Actualités de l'Urgence - APM

AUX URGENCES, L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE COMMENCE À FAIRE SES PREUVES
L'utilisation de cette technologie dans les Samu et services d'urgence fait partie des pistes identifiées dans le cadre de la stratégie nationale sur l'IA en santé, dont la version finale est attendue après une consultation publique cet été (cf dépêche du 01/07/2025 à 21:25). Un appel à manifestation d'intérêt (AMI), doté de 2 millions d'euros, a été lancé dans ce sens, avec trois enjeux: la retranscription automatique des appels au Samu, l'aide au triage en service d'urgence et l'estimation des temps d'attente et la gestion des flux (cf dépêche du 01/07/2025 à 13:32).
"Tout le monde nous disait 'N'y allez pas, il n'y a pas de solution mature et les urgentistes n'en veulent pas'", a rappelé le Dr Yann-Maël Le Douarin, chef du département "santé et transformation numérique" et conseiller médical à la direction générale de l'offre de soins (DGOS). "Nous avons quand même maintenu car nous avions quelques signaux intéressants."
A raison: "Nous pensions faire un flop avec 10 candidatures, ça a été l'inverse", a-t-il poursuivi. Au total, l'AMI a suscité 147 candidatures pour 58 retenues. "Le sujet de la gestion des flux était celui auquel on croyait le moins d'après les experts, c'est celui qui a le plus marché."
Une salle d'attente apaisée
Deux chefs de service des urgences ont appuyé son constat. Le Dr Antoine Maisonneuve, du centre hospitalier de Valenciennes (CHV), est d'abord revenu sur l'outil de prédiction des flux aux urgences développé avec Saniia, une entreprise suisse (cf APM SL6SRZMN). Son service a enregistré une hausse de 50% du nombre de passages depuis sa création en 2009, a-t-il contextualisé.
L'objectif était triple: "anticiper les besoins capacitaires", "améliorer notre communication envers les patients et les accompagnants" et "pour les soignants, améliorer leur qualité de vie au travail".
L'outil est biface. Côté professionnels de santé, un tableau de bord détaille les flux attendus sur cinq jours, la tension, c'est-à-dire le nombre de patients physiquement présents ou encore le nombre de personnes âgées de plus de 75 ans. C'est cet écran qui lui sert à manager les ressources humaines, avec des moyens supplémentaires activés "48 heures avant", a-t-il précisé. Les données proviennent de l'établissement et de l'extérieur, par exemple des événements locaux (événement sportif, grève…) ou les remontées sur la circulation de la grippe. Lancé en 2019 "une semaine avant le Covid", l'outil propose des prédictions fiables "depuis fin 2021-début 2022, avec un taux de fiabilité de 94%", a affirmé le Dr Maisonneuve.
Côté patients et accompagnants, un autre tableau de bord est disponible sur le site du CHV et dans la salle d'attente. Il indique notamment la durée d'attente avant la première prise en charge et la durée moyenne du parcours. "Les plus satisfaits de cet écran, c'est l'accueil administratif au contact de la salle d'attente, qui est beaucoup plus apaisée, il y a moins de tensions et moins de questionnement des accompagnants", s'est-il félicité. Un parcours patient individuel va également être proposé "prochainement", qui détaillera les grandes étapes avec l'estimation du temps de passage.
Lors d'une conférence de presse organisée le même jour, Anaëlle Valdois, la directrice du pôle "performance des usages du numérique et de l'intelligence artificielle" de l'Anap, a précisé qu'au moins cinq à six services d'urgence sont en cours de déploiement d'une telle solution et que deux l'ont achevé.
Meilleure valorisation des actes
Le Dr Maxime Lemay, chef de service des urgences au CH du Cateau-Cambrésis (Nord), a pris la suite du Dr Maisonneuve pour vanter les atouts de l'outil proposé par Sclépios IA, avec une démonstration très axée sur le retour sur investissement.
