Actualités de l'Urgence - APM

AU CHU D'ANGERS, L'ÉQUIPE POST-URGENCE "MAILLE SUPPLÉMENTAIRE" DANS LA PRISE EN CHARGE DES JEUNES TRAVERSANT UNE CRISE PSYCHIQUE
Coportée par le CHU d'Angers et le Centre de santé mentale angevin (Cesame), "l'équipe mobile post-crise, soins intensifs ambulatoires et accompagnement de parcours", figure parmi les 12 projets identifiés comme "pépites" au titre du Fiop 2024, par la direction générale de l'offre de soins (DGOS) en vue de leur généralisation (cf dépêche du 19/06/2024 à 10:04).
Cette équipe "pluridisciplinaire et intersectorielle" est née en 2021 dans un "contexte post-Covid marqué par l'accroissement de l'afflux de patients aux urgences", s'est remémoré le Dr Jean Malka, responsable du pôle de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent au Cesame.
"Nous avons alors commencé à réfléchir à l'idée d'une maille supplémentaire pour éviter l'engorgement des services de pédiatrie, l'allongement des listes d'attente en centre médico-psychologique [CMP], tout en offrant une réponse en ce qui concerne la post-urgence", a-t-il poursuivi.
Programme de "12 semaines"
Positionnée au départ de la filière des urgences pédiatriques et en pédiatrie au sein du CHU, elle accueille aujourd'hui des jeunes âgés de 3 à 18 ans traversant une crise psychique.
L'objectif est "d’assurer un accompagnement durant la période aiguë de crise", en incluant davantage de "prise en charge ambulatoire, de partenariat et d'inclusion", selon la plaquette de présentation du projet publiée sur le site du ministère de la santé.
"L'idée est de ne pas seulement traiter la crise psychiatrique mais aussi la crise familiale et sociale qui bien souvent l'accompagne", a expliqué la Dr Apolline Cailliez, pédopsychiatre et médecin référente de l'équipe.
Pour être pris en charge, le jeune ne doit pas avoir de suivi psychiatrique antérieur et d'autre part, il ne doit pas avoir déjà été pris en charge par l'EPU.
Dans le détail, l'équipe est composée de 2 infirmiers (IDE) mis à disposition par le Cesame (2 équivalents temps plein -ETP); 2 puéricultrices issues de la pédiatrie du CHU (2 ETP); 1 assistante sociale (1 ETP); 1 cadre de santé (0,2 ETP); 1 pédopsychiatre (1 ETP) ainsi qu'une psychologue (1 ETP).
Lorsque le jeune est orienté à l'EPU, les équipes mettent en place un suivi rapproché sur une période de trois mois maximum.
L'objectif est alors "d'évaluer la crise, de l'apaiser et de construire la prise en charge la plus juste et la mieux adaptée à la situation clinique et psychosociale du patient", a expliqué Jean Malka.
"Fixer une date de fin dès le début de la prise en charge est très important pour que les familles puissent se projeter sur un après nous", a justifié Apolline Cailliez.
Concernant le contenu de la prise en charge, "ce sont les soignants de l'équipe qui évaluent, en fonction des besoins du jeune, quand, comment et où les consultations ont lieu", a expliqué Apolline Cailliez.
Dans le cadre de la prise en charge, les équipes peuvent être amenées à se déplacer dans les écoles ou auprès des partenaires sociaux comme l'aide sociale à l'enfance (ASE).
Pour mener ses actions hors des murs du CHU, l'EPU dispose d'un véhicule et d'un budget de petites dépenses à hauteur de 1.000 €/an (outils de médiation, titres de transport en commun, repas thérapeutiques, etc.).
A la fin de chaque prise en charge, l'équipe de l'EPU se charge de faire le lien avec le secteur pour poursuivre la prise en charge du jeune et ainsi éviter les ruptures de soins.
"Lorsque l'évaluation aboutit à une indication d'un suivi psychiatrique de secteur par le CMP, le patient adressé par l'EPU se voit prioritaire et ne passe pas sur liste d'attente", a assuré Apolline Cailliez.
Seulement "10 récidives de passages aux urgences"
L'évaluation du dispositif a permis de mettre en lumière son efficience pour limiter les passages aux urgences mais également les hospitalisations.
Sur les 281 patients suivis par l'équipe, entre le 13 septembre 2021 et le 31 mai 2023, seulement "12 hospitalisations en urgence en pédiatrie"; "huit hospitalisations programmées en pédiatrie" et "10 récidives de passages aux urgences pendant le suivi", ont été enregistrées.
"La plupart des patients hospitalisés en urgence en pédiatrie pendant cette période ont en réalité été hospitalisés à la suite d'une consultation avec l'EPU", a précisé Apolline Caillez. "Par ailleurs, les récidives de passages aux urgences ont été le fait de seulement un ou deux patients."
