Actualités de l'Urgence - APM

AU GHRMSA DE MULHOUSE, L'"OPEN DIALOGUE" EN ÉQUIPE MOBILE POUR PRÉVENIR L'URGENCE PSYCHIQUE DES JEUNES ADULTES
Porté par le pôle de psychiatrie et santé mentale du groupe hospitalier de la région de Mulhouse et Sud-Alsace (GHRMSA), le Dispositif d'intervention et d'accompagnement précoce aux soins (Diapason) figure parmi les 12 initiatives identifiées par la direction générale de l'offre de soins (DGOS) comme "pépites" au titre du fonds d'innovation organisationnelle en psychiatrie (Fiop) 2024, en vue de leur généralisation (cf dépêche du 19/06/2024 à 10:04).
Lancé en mai 2020, le projet est né du constat que "la prise en charge des jeunes était souvent le fait d'une demande de la famille avec un jeune en refus de soins", a résumé en préambule Géry Marchand, psychologue et thérapeute familial au sein du GHRMSA et promoteur du projet.
"Nous observions que la réponse apportée dans ce cas était souvent une hospitalisation complète, parfois même sous contrainte […] très mal vécue par le jeune. Cela pouvait considérablement complexifier la prise en charge", a-t-il poursuivi.
Selon la plaquette de présentation du projet, publiée sur le site du ministère, il prend en charge les jeunes adultes (16-30 ans), "lors de la phase prodromique avant une décompensation psychotique", lors de la survenue d'un "premier épisode psychotique", ou encore "à la sortie d'une première hospitalisation en psychiatrie".
L'équipe a ainsi vocation à intervenir en amont de l'urgence psychiatrique. "Nous distinguons la crise de l'urgence", a précisé Géry Marchand. "La crise est un moment de tension de conflit, souvent au sein de la famille. En l'absence d'intervention appropriée, elle évolue le plus souvent vers l'urgence médicale, psychiatrique."
"Réunion de traitement"
La prise en charge se base directement sur "l'open dialogue" qui place d'emblée le patient en crise et son réseau au "cœur des soins".
Concrètement, elle rassemble en un même lieu (réunion de traitement), le patient, ses proches et les différents professionnels (école, services sociaux, médecin, psychologue, etc.) qui le prennent en charge, afin de définir un programme de soin le plus proche possible de ses attentes.
L'idée est aussi de générer un dialogue horizontal. "Avec cette méthode, le soignant ne se positionne pas en sachant mais part du principe que tous les viennent vient avec leur expérience", a pointé Géry Marchand.
L'équipe est actuellement composée de 0,1 ETP (équivalent temps plein) cadre de santé; 1 ETP infirmière (2 × 0,5 ETP); 1 ETP psychologue (2 × 0,5 ETP); 0,1 ETP secrétariat et 0,2 ETP assistante de service social. "Normalement, nous disposons de 0,1 ETP psychiatre mais actuellement, le poste est vacant", a précisé Géry Marchand.
La prise en charge du jeune débute souvent par un appel de la famille. L'équipe, qui ne travaille ni les week-ends ni les nuits, prend contact avec le jeune dans un délai rapide ("dans les 48 heures") et un premier rendez-vous est organisé dans un "délai moyen de sept jours".
Pour la rencontre, un binôme référent se déplace au domicile familial et propose tout de suite d'intégrer l'ensemble de l'entourage du jeune.
"L'idée est de s'adapter tout de suite à ce que demande le jeune pour créer un lien de confiance. S'il ne veut pas nous recevoir, on peut commencer par proposer une visio[conférence] depuis sa chambre", a expliqué Marie Witz, infirmière et cofondatrice de Diapason. Idem, "s'il ne veut pas que ses parents soient là, on s'adapte."
Pour la suite, le jeune "doit rester acteur de son dispositif de soin", a poursuivi Géry Marchand. "On va toujours lui demander avec qui il veut faire les consultations et on va nécessairement adapter le lieu, de rendez-vous et les personnes présentes en fonction."
Ce dispositif vise par ailleurs à mieux articuler les interventions de tous les acteurs accompagnant le jeune, ont expliqué les intervenants. L'équipe mobile dispose pour cela d'un véhicule et ses membres ont des téléphones portables professionnels sur lesquels ils sont directement joignables.
"Comme nous sommes en lien avec les parents, l'école, l'éducateur ou même le médecin du jeune, nous pouvons aussi avoir des temps d'échange avec eux, mais nous allons toujours en référer au jeune pour qu'il n'ait pas l'impression que les choses se font derrière son dos", a-t-il noté.
Afin de renforcer leurs compétences dans l'approche de l'"open dialogue", l'équipe de Diapason est également supervisée par une "psychologue finlandaise pour progresser dans l'approche et la façon de conduire les entretiens", a précisé Géry Marchand.
La durée du programme n'est pas limitée dans le temps. Le binôme référent peut continuer à être sollicité "si le jeune est finalement hospitalisé ou suivi en centre médico-psychologique, afin de maintenir le lien et ainsi l'adhésion aux soins", a-t-il conclu.