Sclépios IA, dont il a précisé être actionnaire, a été cofondée par le Dr Andréï Galindo, médecin urgentiste dans le même CH. Le but est d'améliorer la qualité du dossier patient afin de mieux valoriser les actes et donc d'augmenter la rémunération de l'établissement.
La solution remonte automatiquement la surveillance des constantes, les prélèvements biologique avec une proposition d'analyse, les résultats d'examen d'imagerie et incrémente le dossier avec différents scores comme la probabilité d'une embolie pulmonaire. Les urgences y ont recours à quasi 100%, a-t-il assuré, avec plus de 90% des dossiers codés avec l'IA. Moins de 5% des dossiers sont dégradés par le département d'information médicale (DIM) après vérification.
Avec à la clé des retombées sonnantes et trébuchantes, a fait valoir le Dr Lemay. Les passages dans l'unité d'hospitalisation de courte durée (UHCD) mono-RUM (un seul résumé d'unité médicale, c'est-à-dire passage uniquement par l'UHCD) sont parfois codés à tort comme une consultation externe, moins bien rémunérée. L'outil a permis une forte augmentation de cet indicateur, passé de 13% à 20% de 2023 à 2024, contre 8% de moyenne régionale. La valorisation moyenne du séjour UHCD est passée de 360 euros à 510 euros, a-t-il encore détaillé. La part des niveaux de sévérité 3 et 4, mieux valorisés, s'est aussi accrue. La valorisation des séjours hospitaliers a augmenté de 1,6 million d'euros, toujours sur la même période. Il a avancé un coût de "même pas 20.000 euros la première année".
Si le DIM redoutait de se voir prendre son travail, au final, ce changement le "recentre" sur sa mission, a-t-il ajouté. L'accompagnement de ce service et de la cellule de valorisation fait partie des clés de réussite, selon lui. De façon générale, la mise en place de l'outil "n'a pas été si simple, même si c'était maison, s'est-il rappelé. Il a fallu se battre, justifier [la démarche] tous les mois pendant des mois". Mais "au bout d'un an", les détracteurs du projet se l'étaient approprié.
sbl/nc/APMnews
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AUX URGENCES, L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE COMMENCE À FAIRE SES PREUVES
L'utilisation de cette technologie dans les Samu et services d'urgence fait partie des pistes identifiées dans le cadre de la stratégie nationale sur l'IA en santé, dont la version finale est attendue après une consultation publique cet été (cf dépêche du 01/07/2025 à 21:25). Un appel à manifestation d'intérêt (AMI), doté de 2 millions d'euros, a été lancé dans ce sens, avec trois enjeux: la retranscription automatique des appels au Samu, l'aide au triage en service d'urgence et l'estimation des temps d'attente et la gestion des flux (cf dépêche du 01/07/2025 à 13:32).
"Tout le monde nous disait 'N'y allez pas, il n'y a pas de solution mature et les urgentistes n'en veulent pas'", a rappelé le Dr Yann-Maël Le Douarin, chef du département "santé et transformation numérique" et conseiller médical à la direction générale de l'offre de soins (DGOS). "Nous avons quand même maintenu car nous avions quelques signaux intéressants."
A raison: "Nous pensions faire un flop avec 10 candidatures, ça a été l'inverse", a-t-il poursuivi. Au total, l'AMI a suscité 147 candidatures pour 58 retenues. "Le sujet de la gestion des flux était celui auquel on croyait le moins d'après les experts, c'est celui qui a le plus marché."
Une salle d'attente apaisée
Deux chefs de service des urgences ont appuyé son constat. Le Dr Antoine Maisonneuve, du centre hospitalier de Valenciennes (CHV), est d'abord revenu sur l'outil de prédiction des flux aux urgences développé avec Saniia, une entreprise suisse (cf APM SL6SRZMN). Son service a enregistré une hausse de 50% du nombre de passages depuis sa création en 2009, a-t-il contextualisé.
L'objectif était triple: "anticiper les besoins capacitaires", "améliorer notre communication envers les patients et les accompagnants" et "pour les soignants, améliorer leur qualité de vie au travail".
