Actualités de l'Urgence - APM

CENTRES DE SOINS NON PROGRAMMÉS: UNE RÉFLEXION SUR LA LABELLISATION "EN COURS" AU MINISTÈRE
Les créations de structures de soins non programmés "foisonnent", de façon "assez désorganisée", a estimé lors d'une intervention le Dr Maeva Delaveau, médecin urgentiste, présidente de la Fédération française des centres de soins non programmés.
Cette dernière est née en août 2022 pour "regrouper les structures qui ont le même type d'activité" (cf dépêche du 09/09/2022 à 16:57). Ce qu'elles doivent être n'est pas encore "vraiment défini", a souligné Maeva Delaveau.
Une approche pas seulement centrée "sur la disponibilité du médecin généraliste", donc les horaires élargis, mais sur le type de prise en charge, nécessite d'identifier ces structures "selon leur plateau technique" et leur capacité à faire "des examens complémentaires et actes thérapeutiques sur un même lieu", a-t-elle fait valoir.
L'organisation d'une réponse graduée doit participer à la "rationalisation de l'offre existante" dans le cadre de parcours de soins et permettre aux services d'urgence de se "recentrer sur leur activité", a-t-elle développé. "On estime que c'est à peu près 40% des passages aux urgences qui pourraient être pris en charge en ambulatoire."
Dans la structure qu'elle a créée à Bouc-Bel-Air (Bouches-du-Rhône), Urgent Care, "les médecins traitants envoient beaucoup de patients", cela représente "20% de mon activité parce que l'on a bien cadré cela au sein de la CPTS [communauté professionnelle territoriale de santé]", a-t-elle témoigné.
Un centre de soins non programmés doit pouvoir orienter les patients "dans des filières de soins identifiées avec un réseau d'avis spécialisés", un "réseau d'aval" et disposer d'"un plateau technique minimal" en radiologie et biologie, a défendu Maeva Delaveau, se référant à la charte élaborée par la fédération.
"Il est important d'arriver à encadrer ces structures, monitorer leur activité pour avoir un réel impact sur le bénéfice pour les patients."
Alors que les agences régionales de santé (ARS) ont entrepris un recensement de l'offre de soins non programmés dans les territoires, "la question de la labellisation" est importante "pour donner de la lisibilité aux patients" (vers quelle offre aller, à quel moment), a confirmé Laurent Gadot, du bureau de la régulation et du financement de l'offre de premier recours à la direction générale de l'offre de soins (DGOS).
Pour cette raison, une réflexion est "en cours" sur le sujet, a-t-il poursuivi, sans plus de précision sur les bases et l'avancée de cette réflexion.
Une cartographie en cours de généralisation
Ce besoin de clarifier l'offre a été confirmé par l'ARS Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca), qui a mis en ligne une cartographie de l'offre de soins non programmés (centres de soins non programmés, maisons de santé pluriprofessionnelles et centres de santé proposant des consultations de soins non programmés et des maisons médicales de garde).
L'agence a assorti cette information, à l'été 2022, d'un message aux patients leur recommandant, en cas de besoin, de consulter "rapidement" (sans urgence vitale), de s'orienter prioritairement vers leur médecin traitant, puis en cas d'indisponibilité, sur l'une des structures identifiées sur la cartographie et en troisième lieu d'appeler le 15.
Le ministère a souhaité que cette démarche soit menée dans toutes les régions. Toutes les ARS sont donc en train de constituer ce fichier et de l'alimenter sur sante.fr.
Une labellisation est "en cours de réflexion" au ministère et, avec "deux ou trois autres ARS", l'ARS Paca "y participe", a fait savoir cette agence. La labellisation aura à terme "un lien avec la cartographie, une structure labellisée pourra apparaître sur la carte".
Lors des échanges, Mathias Wargon, chef du service d'urgence de l'hôpital Delafontaine (Saint-Denis, Seine-Saint-Denis) et directeur de l'Observatoire régional des soins non programmés d'Ile-de-France, a souligné l'"intérêt de la labellisation et de l'évaluation" des centres de soins non programmés.
Alors que les services d'urgence sont pour beaucoup en forte tension, les services d'accès aux soins (SAS) doivent "pouvoir envoyer [des patients] chez les médecins, des maisons médicales de garde et d'autres structures ni labellisées ni évaluées", a-t-il relevé. Donc on "va se rendre compte très rapidement" de la nécessité de cet encadrement.
Il faut prendre en compte et définir ces centres de soins non programmés, "comment ils sont intégrés dans le système de soins actuel", a abondé le Dr Hervé Mourou, coordonnateur de l'ORU Occitanie. "Soit on fait cela et cela apportera quelque chose au système de santé, soit on laisse l'anarchie complète et cela va être la porte ouverte notamment à de grands groupes."
