Actualités de l'Urgence - APM

30/01 2024
Retour

AU CHU DE RENNES, 8 IDE INTÈGRENT LE SAMU POUR LA RÉGULATION DES SOINS NON PROGRAMMÉS EN PSYCHIATRIE

(Par Julie RICHARD, au congrès de l'Encéphale)

PARIS, 30 janvier 2024 (APMnews) - Le centre de régulation et d'intervention Samu/SAS du CHU de Rennes dispose désormais d'un effectif de huit infirmiers pour prendre en charge les soins non programmés et les urgences, en psychiatrie, a expliqué le Pr David Travers, praticien hospitalier et enseignant attaché au CHU, jeudi, à l'occasion du Congrès de l'Encéphale qui s'est tenu de mercredi à vendredi à Paris.

Expérimenté au titre du fonds d'innovation organisationnelle en psychiatrie (Fiop) en 2019, ce dispositif compte désormais huit infirmiers (équivalent temps plein) et un médecin coordinateur (0,5 ETP).

Le projet d'installer une compétence infirmière spécialisée en psychiatrie au Samu-centre 15 "visait à l'origine à offrir une réponse graduée sur des urgences ressenties ou réelles en psychiatrie", a rappelé David Travers.

Installé au sein du centre de régulation du CHU, le service fonctionne "sur la base d'un appel classique au 15 ou au SAS" (service d'accès aux soins), a-t-il poursuivi. C'est "un service de relais de prise en charge ou de relais d'informations, à l'échelle du département, de 9h à minuit, 7 jours sur 7".

Les demandes peuvent concerner des personnes à "tous les âges de la vie", et répondre à "toutes les problématiques psychiatriques", qu'il s'agisse d'un sujet relevant "de la psychiatrie générale, de l'addictologie, des dépressions résistantes ou d'un premier épisode psychotiques", a-t-il ensuite énuméré.

L'infirmier qui reçoit l'appel est chargé de procéder "à une évaluation du patient afin de graduer l'urgence", a-t-il ensuite détaillé: "Le choix de l'orientation se fait alors en fonction de son âge, de son parcours de soins, il doit prendre en compte la tension hospitalière et plus généralement tout ce qui est existant."

"Si l'évaluation est soignante, sa validation revient toutefois au médecin régulateur urgentiste ou généraliste", a enfin noté David Travers, précisant que ce rôle pourrait revenir "à terme à un "médecin psychiatre référent, chargé de la régulation".

"Conditions incontournables"

"Pour qu'un tel système fonctionne, j'ai eu l'occasion de constater que certaines conditions étaient totalement "incontournables", a ensuite analysé David Travers lors de son intervention.

"Parce que nous sommes un relais vers les services sanitaires en charge des problématiques psychiatriques, notre premier job est de connaître de façon millimétrique tout ce qui existe sur le territoire", a-t-il affirmé.

"Il faut donc que tout le monde connaisse par cœur le système, avec tous ses détails", a-t-il insisté, militant pour "décloisonner" le plus possible les dispositifs existants, dans une logique "d'intersectorialité".

Il a également appuyé sur la nécessité de maintenir la présence de l'équipe infirmière psychiatrique au sein du centre de régulation générale.

"Il faut que l'on soit tous au même endroit", a-t-il estimé, notant l'apport d'une telle organisation en matière de "cohésion", "d'interconnaissance entre les différentes spécialités" mais aussi son importance pour "déstigmatiser la psychiatrie et renforcer la pédagogie des médecins".

De même, la présence de l'équipe au sein du centre de régulation générale permet une "vigilance renforcée, sur les situations signalées", a-t-il pointé.

Il a par ailleurs insisté sur l'importance d'avoir au accès aux DPI [dossier patient informatisé] des établissements psychiatriques.

"Sans ça, on avance à l'aveugle en régulation", a-t-il estimé. A l'inverse, grâce au DPI, on "peut éviter des propositions redondantes ou en décalage, on peut mieux discuter avec les patients sur leur parcours ou faire de la pédagogie avec les aidants".

Enfin un tel système suppose de bien comprendre la temporalité des "urgences psychiatriques", a-t-il défendu. "Si la prise en charge psychiatrique suppose parfois de prendre le temps avec une personne au téléphone, il faut rester dans l'urgence", a-t-il expliqué.

