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15/12 2023
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CH DE BOURGES: LE NOUVEAU DIRECTEUR VEUT CHANGER "LA MAUVAISE IMAGE" QUI COLLE À LA PEAU DE L'ÉTABLISSEMENT

(Propos recueillis par Maxime GRAVIER)

BOURGES, 15 décembre 2023 (APMnews) - Arrivé début novembre à la tête du centre hospitalier (CH) Jacques-Cœur de Bourges, Rémi Fauquembergue, ancien directeur des affaires financières et du contrôle de gestion au CHU de Limoges et directeur par intérim du CH de Confolens, compte multiplier les projets afin de changer la "mauvaise image" de l'établissement, marqué par un manque d'effectifs et un déficit financier "significatif", a-t-il fait savoir mercredi durant un entretien à APMnews.

Rémi Fauquembergue
Rémi Fauquembergue

APMnews: Dans quel état avez-vous trouvé l'établissement à votre arrivée?

Rémi Fauquembergue: J'ai trouvé un établissement qui reste globalement dynamique, dynamisme qui s'affiche aussi au sein du groupement hospitalier de territoire (GHT) du Cher [dont le CH de Bourges est l'établissement support, NDLR]. Mais c'est un établissement qui est marqué par des difficultés de recrutement, qu'il soit médical et paramédical. C'est un défi important.

Il y a une demande, mais le manque d'effectifs ne nous permet pas de répondre entièrement aux besoins de la population. Ainsi, dans le Cher, il y a un taux de fuite de près de 33% des séjours hospitaliers. Cela génère une difficulté de financement pour l'établissement qui, du coup, ne dépasse pas les garanties de financement actuelles, maintenant une tension budgétaire importante. Concernant l'activité, on est à environ -13% par rapport à la période de référence avant le Covid.

C'est aussi un établissement qui était peut-être un peu rentré dans une forme de rupture avec plusieurs partenaires: de ville, les cliniques, etc. Il y a donc un travail important de reconstruction des partenariats avec l'ensemble des acteurs.

Est-ce qu'un service est plus en difficulté que les autres?

L'ensemble des équipes disposent d'un nombre de praticiens relativement limité, avec des difficultés pour les professionnels médicaux à assurer la permanence des soins, mais on ne peut pas dire que le phénomène est plus intense sur une spécialité que sur une autre.

On a tout de même un service des urgences qui est en difficulté, avec un problème d'espace. L'établissement aura 30 ans en 2024, donc ça veut dire que le service des urgences a été configuré il y a 30 ans, à un moment où on n'avait pas autant de passages. Aujourd'hui, les locaux sont trop petits [il y avait 142 passages par jour en 2022, NDLR].

Il faut cependant souligner que le service d'urgence n'a jamais fermé. Cela veut dire que l'on accepte tout le monde, tout le temps, ce qui provoque parfois une prise en charge difficile et une tension sur les lits d'aval. Mais je pense que c'est important de pouvoir répondre aux besoins en permanence. L'hôpital public, c'est aussi la lumière allumée 24 heures sur 24, sept jours sur sept.

J'ai néanmoins été frappé à mon arrivée par la mauvaise image qu'ont parfois les Berruyers de l'hôpital public.

Comment expliquer cette mauvaise image?

Malheureusement, lorsqu'on parle de l'hôpital de Bourges, on parle principalement de cette problématique des urgences. Alors que l'on a des services d'excellence. En cardiologie, on a un plateau de coronarographie. On a aussi de l'ophtalmologie, ce qui n'est pas courant.

Sur la gériatrie, on a plutôt une dynamique favorable. J'ai pu nommer à mon arrivée une nouvelle cheffe de pôle et plusieurs projets sont attendus pour début 2024: l'ouverture d'un hôpital de jour gériatrique, l'ouverture de 12 lits de gériatrie aiguë et la réouverture d'un service de soins médicaux et de réadaptation (SMR), qui était fermé, d'une capacité supérieure de neuf lits.

Quel projet porte le CH pour ses urgences?

On va poser la première pierre de l'agrandissement du service des urgences en mars 2024. Ce seront des travaux assez longs, car réalisés en site occupé. Ils doivent se terminer à l'horizon 2026.

L'enjeu principal, c'est d'avoir une structure plus large, permettant de mieux accueillir les patients, avec à la fois un local pour la maison médicale de garde, un espace de parcours ambulatoire distinct du flux du parcours long ainsi qu'une augmentation significative du nombre de box. Dans le projet initial, nous étions sur une augmentation de 30%, mais finalement, nous allons plus que doubler le nombre de box, qui passera de 10 à 25.

Le coût de ce projet s'élève à environ 11 millions d'euros (M€), un investissement pour lequel le CH est accompagné par l'agence régionale de santé (ARS) Centre-Val de Loire à hauteur de 3,3 M€.