Onze autres projets "pépites" identifiés
Pour rappel, le fonds d'innovation organisationnelle en psychiatrie, Fiop, est un appel à projets créé en 2019. Il est piloté par la DGOS et a pour objectif de repérer des projets innovants en psychiatrie sur l'ensemble du territoire et répondant à des orientations nationales prioritaires.
Alors que le Fiop entre dans sa sixième année, une enveloppe de 10 millions d'euros a été allouée pour cette nouvelle édition afin de permettre le déploiement de projets innovants présentant un intérêt particulier à être généralisés sur le territoire.
Les autres projets sont les suivants:
- projet Bref du Vinatier-psychiatrie universitaire Lyon Métropole, qui est la "structuration d'un réseau régional de formation en vue d'une intervention précoce et systématique dans le parcours des aidants"
- Predipsy, porté par le CHU de Lille, soit la "constitution, à l'échelle des secteurs et inter-secteurs des Hauts-de-France, d'une quarantaine de trios référents psychiatre-pédopsychiatre-radiologue permettant la réalisation en semi-urgence d'une IRM cérébrale standardisée en cas de premier épisode psychotique de l'adolescent ou de l'adulte jeune"
- projet du Centre psychothérapique de l'Orne (CPO) d'"infirmières coordinatrices de parcours de soins dans les unités d'admission"
- projet du CHU de Tours et de la communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) 37 de "coordination de soins primaires-psychiatrie sur le territoire d'Indre-et-Loire"
- dispositif d'intervention de prévention et de soins dans les structures d'hébergement de la protection de l'enfance pour les 5-18 ans du CH Georges-Daumézon (Loire-Atlantique)
- équipe mobile de liaison pédopsychiatrique dans les établissements de l'aide sociale à l'enfance (ASE), de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) et de l'éducation nationale, porté par l'établissement public de santé mentale (EPSM) de La Réunion
- dispositif de réponse aux urgences psychiatriques du CH Charles-Perrens de Bordeaux
- équipe "transition" du CH La Chartreuse, à Dijon
- équipe mobile de réhabilitation psycho-sociale et du dispositif d'appui aux populations et aux professionnels pour coordonner les parcours santé complexes à l'EPSM Charcot à Lorient
- équipe réseau d'accompagnement en santé mentale des étudiants (Erasme) de l'EPSM de l'agglomération lilloise
- équipe mobile post-crise enfants et adolescents, soins intensifs ambulatoires et accompagnement de parcours du CHU d'Angers et du Centre de santé mentale angevin (Cesame, cf dépêche du 06/12/2024 à 12:09).
jr/nc/APMnews
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AU GHRMSA DE MULHOUSE, L'"OPEN DIALOGUE" EN ÉQUIPE MOBILE POUR PRÉVENIR L'URGENCE PSYCHIQUE DES JEUNES ADULTES
Porté par le pôle de psychiatrie et santé mentale du groupe hospitalier de la région de Mulhouse et Sud-Alsace (GHRMSA), le Dispositif d'intervention et d'accompagnement précoce aux soins (Diapason) figure parmi les 12 initiatives identifiées par la direction générale de l'offre de soins (DGOS) comme "pépites" au titre du fonds d'innovation organisationnelle en psychiatrie (Fiop) 2024, en vue de leur généralisation (cf dépêche du 19/06/2024 à 10:04).
Lancé en mai 2020, le projet est né du constat que "la prise en charge des jeunes était souvent le fait d'une demande de la famille avec un jeune en refus de soins", a résumé en préambule Géry Marchand, psychologue et thérapeute familial au sein du GHRMSA et promoteur du projet.
"Nous observions que la réponse apportée dans ce cas était souvent une hospitalisation complète, parfois même sous contrainte […] très mal vécue par le jeune. Cela pouvait considérablement complexifier la prise en charge", a-t-il poursuivi.
Selon la plaquette de présentation du projet, publiée sur le site du ministère, il prend en charge les jeunes adultes (16-30 ans), "lors de la phase prodromique avant une décompensation psychotique", lors de la survenue d'un "premier épisode psychotique", ou encore "à la sortie d'une première hospitalisation en psychiatrie".
L'équipe a ainsi vocation à intervenir en amont de l'urgence psychiatrique. "Nous distinguons la crise de l'urgence", a précisé Géry Marchand. "La crise est un moment de tension de conflit, souvent au sein de la famille. En l'absence d'intervention appropriée, elle évolue le plus souvent vers l'urgence médicale, psychiatrique."
"Réunion de traitement"
La prise en charge se base directement sur "l'open dialogue" qui place d'emblée le patient en crise et son réseau au "cœur des soins".
Concrètement, elle rassemble en un même lieu (réunion de traitement), le patient, ses proches et les différents professionnels (école, services sociaux, médecin, psychologue, etc.) qui le prennent en charge, afin de définir un programme de soin le plus proche possible de ses attentes.
L'idée est aussi de générer un dialogue horizontal. "Avec cette méthode, le soignant ne se positionne pas en sachant mais part du principe que tous les viennent vient avec leur expérience", a pointé Géry Marchand.
