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21/03 2019
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AVC: LA PRATIQUE DE LA THROMBECTOMIE S'ÉTEND HORS DES CHU

(Par Jean-Yves PAILLÉ)

PAU, BAYONNE (Pyrénées-Atlantiques), 21 mars 2019 (APMnews) - L'activité de thrombectomie dans le traitement des accidents vasculaires cérébraux (AVC), jusque-là pratiquée uniquement dans les CHU, est mise en oeuvre dans les centres hospitaliers (CH) de Pau et de la Côte basque depuis le 4 mars et devrait être développée prochainement dans d'autres CH.

Le CH de la Côte basque (Bayonne) et celui de Pau ont annoncé l'ouverture d'un centre de thrombectomie mécanique pour les AVC dans chaque établissement, pouvant être opérationnel 24 heures sur 24 "grâce à une garde alternée entre les deux établissements la nuit", selon un dossier de presse commun, daté de jeudi.

La thrombectomie consiste à retirer un caillot sanguin en introduisant un cathéter dans l'artère pour les patients touchés par un AVC ischémique. Plusieurs essais cliniques ont démontré en 2015 la supériorité de la thrombectomie associée à la thrombolyse sur la thrombolyse seule chez les patients victimes d'un AVC par occlusion des gros vaisseaux de la circulation antérieure, rappelle-t-on (cf dépêche du 20/02/2015 à 16:35).

Le CH de Pau, qui a adressé 32 patients au CHU de Bordeaux pour thrombectomie en 2018, a pu former deux neuroradiologues interventionnels à cette technique pendant deux ans. Le recrutement d'un troisième neuroradiologue -déjà formé- est prévu pour septembre. Depuis le 4 mars, 4 thrombectomies ont été effectuées au sein de l'établissement béarnais.

Le CH de la Côte basque, qui a adressé 24 patients au CHU de Bordeaux en 2018, dispose de quatre neuroradiologues interventionnels formés pendant deux ans. Les neuroradiologues des deux établissements formés à la thrombectomie l'ont été au CHU. Huit thrombectomies ont été effectués au sein de l'établissement basque depuis le 4 mars.

L'ARS Nouvelle-Aquitaine avait lancé un appel à candidatures permettant de sélectionner "deux sites de manière conjointe", ceux de Pau et de Bayonne, est-il rappelé dans un rapport de la Haute autorité de santé (HAS) publié en juillet 2018 et intitulé "Organisation de la prise en charge précoce de l'accident vasculaire cérébral ischémique aigu par thrombectomie mécanique" (cf dépêche du 26/07/2018 à 15:24).

Par ailleurs, les médecins régulateurs des Samu de Mont-de-Marsan, Pau et Bayonne "ont été formés afin de pouvoir apprécier si un cas d'AVC signalé dans leur aire géographique relève de la thrombectomie".

Si le patient nécessite une telle opération et vient du Béarn ou du territoire de Mont-de-Marsan proche de Pau, il sera envoyé au centre de thrombectomie du CH de Pau. S'il est originaire du Pays basque, du territoire de Dax ou du territoire de Mont-de-Marsan plus proche de Bayonne, il sera redirigé vers l'établissement basque.

En 2016, 1.400 prises en charge pour AVC ont eu lieu dans les Landes et 2.320 dans les Pyrénées-Atlantiques, est-il chiffré dans le communiqué.

Le CH de Perpignan en attente d'une autorisation de l'ARS

Le CH de Perpignan devrait être le troisième établissement hors CHU à pouvoir réaliser des thrombectomies. L'établissement, qui dispose de cinq radiologues formés au CHU de Montpellier à cette pratique, attend une autorisation de l'agence régionale de santé (ARS) Occitanie, a-t-il indiqué, sollicité par APMnews mardi.

Dans son rapport publié en juillet 2018, la HAS relevait une dizaine de "territoires distants" des unités neurovasculaires (UNV) de recours (situés dans un CHU). Figurent dans cette liste Bayonne, Pau et Perpignan, notamment, mais aussi Annecy, Vannes, Boulogne, Valence, Valenciennes, Corse, Fort-de France et La Rochelle.

Du côté du groupe hospitalier (GH) La Rochelle-Ré-Aunis, situé à plus de 130 km de l'UNV de recours du CHU de Poitiers, l'ouverture d'une activité de thrombectomie est prévue "d'ici deux à trois ans", a annoncé à APMnews lundi David Cuzin, directeur adjoint.

"Dans l'équipe de radiologie interventionnelle actuelle, un médecin a pratiqué la thrombectomie lors d'une expérience précédente en CHU", a-t-il poursuivi. L'établissement vise le recrutement de deux radiologues supplémentaires capables de pratiquer ce type d'opération.