Quels sont les autres projets immobiliers prévus?

A court terme, il y a la reconstruction de l'établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) de Taillegrain, pour un investissement de 15 M€. Actuellement, le site est situé dans de vieux bâtiments et le projet est de reconstruire un Ehpad entier, comprenant 98 places.

Et puis il y a trois projets structurants: le service de néphrologie-hémodialyse, que l'on souhaite refaire afin d'offrir des conditions plus adaptées pour la population qu'on accueille. Le coût est évalué à 11 M€. On a également pour projet d'ouvrir une unité de soins palliatifs de 10 lits, pour 1 M€. Le CH possède déjà des lits identifiés de soins palliatifs (Lisp), mais pas d'unité dédiée. Ça serait la première du département. Dernier point, on a un projet autour de la réanimation et de l'unité de surveillance continue, où on est sur un budget de l'ordre de 16 M€.

Pour mener à bien ces projets, déjà autorisés, l'établissement doit encore dégager une capacité de financement.

Justement, quelle est la situation financière du CH?

L'atterrissage déficitaire prévisionnel est de 5,7 M€ en 2023, sur un budget de pratiquement 200 M€. C'est un déficit qui est significatif. L'un des enjeux va être de dégager une marge brute suffisante pour pouvoir financer les différents investissements.

Les années 2021 et 2022 sont moins significatives en matière de résultat comptable. On a reçu différentes aides de compensation liées à la crise. Donc il y a tout un travail, que je fais actuellement, pour identifier quelle est la situation réelle de l'établissement une fois qu'on lisse ces différents "financements", qui peuvent apparaître comme des effets d'aubaine.

Sur quoi vont porter les prochains travaux du CH?

L'établissement a un premier semestre 2024 très très chargé. Nous lançons le déploiement du dossier patient informatisé (DPI) Hôpital manager* [Softway Medical] au sein de l'établissement à partir de janvier. C'est un DPI commun à l'ensemble du GHT, qui a été déjà déployé sur les CH de Vierzon et de Saint-Amand-Montrond.

Nous avons aussi la certification HAS [Haute autorité de santé] au mois de juin.

Avant cela, nous allons lancer la semaine prochaine le choix de notre accompagnement pour le projet médico-soignant de territoire du GHT du Cher, qui doit être adopté au cours du premier semestre 2024. Nous travaillerons aussi, sur le premier trimestre, à la rédaction des projets de pôles internes à l'établissement, et à la contractualisation polaire, avec un horizon de signature des différents contrats pour le 1er juillet 2024.

mg/nc/APMnews

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(Propos recueillis par Maxime GRAVIER)

BOURGES, 15 décembre 2023 (APMnews) - Arrivé début novembre à la tête du centre hospitalier (CH) Jacques-Cœur de Bourges, Rémi Fauquembergue, ancien directeur des affaires financières et du contrôle de gestion au CHU de Limoges et directeur par intérim du CH de Confolens, compte multiplier les projets afin de changer la "mauvaise image" de l'établissement, marqué par un manque d'effectifs et un déficit financier "significatif", a-t-il fait savoir mercredi durant un entretien à APMnews.

Rémi Fauquembergue
Rémi Fauquembergue

APMnews: Dans quel état avez-vous trouvé l'établissement à votre arrivée?

Rémi Fauquembergue: J'ai trouvé un établissement qui reste globalement dynamique, dynamisme qui s'affiche aussi au sein du groupement hospitalier de territoire (GHT) du Cher [dont le CH de Bourges est l'établissement support, NDLR]. Mais c'est un établissement qui est marqué par des difficultés de recrutement, qu'il soit médical et paramédical. C'est un défi important.

Il y a une demande, mais le manque d'effectifs ne nous permet pas de répondre entièrement aux besoins de la population. Ainsi, dans le Cher, il y a un taux de fuite de près de 33% des séjours hospitaliers. Cela génère une difficulté de financement pour l'établissement qui, du coup, ne dépasse pas les garanties de financement actuelles, maintenant une tension budgétaire importante. Concernant l'activité, on est à environ -13% par rapport à la période de référence avant le Covid.

C'est aussi un établissement qui était peut-être un peu rentré dans une forme de rupture avec plusieurs partenaires: de ville, les cliniques, etc. Il y a donc un travail important de reconstruction des partenariats avec l'ensemble des acteurs.

Est-ce qu'un service est plus en difficulté que les autres?

L'ensemble des équipes disposent d'un nombre de praticiens relativement limité, avec des difficultés pour les professionnels médicaux à assurer la permanence des soins, mais on ne peut pas dire que le phénomène est plus intense sur une spécialité que sur une autre.

On a tout de même un service des urgences qui est en difficulté, avec un problème d'espace. L'établissement aura 30 ans en 2024, donc ça veut dire que le service des urgences a été configuré il y a 30 ans, à un moment où on n'avait pas autant de passages. Aujourd'hui, les locaux sont trop petits [il y avait 142 passages par jour en 2022, NDLR].