Onze autres projets "pépites" identifiés
Pour rappel, le Fonds d'innovation organisationnelle en psychiatrie est un appel à projets créé en 2019. Il est piloté par la DGOS et a pour objectif de repérer des projets innovants en psychiatrie sur l'ensemble du territoire et répondant à des orientations nationales prioritaires.
Alors que le Fiop entre dans sa sixième année, une enveloppe de 10 millions d'euros a été allouée pour cette nouvelle édition afin de permettre le déploiement de projets innovants présentant un intérêt particulier à être généralisés sur le territoire.
Les autres projets sont les suivants:
- projet Bref du centre hospitalier (CH) Le Vinatier (Bron, près de Lyon), qui est la "structuration d'un réseau régional de formation en vue d'une intervention précoce et systématique dans le parcours des aidants"
- Predipsy, porté par le CHU de Lille, soit la "constitution, à l'échelle des secteurs et inter-secteurs des Hauts-de-France, d'une quarantaine de trios référents psychiatre-pédopsychiatre-radiologue permettant la réalisation en semi-urgence d'une IRM cérébrale standardisée en cas de premier épisode psychotique de l'adolescent ou de l'adulte jeune"
- projet du Centre psychothérapique de l'Orne (CPO) d'"infirmières coordinatrices de parcours de soins dans les unités d'admission"
- projet du CHU de Tours et de la communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) 37 de "coordination de soins primaires-psychiatrie sur le territoire d'Indre-et-Loire"
- dispositif d'intervention de prévention et de soins dans les structures d'hébergement de la protection de l'enfance pour les 5-18 ans du CH Georges-Daumézon (Loire-Atlantique)
- équipe mobile de liaison pédopsychiatrique dans les établissements de l'ASE, de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) et de l'éducation nationale, porté par l'établissement public de santé mentale (EPSM) de La Réunion
- dispositif de réponse aux urgences psychiatriques du CH Charles-Perrens de Bordeaux
- équipe "transition" du CH La Chartreuse, à Dijon
- équipe mobile de réhabilitation psychosociale, et du dispositif d'appui aux populations et aux professionnels pour coordonner les parcours santé complexes à l'EPSM Charcot à Lorient
- équipe réseau d'accompagnement en santé mentale des étudiants (Erasme) de l'EPSM de l'agglomération lilloise
- dispositif d'intervention et d'accompagnement précoce aux soins (Diapason) du groupement hospitalier de la région de Mulhouse Sud Alsace.
jr/ab/APMnews
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AU CHU D'ANGERS, L'ÉQUIPE POST-URGENCE "MAILLE SUPPLÉMENTAIRE" DANS LA PRISE EN CHARGE DES JEUNES TRAVERSANT UNE CRISE PSYCHIQUE
Coportée par le CHU d'Angers et le Centre de santé mentale angevin (Cesame), "l'équipe mobile post-crise, soins intensifs ambulatoires et accompagnement de parcours", figure parmi les 12 projets identifiés comme "pépites" au titre du Fiop 2024, par la direction générale de l'offre de soins (DGOS) en vue de leur généralisation (cf dépêche du 19/06/2024 à 10:04).
Cette équipe "pluridisciplinaire et intersectorielle" est née en 2021 dans un "contexte post-Covid marqué par l'accroissement de l'afflux de patients aux urgences", s'est remémoré le Dr Jean Malka, responsable du pôle de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent au Cesame.
"Nous avons alors commencé à réfléchir à l'idée d'une maille supplémentaire pour éviter l'engorgement des services de pédiatrie, l'allongement des listes d'attente en centre médico-psychologique [CMP], tout en offrant une réponse en ce qui concerne la post-urgence", a-t-il poursuivi.
Programme de "12 semaines"
Positionnée au départ de la filière des urgences pédiatriques et en pédiatrie au sein du CHU, elle accueille aujourd'hui des jeunes âgés de 3 à 18 ans traversant une crise psychique.
L'objectif est "d’assurer un accompagnement durant la période aiguë de crise", en incluant davantage de "prise en charge ambulatoire, de partenariat et d'inclusion", selon la plaquette de présentation du projet publiée sur le site du ministère de la santé.
"L'idée est de ne pas seulement traiter la crise psychiatrique mais aussi la crise familiale et sociale qui bien souvent l'accompagne", a expliqué la Dr Apolline Cailliez, pédopsychiatre et médecin référente de l'équipe.
Pour être pris en charge, le jeune ne doit pas avoir de suivi psychiatrique antérieur et d'autre part, il ne doit pas avoir déjà été pris en charge par l'EPU.
Dans le détail, l'équipe est composée de 2 infirmiers (IDE) mis à disposition par le Cesame (2 équivalents temps plein -ETP); 2 puéricultrices issues de la pédiatrie du CHU (2 ETP); 1 assistante sociale (1 ETP); 1 cadre de santé (0,2 ETP); 1 pédopsychiatre (1 ETP) ainsi qu'une psychologue (1 ETP).
