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04/12 2023
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AVC: LANCEMENT D'UNE ÉTUDE POUR ÉVALUER LA PREMIÈRE UNITÉ NEUROVASCULAIRE MOBILE FRANÇAISE

PARIS, 4 décembre 2023 (APMnews) - Le groupement hospitalo-universitaire (GHU Paris) psychiatrie & neurosciences et l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) ont inauguré la première unité neurovasculaire (UNV) mobile mise en place en France, qui fait l'objet d'un essai clinique randomisé contrôlé pour évaluer son intérêt dans la prise en charge de l'accident vasculaire cérébral (AVC) à sa phase aiguë.

Inaugurée mardi 28 novembre sur le site de l'hôpital Sainte-Anne du GHU Paris, cette UNV mobile correspond à une "ambulance de haute technologie équipée d'un scanner, d'un laboratoire d'appoint et d'un système de télémédecine afin de débuter le plus vite possible" le traitement de l'AVC, indiquent le GHU et l'AP-HP dans un communiqué commun.

Elle est basée au Samu de Paris, à l'hôpital Necker-Enfants malades (GHU AP-HP Centre-Université de Paris) et est opérationnelle depuis octobre.

Avec cette UNV mobile, "nous avons souhaité amener l'hôpital au patient", explique le Pr Guillaume Turc du GHU Paris, porteur du projet avec le Pr Benoît Vivien du Samu de Paris, et le Dr Melika Hadziahmetovic, affiliée aux deux organismes.

L'équipe médicale à bord est constituée d'un médecin urgentiste et/ou neurologue, d'un manipulateur en électroradiologie médicale et d'un ambulancier.

Le scanner embarqué permet de déterminer rapidement s'il s'agit d'un AVC ischémique ou hémorragique, ce qui permet ensuite d'orienter le patient vers le bon service, mais aussi d'initier plus rapidement le traitement le mieux adapté.

La rapidité de l'administration des traitements de l'AVC ischémique a des conséquences importantes: on considère que chaque minute gagnée pour débuter la thrombolyse et/ou la thrombectomie mécanique correspond à respectivement deux et cinq jours supplémentaires de vie sans handicap, rappellent les partenaires.

De telles UNV mobiles sont déjà utilisées dans d'autres pays, notamment à Berlin et aux Etats-Unis (cf dépêche du 27/02/2015 à 17:11, dépêche du 24/02/2020 à 17:45, dépêche du 17/03/2021 à 17:00, dépêche du 12/02/2015 à 16:52), avec une réduction des délais de prise en charge des patients et du handicap par rapport à la prise en charge classique.

Cependant, pour vérifier que ces bénéfices sont transposables à la France, qui bénéficie d'un système de régulation médicale unique, le Samu, l'étude ASPHALT a été mise en place, impliquant le Samu de Paris, donc, ainsi que la brigade des sapeurs-pompiers de Paris, et neuf hôpitaux parisiens. Outre Sainte-Anne au sein du GHU et Necker (Samu de Paris), participent à Paris pour l'AP-HP, la Pitié-Salpêtrière, Lariboisière, Bichat, Fondation Rothschild, ainsi que ceux du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne) et Raymond-Poincaré à Garches (Hauts-de-Seine) et enfin, l'hôpital privé Foch à Suresnes (Hauts-de-Seine), précise le Pr Turc à APMnews.

Les études ayant montré un bénéfice clinique à Berlin et aux Etats-Unis en particulier n'étaient pas randomisées et comportent donc un risque de biais beaucoup plus important que celles qui le sont, explique -t-il.

"ASPHALT est la seule étude au monde avec une randomisation à l'échelon du patient, ce qui permettra d'assurer une comparabilité optimale et de montrer que si les patients du bras UNV mobile ont moins de handicap à long terme que ceux du bras contrôle (prise en charge habituelle), ceci est bien dû à l'UNV mobile et pas à une autre explication."

"Par ailleurs, malgré la positivité des études berlinoises et américaines, la plupart des systèmes de soins sont encore réticents à investir dans des UNV mobiles, notamment à cause de leur coût et de la question de la pertinence de dédier une ambulance principalement à une pathologie. De nouvelles études, méthodologiquement rigoureuses, sont donc nécessaires", poursuit le neurologue.

