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27/08 2025
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AU CHEVET DU CH AGEN-NÉRAC, LE DIRECTEUR GÉNÉRAL DE L'ARS NOUVELLE-AQUITAINE SE DIT PRÊT À REVOIR LE MAILLAGE DES URGENCES

(Par Geoffroy LANG)

BORDEAUX, AGEN, 27 août 2025 (APMnews) - Le directeur général de l'agence régionale de santé (ARS) Nouvelle-Aquitaine, Benoît Elleboode, s'est déclaré prêt à revoir le maillage régional des services d'urgence, avec de potentielles transformations en antennes de médecine d'urgence dès cet automne, à l'occasion de l'actualisation du projet régional de santé (PRS), en marge d'un déplacement au centre hospitalier d'Agen-Nérac.

Le directeur général de l'ARS a rencontré mardi l'équipe d'urgentistes puis l'ensemble des médecins du CH d'Agen-Nérac, après que l'équipe médicale du service d'urgence a fait part de son épuisement et de son exaspération, ayant dû effectuer 5.700 heures de temps de travail additionnel (TTA) pour assurer la continuité des soins dans le Lot-et-Garonne et le Gers durant l'été (cf dépêche du 22/08/2025 à 17:24).

Alors que Samu-Urgences de France (SUdF) et l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf) ont appelé à "la révision du maillage territorial" des services d'urgence dans un communiqué commun se faisant l'écho de la situation du CH Agen-Nérac, Benoît Elleboode a annoncé mardi à APMnews qu'il était prêt à mener "des réunions territoriales avec les urgentistes pour voir quels services d'urgence ils pensent qu'il faudrait transformer en antennes la nuit, ou fermer complètement".

"Je vais leur donner tous les chiffres pour qu'ils me disent où est-ce qu'il y a des services d'urgence en trop, et donc des urgentistes en trop", a enchaîné le directeur général de l'ARS. "On va s'assurer qu'à l'échelle régionale, il n'y a pas des territoires qui consomment [trop d'urgentistes], alors qu'on aurait pu organiser plus efficacement les services d'urgence pour que les urgentistes, au nombre qu'ils sont, puissent plus facilement répondre aux besoins de la population."

"Je pense que la solution est en effet de revoir la structuration des services d'urgence, pour qu'elle soit plus adaptée au nombre d'urgentistes que l'on a, mais jusqu'ici, les urgentistes n'étaient pas pour", a-t-il fait remarquer. "Il fallait [de leur point de vue] laisser tout ouvert partout, même quand il n'y avait pas beaucoup de passages."

Les conditions d'implantation et de fonctionnement de l'activité de médecine d'urgence ont évolué depuis la parution de deux décrets et d'un arrêté (cf dépêche du 02/01/2024 à 19:27), en créant un nouveau type de structure intermédiaire, l'antenne de médecine d'urgence, pour accroître la gradation des services d'urgence en introduisant un nouveau type de structure ouverte 7 jours sur 7, toute l'année, sur "une amplitude d'au moins 12 heures de service continu", rappelle-t-on.

Ce dispositif peine cependant à s'imposer, puisque la conversion d'un service d'urgence en antenne de médecine d'urgence doit s'effectuer à la demande de l'établissement concerné, comme l'avaient déploré les représentants de la Société française de médecine d'urgence (SFMU) et de SUdF, lors du congrès Urgences 2025 (cf dépêche du 06/06/2025 à 19:05).

Aucune réponse favorable des établissements aux 21 potentielles antennes de médecine d'urgence

Benoît Elleboode a souligné à ce propos que son agence avait identifié 21 services d'urgence susceptibles d'être convertis en antennes de médecine d'urgence, compte tenu de leur volume d'activité, mais aucun des établissements concernés n'a donné une réponse favorable à cette proposition.

"Maintenant que les urgentistes nous ont dit 'il faut y aller', on va y aller", a promis Benoît Elleboode: "Quand on vient sur un territoire pour dire 'il faut dégrader l'offre de soins', ce n'est jamais bien vécu, mais avec les urgentistes derrière, on va y arriver!"

"Avec l'administration, il y a toujours un doute sur le fait de savoir si l'on fait ça pour des raisons budgétaires [et s'il] n'y aurait pas moyen de faire autrement, mais la population a confiance dans ses médecins", a-t-il complété.

