandés "ne sont pas très compliqués […] mais ils entraîneront un retard de plusieurs mois" par rapport au calendrier initial, qui misait sur un début du terrassement en mars. Les travaux pourraient ne débuter qu'au second semestre.

Des projets en pédiatrie, cardiologie et au bloc opératoire

Cette opération doit s'accompagner du déplacement des urgences pédiatriques. Celles-ci sont "trop petites" et "mal localisées" car situées au sein du pôle mère-enfant du CH et donc "loin des urgences adultes", a observé Pierre Best.

L'objectif est de les déplacer sur la nouvelle extension, à proximité des urgences adultes et du bloc opératoire, et d'accroître leur surface, qui passera de 600 m² à 900 m².

Une unité de cardiologie ambulatoire sans ou avec rendez-vous (Ucasar), sur le modèle de celle existante au CHU d'Orléans (cf dépêche du 26/09/2023 à 18:15), doit aussi s'installer au deuxième étage du bâtiment Fontenoy, après une année de travaux, pour un coût de 1,5 M€.

L'Ucasar facilitera la prise en charge en ambulatoire des "semi-urgences" cardiologiques, a détaillé le directeur. Si les locaux n'existent pas encore, le "concept" est déjà mis en place dans l'unité de cardiologie actuelle, et "trois personnes, arrivées sans rendez-vous, ont été sauvées en 2023", les médecins ayant mis en évidence des infarctus masqués ou des arythmies cardiaques, a-t-il assuré.

Le schéma directeur immobilier prévoit aussi la rénovation du bloc opératoire. Le premier projet "n'avait pas convaincu les chirurgiens en 2022", ces derniers se plaignant du phasage du chantier, provoquant une chute de l'activité.

Les travaux ont finalement été "simplifiés" a mis en exergue Pierre Best: six salles d'opération et la salle de réveil vont être rénovées et quatre salles "relativement récentes" vont être conservées en l'état.

"Il nous reste à trouver quelqu'un pour faire le suivi de la maîtrise d'ouvrage", a précisé le chef d'établissement.

Un déficit de 8 M€

La situation financière n'est "pas favorable", a reconnu Pierre Best.

"Malgré une activité dynamique et une démographie médicale et paramédicale plutôt satisfaisante, nous anticipons un déficit de 8 M€ en 2023", a-t-il fait savoir, pour un budget de 230 M€.

Le CH avait inscrit dans son état prévisionnel des recettes et des dépenses (EPRD) de 2023 un déficit de 5,8 M€, et l'établissement affichait -7,4 M€ en 2022. Les résultats de 2023 traduisent donc "une dégradation" de la situation.

L'hôpital a pourtant minimisé l'impact de la hausse des prix de l'énergie, étant chauffé au bois.

"On a surtout subi un effet inflationniste sur les dépenses liées aux médicaments et, en particulier, aux dispositifs médicaux", a constaté le directeur, évoquant une hausse de 7 à 8%.

Les dépenses du personnel se sont accrues de 3 M€, pour atteindre 145 M€, soit une progression "maîtrisée" de 2%.

Les dépenses financières ont, elles, grimpé de 20%, en raison de la renégociation d'un emprunt qui présentait des risques techniques.

mg/ab/APMnews

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