Un tel impératif suppose par exemple de concilier un premier temps "d'évaluation du patient puis de la prise d'information et du dialogue avec le proche", puis un temps de "l'apaisement par le dialogue, l'anxiolyse (non) médicamenteuse" et si nécessaire un "dispositif de rappel toutes les trois-quatre heures", a-t-il explicité.

"Aucune plus-value en nuit profonde"

Alors que cette expérimentation, pérennisée en 2023, a récemment donné lieu à un rapport d'évaluation remis à la direction générale de l'offre de soins (DGOS), David Travers a enfin résumé les principaux enseignements.

Tout d'abord, "ce système n'a aucune plus-value en nuit profonde", a-t-il estimé, notant que si les demandes ne nécessitent pas une réponse des urgences, elles peuvent "totalement être différées le matin".

Cette expérimentation a su montrer son efficacité au-delà d'une simple diminution des passages aux urgences, a-t-il ensuite affirmé.

"Si elle a permis d'éviter un passage aux urgences pour certains, elle a aussi permis de prendre en charge des personnes qui échappaient à la psychiatrie auparavant, mais également de mieux adresser le patient au bon moment et au bon endroit", a-t-il ensuite détaillé.

Par ailleurs, cette expérimentation a su montrer son efficacité pour mieux orienter les patients souffrant d'anxiété vers l'ambulatoire et a mis en lumière "la spécificité du sujet pédopsychiatrique de l'accès aux soins à la césure à 18 ans", a-t-il complété.

Enfin, si le projet a globalement été un succès, il n'est pas totalement abouti, a pointé le Dr Travers, qui espère aussi mettre sur pied, à terme, "tout un volet Smur pour les urgences psychiatriques" et ouvrir de nouveaux créneaux "SAS psy" avec une "coordination renforcée" avec la médecine générale.

jr/nc/APMnews

Les données APM Santé sont la propriété de APM International. Toute copie, republication ou redistribution des données APM Santé, notamment via la mise en antémémoire, l'encadrement ou des moyens similaires, est expressément interdite sans l'accord préalable écrit de APM. APM ne sera pas responsable des erreurs ou des retards dans les données ou de toutes actions entreprises en fonction de celles-ci ou toutes décisions prises sur la base du service. APM, APM Santé et le logo APM International, sont des marques d'APM International dans le monde. Pour de plus amples informations sur les autres services d'APM, veuillez consulter le site Web public d'APM à l'adresse www.apmnews.com

Copyright © APM-Santé - Tous droits réservés.

Informations professionnelles

30/01 2024
Retour

AU CHU DE RENNES, 8 IDE INTÈGRENT LE SAMU POUR LA RÉGULATION DES SOINS NON PROGRAMMÉS EN PSYCHIATRIE

(Par Julie RICHARD, au congrès de l'Encéphale)

PARIS, 30 janvier 2024 (APMnews) - Le centre de régulation et d'intervention Samu/SAS du CHU de Rennes dispose désormais d'un effectif de huit infirmiers pour prendre en charge les soins non programmés et les urgences, en psychiatrie, a expliqué le Pr David Travers, praticien hospitalier et enseignant attaché au CHU, jeudi, à l'occasion du Congrès de l'Encéphale qui s'est tenu de mercredi à vendredi à Paris.

Expérimenté au titre du fonds d'innovation organisationnelle en psychiatrie (Fiop) en 2019, ce dispositif compte désormais huit infirmiers (équivalent temps plein) et un médecin coordinateur (0,5 ETP).

Le projet d'installer une compétence infirmière spécialisée en psychiatrie au Samu-centre 15 "visait à l'origine à offrir une réponse graduée sur des urgences ressenties ou réelles en psychiatrie", a rappelé David Travers.

Installé au sein du centre de régulation du CHU, le service fonctionne "sur la base d'un appel classique au 15 ou au SAS" (service d'accès aux soins), a-t-il poursuivi. C'est "un service de relais de prise en charge ou de relais d'informations, à l'échelle du département, de 9h à minuit, 7 jours sur 7".

Les demandes peuvent concerner des personnes à "tous les âges de la vie", et répondre à "toutes les problématiques psychiatriques", qu'il s'agisse d'un sujet relevant "de la psychiatrie générale, de l'addictologie, des dépressions résistantes ou d'un premier épisode psychotiques", a-t-il ensuite énuméré.

