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AVC: UNE PRISE EN CHARGE EN UNV EN HAUSSE À LILLE MAIS UN RECOURS À LA THROMBOLYSE QUI RESTE INSUFFISANT
Les AVC constituent la première cause de handicap acquis de l'adulte. En France, afin d'améliorer la prise en charge des patients, le gouvernement avait initié, en 2002-2003, un premier plan qui visait à développer les structures de soins d'aigu et d'aval à la fois et a principalement créé les UNV, avec la mise à disposition du premier produit fibrinolytique pour le traitement de l'AVC ischémique à sa phase aiguë (cf dépêche du 05/02/2002 à 18:38 et dépêche du 15/12/2003 à 15:08).
En raison de difficultés persistantes, un nouveau plan national a été lancé en avril 2010 pour couvrir la période jusqu'en 2014 (cf dépêche du 21/04/2010 à 13:24). En 2008-2009, la part des patients pris en charge en UNV était alors estimée à 20% et celle de ceux bénéficiant d'une thrombolyse pour un AVC ischémique de 1% seulement.
Le taux de thrombolyse estimé est ensuite passé de 8,6% en 2011 à 14,3% en 2016, selon une analyse du PMSI. En 2022, le taux de prise en charge en UNV atteignait 47%, mais avec de fortes disparités géographiques, mais le taux de thrombolyse était à 10%, selon une analyse du SNDS, rappellent Victoria Gauthier et ses collègues du registre des AVC de Lille (Inserm U1167, université de Lille, CHU de Lille, Institut Pasteur de Lille) dans leur diaporama dont APMnews a eu copie.
Afin de mieux comprendre ces évolutions, ils ont analysé les données du registre des AVC de Lille entre le 1er janvier 2008 et le 31 décembre 2023, soit 5.271 patients (72,9 ans en moyenne, 54% de femmes) domiciliés à Lille.
Il apparaît que les hospitalisations en UNV ont augmenté régulièrement, concernant 51% des patients entre 2008 et 2013, 61% entre 2014 et 2018 et 67% entre 2019 et 2023. La prise en charge en neurologie était de 67% sur la période 2008-2013 et de 70% sur les deux périodes suivantes. Les sorties à domicile ou en rééducation ont atteint 58%, 63%, puis 66% sur ces mêmes périodes.
Entre 2019 et 2023, 46% des patients ont suivi le parcours de référence, UNV/USI (unité de soins intensifs)-neurologie-domicile/SSR (soins de suite et de réadaptation, à présent SMR, soins médicaux et de réadaptation). Par rapport à ceux qui ne l'ont pas suivi, ces patients étaient plus jeunes (68,5 vs 74,7 ans), présentaient des AVC moins sévères (score NIHSS médian de 4 points vs 6 points), recevaient plus souvent une thrombolyse (19% vs 4%) ou une thrombectomie (12% vs 5%, p<0,001) et avaient une mortalité à 28 jours plus faible (0,7% vs 40%).
Sur cette dernière période, alors que les deux tiers (67%) des patients avec un AVC sont pris en charge en UNV/USI, ils ne sont finalement que 46% à aller au bout du parcours de référence. De nombreux facteurs peuvent intervenir, comme la présence de comorbidités concernant des patients déjà hospitalisés, un AVC particulièrement grave nécessitant une hospitalisation en réanimation, des patients résidents d'Ehpad, supposent les chercheurs.
Concernant les traitements de reperfusion pour les AVC ischémiques en particulier, les données montrent que la thrombolyse a été administrée à 14% des patients sur l'ensemble de la période d'étude, avec un taux de 19% dans le parcours de référence vs 4% dans les autres parcours, mais sans variation significative entre 2008 et 2023 (de 12% à 16%). En revanche, le taux de thrombectomie a progressé de manière significative, de 4% en 2014 à 14% en 2023.
L'analyse des données disponibles pour les patients thrombolysés montre que parmi les contre-indications les plus fréquemment retrouvées figurent une prise en charge hors délai, soit que les symptômes avaient débuté avant la fenêtre des 4,5 heures d'administration de la thrombolyse (36,6%), soit que l'heure de début des symptômes était inconnue (67%).
Cependant, parmi les patients qui n'ont pas bénéficié de la thrombolyse, 16% ne présentaient aucune contre-indication, observent les auteurs.
Globalement, les données du registre de Lille montrent une hausse en 15 ans des hospitalisations en UNV (+31%), de la prise en charge en neurologie (+4,5%) et des sorties à domicile ou en rééducation (+14%), alors que le taux de thrombolyse reste en deçà des recommandations, principalement en raison de délais de prise en charge prolongés.
Selon le plan d'action pour l'Europe 2018-2030 de l'organisation européenne de l'AVC (ESO, European Stroke Organisation), il faudrait traiter au moins 90% des patients au sein d'une UNV et obtenir un taux de thrombolyse supérieur à 15%, rappelle-t-on.
Une sensibilisation accrue aux symptômes de l'AVC et un élargissement de l'accès aux UNV restent nécessaires, concluent les auteurs. La Cour des comptes a formulé des recommandations allant dans ce sens dans un rapport publié fin octobre, plaidant pour un nouveau plan (cf dépêche du 28/10/2025 à 20:00 et dépêche du 28/10/2025 à 20:01).
La Haute autorité de santé (HAS) a, de son côté, actualisé ses recommandations pour la prise en charge de l'AVC à la phase aiguë par thrombolyse et/ou thrombectomie notamment (cf dépêche du 28/10/2025 à 13:25).