Pour soulager à court terme les effectifs des urgences du CH d'Agen-Nérac, l'ARS a également autorisé une majoration de la prime de solidarité territoriale (PST) "pour le quadrimestre en cours et le prochain" et a annoncé la tenue de "réunions territoriales pour organiser un équilibre des rémunérations au niveau du Lot-et-Garonne, pour voir si toutes les règles s'appliquent partout et pour revoir l'organisation territoriale des urgentistes de façon qu’elle soit la plus efficace possible", a rapporté Benoît Elleboode.

En cas de fermeture des urgences de la clinique Esquirol Saint-Hilaire (Elsan) à Agen, les urgences de l'hôpital bénéficieront du renfort d'une infirmière et d'une aide-soignante, ainsi que d'un médecin régulateur de plus au Samu.

Le Samu du CH d'Agen, qui assure la régulation du Lot-et-Garonne et celle du Gers la nuit, a également reçu un financement de l'agence pour un poste d'assistant de régulation médicale (ARM) pour six mois.

"On continue les discussions pour faire avancer tous les sujets d'amélioration des conditions de travail", a poursuivi le directeur général de l'agence, qui se rendra à nouveau au chevet de l'hôpital vendredi.

Des rémunérations irrégulières à haut risque

Si les urgentistes du CH d'Agen avaient fait part de leur mécontentement après avoir cumulé un volume de temps de travail additionnel de plus de 5.700 heures au cours de l'été pour une rémunération horaire de 33,76 € brut, bien inférieure à celle pratiquée précédemment, le directeur général de l'ARS a souligné qu'il s'agissait là d'une problématique qui relevait du niveau national.

Il a par ailleurs mis en garde contre le risque encouru par les praticiens en sollicitant des rémunérations supérieures au seuil prévu: "On ne peut plus faire des rémunérations illégales. Même pour eux, ce n'est pas sécurisant."

"En cas de contrôle, les praticiens peuvent devoir rembourser jusqu'à deux ans d'arriérés de rémunérations illégales touchées", a-t-il insisté.

Le Grand hôpital de l'Est francilien (GHEF), en Seine-et-Marne, avait ainsi été sommé par le Trésor public de demander le remboursement de 2,7 millions d'euros accordés via des primes irrégulières à des praticiens hospitaliers (PH) seniors et à des praticiens à diplôme hors Union européenne (Padhue) en juillet 2024, rappelle-t-on (cf dépêche du 18/07/2025 à 19:22).

gl/lb/APMnews

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(Par Geoffroy LANG)

BORDEAUX, AGEN, 27 août 2025 (APMnews) - Le directeur général de l'agence régionale de santé (ARS) Nouvelle-Aquitaine, Benoît Elleboode, s'est déclaré prêt à revoir le maillage régional des services d'urgence, avec de potentielles transformations en antennes de médecine d'urgence dès cet automne, à l'occasion de l'actualisation du projet régional de santé (PRS), en marge d'un déplacement au centre hospitalier d'Agen-Nérac.

Le directeur général de l'ARS a rencontré mardi l'équipe d'urgentistes puis l'ensemble des médecins du CH d'Agen-Nérac, après que l'équipe médicale du service d'urgence a fait part de son épuisement et de son exaspération, ayant dû effectuer 5.700 heures de temps de travail additionnel (TTA) pour assurer la continuité des soins dans le Lot-et-Garonne et le Gers durant l'été (cf dépêche du 22/08/2025 à 17:24).

Alors que Samu-Urgences de France (SUdF) et l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf) ont appelé à "la révision du maillage territorial" des services d'urgence dans un communiqué commun se faisant l'écho de la situation du CH Agen-Nérac, Benoît Elleboode a annoncé mardi à APMnews qu'il était prêt à mener "des réunions territoriales avec les urgentistes pour voir quels services d'urgence ils pensent qu'il faudrait transformer en antennes la nuit, ou fermer complètement".

"Je vais leur donner tous les chiffres pour qu'ils me disent où est-ce qu'il y a des services d'urgence en trop, et donc des urgentistes en trop", a enchaîné le directeur général de l'ARS. "On va s'assurer qu'à l'échelle régionale, il n'y a pas des territoires qui consomment [trop d'urgentistes], alors qu'on aurait pu organiser plus efficacement les services d'urgence pour que les urgentistes, au nombre qu'ils sont, puissent plus facilement répondre aux besoins de la population."