Un projet d'accès à la thrombectomie en Guyane était en cours en 2018 concernant le CH de Cayenne, est-il souligné dans le rapport de la HAS, tandis qu'une expérimentation dans le cadre d'un protocole de recherche en thrombectomie était en cours à Vannes.

Les CHU auparavant "seuls à disposer des compétences nécessaires"

Interrogé par APMnews jeudi de la semaine dernière, le Pr René Anxionnat du CHU de Nancy, président de la Société française de neuroradiologie (SFNR), a souligné que jusqu'ici, seuls les CHU pratiquaient la thrombectomie car ils étaient les seuls à disposer des compétences nécessaires, d'une UNV de recours et d'un effectif adapté. "Les gestes de neuroradiologie interventionnelle demandent un environnement très spécialisé. Le seul environnement qui offrait assez de neuroradiologues interventionnels était les CHU."

Etre à plus d'1h30 d'un centre de référence de thrombectomie pose problème médicalement, a-t-il fait valoir. Il existe "des régions avec de fortes populations loin des CHU, ce qui est le cas de Pau et Bayonne, à plus de deux heures de Bordeaux". Et de commenter: "Le fait qu'il y ait en plus un service de neurochirurgie rendait intéressante la création d'un centre [aux CH de Pau et de la Côte basque]."

Le Pr Anxionnat a indiqué que la durée de deux ans de formation s'explique par "des gestes qui ne sont pas faciles", évoquant par exemple "des vaisseaux intracrâniens fragiles chez les patients âgés".

Il a par ailleurs souligné que "la création de nouveaux centres ne résout pas tous les problèmes", estimant que "la première chose à faire est de renforcer les équipes existantes, former plus de jeunes", sachant qu'"il faut former au moins trois médecins pour une permanence des soins". Il a évoqué un secteur en tension en matière de démographie médicale.

Selon lui, le nombre de thrombectomies est passé de 5.700 en 2017 à 6.800 en 2018. Et de conclure: "Il y a encore un potentiel d'augmenter l'activité."

La direction générale de l'offre de soins (DGOS) met en oeuvre le déploiement de la thrombectomie sur le territoire. Des décrets réorganisant la neuroradiologie interventionnelle sont prévus pour cet été, note-t-on (cf dépêche du 15/11/2018 à 11:53).

jyp/nc/APMnews

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PAU, BAYONNE (Pyrénées-Atlantiques), 21 mars 2019 (APMnews) - L'activité de thrombectomie dans le traitement des accidents vasculaires cérébraux (AVC), jusque-là pratiquée uniquement dans les CHU, est mise en oeuvre dans les centres hospitaliers (CH) de Pau et de la Côte basque depuis le 4 mars et devrait être développée prochainement dans d'autres CH.

Le CH de la Côte basque (Bayonne) et celui de Pau ont annoncé l'ouverture d'un centre de thrombectomie mécanique pour les AVC dans chaque établissement, pouvant être opérationnel 24 heures sur 24 "grâce à une garde alternée entre les deux établissements la nuit", selon un dossier de presse commun, daté de jeudi.

La thrombectomie consiste à retirer un caillot sanguin en introduisant un cathéter dans l'artère pour les patients touchés par un AVC ischémique. Plusieurs essais cliniques ont démontré en 2015 la supériorité de la thrombectomie associée à la thrombolyse sur la thrombolyse seule chez les patients victimes d'un AVC par occlusion des gros vaisseaux de la circulation antérieure, rappelle-t-on (cf dépêche du 20/02/2015 à 16:35).

Le CH de Pau, qui a adressé 32 patients au CHU de Bordeaux pour thrombectomie en 2018, a pu former deux neuroradiologues interventionnels à cette technique pendant deux ans. Le recrutement d'un troisième neuroradiologue -déjà formé- est prévu pour septembre. Depuis le 4 mars, 4 thrombectomies ont été effectuées au sein de l'établissement béarnais.

Le CH de la Côte basque, qui a adressé 24 patients au CHU de Bordeaux en 2018, dispose de quatre neuroradiologues interventionnels formés pendant deux ans. Les neuroradiologues des deux établissements formés à la thrombectomie l'ont été au CHU. Huit thrombectomies ont été effectués au sein de l'établissement basque depuis le 4 mars.

L'ARS Nouvelle-Aquitaine avait lancé un appel à candidatures permettant de sélectionner "deux sites de manière conjointe", ceux de Pau et de Bayonne, est-il rappelé dans un rapport de la Haute autorité de santé (HAS) publié en juillet 2018 et intitulé "Organisation de la prise en charge précoce de l'accident vasculaire cérébral ischémique aigu par thrombectomie mécanique" (cf dépêche du 26/07/2018 à 15:24).

