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10/11 2023
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AVEC SON PRS RÉVISÉ, L'ARS GUYANE VEUT S'ATTAQUER AUX INÉGALITÉS DE SANTÉ

CAYENNE, 10 novembre 2023 (APMnews) - L'agence régionale de santé (ARS) Guyane a adopté son nouveau projet régional de santé (PRS) révisé, avec pour cap de réduire les inégalités de santé vis-à-vis de la métropole mais aussi au sein de son territoire, en misant sur la prévention, la recherche et de nouvelles activités, a-t-elle annoncé lundi dans un communiqué de presse.

Ce PRS révisé comprend un nouveau schéma régional de santé (SRS) pour 2023-2028, faisant suite au SRS 2018-2022. Ce dernier a permis des avancées en matière de santé, mais "ces progrès demeurent modestes", a estimé le directeur général de l'ARS, Dimitri Grygowski, cité dans le communiqué.

"Des disparités importantes subsistent par rapport à la France hexagonale", a-t-il pointé. En 2022, l'espérance de vie à la naissance en Guyane était par exemple de 76,4 ans pour les hommes et 82,6 ans pour les femmes, contre 79,3 ans et 85,2 ans en moyenne en métropole. La réduction de cet écart est "un objectif phare", selon le PRS.

Le territoire guyanais se caractérise aussi par une forte prévalence de comorbidités au sein de sa population: l'incidence du diabète y est le double de celle de l'Hexagone, 18% des Guyanais sont concernés par l'obésité (contre 12%) et l'hypertension concerne 4 habitants sur 10, est-il détaillé.

La densité des professionnels de santé est "la plus faible au niveau national": celle des médecins généralistes libéraux est environ la moitié de la densité observée en métropole (42 contre 91 pour 100.000 habitants), dont 40% ont plus de 60 ans.

Par ailleurs, ces professionnels "se concentrent sur la zone littorale, dans les établissements hospitaliers présents dans l'île de Cayenne, à Kourou et à Saint-Laurent-du-Maroni", est-il décrit, "au détriment de l'Ouest et des communes isolées".

En conséquence, l'ARS observe "un taux de fuite notable" et "un nombre important d'Evasan [évacuation sanitaire]". Ces dernières sont à 65% à destination de la Martinique et concernent majoritairement des pathologies aiguës, cardiaques et neurologiques.

La prévention, un "objectif phare"

En réponse, l'agence souhaite développer la prévention. Pour ce faire, elle va accentuer les programmes de prévention universelle à destination des Guyanais "dès le plus jeune âge", avec en particulier pour objectif de réduire de 30% la prévalence du surpoids chez les enfants et les femmes enceintes.

"L'une des priorités majeures de ce PRS est la lutte contre les maladies infectieuses, notamment le sida, la tuberculose et le paludisme, ainsi que la résistance aux antimicrobiens et les maladies vectorielles", a en outre souligné Dimitri Grygowski. De fait, des objectifs de dépistage et de vaccinations ont été fixés.

"La recherche, notamment dans le contexte de la mise en place prochaine du centre hospitalier régional universitaire [CHU] de Guyane, doit constituer une priorité pour atteindre ces objectifs ambitieux", a ajouté le directeur général.

Actuellement, 11 professeurs des universités-praticiens hospitaliers (PU-PH), un professeur associé, un maître de conférences des universités-praticien hospitalier (MCU-PH) et deux chefs de clinique travaillent et réalisent de la recherche.

Attendu pour 2025 (cf dépêche du 15/02/2023 à 16:35), le nouveau CHU pourrait aussi entraîner le développement et la création de plusieurs activités. Sont évoqués l'implantation d'un centre de radiothérapie "avant 2028", le développement des activités interventionnelles en cardiologie et neuroradiologie, une réflexion en cours pour une filière complète de drépanocytose, et la consolidation de l'offre en chirurgie pédiatrique au niveau local.

La réduction des inégalités passera aussi par le renforcement de l'offre médico-sociale. Parmi les enjeux identifiés, le SRS mentionne "l'extension de places" dans les structures existantes (Ehpad, Ssiad, Pasa, Spasad); la construction de trois établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) à Kourou, Saint-Georges et Maripasoula, et d'une unité d'hébergement renforcée (UHR) adossée à l'Ehpad de Saint-Georges, d'ici 2026; ou encore la contractualisation à horizon 2028 de l'ensemble des établissements avec l'ARS, via les contrats pluriannuels d'objectifs et de moyens (CPOM).

