Actualités de l'Urgence - APM
AVC: LES UNV EN DIFFICULTÉ FACE À DES PÉNURIES DE MÉDECINS ET D'INFIRMIERS
La crise sanitaire du Covid-19 a eu "mis en tension nos filières neurovasculaires, avec des conséquences sur l'adressage de nos patients en post-AVC et sur leur sortie, et avec une augmentation des délais" et "on en ressent encore les effets", a observé le président de la SFNV, le Pr Igor Sibon du CHU de Bordeaux, mercredi en ouverture de la journée des référents et animateurs de filière AVC, qui se tient chaque année depuis neuf ans en marge du congrès.
"Il a fallu s'adapter mais la situation reste difficile à gérer car nous sommes confrontés à une petite crise démographique des neurologues, qui n'étaient déjà pas suffisamment nombreux, alors que la thrombectomie se développe, mais aussi à un manque de paramédicaux, en particulier des infirmières."
En attendant la publication des décrets sur la neuroradiologie interventionnelle (cf dépêche du 18/11/2021 à 17:12) et les soins critiques, celui-ci étant "encore en discussion concernant les modalités de la permanence des soins et le ratio de personnel", "il faut continuer à s'adapter, à réfléchir à de nouvelles organisations", a poursuivi le Pr Sibon.
"Nous devons faire preuve d'inventivité pour réorganiser nos filières", en ayant recours à davantage de coopération et à la télémédecine.
"Une flexibilité est aussi attendue de la part de nos tutelles, le ministère, les ARS [agences régionales de santé] et de nos directions d'établissement, pour augmenter l'attractivité de nos filières et lever les freins administratifs."
Le président de la SFNV a dépeint jeudi, auprès d'APMnews, "une situation très hétérogène et des réponses variables", précisant avoir interrogé les équipes à l'occasion du congrès mais ne pas avoir mené une réelle enquête formalisée. "On maintient plutôt les lits d'USINV [unités de soins intensifs neurovasculaires] et ce sont davantage des lits de post-AVC qui sont fermés ou hors neurovasculaire", a-t-il relevé, sans vouloir lister les villes concernées.
En Ile-de-France et à Paris notamment, la référente "neurosciences" à l'agence régionale de santé (ARS), Isabelle Crassard, a confirmé à APMnews "des UNV en grande difficulté", comme l'avait pointé un collectif de neurologues franciliens, soutenu par la représentante des usagers du conseil de surveillance de l'AP-HP (Assistance-publique-hôpitaux de Paris), dans une tribune publiée début novembre dans Le Monde.
Près de 12% des lits d'UNV sont fermés dans la région et à Paris, ce sont 28% des lits, 2 ayant pu être rouverts depuis la publication de la tribune (71 lits alors fermés sur 258), selon le point de situation jeudi matin, et environ la moitié des postes sont non pourvus.
"La situation est plus marquée à Paris, en particulier à Bichat et à Bicêtre, en petite couronne et dans l'Essonne et dans les Yvelines notamment", a-t-elle précisé. "Nous réfléchissions à des solutions avec nos partenaires, notamment l'AP-HP. Il est possible de s'articuler entre UNV en Ile-de-France, ce qui n'est pas possible dans d'autres régions moins denses, et avec l'ambulatoire" pour les patients en état de sortir.
Le manque de personnel dans les établissements hospitaliers est chronique mais "la crise a précipité des départs d'infirmières". "On n'a jamais eu autant de fermetures dans les UNV et pour le personnel qui reste, il existe un risque d'épuisement", alors qu'une cinquième vague épidémique de Covid menace de nouveau les hôpitaux.
Moins d'infirmiers dans les CHU, moins de neurologues dans les CH
Il existait déjà des difficultés de recrutement "mais la fatigue liée à la crise sanitaire les a accentuées", en particulier concernant le personnel paramédical, a renchéri le Pr Sibon. "Il y a de l'absentéisme lié à la fatigue et un défaut de recrutement, peut-être parce que la charge de travail est importante en particulier en neurologie et dans la prise en charge des AVC en particulier."
Selon le président de la SFNV, les infirmiers manquent davantage dans les CHU, du fait de la concurrence du secteur privé et probablement du prix de l'immobilier dans les grandes villes. Le manque de personnel ne semble pas lié à des démissions soudaines, motivées par un épuisement, ou à l'obligation vaccinale contre le Covid-19 mais davantage à des projets de changement de vie qui étaient déjà en cours. "Le personnel est dévoué, accepte les rappels et les changements d'horaires", a-t-il souligné.
Inversement, ce sont plus dans les CH qui souffrent d'une insuffisance de neurologues. "La neurologie est une spécialité qui reste bien choisie mais la démographie médicale ne compense pas suffisamment le vieillissement de la population et les besoins imposés par les progrès technologiques. Et en neurologie, il n'y a pas que le vasculaire, il y a des surspécialités", a-t-il ajouté.
Pour les patients, la situation risque d'entraîner "un embouteillage aux urgences, un environnement qui n'est pas le plus adapté" pour récupérer après un AVC. "C'est ce que l'on craint et de nombreuses réunions sont organisées pour trouver des solutions, comme des primes, une aide au logement, un système de garde d'enfant… mais il n'y a pas de baguette magique."