Il faut cependant souligner que le service d'urgence n'a jamais fermé. Cela veut dire que l'on accepte tout le monde, tout le temps, ce qui provoque parfois une prise en charge difficile et une tension sur les lits d'aval. Mais je pense que c'est important de pouvoir répondre aux besoins en permanence. L'hôpital public, c'est aussi la lumière allumée 24 heures sur 24, sept jours sur sept.

J'ai néanmoins été frappé à mon arrivée par la mauvaise image qu'ont parfois les Berruyers de l'hôpital public.

Comment expliquer cette mauvaise image?

Malheureusement, lorsqu'on parle de l'hôpital de Bourges, on parle principalement de cette problématique des urgences. Alors que l'on a des services d'excellence. En cardiologie, on a un plateau de coronarographie. On a aussi de l'ophtalmologie, ce qui n'est pas courant.

Sur la gériatrie, on a plutôt une dynamique favorable. J'ai pu nommer à mon arrivée une nouvelle cheffe de pôle et plusieurs projets sont attendus pour début 2024: l'ouverture d'un hôpital de jour gériatrique, l'ouverture de 12 lits de gériatrie aiguë et la réouverture d'un service de soins médicaux et de réadaptation (SMR), qui était fermé, d'une capacité supérieure de neuf lits.

Quel projet porte le CH pour ses urgences?

On va poser la première pierre de l'agrandissement du service des urgences en mars 2024. Ce seront des travaux assez longs, car réalisés en site occupé. Ils doivent se terminer à l'horizon 2026.

L'enjeu principal, c'est d'avoir une structure plus large, permettant de mieux accueillir les patients, avec à la fois un local pour la maison médicale de garde, un espace de parcours ambulatoire distinct du flux du parcours long ainsi qu'une augmentation significative du nombre de box. Dans le projet initial, nous étions sur une augmentation de 30%, mais finalement, nous allons plus que doubler le nombre de box, qui passera de 10 à 25.

Le coût de ce projet s'élève à environ 11 millions d'euros (M€), un investissement pour lequel le CH est accompagné par l'agence régionale de santé (ARS) Centre-Val de Loire à hauteur de 3,3 M€.

Quels sont les autres projets immobiliers prévus?

A court terme, il y a la reconstruction de l'établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) de Taillegrain, pour un investissement de 15 M€. Actuellement, le site est situé dans de vieux bâtiments et le projet est de reconstruire un Ehpad entier, comprenant 98 places.

Et puis il y a trois projets structurants: le service de néphrologie-hémodialyse, que l'on souhaite refaire afin d'offrir des conditions plus adaptées pour la population qu'on accueille. Le coût est évalué à 11 M€. On a également pour projet d'ouvrir une unité de soins palliatifs de 10 lits, pour 1 M€. Le CH possède déjà des lits identifiés de soins palliatifs (Lisp), mais pas d'unité dédiée. Ça serait la première du département. Dernier point, on a un projet autour de la réanimation et de l'unité de surveillance continue, où on est sur un budget de l'ordre de 16 M€.

Pour mener à bien ces projets, déjà autorisés, l'établissement doit encore dégager une capacité de financement.

Justement, quelle est la situation financière du CH?

L'atterrissage déficitaire prévisionnel est de 5,7 M€ en 2023, sur un budget de pratiquement 200 M€. C'est un déficit qui est significatif. L'un des enjeux va être de dégager une marge brute suffisante pour pouvoir financer les différents investissements.

Les années 2021 et 2022 sont moins significatives en matière de résultat comptable. On a reçu différentes aides de compensation liées à la crise. Donc il y a tout un travail, que je fais actuellement, pour identifier quelle est la situation réelle de l'établissement une fois qu'on lisse ces différents "financements", qui peuvent apparaître comme des effets d'aubaine.

Sur quoi vont porter les prochains travaux du CH?

L'établissement a un premier semestre 2024 très très chargé. Nous lançons le déploiement du dossier patient informatisé (DPI) Hôpital manager* [Softway Medical] au sein de l'établissement à partir de janvier. C'est un DPI commun à l'ensemble du GHT, qui a été déjà déployé sur les CH de Vierzon et de Saint-Amand-Montrond.

Nous avons aussi la certification HAS [Haute autorité de santé] au mois de juin.

Avant cela, nous allons lancer la semaine prochaine le choix de notre accompagnement pour le projet médico-soignant de territoire du GHT du Cher, qui doit être adopté au cours du premier semestre 2024. Nous travaillerons aussi, sur le premier trimestre, à la rédaction des projets de pôles internes à l'établissement, et à la contractualisation polaire, avec un horizon de signature des différents contrats pour le 1er juillet 2024.

mg/nc/APMnews

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