L'infirmier qui reçoit l'appel est chargé de procéder "à une évaluation du patient afin de graduer l'urgence", a-t-il ensuite détaillé: "Le choix de l'orientation se fait alors en fonction de son âge, de son parcours de soins, il doit prendre en compte la tension hospitalière et plus généralement tout ce qui est existant."

"Si l'évaluation est soignante, sa validation revient toutefois au médecin régulateur urgentiste ou généraliste", a enfin noté David Travers, précisant que ce rôle pourrait revenir "à terme à un "médecin psychiatre référent, chargé de la régulation".

"Conditions incontournables"

"Pour qu'un tel système fonctionne, j'ai eu l'occasion de constater que certaines conditions étaient totalement "incontournables", a ensuite analysé David Travers lors de son intervention.

"Parce que nous sommes un relais vers les services sanitaires en charge des problématiques psychiatriques, notre premier job est de connaître de façon millimétrique tout ce qui existe sur le territoire", a-t-il affirmé.

"Il faut donc que tout le monde connaisse par cœur le système, avec tous ses détails", a-t-il insisté, militant pour "décloisonner" le plus possible les dispositifs existants, dans une logique "d'intersectorialité".

Il a également appuyé sur la nécessité de maintenir la présence de l'équipe infirmière psychiatrique au sein du centre de régulation générale.

"Il faut que l'on soit tous au même endroit", a-t-il estimé, notant l'apport d'une telle organisation en matière de "cohésion", "d'interconnaissance entre les différentes spécialités" mais aussi son importance pour "déstigmatiser la psychiatrie et renforcer la pédagogie des médecins".

De même, la présence de l'équipe au sein du centre de régulation générale permet une "vigilance renforcée, sur les situations signalées", a-t-il pointé.

Il a par ailleurs insisté sur l'importance d'avoir au accès aux DPI [dossier patient informatisé] des établissements psychiatriques.

"Sans ça, on avance à l'aveugle en régulation", a-t-il estimé. A l'inverse, grâce au DPI, on "peut éviter des propositions redondantes ou en décalage, on peut mieux discuter avec les patients sur leur parcours ou faire de la pédagogie avec les aidants".

Enfin un tel système suppose de bien comprendre la temporalité des "urgences psychiatriques", a-t-il défendu. "Si la prise en charge psychiatrique suppose parfois de prendre le temps avec une personne au téléphone, il faut rester dans l'urgence", a-t-il expliqué.

Un tel impératif suppose par exemple de concilier un premier temps "d'évaluation du patient puis de la prise d'information et du dialogue avec le proche", puis un temps de "l'apaisement par le dialogue, l'anxiolyse (non) médicamenteuse" et si nécessaire un "dispositif de rappel toutes les trois-quatre heures", a-t-il explicité.

"Aucune plus-value en nuit profonde"

Alors que cette expérimentation, pérennisée en 2023, a récemment donné lieu à un rapport d'évaluation remis à la direction générale de l'offre de soins (DGOS), David Travers a enfin résumé les principaux enseignements.

Tout d'abord, "ce système n'a aucune plus-value en nuit profonde", a-t-il estimé, notant que si les demandes ne nécessitent pas une réponse des urgences, elles peuvent "totalement être différées le matin".

Cette expérimentation a su montrer son efficacité au-delà d'une simple diminution des passages aux urgences, a-t-il ensuite affirmé.

"Si elle a permis d'éviter un passage aux urgences pour certains, elle a aussi permis de prendre en charge des personnes qui échappaient à la psychiatrie auparavant, mais également de mieux adresser le patient au bon moment et au bon endroit", a-t-il ensuite détaillé.

Par ailleurs, cette expérimentation a su montrer son efficacité pour mieux orienter les patients souffrant d'anxiété vers l'ambulatoire et a mis en lumière "la spécificité du sujet pédopsychiatrique de l'accès aux soins à la césure à 18 ans", a-t-il complété.

Enfin, si le projet a globalement été un succès, il n'est pas totalement abouti, a pointé le Dr Travers, qui espère aussi mettre sur pied, à terme, "tout un volet Smur pour les urgences psychiatriques" et ouvrir de nouveaux créneaux "SAS psy" avec une "coordination renforcée" avec la médecine générale.

jr/nc/APMnews

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies pour réaliser des statistiques de visites.