L'outil est biface. Côté professionnels de santé, un tableau de bord détaille les flux attendus sur cinq jours, la tension, c'est-à-dire le nombre de patients physiquement présents ou encore le nombre de personnes âgées de plus de 75 ans. C'est cet écran qui lui sert à manager les ressources humaines, avec des moyens supplémentaires activés "48 heures avant", a-t-il précisé. Les données proviennent de l'établissement et de l'extérieur, par exemple des événements locaux (événement sportif, grève…) ou les remontées sur la circulation de la grippe. Lancé en 2019 "une semaine avant le Covid", l'outil propose des prédictions fiables "depuis fin 2021-début 2022, avec un taux de fiabilité de 94%", a affirmé le Dr Maisonneuve.
Côté patients et accompagnants, un autre tableau de bord est disponible sur le site du CHV et dans la salle d'attente. Il indique notamment la durée d'attente avant la première prise en charge et la durée moyenne du parcours. "Les plus satisfaits de cet écran, c'est l'accueil administratif au contact de la salle d'attente, qui est beaucoup plus apaisée, il y a moins de tensions et moins de questionnement des accompagnants", s'est-il félicité. Un parcours patient individuel va également être proposé "prochainement", qui détaillera les grandes étapes avec l'estimation du temps de passage.
Lors d'une conférence de presse organisée le même jour, Anaëlle Valdois, la directrice du pôle "performance des usages du numérique et de l'intelligence artificielle" de l'Anap, a précisé qu'au moins cinq à six services d'urgence sont en cours de déploiement d'une telle solution et que deux l'ont achevé.
Meilleure valorisation des actes
Le Dr Maxime Lemay, chef de service des urgences au CH du Cateau-Cambrésis (Nord), a pris la suite du Dr Maisonneuve pour vanter les atouts de l'outil proposé par Sclépios IA, avec une démonstration très axée sur le retour sur investissement.
Sclépios IA, dont il a précisé être actionnaire, a été cofondée par le Dr Andréï Galindo, médecin urgentiste dans le même CH. Le but est d'améliorer la qualité du dossier patient afin de mieux valoriser les actes et donc d'augmenter la rémunération de l'établissement.
La solution remonte automatiquement la surveillance des constantes, les prélèvements biologique avec une proposition d'analyse, les résultats d'examen d'imagerie et incrémente le dossier avec différents scores comme la probabilité d'une embolie pulmonaire. Les urgences y ont recours à quasi 100%, a-t-il assuré, avec plus de 90% des dossiers codés avec l'IA. Moins de 5% des dossiers sont dégradés par le département d'information médicale (DIM) après vérification.
Avec à la clé des retombées sonnantes et trébuchantes, a fait valoir le Dr Lemay. Les passages dans l'unité d'hospitalisation de courte durée (UHCD) mono-RUM (un seul résumé d'unité médicale, c'est-à-dire passage uniquement par l'UHCD) sont parfois codés à tort comme une consultation externe, moins bien rémunérée. L'outil a permis une forte augmentation de cet indicateur, passé de 13% à 20% de 2023 à 2024, contre 8% de moyenne régionale. La valorisation moyenne du séjour UHCD est passée de 360 euros à 510 euros, a-t-il encore détaillé. La part des niveaux de sévérité 3 et 4, mieux valorisés, s'est aussi accrue. La valorisation des séjours hospitaliers a augmenté de 1,6 million d'euros, toujours sur la même période. Il a avancé un coût de "même pas 20.000 euros la première année".
Si le DIM redoutait de se voir prendre son travail, au final, ce changement le "recentre" sur sa mission, a-t-il ajouté. L'accompagnement de ce service et de la cellule de valorisation fait partie des clés de réussite, selon lui. De façon générale, la mise en place de l'outil "n'a pas été si simple, même si c'était maison, s'est-il rappelé. Il a fallu se battre, justifier [la démarche] tous les mois pendant des mois". Mais "au bout d'un an", les détracteurs du projet se l'étaient approprié.
sbl/nc/APMnews