Evolution de l'offre de soins

L'offre de santé globale de Guyane va évoluer durant la période 2023-2028. "Dans les prochaines années, Saint-Laurent-du-Maroni est appelé à devenir la ville la plus peuplée de Guyane, devant Cayenne", est-il rappelé dans le SRS. Après la réanimation, autorisée mi-2023, de nouvelles activités doivent se développer au CH saint-laurentais: médecine d'urgence, soins médicaux et de réadaptation (SMR, ex-SSR).

"L'Oqos [objectif quantifié d'offre de soins] du SRS III sera marqué par la création du [CHU] de Guyane", qui rassemblera les CH de Cayenne, Kourou et de Saint-Laurent-du-Maroni, est-il inscrit. "Pour l'instant, l'Oqos prévoit des autorisations pour chacun des trois établissements [mais] cette situation pourrait évoluer en fonction des choix stratégiques relatifs à la gouvernance" du CHU, selon le SRS.

S'agissant de la chirurgie cardiaque, absente en Guyane, "il n'est pas prévu d'équiper le territoire de cette activité et respecter les seuils opposables, en raison de l'absence de chirurgie thoracique et de la nécessité de consolider la filière de cardiologie et de cardiologie interventionnelle", peut-on lire.

Pour la neurochirurgie, qui n'est pas non plus développée dans la collectivité territoriale, "au regard des délais d'accès aux plateaux techniques adaptés dans le cas d'une urgence vitale […], la Guyane devrait disposer de la neurochirurgie malgré le volume d'actes annuel potentiellement inférieur aux seuils minimaux", est-il avancé.

Il s'agit du dernier maillon manquant de la prise en charge de la filière neurovasculaire après l'ouverture de l'unité de soins intensifs neurovasculaires en 2023. "La prise en charge des enfants fera toujours l'objet d'une coordination extraterritoriale […] car les acteurs guyanais ont besoin de temps pour développer la chirurgie pédiatrique générale à l'horizon 2027", note l'ARS.

Au-delà de 2023-2028, l'agence étudie la possibilité d'ouvrir une autorisation d'activité pour le traitement des grands brûlés, "à horizon 2030".

L'ARS s'est en outre engagée à actualiser le PRS "courant 2025", via une concertation. "Ainsi, nous serons en mesure d'intégrer les premiers résultats de l'évaluation des ambitions contenues dans ce [SRS] et des premiers retours de la mise en œuvre du projet médical du [CHU] de Guyane", a-t-elle mis en avant.

Le PRS Guyane 2023-2028

mg/nc/APMnews

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AVEC SON PRS RÉVISÉ, L'ARS GUYANE VEUT S'ATTAQUER AUX INÉGALITÉS DE SANTÉ

CAYENNE, 10 novembre 2023 (APMnews) - L'agence régionale de santé (ARS) Guyane a adopté son nouveau projet régional de santé (PRS) révisé, avec pour cap de réduire les inégalités de santé vis-à-vis de la métropole mais aussi au sein de son territoire, en misant sur la prévention, la recherche et de nouvelles activités, a-t-elle annoncé lundi dans un communiqué de presse.

Ce PRS révisé comprend un nouveau schéma régional de santé (SRS) pour 2023-2028, faisant suite au SRS 2018-2022. Ce dernier a permis des avancées en matière de santé, mais "ces progrès demeurent modestes", a estimé le directeur général de l'ARS, Dimitri Grygowski, cité dans le communiqué.

"Des disparités importantes subsistent par rapport à la France hexagonale", a-t-il pointé. En 2022, l'espérance de vie à la naissance en Guyane était par exemple de 76,4 ans pour les hommes et 82,6 ans pour les femmes, contre 79,3 ans et 85,2 ans en moyenne en métropole. La réduction de cet écart est "un objectif phare", selon le PRS.

Le territoire guyanais se caractérise aussi par une forte prévalence de comorbidités au sein de sa population: l'incidence du diabète y est le double de celle de l'Hexagone, 18% des Guyanais sont concernés par l'obésité (contre 12%) et l'hypertension concerne 4 habitants sur 10, est-il détaillé.

La densité des professionnels de santé est "la plus faible au niveau national": celle des médecins généralistes libéraux est environ la moitié de la densité observée en métropole (42 contre 91 pour 100.000 habitants), dont 40% ont plus de 60 ans.

Par ailleurs, ces professionnels "se concentrent sur la zone littorale, dans les établissements hospitaliers présents dans l'île de Cayenne, à Kourou et à Saint-Laurent-du-Maroni", est-il décrit, "au détriment de l'Ouest et des communes isolées".

En conséquence, l'ARS observe "un taux de fuite notable" et "un nombre important d'Evasan [évacuation sanitaire]". Ces dernières sont à 65% à destination de la Martinique et concernent majoritairement des pathologies aiguës, cardiaques et neurologiques.