Par ailleurs, les médecins régulateurs des Samu de Mont-de-Marsan, Pau et Bayonne "ont été formés afin de pouvoir apprécier si un cas d'AVC signalé dans leur aire géographique relève de la thrombectomie".

Si le patient nécessite une telle opération et vient du Béarn ou du territoire de Mont-de-Marsan proche de Pau, il sera envoyé au centre de thrombectomie du CH de Pau. S'il est originaire du Pays basque, du territoire de Dax ou du territoire de Mont-de-Marsan plus proche de Bayonne, il sera redirigé vers l'établissement basque.

En 2016, 1.400 prises en charge pour AVC ont eu lieu dans les Landes et 2.320 dans les Pyrénées-Atlantiques, est-il chiffré dans le communiqué.

Le CH de Perpignan en attente d'une autorisation de l'ARS

Le CH de Perpignan devrait être le troisième établissement hors CHU à pouvoir réaliser des thrombectomies. L'établissement, qui dispose de cinq radiologues formés au CHU de Montpellier à cette pratique, attend une autorisation de l'agence régionale de santé (ARS) Occitanie, a-t-il indiqué, sollicité par APMnews mardi.

Dans son rapport publié en juillet 2018, la HAS relevait une dizaine de "territoires distants" des unités neurovasculaires (UNV) de recours (situés dans un CHU). Figurent dans cette liste Bayonne, Pau et Perpignan, notamment, mais aussi Annecy, Vannes, Boulogne, Valence, Valenciennes, Corse, Fort-de France et La Rochelle.

Du côté du groupe hospitalier (GH) La Rochelle-Ré-Aunis, situé à plus de 130 km de l'UNV de recours du CHU de Poitiers, l'ouverture d'une activité de thrombectomie est prévue "d'ici deux à trois ans", a annoncé à APMnews lundi David Cuzin, directeur adjoint.

"Dans l'équipe de radiologie interventionnelle actuelle, un médecin a pratiqué la thrombectomie lors d'une expérience précédente en CHU", a-t-il poursuivi. L'établissement vise le recrutement de deux radiologues supplémentaires capables de pratiquer ce type d'opération.

Un projet d'accès à la thrombectomie en Guyane était en cours en 2018 concernant le CH de Cayenne, est-il souligné dans le rapport de la HAS, tandis qu'une expérimentation dans le cadre d'un protocole de recherche en thrombectomie était en cours à Vannes.

Les CHU auparavant "seuls à disposer des compétences nécessaires"

Interrogé par APMnews jeudi de la semaine dernière, le Pr René Anxionnat du CHU de Nancy, président de la Société française de neuroradiologie (SFNR), a souligné que jusqu'ici, seuls les CHU pratiquaient la thrombectomie car ils étaient les seuls à disposer des compétences nécessaires, d'une UNV de recours et d'un effectif adapté. "Les gestes de neuroradiologie interventionnelle demandent un environnement très spécialisé. Le seul environnement qui offrait assez de neuroradiologues interventionnels était les CHU."

Etre à plus d'1h30 d'un centre de référence de thrombectomie pose problème médicalement, a-t-il fait valoir. Il existe "des régions avec de fortes populations loin des CHU, ce qui est le cas de Pau et Bayonne, à plus de deux heures de Bordeaux". Et de commenter: "Le fait qu'il y ait en plus un service de neurochirurgie rendait intéressante la création d'un centre [aux CH de Pau et de la Côte basque]."

Le Pr Anxionnat a indiqué que la durée de deux ans de formation s'explique par "des gestes qui ne sont pas faciles", évoquant par exemple "des vaisseaux intracrâniens fragiles chez les patients âgés".

Il a par ailleurs souligné que "la création de nouveaux centres ne résout pas tous les problèmes", estimant que "la première chose à faire est de renforcer les équipes existantes, former plus de jeunes", sachant qu'"il faut former au moins trois médecins pour une permanence des soins". Il a évoqué un secteur en tension en matière de démographie médicale.

Selon lui, le nombre de thrombectomies est passé de 5.700 en 2017 à 6.800 en 2018. Et de conclure: "Il y a encore un potentiel d'augmenter l'activité."

La direction générale de l'offre de soins (DGOS) met en oeuvre le déploiement de la thrombectomie sur le territoire. Des décrets réorganisant la neuroradiologie interventionnelle sont prévus pour cet été, note-t-on (cf dépêche du 15/11/2018 à 11:53).

jyp/nc/APMnews

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