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AVC: DIFFICULTÉS PERSISTANTES DANS LA MISE EN ŒUVRE DE LA RÉFORME DES SOINS CRITIQUES
SAINT-MALO (Ille-et-Vilaine), 14 novembre 2024 (APMnews) - Les unités neurovasculaires (UNV) et de soins intensifs neurovasculaires (USINV) continuent à rencontrer des difficultés dans la mise en œuvre de la réforme des soins critiques initiée en juin 2023, comme l'ont rapporté notamment le CH de La Rochelle et le CHU de Strasbourg lors de la Journée nationale des référents et animateurs ARS des filières AVC au congrès de la Société française neurovasculaire (SFNV), mercredi à Saint-Malo.
La réforme des autorisations en soins critiques a été initiée en juin 2023, en application du décret publié en avril 2022, avec notamment des autorisations spécifiques pour la neurologie vasculaire (cf dépêche du 27/04/2022 à 13:39).
Pour la journée des filières AVC, un CH et un CHU sont venus témoigner de leur expérience et sont représentatifs des difficultés que les établissements de santé rencontrent dans la mise en œuvre de la réforme et que la direction générale de l'offre de soins (DGOS) doit connaître pour réfléchir à d'éventuelles dérogations, a commenté auprès d'APMnews la Dr Isabelle Crassard de l'hôpital Lariboisière à Paris (AP-HP), référente à l'agence régionale de santé (ARS) Ile-de-France, qui co-organise cette réunion.
A la fois, la Dr Gaëlle Godenèche du CH de La Rochelle et la Pr Valérie Wolff des Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS) ont d'abord salué le rôle notamment des recommandations de la SFNV de 2001 pour la création des UNV dans l'organisation des soins.
Au CH de La Rochelle, la création de l'UNV a permis d'augmenter le nombre d'accidents vasculaires cérébraux (AVC) pris en charge dans le service de neurologie, représentant plus de la moitié des séjours actuellement contre environ 20% en 2008.
Avec la réforme, huit lits existant en neurologie ont été transformés en lits USINV, en continuité de l'unité de 20 lits post-AVC, mais dans la configuration des locaux disponibles, il n'a pas été possible de n'avoir que des chambres individuelles (quatre + deux chambres doubles) comme le prévoit le décret.
Avec huit lits de soins intensifs pour 20 lits post-AVC, le ratio d'un pour trois n'est pas respecté cependant il est préconisé pour une durée moyenne de séjour (DMS) de trois jours, a fait observer la Dr Godenèche. Or, la DMS sur ces lits d'USINV est de 2-2,5 jours.
En revanche, concernant la flexibilité de l'organisation du capacitaire, elle a souligné "les difficultés dans les faits", en raison de nombreux refus en aval, ce qui allonge les délais de sortie, alors que de son côté, le service de neurologie s'engage à prendre un patient traité par thrombolyse dans un autre service, notamment aux urgences ou en cardiologie.
Face aux exigences croissantes de la réforme, l'UNV affronte des difficultés de recrutement des personnels non médicaux, infirmières et aides-soignantes en particulier, donc de turn-over et d'absentéisme, ce qui conduit à fermer des lits, une problématique qui concerne l'ensemble des établissements en France.
Selon le décret, les ratios, calculés en lits ouverts et non plus en lits occupés, est d'une infirmière pour quatre lits d'USINV, 24 heures sur 24, et d'une aide-soignante pour quatre lits (une pour huit la nuit) mais à La Rochelle, le personnel non médical tourne plutôt autour d'un professionnel pour 20 lits.
Le délai de mise en conformité avec le texte est de cinq ans pour les infirmières mais de deux ans pour les aides-soignantes, a-t-il été rappelé dans l'auditoire.
Concernant les autres professions, le décret requiert au moins un masseur-kinésithérapeute, un orthophoniste et en tant que de besoin, un psychologue, un assistant social, un diététicien et du personnel à compétence biomédicale. "Mais la formulation 'un' ne veut pas dire un ETP (équivalent temps plein)", unité dans laquelle la SFNV exprimait ses recommandations, avec par exemple deux ETP de kinésithérapeute, un ETP d'orthophoniste, un ETP de psychologue…
Sur ce plan, le personnel est également insuffisant à La Rochelle (1,5 ETP de kiné, un ETP d'orthophoniste, un de psychologue, 0,5 ETP d'ergothérapeute…).
De son côté, la Pr Wolff a également relevé que "les infirmières ont disparu". Aux HUS, les capacités de l'UNV ont progressé en 10 ans, passant de 10 lits dont deux d'USINV en 2004 à 48 lits, dont 16 USINV en 2014, mais le manque de personnel a conduit à la fermeture de lits. Actuellement, le service propose 22 lits d'UNV et 12 d'USINV et d'autres lits pourraient être fermés encore.
Le passage à une durée de travail de 12 heures, contre 24 heures auparavant, est attractif et le ratio de d'infirmières est respecté mais le nombre actuel d'infirmières et d'aides-soignantes reste insuffisant pour rouvrir des lits.
La neurologue a également pointé un sous-effectif récurrent de médecins seniors, tout en relevant qu'il manque des recommandations sur le nombre de médecins nécessaires.
