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26/11 2015
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AVC: LA MISE EN PLACE D'UNE FILIÈRE GÉRIATRIQUE FAVORISE L'ACCÈS DES PATIENTS ÂGÉS À UNE UNV

PARIS, 26 novembre 2015 (APM) - La mise en place d'une filière gériatrique permet d'améliorer l'accès des personnes âgées victimes d'un accident vasculaire cérébral (AVC) à une prise en charge en unité neurovasculaire (UNV), selon l'expérience du centre hospitalier (CH) Sainte-Anne à Paris présentée mercredi à la journée nationale des référents et animateurs de filières AVC dans le cadre du congrès de la Société française neurovasculaire (SFNV) à Paris.

L'incidence des AVC est doublée pour chaque décennie après 55 ans et la population française vieillit. En 2014, parmi les 150.000 nouveaux cas d'AVC, plus de la moitié concernait les plus de 55 ans et un quart les plus de 85 ans, a rappelé le Dr Catherine Lamy. "La prise en charge de l'AVC à la phase aiguë en UNV a une efficacité démontrée quel que soit l'âge du patient mais il existe une réticence à accepter des patients âgés".

Avant la mise en place d'une filière spécifique au CH Sainte-Anne, cette réticence provenait d'une crainte de difficultés en aval car il n'existe pas d'expertise gériatrique au sein de l'établissement et que les patients ont très peu d'accès direct aux services de gériatrie aiguë et aux services de soins de suite et de réadaptation (SSR) du territoire. Cette situation a conduit à une "autocensure" des urgentistes, du Samu et des pompiers, qui avaient alors tendance à emmener les patients âgés aux services d'accueil des urgences (SAU) partenaires, notamment celui de l'hôpital européen Georges-Pompidou (HEGP, AP-HP), ce qui provoquait leur mécontentement, a-t-elle expliqué.

Les urgentistes, neurologues et gériatres du territoire se sont réunis pour organiser une filière gériatrique: il s'agit d'admettre en UNV tous les patients sans limites d'âge, y compris les patients fragiles avec des comorbidités, de les traiter puis de les transférer rapidement en gériatrie aiguë si nécessaire. Les patients concernés étaient en particulier les plus de 75 ans qui pouvaient être amenés directement à l'UNV et ceux qui étaient admis au SAU de l'HEGP. La filière a été élargie aux personnes domiciliées sur le territoire de l'hôpital Vaugirard (AP-HP).

Les équipes médicales et paramédicales de neurologie et de gériatrie se sont formées réciproquement, et il a été notamment prévu un contact du gériatre par le neurologue, un accord de prise en charge systématique par l'UNV en cas de récidive d'AVC ou d'événement aigu neurologique.

Le Dr Lamy a présenté un bilan à 18 mois, rapportant une satisfaction des équipes de neurologie et de gériatrie mais aussi des urgentistes. La part des patients âgés pris en charge à l'UNV a "un peu augmenté": sur les 946 patients traités en 2013, ils étaient 35% à avoir plus de 75 ans et 12% plus de 85 ans et en 2014, sur les 1.041 patients traités, ces proportions passaient à respectivement 38% et 16%.

Les patients âgés admis à l'UNV avaient 89 ans en moyenne (76-94 ans) et 75% avaient un AVC ischémique. Ils étaient "moyennement dépendants" mais tous avaient des comorbidités (hypertension artérielle, cardiopathies, troubles cognitifs, pathologie rhumatologique et/ou orthopédique...). Un tiers a été admis directement via le Samu ou les pompiers et les deux tiers ont été transférés du SAU.

Cette hausse de la part des patients âgés ne s'est pas accompagnée de celle de la durée moyenne de séjour au sein de l'UNV, de 4,2 jours en 2014 dans l'ensemble. La durée de séjour des patients âgés est toutefois plus longue, 12,7 jours en moyenne et 10 jours en médiane.

Parmi les patients âgés admis en UNV, 70% ont été transférés en gériatrie aiguë et 30%, les plus stables, sont allés en SSR, avec des durées moyennes de séjour "pas très longues" dans les deux cas, de respectivement 12,5 jours et 70 jours, a ajouté la neurologue. L'évolution est globalement bonne puisqu'"il n'y a pas d'institutionnalisation systématique après la gériatrie aiguë": 11% des patients sont rentrés chez eux et 76% sont allés en SSR (9% en MCO et 4% décédés). Pour l'ensemble des patients passés en SSR, 41% sont rentrés chez eux et environ 30% ont été institutionnalisés (16% en MCO, 14% décédés).

Seuls deux patients ont été réhospitalisés à six mois pour une récidive d'AVC.

"Globalement, la filière gériatrique fonctionne. Elle a permis de lever des réticences et a eu un impact positif sur le pronostic et la prise en charge des patients âgés. Il y a eu peu de transferts injustifiés en gériatrie et les liens ont été renforcés avec la gériatrie", a conclu le Dr Lamy.

