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25/07 2022
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BOURGOGNE-FRANCHE-COMTÉ: UN ÉTÉ SOUS TENSION MAIS EXEMPT DE "RUPTURES MAJEURES" DANS L'ORGANISATION DE LA PERMANENCE DES SOINS

(Par Geoffroy LANG)

DIJON, 25 juillet 2022 (APMnews) - Les organisations mises en place, notamment les mesures issues de la mission flash sur les urgences et les soins non programmés, mais surtout "une mobilisation exemplaire, solidaire et générale sur toute la région", ont permis à la Bourgogne-Franche-Comté de traverser la première partie de l'été sans "ruptures majeures" dans l'organisation de la permanence des soins, a-t-on appris mercredi lors d'un échange avec le directeur général de l'agence régionale de santé (ARS) Bourgogne-Franche-Comté, Pierre Pribile.

"Tous les étés sont compliqués, mais cet été plus que les autres parce que les ressources humaines étaient déjà en tension avant de rentrer dans la période estivale", a recontextualisé le directeur général de l'agence, Pierre Pribile, contacté mercredi par APMnews.

Pour faire face à ces tensions inédites, l'ARS a réactivé depuis le mois de juin des réunions territoriales hebdomadaires dans chaque département: sur le modèle de ce qui avait été mis en place au début de la crise sanitaire du Covid-19, "les délégués départementaux de l'agence tiennent chaque semaine un point de situation hebdomadaire avec toutes les parties prenantes autour de la table", a rapporté le directeur général, en citant "les hospitaliers, les représentants des professionnels de ville", mais aussi ceux des services départementaux d'incendie et de secours (Sdis) ou l'hospitalisation à domicile (HAD).

"Le principe c'est de partager toutes les semaines, avec une visibilité à plusieurs semaines, les risques de rupture sur les lignes de garde de façon à générer soit des adaptations d'organisation, soit des renforts", a-t-il développé, en précisant que ce partage d'information concernait non seulement les services d'urgence mais tous les risques de rupture dans les tableaux de garde, avec notamment une tension régionale marquée sur la continuité de la permanence des soins en anesthésie.

Il a fait état à cet égard d'un "effet d'apprentissage collectif" hérité de la crise sanitaire qui a permis aux acteurs du système sanitaire "de réagir et de parer à des difficultés supérieures".

L'ARS et les acteurs puisent dans la "boîte à outils" pour les urgences et les soins non programmés

Pour faire face à ces tensions, l'ARS et l'ensemble des acteurs hospitaliers et libéraux ont pu puiser dans la "boîte à outils" créée à l'issue de la mission flash sur les urgences et les soins non programmés, conduite par François Braun avant sa nomination au ministère de la santé. "Les exemples les plus fréquents [ce sont] des mutualisations de ligne de garde dans les services d'urgence, où on laisse les services ouverts mais avec soit une seule ligne de garde, soit une régulation en amont, ou une moindre sollicitation des Smur ou sur un périmètre plus réduit. Ça, on l'a fait à plusieurs reprises pour éviter la fermeture de petits services d'urgence."

Le directeur général a également cité des renforts de coopération avec les Sdis qui permettent de renforcer les effectifs médicaux et paramédicaux de services d'urgence ou des Smur: "On l'a fait dans le Jura, dans l'Yonne, et c'est sur le point de commencer dans le Doubs, avec un vrai soutien des Sdis".

"Un autre exemple de ce qui est intéressant dans l'esprit de la boîte à outils c'est le renfort de professionnels libéraux qui a pu se mettre en place par exemple en Haute-Saône, pour assurer l'activité en anesthésie", a poursuivi Pierre Pribile.

Il a également mis en exergue l'efficacité de la mobilisation d'internes pour renforcer les lignes de garde dans les hôpitaux publics.

L'ARS et l'observatoire régional des urgences (ORU) accompagnent aussi les établissements "sur les protocoles complexes, comme les protocoles de mutualisation de ligne de garde": "C'est le cas en Saône-et-Loire, où plusieurs établissements à l'échelle de Paray-le-Monial jusqu'à Autun en passant par Le Creusot et Montceau-les-Mines, se sont mis d'accord sur un protocole de mutualisation de moyens […]; l'idée, c'est de lisser les problèmes pour éviter des ruptures locales."

Le directeur de l'ARS a toutefois mis en garde contre la fragilité de ces réorganisations et ces "adaptations capacitaires habituelles mais [d']une amplitude supérieure à d'habitude" pour cet été face aux impondérables comme des arrêts maladie: "Le fait qu'on ait parfois des organisations qui reposent sur une seule ligne de garde, ça déstabilise le système et nous oblige à réagir en quelques heures."