L'UNV est aussi confrontée à des difficultés concernant la configuration de ses locaux, pour notamment proposer une pièce de détente pour les proches des patients et une pour les entretiens avec l'équipe soignante dans le respect de la confidentialité.
ld/ab/APMnews
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AVC: DIFFICULTÉS PERSISTANTES DANS LA MISE EN ŒUVRE DE LA RÉFORME DES SOINS CRITIQUES
SAINT-MALO (Ille-et-Vilaine), 14 novembre 2024 (APMnews) - Les unités neurovasculaires (UNV) et de soins intensifs neurovasculaires (USINV) continuent à rencontrer des difficultés dans la mise en œuvre de la réforme des soins critiques initiée en juin 2023, comme l'ont rapporté notamment le CH de La Rochelle et le CHU de Strasbourg lors de la Journée nationale des référents et animateurs ARS des filières AVC au congrès de la Société française neurovasculaire (SFNV), mercredi à Saint-Malo.
La réforme des autorisations en soins critiques a été initiée en juin 2023, en application du décret publié en avril 2022, avec notamment des autorisations spécifiques pour la neurologie vasculaire (cf dépêche du 27/04/2022 à 13:39).
Pour la journée des filières AVC, un CH et un CHU sont venus témoigner de leur expérience et sont représentatifs des difficultés que les établissements de santé rencontrent dans la mise en œuvre de la réforme et que la direction générale de l'offre de soins (DGOS) doit connaître pour réfléchir à d'éventuelles dérogations, a commenté auprès d'APMnews la Dr Isabelle Crassard de l'hôpital Lariboisière à Paris (AP-HP), référente à l'agence régionale de santé (ARS) Ile-de-France, qui co-organise cette réunion.
A la fois, la Dr Gaëlle Godenèche du CH de La Rochelle et la Pr Valérie Wolff des Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS) ont d'abord salué le rôle notamment des recommandations de la SFNV de 2001 pour la création des UNV dans l'organisation des soins.
Au CH de La Rochelle, la création de l'UNV a permis d'augmenter le nombre d'accidents vasculaires cérébraux (AVC) pris en charge dans le service de neurologie, représentant plus de la moitié des séjours actuellement contre environ 20% en 2008.
Avec la réforme, huit lits existant en neurologie ont été transformés en lits USINV, en continuité de l'unité de 20 lits post-AVC, mais dans la configuration des locaux disponibles, il n'a pas été possible de n'avoir que des chambres individuelles (quatre + deux chambres doubles) comme le prévoit le décret.
Avec huit lits de soins intensifs pour 20 lits post-AVC, le ratio d'un pour trois n'est pas respecté cependant il est préconisé pour une durée moyenne de séjour (DMS) de trois jours, a fait observer la Dr Godenèche. Or, la DMS sur ces lits d'USINV est de 2-2,5 jours.
En revanche, concernant la flexibilité de l'organisation du capacitaire, elle a souligné "les difficultés dans les faits", en raison de nombreux refus en aval, ce qui allonge les délais de sortie, alors que de son côté, le service de neurologie s'engage à prendre un patient traité par thrombolyse dans un autre service, notamment aux urgences ou en cardiologie.
Face aux exigences croissantes de la réforme, l'UNV affronte des difficultés de recrutement des personnels non médicaux, infirmières et aides-soignantes en particulier, donc de turn-over et d'absentéisme, ce qui conduit à fermer des lits, une problématique qui concerne l'ensemble des établissements en France.
Selon le décret, les ratios, calculés en lits ouverts et non plus en lits occupés, est d'une infirmière pour quatre lits d'USINV, 24 heures sur 24, et d'une aide-soignante pour quatre lits (une pour huit la nuit) mais à La Rochelle, le personnel non médical tourne plutôt autour d'un professionnel pour 20 lits.
Le délai de mise en conformité avec le texte est de cinq ans pour les infirmières mais de deux ans pour les aides-soignantes, a-t-il été rappelé dans l'auditoire.
Concernant les autres professions, le décret requiert au moins un masseur-kinésithérapeute, un orthophoniste et en tant que de besoin, un psychologue, un assistant social, un diététicien et du personnel à compétence biomédicale. "Mais la formulation 'un' ne veut pas dire un ETP (équivalent temps plein)", unité dans laquelle la SFNV exprimait ses recommandations, avec par exemple deux ETP de kinésithérapeute, un ETP d'orthophoniste, un ETP de psychologue…
Sur ce plan, le personnel est également insuffisant à La Rochelle (1,5 ETP de kiné, un ETP d'orthophoniste, un de psychologue, 0,5 ETP d'ergothérapeute…).
De son côté, la Pr Wolff a également relevé que "les infirmières ont disparu". Aux HUS, les capacités de l'UNV ont progressé en 10 ans, passant de 10 lits dont deux d'USINV en 2004 à 48 lits, dont 16 USINV en 2014, mais le manque de personnel a conduit à la fermeture de lits. Actuellement, le service propose 22 lits d'UNV et 12 d'USINV et d'autres lits pourraient être fermés encore.
Le passage à une durée de travail de 12 heures, contre 24 heures auparavant, est attractif et le ratio de d'infirmières est respecté mais le nombre actuel d'infirmières et d'aides-soignantes reste insuffisant pour rouvrir des lits.
La neurologue a également pointé un sous-effectif récurrent de médecins seniors, tout en relevant qu'il manque des recommandations sur le nombre de médecins nécessaires.
L'UNV est aussi confrontée à des difficultés concernant la configuration de ses locaux, pour notamment proposer une pièce de détente pour les proches des patients et une pour les entretiens avec l'équipe soignante dans le respect de la confidentialité.
ld/ab/APMnews