"Je pense que la solution est en effet de revoir la structuration des services d'urgence, pour qu'elle soit plus adaptée au nombre d'urgentistes que l'on a, mais jusqu'ici, les urgentistes n'étaient pas pour", a-t-il fait remarquer. "Il fallait [de leur point de vue] laisser tout ouvert partout, même quand il n'y avait pas beaucoup de passages."

Les conditions d'implantation et de fonctionnement de l'activité de médecine d'urgence ont évolué depuis la parution de deux décrets et d'un arrêté (cf dépêche du 02/01/2024 à 19:27), en créant un nouveau type de structure intermédiaire, l'antenne de médecine d'urgence, pour accroître la gradation des services d'urgence en introduisant un nouveau type de structure ouverte 7 jours sur 7, toute l'année, sur "une amplitude d'au moins 12 heures de service continu", rappelle-t-on.

Ce dispositif peine cependant à s'imposer, puisque la conversion d'un service d'urgence en antenne de médecine d'urgence doit s'effectuer à la demande de l'établissement concerné, comme l'avaient déploré les représentants de la Société française de médecine d'urgence (SFMU) et de SUdF, lors du congrès Urgences 2025 (cf dépêche du 06/06/2025 à 19:05).

Aucune réponse favorable des établissements aux 21 potentielles antennes de médecine d'urgence

Benoît Elleboode a souligné à ce propos que son agence avait identifié 21 services d'urgence susceptibles d'être convertis en antennes de médecine d'urgence, compte tenu de leur volume d'activité, mais aucun des établissements concernés n'a donné une réponse favorable à cette proposition.

"Maintenant que les urgentistes nous ont dit 'il faut y aller', on va y aller", a promis Benoît Elleboode: "Quand on vient sur un territoire pour dire 'il faut dégrader l'offre de soins', ce n'est jamais bien vécu, mais avec les urgentistes derrière, on va y arriver!"

"Avec l'administration, il y a toujours un doute sur le fait de savoir si l'on fait ça pour des raisons budgétaires [et s'il] n'y aurait pas moyen de faire autrement, mais la population a confiance dans ses médecins", a-t-il complété.

Pour soulager à court terme les effectifs des urgences du CH d'Agen-Nérac, l'ARS a également autorisé une majoration de la prime de solidarité territoriale (PST) "pour le quadrimestre en cours et le prochain" et a annoncé la tenue de "réunions territoriales pour organiser un équilibre des rémunérations au niveau du Lot-et-Garonne, pour voir si toutes les règles s'appliquent partout et pour revoir l'organisation territoriale des urgentistes de façon qu’elle soit la plus efficace possible", a rapporté Benoît Elleboode.

En cas de fermeture des urgences de la clinique Esquirol Saint-Hilaire (Elsan) à Agen, les urgences de l'hôpital bénéficieront du renfort d'une infirmière et d'une aide-soignante, ainsi que d'un médecin régulateur de plus au Samu.

Le Samu du CH d'Agen, qui assure la régulation du Lot-et-Garonne et celle du Gers la nuit, a également reçu un financement de l'agence pour un poste d'assistant de régulation médicale (ARM) pour six mois.

"On continue les discussions pour faire avancer tous les sujets d'amélioration des conditions de travail", a poursuivi le directeur général de l'agence, qui se rendra à nouveau au chevet de l'hôpital vendredi.

Des rémunérations irrégulières à haut risque

Si les urgentistes du CH d'Agen avaient fait part de leur mécontentement après avoir cumulé un volume de temps de travail additionnel de plus de 5.700 heures au cours de l'été pour une rémunération horaire de 33,76 € brut, bien inférieure à celle pratiquée précédemment, le directeur général de l'ARS a souligné qu'il s'agissait là d'une problématique qui relevait du niveau national.

Il a par ailleurs mis en garde contre le risque encouru par les praticiens en sollicitant des rémunérations supérieures au seuil prévu: "On ne peut plus faire des rémunérations illégales. Même pour eux, ce n'est pas sécurisant."

"En cas de contrôle, les praticiens peuvent devoir rembourser jusqu'à deux ans d'arriérés de rémunérations illégales touchées", a-t-il insisté.

Le Grand hôpital de l'Est francilien (GHEF), en Seine-et-Marne, avait ainsi été sommé par le Trésor public de demander le remboursement de 2,7 millions d'euros accordés via des primes irrégulières à des praticiens hospitaliers (PH) seniors et à des praticiens à diplôme hors Union européenne (Padhue) en juillet 2024, rappelle-t-on (cf dépêche du 18/07/2025 à 19:22).

gl/lb/APMnews

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