"On est entré dans la période la plus difficile et on ne va pas en sortir avant la deuxième quinzaine du mois d'août", a-t-il prévenu.

Pas de régulation préalable obligatoire mais une hausse de l'activité des Samu-centres 15

"Pour le moment, aucune des organisations mises en place n'a nécessité un changement des habitudes de la population dans le recours aux soins", a fait remarquer Pierre Pribile.

Il a cependant noté que la campagne de communication "sur le bon recours aux urgences et l'appel au 15" avait eu "un impact assez fort puisqu'on constate une forte hausse du nombre d'appels" aux Samu-centres 15.

Début juillet, le centre de réception et de régulation des appels (CRRA) du CHU Dijon a ainsi connu "une augmentation moyenne de son activité de 35% par rapport à une période équivalente avant Covid" avec une moyenne de 1.300 appels par jour sur la période, a-t-on appris vendredi auprès du CHU.

Le 14 juillet, le CRRA du CHU a notamment connu "une pointe à +69% […] par rapport à une activité d'un jeudi classique avant Covid".

"Dans ce contexte très difficile, avec de nombreux services d'urgence en difficulté, les médecins régulateurs urgentistes (MRU), les médecins régulateurs libéraux (MRL) ainsi que les assistants de régulation médicale (ARM) font de gros efforts pour trouver une solution adaptée à chaque patient", a souligné le CHU en saluant au passage leur dévouement.

Au CHU de Besançon, le Samu-centre 15 qui régule l'ensemble de l'ex-région Franche-Comté a créé 56.597 dossiers de régulation médicale (DRM) entre le 1er juin et le 20 juillet, soit une hausse 25% d'activité sur la période par rapport à 2016 (45.249 DRM), a-t-on appris jeudi au CHU.

Nombre de dossiers de régulation médicale au CHU de Besançon - comparatif étés 2016 et 2022 (source CHU de Besançon)
Nombre de dossiers de régulation médicale au CHU de Besançon - comparatif étés 2016 et 2022 (source CHU de Besançon)

Selon les informations remontées par le CHU franc-comtois, cette hausse est plus marquée notamment depuis fin juin.

Cette hausse est toutefois à mettre en perspective avec une activité plus forte encore avant la crise Covid, en 2019, où le Samu avait créé 58.662 DRM sur la période, soit 3,65% de plus en que cet été.

gl/ab/APMnews

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(Par Geoffroy LANG)

DIJON, 25 juillet 2022 (APMnews) - Les organisations mises en place, notamment les mesures issues de la mission flash sur les urgences et les soins non programmés, mais surtout "une mobilisation exemplaire, solidaire et générale sur toute la région", ont permis à la Bourgogne-Franche-Comté de traverser la première partie de l'été sans "ruptures majeures" dans l'organisation de la permanence des soins, a-t-on appris mercredi lors d'un échange avec le directeur général de l'agence régionale de santé (ARS) Bourgogne-Franche-Comté, Pierre Pribile.

"Tous les étés sont compliqués, mais cet été plus que les autres parce que les ressources humaines étaient déjà en tension avant de rentrer dans la période estivale", a recontextualisé le directeur général de l'agence, Pierre Pribile, contacté mercredi par APMnews.

Pour faire face à ces tensions inédites, l'ARS a réactivé depuis le mois de juin des réunions territoriales hebdomadaires dans chaque département: sur le modèle de ce qui avait été mis en place au début de la crise sanitaire du Covid-19, "les délégués départementaux de l'agence tiennent chaque semaine un point de situation hebdomadaire avec toutes les parties prenantes autour de la table", a rapporté le directeur général, en citant "les hospitaliers, les représentants des professionnels de ville", mais aussi ceux des services départementaux d'incendie et de secours (Sdis) ou l'hospitalisation à domicile (HAD).

"Le principe c'est de partager toutes les semaines, avec une visibilité à plusieurs semaines, les risques de rupture sur les lignes de garde de façon à générer soit des adaptations d'organisation, soit des renforts", a-t-il développé, en précisant que ce partage d'information concernait non seulement les services d'urgence mais tous les risques de rupture dans les tableaux de garde, avec notamment une tension régionale marquée sur la continuité de la permanence des soins en anesthésie.

Il a fait état à cet égard d'un "effet d'apprentissage collectif" hérité de la crise sanitaire qui a permis aux acteurs du système sanitaire "de réagir et de parer à des difficultés supérieures".