Des inquiétudes portent sur le risque de voir les urgentistes hospitaliers délaisser leurs services pour préférer ces centres leur offrant un meilleur confort d'exercice. Le sujet de la zone d'implantation a aussi été soulevé. "Je pense que les centres de soins non programmés doivent prioritairement être adossés aux structures d'urgence", a commenté Philippe Garitaine, chef du service des urgences du CH de Saint-Tropez, témoignant du bénéfice de ces centres, quand son service est "soumis à une très forte variation d'activité".
"Les centres créés ex nihilo dans des zones à distance des structures d'urgence n'impactent pas sur le flux des urgences", a-t-il considéré. "Dans un premier temps, s'il y a un jour des autorisations, l'adossement à une structure d'urgence, ou en tout cas en collaboration avec la structure d'urgence locale sur la base de ce dont elle a besoin", pourrait assurer la pérennité de ces centres et "amener à des formes de financement".
Il est "intéressant d'amener les soins urgents à proximité des patients", a au contraire jugé Maeva Delaveau. De plus, "si c'est pour n'envoyer [vers la structure] que les consultations simples, on reste sur la maison médicale de garde".
Favoriser l'installation de ces centres "à proximité du lieu de résidence des patients, c'est plutôt le dogme sur lequel on est", a aussi fait savoir Laurent Gadot.
Mathias Wargon a pointé des risques liés à la recherche de "rentabilité" par des centres ouverts dans le secteur privé lucratif, pendant que les patients vont aller "vers ces super-centres de soins non programmés que [les urgences] étaient".
Ainsi interrogée sur une menace d'"ubérisation", Maeva Delaveau a répondu que la labellisation avait pour enjeu de la prévenir. "On a rencontré deux fois le ministère, pour l'instant c'est le statu quo", a-t-elle considéré.
Sollicitée mercredi par APMnews, elle a estimé que le sujet n'avait pas avancé depuis la confirmation, en fin d'année 2022, que la réflexion était bien en cours.
Les critères de la charte promue par la fédération sont inspirés de la proposition de loi sur la création de points d'accueil pour soins immédiats, dite proposition de loi "Pasi", dont l'examen est pour l'heure resté bloqué en deuxième lecture au Sénat (cf dépêche du 05/10/2022 à 12:34), a-t-elle souligné.
La question du financement, qui pourrait selon elle être "au forfait", n'a pas encore été abordée dans les discussions, a précisé Maeva Delaveau.
La fédération a référencé plus de 40 structures sur son site selon les critères de sa charte, à partir de la démarche "volontaire" des centres souhaitant y être inscrits. "On fait en sorte de ne labelliser que des centres indépendants", a-t-elle précisé. "On a exclu de nos statuts tout ce qui relevait d'une franchise."
mlb/ab/APMnews
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CENTRES DE SOINS NON PROGRAMMÉS: UNE RÉFLEXION SUR LA LABELLISATION "EN COURS" AU MINISTÈRE
Les créations de structures de soins non programmés "foisonnent", de façon "assez désorganisée", a estimé lors d'une intervention le Dr Maeva Delaveau, médecin urgentiste, présidente de la Fédération française des centres de soins non programmés.
Cette dernière est née en août 2022 pour "regrouper les structures qui ont le même type d'activité" (cf dépêche du 09/09/2022 à 16:57). Ce qu'elles doivent être n'est pas encore "vraiment défini", a souligné Maeva Delaveau.
Une approche pas seulement centrée "sur la disponibilité du médecin généraliste", donc les horaires élargis, mais sur le type de prise en charge, nécessite d'identifier ces structures "selon leur plateau technique" et leur capacité à faire "des examens complémentaires et actes thérapeutiques sur un même lieu", a-t-elle fait valoir.
L'organisation d'une réponse graduée doit participer à la "rationalisation de l'offre existante" dans le cadre de parcours de soins et permettre aux services d'urgence de se "recentrer sur leur activité", a-t-elle développé. "On estime que c'est à peu près 40% des passages aux urgences qui pourraient être pris en charge en ambulatoire."
Dans la structure qu'elle a créée à Bouc-Bel-Air (Bouches-du-Rhône), Urgent Care, "les médecins traitants envoient beaucoup de patients", cela représente "20% de mon activité parce que l'on a bien cadré cela au sein de la CPTS [communauté professionnelle territoriale de santé]", a-t-elle témoigné.
Un centre de soins non programmés doit pouvoir orienter les patients "dans des filières de soins identifiées avec un réseau d'avis spécialisés", un "réseau d'aval" et disposer d'"un plateau technique minimal" en radiologie et biologie, a défendu Maeva Delaveau, se référant à la charte élaborée par la fédération.
"Il est important d'arriver à encadrer ces structures, monitorer leur activité pour avoir un réel impact sur le bénéfice pour les patients."
Alors que les agences régionales de santé (ARS) ont entrepris un recensement de l'offre de soins non programmés dans les territoires, "la question de la labellisation" est importante "pour donner de la lisibilité aux patients" (vers quelle offre aller, à quel moment), a confirmé Laurent Gadot, du bureau de la régulation et du financement de l'offre de premier recours à la direction générale de l'offre de soins (DGOS).