L'équipe est actuellement composée de 0,1 ETP (équivalent temps plein) cadre de santé; 1 ETP infirmière (2 × 0,5 ETP); 1 ETP psychologue (2 × 0,5 ETP); 0,1 ETP secrétariat et 0,2 ETP assistante de service social. "Normalement, nous disposons de 0,1 ETP psychiatre mais actuellement, le poste est vacant", a précisé Géry Marchand.
La prise en charge du jeune débute souvent par un appel de la famille. L'équipe, qui ne travaille ni les week-ends ni les nuits, prend contact avec le jeune dans un délai rapide ("dans les 48 heures") et un premier rendez-vous est organisé dans un "délai moyen de sept jours".
Pour la rencontre, un binôme référent se déplace au domicile familial et propose tout de suite d'intégrer l'ensemble de l'entourage du jeune.
"L'idée est de s'adapter tout de suite à ce que demande le jeune pour créer un lien de confiance. S'il ne veut pas nous recevoir, on peut commencer par proposer une visio[conférence] depuis sa chambre", a expliqué Marie Witz, infirmière et cofondatrice de Diapason. Idem, "s'il ne veut pas que ses parents soient là, on s'adapte."
Pour la suite, le jeune "doit rester acteur de son dispositif de soin", a poursuivi Géry Marchand. "On va toujours lui demander avec qui il veut faire les consultations et on va nécessairement adapter le lieu, de rendez-vous et les personnes présentes en fonction."
Ce dispositif vise par ailleurs à mieux articuler les interventions de tous les acteurs accompagnant le jeune, ont expliqué les intervenants. L'équipe mobile dispose pour cela d'un véhicule et ses membres ont des téléphones portables professionnels sur lesquels ils sont directement joignables.
"Comme nous sommes en lien avec les parents, l'école, l'éducateur ou même le médecin du jeune, nous pouvons aussi avoir des temps d'échange avec eux, mais nous allons toujours en référer au jeune pour qu'il n'ait pas l'impression que les choses se font derrière son dos", a-t-il noté.
Afin de renforcer leurs compétences dans l'approche de l'"open dialogue", l'équipe de Diapason est également supervisée par une "psychologue finlandaise pour progresser dans l'approche et la façon de conduire les entretiens", a précisé Géry Marchand.
La durée du programme n'est pas limitée dans le temps. Le binôme référent peut continuer à être sollicité "si le jeune est finalement hospitalisé ou suivi en centre médico-psychologique, afin de maintenir le lien et ainsi l'adhésion aux soins", a-t-il conclu.
Onze autres projets "pépites" identifiés
Pour rappel, le fonds d'innovation organisationnelle en psychiatrie, Fiop, est un appel à projets créé en 2019. Il est piloté par la DGOS et a pour objectif de repérer des projets innovants en psychiatrie sur l'ensemble du territoire et répondant à des orientations nationales prioritaires.
Alors que le Fiop entre dans sa sixième année, une enveloppe de 10 millions d'euros a été allouée pour cette nouvelle édition afin de permettre le déploiement de projets innovants présentant un intérêt particulier à être généralisés sur le territoire.
Les autres projets sont les suivants:
- projet Bref du Vinatier-psychiatrie universitaire Lyon Métropole, qui est la "structuration d'un réseau régional de formation en vue d'une intervention précoce et systématique dans le parcours des aidants"
- Predipsy, porté par le CHU de Lille, soit la "constitution, à l'échelle des secteurs et inter-secteurs des Hauts-de-France, d'une quarantaine de trios référents psychiatre-pédopsychiatre-radiologue permettant la réalisation en semi-urgence d'une IRM cérébrale standardisée en cas de premier épisode psychotique de l'adolescent ou de l'adulte jeune"
- projet du Centre psychothérapique de l'Orne (CPO) d'"infirmières coordinatrices de parcours de soins dans les unités d'admission"
- projet du CHU de Tours et de la communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) 37 de "coordination de soins primaires-psychiatrie sur le territoire d'Indre-et-Loire"
- dispositif d'intervention de prévention et de soins dans les structures d'hébergement de la protection de l'enfance pour les 5-18 ans du CH Georges-Daumézon (Loire-Atlantique)
- équipe mobile de liaison pédopsychiatrique dans les établissements de l'aide sociale à l'enfance (ASE), de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) et de l'éducation nationale, porté par l'établissement public de santé mentale (EPSM) de La Réunion
- dispositif de réponse aux urgences psychiatriques du CH Charles-Perrens de Bordeaux
- équipe "transition" du CH La Chartreuse, à Dijon
- équipe mobile de réhabilitation psycho-sociale et du dispositif d'appui aux populations et aux professionnels pour coordonner les parcours santé complexes à l'EPSM Charcot à Lorient
- équipe réseau d'accompagnement en santé mentale des étudiants (Erasme) de l'EPSM de l'agglomération lilloise
- équipe mobile post-crise enfants et adolescents, soins intensifs ambulatoires et accompagnement de parcours du CHU d'Angers et du Centre de santé mentale angevin (Cesame, cf dépêche du 06/12/2024 à 12:09).
jr/nc/APMnews