Un volet médico-économique

Il souligne également que l'étude française comprend un volet médico-économique, conduite avec l'unité de recherche clinique URC Eco de la Pr Isabelle Durand-Zaleski, pour évaluer si l'UNV mobile a "réellement un sens dans le contexte sanitaire et économique actuel". La particularité de la France est l'existence du Samu, qui repose sur le principe d'une régulation téléphonique fortement médicalisée, fait-il observer.

L'objectif est d'évaluer 450 patients présentant un AVC ischémique aigu à inclure sur trois ans. Les patients pris en charge seront randomisés entre le cheminement vers l'hôpital dans l'UNV mobile et le transport par véhicule de premier secours habituel.

L'essai "vient de débuter à Paris et devrait concerner une autre région française dans un second temps", indiquent le GHU et l'AP-HP. Il reste encore difficile de dire quand et où l'UNV mobile serait "dépaysée" pour la suite en raison de la complexité de l'étude, ajoute le Pr Turc, évoquant la région de Lille.

L'étude est financée dans le cadre du programme de recherche médico-économique (PRME) de la direction générale de l'offre de soins (DGOS) à hauteur de 2,6 millions d'euros (M€) et le coût de l'UNV mobile est d'environ 900.000 €, précise-t-il.

"Ce coût est à mettre en parallèle avec le coût des AVC, qui est de 9 milliards d'euros [Mds€] chaque année. La prise en charge médico-sociale du handicap représente un poste de dépenses considérable. Le coût de l'ambulance doit donc être mis en perspective par rapport aux économies pour la collectivité qu'une réduction du handicap grâce à l'UNV mobile pourrait entraîner", explique-t-il.

L'UNV mobile a été conçue avec le concours équipementier d'Intas, qui propose des solutions pour "ambulances intelligentes" en Allemagne, de System Strobel qui fabrique des ambulances, de Samsung et de Mercedes.

Le lancement du projet avait déjà été annoncé pour l'automne 2021, rappelle-t-on. La pandémie de Covid-2021 a retardé notamment la construction de l'ambulance en Allemagne, ainsi que l'obtention des autorisations réglementaires, mais "c'est assez négligeable", commente le Pr Turc, faisant observer qu'il a initié ce travail en 2013. "Et dans l'intervalle, des innovations ont pu être mises en place, notamment la table du scanner qui est un prototype qui a été développé spécifiquement pour ASPHALT."

Les premiers résultats de l'étude sont attendus "début 2027", indiquent les partenaires dans leur communiqué.

ld/vl/APMnews

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PARIS, 4 décembre 2023 (APMnews) - Le groupement hospitalo-universitaire (GHU Paris) psychiatrie & neurosciences et l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) ont inauguré la première unité neurovasculaire (UNV) mobile mise en place en France, qui fait l'objet d'un essai clinique randomisé contrôlé pour évaluer son intérêt dans la prise en charge de l'accident vasculaire cérébral (AVC) à sa phase aiguë.

Inaugurée mardi 28 novembre sur le site de l'hôpital Sainte-Anne du GHU Paris, cette UNV mobile correspond à une "ambulance de haute technologie équipée d'un scanner, d'un laboratoire d'appoint et d'un système de télémédecine afin de débuter le plus vite possible" le traitement de l'AVC, indiquent le GHU et l'AP-HP dans un communiqué commun.

Elle est basée au Samu de Paris, à l'hôpital Necker-Enfants malades (GHU AP-HP Centre-Université de Paris) et est opérationnelle depuis octobre.

Avec cette UNV mobile, "nous avons souhaité amener l'hôpital au patient", explique le Pr Guillaume Turc du GHU Paris, porteur du projet avec le Pr Benoît Vivien du Samu de Paris, et le Dr Melika Hadziahmetovic, affiliée aux deux organismes.

L'équipe médicale à bord est constituée d'un médecin urgentiste et/ou neurologue, d'un manipulateur en électroradiologie médicale et d'un ambulancier.

Le scanner embarqué permet de déterminer rapidement s'il s'agit d'un AVC ischémique ou hémorragique, ce qui permet ensuite d'orienter le patient vers le bon service, mais aussi d'initier plus rapidement le traitement le mieux adapté.

La rapidité de l'administration des traitements de l'AVC ischémique a des conséquences importantes: on considère que chaque minute gagnée pour débuter la thrombolyse et/ou la thrombectomie mécanique correspond à respectivement deux et cinq jours supplémentaires de vie sans handicap, rappellent les partenaires.