Pour cette raison, une réflexion est "en cours" sur le sujet, a-t-il poursuivi, sans plus de précision sur les bases et l'avancée de cette réflexion.
Une cartographie en cours de généralisation
Ce besoin de clarifier l'offre a été confirmé par l'ARS Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca), qui a mis en ligne une cartographie de l'offre de soins non programmés (centres de soins non programmés, maisons de santé pluriprofessionnelles et centres de santé proposant des consultations de soins non programmés et des maisons médicales de garde).
L'agence a assorti cette information, à l'été 2022, d'un message aux patients leur recommandant, en cas de besoin, de consulter "rapidement" (sans urgence vitale), de s'orienter prioritairement vers leur médecin traitant, puis en cas d'indisponibilité, sur l'une des structures identifiées sur la cartographie et en troisième lieu d'appeler le 15.
Le ministère a souhaité que cette démarche soit menée dans toutes les régions. Toutes les ARS sont donc en train de constituer ce fichier et de l'alimenter sur sante.fr.
Une labellisation est "en cours de réflexion" au ministère et, avec "deux ou trois autres ARS", l'ARS Paca "y participe", a fait savoir cette agence. La labellisation aura à terme "un lien avec la cartographie, une structure labellisée pourra apparaître sur la carte".
Lors des échanges, Mathias Wargon, chef du service d'urgence de l'hôpital Delafontaine (Saint-Denis, Seine-Saint-Denis) et directeur de l'Observatoire régional des soins non programmés d'Ile-de-France, a souligné l'"intérêt de la labellisation et de l'évaluation" des centres de soins non programmés.
Alors que les services d'urgence sont pour beaucoup en forte tension, les services d'accès aux soins (SAS) doivent "pouvoir envoyer [des patients] chez les médecins, des maisons médicales de garde et d'autres structures ni labellisées ni évaluées", a-t-il relevé. Donc on "va se rendre compte très rapidement" de la nécessité de cet encadrement.
Il faut prendre en compte et définir ces centres de soins non programmés, "comment ils sont intégrés dans le système de soins actuel", a abondé le Dr Hervé Mourou, coordonnateur de l'ORU Occitanie. "Soit on fait cela et cela apportera quelque chose au système de santé, soit on laisse l'anarchie complète et cela va être la porte ouverte notamment à de grands groupes."
Des inquiétudes portent sur le risque de voir les urgentistes hospitaliers délaisser leurs services pour préférer ces centres leur offrant un meilleur confort d'exercice. Le sujet de la zone d'implantation a aussi été soulevé. "Je pense que les centres de soins non programmés doivent prioritairement être adossés aux structures d'urgence", a commenté Philippe Garitaine, chef du service des urgences du CH de Saint-Tropez, témoignant du bénéfice de ces centres, quand son service est "soumis à une très forte variation d'activité".
"Les centres créés ex nihilo dans des zones à distance des structures d'urgence n'impactent pas sur le flux des urgences", a-t-il considéré. "Dans un premier temps, s'il y a un jour des autorisations, l'adossement à une structure d'urgence, ou en tout cas en collaboration avec la structure d'urgence locale sur la base de ce dont elle a besoin", pourrait assurer la pérennité de ces centres et "amener à des formes de financement".
Il est "intéressant d'amener les soins urgents à proximité des patients", a au contraire jugé Maeva Delaveau. De plus, "si c'est pour n'envoyer [vers la structure] que les consultations simples, on reste sur la maison médicale de garde".
Favoriser l'installation de ces centres "à proximité du lieu de résidence des patients, c'est plutôt le dogme sur lequel on est", a aussi fait savoir Laurent Gadot.
Mathias Wargon a pointé des risques liés à la recherche de "rentabilité" par des centres ouverts dans le secteur privé lucratif, pendant que les patients vont aller "vers ces super-centres de soins non programmés que [les urgences] étaient".
Ainsi interrogée sur une menace d'"ubérisation", Maeva Delaveau a répondu que la labellisation avait pour enjeu de la prévenir. "On a rencontré deux fois le ministère, pour l'instant c'est le statu quo", a-t-elle considéré.
Sollicitée mercredi par APMnews, elle a estimé que le sujet n'avait pas avancé depuis la confirmation, en fin d'année 2022, que la réflexion était bien en cours.
Les critères de la charte promue par la fédération sont inspirés de la proposition de loi sur la création de points d'accueil pour soins immédiats, dite proposition de loi "Pasi", dont l'examen est pour l'heure resté bloqué en deuxième lecture au Sénat (cf dépêche du 05/10/2022 à 12:34), a-t-elle souligné.
La question du financement, qui pourrait selon elle être "au forfait", n'a pas encore été abordée dans les discussions, a précisé Maeva Delaveau.
La fédération a référencé plus de 40 structures sur son site selon les critères de sa charte, à partir de la démarche "volontaire" des centres souhaitant y être inscrits. "On fait en sorte de ne labelliser que des centres indépendants", a-t-elle précisé. "On a exclu de nos statuts tout ce qui relevait d'une franchise."
mlb/ab/APMnews