La prévention, un "objectif phare"

En réponse, l'agence souhaite développer la prévention. Pour ce faire, elle va accentuer les programmes de prévention universelle à destination des Guyanais "dès le plus jeune âge", avec en particulier pour objectif de réduire de 30% la prévalence du surpoids chez les enfants et les femmes enceintes.

"L'une des priorités majeures de ce PRS est la lutte contre les maladies infectieuses, notamment le sida, la tuberculose et le paludisme, ainsi que la résistance aux antimicrobiens et les maladies vectorielles", a en outre souligné Dimitri Grygowski. De fait, des objectifs de dépistage et de vaccinations ont été fixés.

"La recherche, notamment dans le contexte de la mise en place prochaine du centre hospitalier régional universitaire [CHU] de Guyane, doit constituer une priorité pour atteindre ces objectifs ambitieux", a ajouté le directeur général.

Actuellement, 11 professeurs des universités-praticiens hospitaliers (PU-PH), un professeur associé, un maître de conférences des universités-praticien hospitalier (MCU-PH) et deux chefs de clinique travaillent et réalisent de la recherche.

Attendu pour 2025 (cf dépêche du 15/02/2023 à 16:35), le nouveau CHU pourrait aussi entraîner le développement et la création de plusieurs activités. Sont évoqués l'implantation d'un centre de radiothérapie "avant 2028", le développement des activités interventionnelles en cardiologie et neuroradiologie, une réflexion en cours pour une filière complète de drépanocytose, et la consolidation de l'offre en chirurgie pédiatrique au niveau local.

La réduction des inégalités passera aussi par le renforcement de l'offre médico-sociale. Parmi les enjeux identifiés, le SRS mentionne "l'extension de places" dans les structures existantes (Ehpad, Ssiad, Pasa, Spasad); la construction de trois établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) à Kourou, Saint-Georges et Maripasoula, et d'une unité d'hébergement renforcée (UHR) adossée à l'Ehpad de Saint-Georges, d'ici 2026; ou encore la contractualisation à horizon 2028 de l'ensemble des établissements avec l'ARS, via les contrats pluriannuels d'objectifs et de moyens (CPOM).

Evolution de l'offre de soins

L'offre de santé globale de Guyane va évoluer durant la période 2023-2028. "Dans les prochaines années, Saint-Laurent-du-Maroni est appelé à devenir la ville la plus peuplée de Guyane, devant Cayenne", est-il rappelé dans le SRS. Après la réanimation, autorisée mi-2023, de nouvelles activités doivent se développer au CH saint-laurentais: médecine d'urgence, soins médicaux et de réadaptation (SMR, ex-SSR).

"L'Oqos [objectif quantifié d'offre de soins] du SRS III sera marqué par la création du [CHU] de Guyane", qui rassemblera les CH de Cayenne, Kourou et de Saint-Laurent-du-Maroni, est-il inscrit. "Pour l'instant, l'Oqos prévoit des autorisations pour chacun des trois établissements [mais] cette situation pourrait évoluer en fonction des choix stratégiques relatifs à la gouvernance" du CHU, selon le SRS.

S'agissant de la chirurgie cardiaque, absente en Guyane, "il n'est pas prévu d'équiper le territoire de cette activité et respecter les seuils opposables, en raison de l'absence de chirurgie thoracique et de la nécessité de consolider la filière de cardiologie et de cardiologie interventionnelle", peut-on lire.

Pour la neurochirurgie, qui n'est pas non plus développée dans la collectivité territoriale, "au regard des délais d'accès aux plateaux techniques adaptés dans le cas d'une urgence vitale […], la Guyane devrait disposer de la neurochirurgie malgré le volume d'actes annuel potentiellement inférieur aux seuils minimaux", est-il avancé.

Il s'agit du dernier maillon manquant de la prise en charge de la filière neurovasculaire après l'ouverture de l'unité de soins intensifs neurovasculaires en 2023. "La prise en charge des enfants fera toujours l'objet d'une coordination extraterritoriale […] car les acteurs guyanais ont besoin de temps pour développer la chirurgie pédiatrique générale à l'horizon 2027", note l'ARS.

Au-delà de 2023-2028, l'agence étudie la possibilité d'ouvrir une autorisation d'activité pour le traitement des grands brûlés, "à horizon 2030".

L'ARS s'est en outre engagée à actualiser le PRS "courant 2025", via une concertation. "Ainsi, nous serons en mesure d'intégrer les premiers résultats de l'évaluation des ambitions contenues dans ce [SRS] et des premiers retours de la mise en œuvre du projet médical du [CHU] de Guyane", a-t-elle mis en avant.

Le PRS Guyane 2023-2028

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