L'ARS et les acteurs puisent dans la "boîte à outils" pour les urgences et les soins non programmés

Pour faire face à ces tensions, l'ARS et l'ensemble des acteurs hospitaliers et libéraux ont pu puiser dans la "boîte à outils" créée à l'issue de la mission flash sur les urgences et les soins non programmés, conduite par François Braun avant sa nomination au ministère de la santé. "Les exemples les plus fréquents [ce sont] des mutualisations de ligne de garde dans les services d'urgence, où on laisse les services ouverts mais avec soit une seule ligne de garde, soit une régulation en amont, ou une moindre sollicitation des Smur ou sur un périmètre plus réduit. Ça, on l'a fait à plusieurs reprises pour éviter la fermeture de petits services d'urgence."

Le directeur général a également cité des renforts de coopération avec les Sdis qui permettent de renforcer les effectifs médicaux et paramédicaux de services d'urgence ou des Smur: "On l'a fait dans le Jura, dans l'Yonne, et c'est sur le point de commencer dans le Doubs, avec un vrai soutien des Sdis".

"Un autre exemple de ce qui est intéressant dans l'esprit de la boîte à outils c'est le renfort de professionnels libéraux qui a pu se mettre en place par exemple en Haute-Saône, pour assurer l'activité en anesthésie", a poursuivi Pierre Pribile.

Il a également mis en exergue l'efficacité de la mobilisation d'internes pour renforcer les lignes de garde dans les hôpitaux publics.

L'ARS et l'observatoire régional des urgences (ORU) accompagnent aussi les établissements "sur les protocoles complexes, comme les protocoles de mutualisation de ligne de garde": "C'est le cas en Saône-et-Loire, où plusieurs établissements à l'échelle de Paray-le-Monial jusqu'à Autun en passant par Le Creusot et Montceau-les-Mines, se sont mis d'accord sur un protocole de mutualisation de moyens […]; l'idée, c'est de lisser les problèmes pour éviter des ruptures locales."

Le directeur de l'ARS a toutefois mis en garde contre la fragilité de ces réorganisations et ces "adaptations capacitaires habituelles mais [d']une amplitude supérieure à d'habitude" pour cet été face aux impondérables comme des arrêts maladie: "Le fait qu'on ait parfois des organisations qui reposent sur une seule ligne de garde, ça déstabilise le système et nous oblige à réagir en quelques heures."

"On est entré dans la période la plus difficile et on ne va pas en sortir avant la deuxième quinzaine du mois d'août", a-t-il prévenu.

Pas de régulation préalable obligatoire mais une hausse de l'activité des Samu-centres 15

"Pour le moment, aucune des organisations mises en place n'a nécessité un changement des habitudes de la population dans le recours aux soins", a fait remarquer Pierre Pribile.

Il a cependant noté que la campagne de communication "sur le bon recours aux urgences et l'appel au 15" avait eu "un impact assez fort puisqu'on constate une forte hausse du nombre d'appels" aux Samu-centres 15.

Début juillet, le centre de réception et de régulation des appels (CRRA) du CHU Dijon a ainsi connu "une augmentation moyenne de son activité de 35% par rapport à une période équivalente avant Covid" avec une moyenne de 1.300 appels par jour sur la période, a-t-on appris vendredi auprès du CHU.

Le 14 juillet, le CRRA du CHU a notamment connu "une pointe à +69% […] par rapport à une activité d'un jeudi classique avant Covid".

"Dans ce contexte très difficile, avec de nombreux services d'urgence en difficulté, les médecins régulateurs urgentistes (MRU), les médecins régulateurs libéraux (MRL) ainsi que les assistants de régulation médicale (ARM) font de gros efforts pour trouver une solution adaptée à chaque patient", a souligné le CHU en saluant au passage leur dévouement.

Au CHU de Besançon, le Samu-centre 15 qui régule l'ensemble de l'ex-région Franche-Comté a créé 56.597 dossiers de régulation médicale (DRM) entre le 1er juin et le 20 juillet, soit une hausse 25% d'activité sur la période par rapport à 2016 (45.249 DRM), a-t-on appris jeudi au CHU.

Nombre de dossiers de régulation médicale au CHU de Besançon - comparatif étés 2016 et 2022 (source CHU de Besançon)
Nombre de dossiers de régulation médicale au CHU de Besançon - comparatif étés 2016 et 2022 (source CHU de Besançon)

Selon les informations remontées par le CHU franc-comtois, cette hausse est plus marquée notamment depuis fin juin.

Cette hausse est toutefois à mettre en perspective avec une activité plus forte encore avant la crise Covid, en 2019, où le Samu avait créé 58.662 DRM sur la période, soit 3,65% de plus en que cet été.

gl/ab/APMnews

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