Lorsque le jeune est orienté à l'EPU, les équipes mettent en place un suivi rapproché sur une période de trois mois maximum.
L'objectif est alors "d'évaluer la crise, de l'apaiser et de construire la prise en charge la plus juste et la mieux adaptée à la situation clinique et psychosociale du patient", a expliqué Jean Malka.
"Fixer une date de fin dès le début de la prise en charge est très important pour que les familles puissent se projeter sur un après nous", a justifié Apolline Cailliez.
Concernant le contenu de la prise en charge, "ce sont les soignants de l'équipe qui évaluent, en fonction des besoins du jeune, quand, comment et où les consultations ont lieu", a expliqué Apolline Cailliez.
Dans le cadre de la prise en charge, les équipes peuvent être amenées à se déplacer dans les écoles ou auprès des partenaires sociaux comme l'aide sociale à l'enfance (ASE).
Pour mener ses actions hors des murs du CHU, l'EPU dispose d'un véhicule et d'un budget de petites dépenses à hauteur de 1.000 €/an (outils de médiation, titres de transport en commun, repas thérapeutiques, etc.).
A la fin de chaque prise en charge, l'équipe de l'EPU se charge de faire le lien avec le secteur pour poursuivre la prise en charge du jeune et ainsi éviter les ruptures de soins.
"Lorsque l'évaluation aboutit à une indication d'un suivi psychiatrique de secteur par le CMP, le patient adressé par l'EPU se voit prioritaire et ne passe pas sur liste d'attente", a assuré Apolline Cailliez.
Seulement "10 récidives de passages aux urgences"
L'évaluation du dispositif a permis de mettre en lumière son efficience pour limiter les passages aux urgences mais également les hospitalisations.
Sur les 281 patients suivis par l'équipe, entre le 13 septembre 2021 et le 31 mai 2023, seulement "12 hospitalisations en urgence en pédiatrie"; "huit hospitalisations programmées en pédiatrie" et "10 récidives de passages aux urgences pendant le suivi", ont été enregistrées.
"La plupart des patients hospitalisés en urgence en pédiatrie pendant cette période ont en réalité été hospitalisés à la suite d'une consultation avec l'EPU", a précisé Apolline Caillez. "Par ailleurs, les récidives de passages aux urgences ont été le fait de seulement un ou deux patients."
Onze autres projets "pépites" identifiés
Pour rappel, le Fonds d'innovation organisationnelle en psychiatrie est un appel à projets créé en 2019. Il est piloté par la DGOS et a pour objectif de repérer des projets innovants en psychiatrie sur l'ensemble du territoire et répondant à des orientations nationales prioritaires.
Alors que le Fiop entre dans sa sixième année, une enveloppe de 10 millions d'euros a été allouée pour cette nouvelle édition afin de permettre le déploiement de projets innovants présentant un intérêt particulier à être généralisés sur le territoire.
Les autres projets sont les suivants:
- projet Bref du centre hospitalier (CH) Le Vinatier (Bron, près de Lyon), qui est la "structuration d'un réseau régional de formation en vue d'une intervention précoce et systématique dans le parcours des aidants"
- Predipsy, porté par le CHU de Lille, soit la "constitution, à l'échelle des secteurs et inter-secteurs des Hauts-de-France, d'une quarantaine de trios référents psychiatre-pédopsychiatre-radiologue permettant la réalisation en semi-urgence d'une IRM cérébrale standardisée en cas de premier épisode psychotique de l'adolescent ou de l'adulte jeune"
- projet du Centre psychothérapique de l'Orne (CPO) d'"infirmières coordinatrices de parcours de soins dans les unités d'admission"
- projet du CHU de Tours et de la communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) 37 de "coordination de soins primaires-psychiatrie sur le territoire d'Indre-et-Loire"
- dispositif d'intervention de prévention et de soins dans les structures d'hébergement de la protection de l'enfance pour les 5-18 ans du CH Georges-Daumézon (Loire-Atlantique)
- équipe mobile de liaison pédopsychiatrique dans les établissements de l'ASE, de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) et de l'éducation nationale, porté par l'établissement public de santé mentale (EPSM) de La Réunion
- dispositif de réponse aux urgences psychiatriques du CH Charles-Perrens de Bordeaux
- équipe "transition" du CH La Chartreuse, à Dijon
- équipe mobile de réhabilitation psychosociale, et du dispositif d'appui aux populations et aux professionnels pour coordonner les parcours santé complexes à l'EPSM Charcot à Lorient
- équipe réseau d'accompagnement en santé mentale des étudiants (Erasme) de l'EPSM de l'agglomération lilloise
- dispositif d'intervention et d'accompagnement précoce aux soins (Diapason) du groupement hospitalier de la région de Mulhouse Sud Alsace.
jr/ab/APMnews