Dans la salle, un neurologue a souligné que non seulement, "les UNV, ça marche pour les patients âgés et aussi, ça rapporte donc ça peut nous permettre de demander des postes". "Il faut se réaccaparer ces patients. C'est un bénéfice à la fois pour eux et pour les UNV!", a-t-il ajouté.

ld/eh/APM polsan

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AVC: LA MISE EN PLACE D'UNE FILIÈRE GÉRIATRIQUE FAVORISE L'ACCÈS DES PATIENTS ÂGÉS À UNE UNV

PARIS, 26 novembre 2015 (APM) - La mise en place d'une filière gériatrique permet d'améliorer l'accès des personnes âgées victimes d'un accident vasculaire cérébral (AVC) à une prise en charge en unité neurovasculaire (UNV), selon l'expérience du centre hospitalier (CH) Sainte-Anne à Paris présentée mercredi à la journée nationale des référents et animateurs de filières AVC dans le cadre du congrès de la Société française neurovasculaire (SFNV) à Paris.

L'incidence des AVC est doublée pour chaque décennie après 55 ans et la population française vieillit. En 2014, parmi les 150.000 nouveaux cas d'AVC, plus de la moitié concernait les plus de 55 ans et un quart les plus de 85 ans, a rappelé le Dr Catherine Lamy. "La prise en charge de l'AVC à la phase aiguë en UNV a une efficacité démontrée quel que soit l'âge du patient mais il existe une réticence à accepter des patients âgés".

Avant la mise en place d'une filière spécifique au CH Sainte-Anne, cette réticence provenait d'une crainte de difficultés en aval car il n'existe pas d'expertise gériatrique au sein de l'établissement et que les patients ont très peu d'accès direct aux services de gériatrie aiguë et aux services de soins de suite et de réadaptation (SSR) du territoire. Cette situation a conduit à une "autocensure" des urgentistes, du Samu et des pompiers, qui avaient alors tendance à emmener les patients âgés aux services d'accueil des urgences (SAU) partenaires, notamment celui de l'hôpital européen Georges-Pompidou (HEGP, AP-HP), ce qui provoquait leur mécontentement, a-t-elle expliqué.

Les urgentistes, neurologues et gériatres du territoire se sont réunis pour organiser une filière gériatrique: il s'agit d'admettre en UNV tous les patients sans limites d'âge, y compris les patients fragiles avec des comorbidités, de les traiter puis de les transférer rapidement en gériatrie aiguë si nécessaire. Les patients concernés étaient en particulier les plus de 75 ans qui pouvaient être amenés directement à l'UNV et ceux qui étaient admis au SAU de l'HEGP. La filière a été élargie aux personnes domiciliées sur le territoire de l'hôpital Vaugirard (AP-HP).

Les équipes médicales et paramédicales de neurologie et de gériatrie se sont formées réciproquement, et il a été notamment prévu un contact du gériatre par le neurologue, un accord de prise en charge systématique par l'UNV en cas de récidive d'AVC ou d'événement aigu neurologique.

Le Dr Lamy a présenté un bilan à 18 mois, rapportant une satisfaction des équipes de neurologie et de gériatrie mais aussi des urgentistes. La part des patients âgés pris en charge à l'UNV a "un peu augmenté": sur les 946 patients traités en 2013, ils étaient 35% à avoir plus de 75 ans et 12% plus de 85 ans et en 2014, sur les 1.041 patients traités, ces proportions passaient à respectivement 38% et 16%.

Les patients âgés admis à l'UNV avaient 89 ans en moyenne (76-94 ans) et 75% avaient un AVC ischémique. Ils étaient "moyennement dépendants" mais tous avaient des comorbidités (hypertension artérielle, cardiopathies, troubles cognitifs, pathologie rhumatologique et/ou orthopédique...). Un tiers a été admis directement via le Samu ou les pompiers et les deux tiers ont été transférés du SAU.

Cette hausse de la part des patients âgés ne s'est pas accompagnée de celle de la durée moyenne de séjour au sein de l'UNV, de 4,2 jours en 2014 dans l'ensemble. La durée de séjour des patients âgés est toutefois plus longue, 12,7 jours en moyenne et 10 jours en médiane.

Parmi les patients âgés admis en UNV, 70% ont été transférés en gériatrie aiguë et 30%, les plus stables, sont allés en SSR, avec des durées moyennes de séjour "pas très longues" dans les deux cas, de respectivement 12,5 jours et 70 jours, a ajouté la neurologue. L'évolution est globalement bonne puisqu'"il n'y a pas d'institutionnalisation systématique après la gériatrie aiguë": 11% des patients sont rentrés chez eux et 76% sont allés en SSR (9% en MCO et 4% décédés). Pour l'ensemble des patients passés en SSR, 41% sont rentrés chez eux et environ 30% ont été institutionnalisés (16% en MCO, 14% décédés).

Seuls deux patients ont été réhospitalisés à six mois pour une récidive d'AVC.

"Globalement, la filière gériatrique fonctionne. Elle a permis de lever des réticences et a eu un impact positif sur le pronostic et la prise en charge des patients âgés. Il y a eu peu de transferts injustifiés en gériatrie et les liens ont été renforcés avec la gériatrie", a conclu le Dr Lamy.

Dans la salle, un neurologue a souligné que non seulement, "les UNV, ça marche pour les patients âgés et aussi, ça rapporte donc ça peut nous permettre de demander des postes". "Il faut se réaccaparer ces patients. C'est un bénéfice à la fois pour eux et pour les UNV!", a-t-il ajouté.

ld/eh/APM polsan

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