"On fait tout" pour continuer à accueillir les patients mais le délai de prise en charge "risque d'augmenter", conclut le Pr Sibon.
ld/nc/APMnews
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AVC: LES UNV EN DIFFICULTÉ FACE À DES PÉNURIES DE MÉDECINS ET D'INFIRMIERS
La crise sanitaire du Covid-19 a eu "mis en tension nos filières neurovasculaires, avec des conséquences sur l'adressage de nos patients en post-AVC et sur leur sortie, et avec une augmentation des délais" et "on en ressent encore les effets", a observé le président de la SFNV, le Pr Igor Sibon du CHU de Bordeaux, mercredi en ouverture de la journée des référents et animateurs de filière AVC, qui se tient chaque année depuis neuf ans en marge du congrès.
"Il a fallu s'adapter mais la situation reste difficile à gérer car nous sommes confrontés à une petite crise démographique des neurologues, qui n'étaient déjà pas suffisamment nombreux, alors que la thrombectomie se développe, mais aussi à un manque de paramédicaux, en particulier des infirmières."
En attendant la publication des décrets sur la neuroradiologie interventionnelle (cf dépêche du 18/11/2021 à 17:12) et les soins critiques, celui-ci étant "encore en discussion concernant les modalités de la permanence des soins et le ratio de personnel", "il faut continuer à s'adapter, à réfléchir à de nouvelles organisations", a poursuivi le Pr Sibon.
"Nous devons faire preuve d'inventivité pour réorganiser nos filières", en ayant recours à davantage de coopération et à la télémédecine.
"Une flexibilité est aussi attendue de la part de nos tutelles, le ministère, les ARS [agences régionales de santé] et de nos directions d'établissement, pour augmenter l'attractivité de nos filières et lever les freins administratifs."
Le président de la SFNV a dépeint jeudi, auprès d'APMnews, "une situation très hétérogène et des réponses variables", précisant avoir interrogé les équipes à l'occasion du congrès mais ne pas avoir mené une réelle enquête formalisée. "On maintient plutôt les lits d'USINV [unités de soins intensifs neurovasculaires] et ce sont davantage des lits de post-AVC qui sont fermés ou hors neurovasculaire", a-t-il relevé, sans vouloir lister les villes concernées.
En Ile-de-France et à Paris notamment, la référente "neurosciences" à l'agence régionale de santé (ARS), Isabelle Crassard, a confirmé à APMnews "des UNV en grande difficulté", comme l'avait pointé un collectif de neurologues franciliens, soutenu par la représentante des usagers du conseil de surveillance de l'AP-HP (Assistance-publique-hôpitaux de Paris), dans une tribune publiée début novembre dans Le Monde.
Près de 12% des lits d'UNV sont fermés dans la région et à Paris, ce sont 28% des lits, 2 ayant pu être rouverts depuis la publication de la tribune (71 lits alors fermés sur 258), selon le point de situation jeudi matin, et environ la moitié des postes sont non pourvus.
"La situation est plus marquée à Paris, en particulier à Bichat et à Bicêtre, en petite couronne et dans l'Essonne et dans les Yvelines notamment", a-t-elle précisé. "Nous réfléchissions à des solutions avec nos partenaires, notamment l'AP-HP. Il est possible de s'articuler entre UNV en Ile-de-France, ce qui n'est pas possible dans d'autres régions moins denses, et avec l'ambulatoire" pour les patients en état de sortir.
Le manque de personnel dans les établissements hospitaliers est chronique mais "la crise a précipité des départs d'infirmières". "On n'a jamais eu autant de fermetures dans les UNV et pour le personnel qui reste, il existe un risque d'épuisement", alors qu'une cinquième vague épidémique de Covid menace de nouveau les hôpitaux.
Moins d'infirmiers dans les CHU, moins de neurologues dans les CH
Il existait déjà des difficultés de recrutement "mais la fatigue liée à la crise sanitaire les a accentuées", en particulier concernant le personnel paramédical, a renchéri le Pr Sibon. "Il y a de l'absentéisme lié à la fatigue et un défaut de recrutement, peut-être parce que la charge de travail est importante en particulier en neurologie et dans la prise en charge des AVC en particulier."
Selon le président de la SFNV, les infirmiers manquent davantage dans les CHU, du fait de la concurrence du secteur privé et probablement du prix de l'immobilier dans les grandes villes. Le manque de personnel ne semble pas lié à des démissions soudaines, motivées par un épuisement, ou à l'obligation vaccinale contre le Covid-19 mais davantage à des projets de changement de vie qui étaient déjà en cours. "Le personnel est dévoué, accepte les rappels et les changements d'horaires", a-t-il souligné.
Inversement, ce sont plus dans les CH qui souffrent d'une insuffisance de neurologues. "La neurologie est une spécialité qui reste bien choisie mais la démographie médicale ne compense pas suffisamment le vieillissement de la population et les besoins imposés par les progrès technologiques. Et en neurologie, il n'y a pas que le vasculaire, il y a des surspécialités", a-t-il ajouté.
Pour les patients, la situation risque d'entraîner "un embouteillage aux urgences, un environnement qui n'est pas le plus adapté" pour récupérer après un AVC. "C'est ce que l'on craint et de nombreuses réunions sont organisées pour trouver des solutions, comme des primes, une aide au logement, un système de garde d'enfant… mais il n'y a pas de baguette magique."
"On fait tout" pour continuer à accueillir les patients mais le délai de prise en charge "risque d'augmenter", conclut le Pr Sibon.
ld/nc/APMnews