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AVC: UNE PRISE EN CHARGE EN UNV EN HAUSSE À LILLE MAIS UN RECOURS À LA THROMBOLYSE QUI RESTE INSUFFISANT
Les AVC constituent la première cause de handicap acquis de l'adulte. En France, afin d'améliorer la prise en charge des patients, le gouvernement avait initié, en 2002-2003, un premier plan qui visait à développer les structures de soins d'aigu et d'aval à la fois et a principalement créé les UNV, avec la mise à disposition du premier produit fibrinolytique pour le traitement de l'AVC ischémique à sa phase aiguë (cf dépêche du 05/02/2002 à 18:38 et dépêche du 15/12/2003 à 15:08).
En raison de difficultés persistantes, un nouveau plan national a été lancé en avril 2010 pour couvrir la période jusqu'en 2014 (cf dépêche du 21/04/2010 à 13:24). En 2008-2009, la part des patients pris en charge en UNV était alors estimée à 20% et celle de ceux bénéficiant d'une thrombolyse pour un AVC ischémique de 1% seulement.
Le taux de thrombolyse estimé est ensuite passé de 8,6% en 2011 à 14,3% en 2016, selon une analyse du PMSI. En 2022, le taux de prise en charge en UNV atteignait 47%, mais avec de fortes disparités géographiques, mais le taux de thrombolyse était à 10%, selon une analyse du SNDS, rappellent Victoria Gauthier et ses collègues du registre des AVC de Lille (Inserm U1167, université de Lille, CHU de Lille, Institut Pasteur de Lille) dans leur diaporama dont APMnews a eu copie.
Afin de mieux comprendre ces évolutions, ils ont analysé les données du registre des AVC de Lille entre le 1er janvier 2008 et le 31 décembre 2023, soit 5.271 patients (72,9 ans en moyenne, 54% de femmes) domiciliés à Lille.
Il apparaît que les hospitalisations en UNV ont augmenté régulièrement, concernant 51% des patients entre 2008 et 2013, 61% entre 2014 et 2018 et 67% entre 2019 et 2023. La prise en charge en neurologie était de 67% sur la période 2008-2013 et de 70% sur les deux périodes suivantes. Les sorties à domicile ou en rééducation ont atteint 58%, 63%, puis 66% sur ces mêmes périodes.
Entre 2019 et 2023, 46% des patients ont suivi le parcours de référence, UNV/USI (unité de soins intensifs)-neurologie-domicile/SSR (soins de suite et de réadaptation, à présent SMR, soins médicaux et de réadaptation). Par rapport à ceux qui ne l'ont pas suivi, ces patients étaient plus jeunes (68,5 vs 74,7 ans), présentaient des AVC moins sévères (score NIHSS médian de 4 points vs 6 points), recevaient plus souvent une thrombolyse (19% vs 4%) ou une thrombectomie (12% vs 5%, p<0,001) et avaient une mortalité à 28 jours plus faible (0,7% vs 40%).
Sur cette dernière période, alors que les deux tiers (67%) des patients avec un AVC sont pris en charge en UNV/USI, ils ne sont finalement que 46% à aller au bout du parcours de référence. De nombreux facteurs peuvent intervenir, comme la présence de comorbidités concernant des patients déjà hospitalisés, un AVC particulièrement grave nécessitant une hospitalisation en réanimation, des patients résidents d'Ehpad, supposent les chercheurs.
Concernant les traitements de reperfusion pour les AVC ischémiques en particulier, les données montrent que la thrombolyse a été administrée à 14% des patients sur l'ensemble de la période d'étude, avec un taux de 19% dans le parcours de référence vs 4% dans les autres parcours, mais sans variation significative entre 2008 et 2023 (de 12% à 16%). En revanche, le taux de thrombectomie a progressé de manière significative, de 4% en 2014 à 14% en 2023.
L'analyse des données disponibles pour les patients thrombolysés montre que parmi les contre-indications les plus fréquemment retrouvées figurent une prise en charge hors délai, soit que les symptômes avaient débuté avant la fenêtre des 4,5 heures d'administration de la thrombolyse (36,6%), soit que l'heure de début des symptômes était inconnue (67%).
Cependant, parmi les patients qui n'ont pas bénéficié de la thrombolyse, 16% ne présentaient aucune contre-indication, observent les auteurs.
Globalement, les données du registre de Lille montrent une hausse en 15 ans des hospitalisations en UNV (+31%), de la prise en charge en neurologie (+4,5%) et des sorties à domicile ou en rééducation (+14%), alors que le taux de thrombolyse reste en deçà des recommandations, principalement en raison de délais de prise en charge prolongés.
Selon le plan d'action pour l'Europe 2018-2030 de l'organisation européenne de l'AVC (ESO, European Stroke Organisation), il faudrait traiter au moins 90% des patients au sein d'une UNV et obtenir un taux de thrombolyse supérieur à 15%, rappelle-t-on.
Une sensibilisation accrue aux symptômes de l'AVC et un élargissement de l'accès aux UNV restent nécessaires, concluent les auteurs. La Cour des comptes a formulé des recommandations allant dans ce sens dans un rapport publié fin octobre, plaidant pour un nouveau plan (cf dépêche du 28/10/2025 à 20:00 et dépêche du 28/10/2025 à 20:01).
La Haute autorité de santé (HAS) a, de son côté, actualisé ses recommandations pour la prise en charge de l'AVC à la phase aiguë par thrombolyse et/ou thrombectomie notamment (cf dépêche du 28/10/2025 à 13:25).
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