De telles UNV mobiles sont déjà utilisées dans d'autres pays, notamment à Berlin et aux Etats-Unis (cf dépêche du 27/02/2015 à 17:11, dépêche du 24/02/2020 à 17:45, dépêche du 17/03/2021 à 17:00, dépêche du 12/02/2015 à 16:52), avec une réduction des délais de prise en charge des patients et du handicap par rapport à la prise en charge classique.

Cependant, pour vérifier que ces bénéfices sont transposables à la France, qui bénéficie d'un système de régulation médicale unique, le Samu, l'étude ASPHALT a été mise en place, impliquant le Samu de Paris, donc, ainsi que la brigade des sapeurs-pompiers de Paris, et neuf hôpitaux parisiens. Outre Sainte-Anne au sein du GHU et Necker (Samu de Paris), participent à Paris pour l'AP-HP, la Pitié-Salpêtrière, Lariboisière, Bichat, Fondation Rothschild, ainsi que ceux du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne) et Raymond-Poincaré à Garches (Hauts-de-Seine) et enfin, l'hôpital privé Foch à Suresnes (Hauts-de-Seine), précise le Pr Turc à APMnews.

Les études ayant montré un bénéfice clinique à Berlin et aux Etats-Unis en particulier n'étaient pas randomisées et comportent donc un risque de biais beaucoup plus important que celles qui le sont, explique -t-il.

"ASPHALT est la seule étude au monde avec une randomisation à l'échelon du patient, ce qui permettra d'assurer une comparabilité optimale et de montrer que si les patients du bras UNV mobile ont moins de handicap à long terme que ceux du bras contrôle (prise en charge habituelle), ceci est bien dû à l'UNV mobile et pas à une autre explication."

"Par ailleurs, malgré la positivité des études berlinoises et américaines, la plupart des systèmes de soins sont encore réticents à investir dans des UNV mobiles, notamment à cause de leur coût et de la question de la pertinence de dédier une ambulance principalement à une pathologie. De nouvelles études, méthodologiquement rigoureuses, sont donc nécessaires", poursuit le neurologue.

Un volet médico-économique

Il souligne également que l'étude française comprend un volet médico-économique, conduite avec l'unité de recherche clinique URC Eco de la Pr Isabelle Durand-Zaleski, pour évaluer si l'UNV mobile a "réellement un sens dans le contexte sanitaire et économique actuel". La particularité de la France est l'existence du Samu, qui repose sur le principe d'une régulation téléphonique fortement médicalisée, fait-il observer.

L'objectif est d'évaluer 450 patients présentant un AVC ischémique aigu à inclure sur trois ans. Les patients pris en charge seront randomisés entre le cheminement vers l'hôpital dans l'UNV mobile et le transport par véhicule de premier secours habituel.

L'essai "vient de débuter à Paris et devrait concerner une autre région française dans un second temps", indiquent le GHU et l'AP-HP. Il reste encore difficile de dire quand et où l'UNV mobile serait "dépaysée" pour la suite en raison de la complexité de l'étude, ajoute le Pr Turc, évoquant la région de Lille.

L'étude est financée dans le cadre du programme de recherche médico-économique (PRME) de la direction générale de l'offre de soins (DGOS) à hauteur de 2,6 millions d'euros (M€) et le coût de l'UNV mobile est d'environ 900.000 €, précise-t-il.

"Ce coût est à mettre en parallèle avec le coût des AVC, qui est de 9 milliards d'euros [Mds€] chaque année. La prise en charge médico-sociale du handicap représente un poste de dépenses considérable. Le coût de l'ambulance doit donc être mis en perspective par rapport aux économies pour la collectivité qu'une réduction du handicap grâce à l'UNV mobile pourrait entraîner", explique-t-il.

L'UNV mobile a été conçue avec le concours équipementier d'Intas, qui propose des solutions pour "ambulances intelligentes" en Allemagne, de System Strobel qui fabrique des ambulances, de Samsung et de Mercedes.

Le lancement du projet avait déjà été annoncé pour l'automne 2021, rappelle-t-on. La pandémie de Covid-2021 a retardé notamment la construction de l'ambulance en Allemagne, ainsi que l'obtention des autorisations réglementaires, mais "c'est assez négligeable", commente le Pr Turc, faisant observer qu'il a initié ce travail en 2013. "Et dans l'intervalle, des innovations ont pu être mises en place, notamment la table du scanner qui est un prototype qui a été développé spécifiquement pour ASPHALT."

Les premiers résultats de l'étude sont attendus "début 2027", indiquent les partenaires dans leur communiqué.

ld/vl/APMnews

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