Actualités de l'Urgence - APM

Le Chic est "peut-être l'un des établissements les plus solides d'Ile-de-France" mais il a été bouleversé sur plusieurs champs en 2017, a-t-il expliqué.

En marge de la cérémonie, il a précisé à APMnews, que le déficit devrait atteindre 1,5 million € à fin 2017, soit 0,7% sur les 200 millions € de budget, alors que l'établissement avait initialement prévu de maintenir son équilibre financier (cf dépêche du 19/01/2017 à 18:27).

L'établissement a pourtant vu son activité augmenter de 2% en hospitalisation, de 5% pour les consultations externes et 6% pour les urgences. Pour le président de la commission médicale d'établissement (CME), Hervé Hagege, il est "inacceptable qu'un hôpital à activité croissante depuis de nombreuses années soit déficitaire".

Stéphane Pardoux a néanmoins indiqué à APMnews que le taux de marge demeurait bon, "l'un des meilleurs d'Ile-de-France", à un peu moins de 6%, contre un peu plus de 6% en 2016 et que la capacité d'autofinancement (CAF) nette restait positive.

"Notre capacité d'autofinancement nous a permis, tout en nous désendettant, de financer près de 9 millions € d'investissement" en 2017, a-t-il rappelé.

Pour 2018, le Chic présentera fin janvier un état des prévisions des recettes et des dépenses (EPRD) avec un déficit de 1 million € sur un budget de 210 millions. Il est prévu d'investir 10 millions cette année.

Parmi les évènements importants de 2017, il a cité dans son discours "l'afflux de malades", avec actuellement encore une tension vive aux urgences. "Ce flux est positif pour notre établissement d'un point de vue financier [...] il démontre cruellement le bouleversement en cours sur les autres acteurs de santé, qui faiblissent dans leur réponse à la demande de soins et nous laissent désormais souvent en première ligne quasiment seuls".

"Nous ne faisons plus face", a-t-il déploré. Il projette de renforcer "dans les prochaines semaines" de façon pérenne les effectifs aux urgences et d'ouvrir une nouvelle réflexion pour augmenter à nouveau la capacité en lits d'aval.

Parmi les autres difficultés de 2017, il a cité "des réformes nationales tâtonnantes et laborieuses" qui ont privé l'établissement d'internes pendant plusieurs mois dans des secteurs stratégiques, notamment la médecine interne. "La situation est certes aujurd'hui stabilisée mais elle illustre une fragilité qu'il nous faut anticiper en cherchant d'autres modes de fonctionnement".

Stéphane Pardoux a noté par ailleurs que le Chic était désormais touché comme les hôpitaux parisiens par des difficultés de recrutement médical. Il "souhaite que 2018 soit largement consacré à l'élaboration d'une politique ambitieuse et concrète d'attractivité et de fidélisation médicale". Le directeur général adjoint, Jean-Bernard Castet, coordonnera ce travail de co-construction avec la communauté médicale.

Une enquête sur la qualité de vie au travail a été réalisée au Chic et a donné des résultats "globalement très positifs" mais aussi des pistes de travail pour améliorer certaines situations.

GHT: de l'avance sur la mutualisation mais des bouleversements

S'agissant du groupement hospitalier de territoire (GHT), constitué du Chic et du CHI de Villeneuve-Saint-Georges (Chiv, Val-de-Marne), il est désormais "en ordre de marche", avec même de l'avance sur le processus de mutualisation, s'est félicité Stéphane Pardoux, par ailleurs directeur par intérim du Chiv (cf dépêche du 21/12/2016 à 15:42 et dépêche du 23/06/2017 à 18:03).

Il a toutefois souligné les bouleversements générés pour les équipes de direction, "avec la moitié du comité de direction du Chic qui assure des fonctions similaires au Chiv". "2018 doit être une année de stabilisation et de réadaptation de notre pilotage collectif à ce nouveau schéma", a-t-il observé en rappelant que l'arrivée de Jean-Bernard Castet à ses côtés avait pour ambition de "continuer à porter une dynamique forte de terrain et réactive".

Stéphane Pardoux a insisté sur le fait que "plus aucun projet médical ne doit être réfléchi en dehors du cadre du GHT", sinon il ne sera pas porté de façon prioritaire.

Il s'est aussi déclaré conscient que la constitution du GHT "bouleverse" les "rapports et positionnements historiques" du Chic avec ses "voisins et amis". "Ils doivent le comprendre, c'est à eux de s'insérer dans ce nouvel ordonnancement souhaité par les pouvoirs publics". Pour Hervé Hagege, la construction du GHT ne doit pas défaire les coopérations qui existent déjà et fonctionnent de façon satisfaisante. Il a annoncé qu'une convention entre le GHT et Henri-Mondor serait élaborée courant 2018.

Rénovation du centre de consultations et du bloc opératoire en 2018

Pour 2018, le directeur a cité deux projets "emblématiques":

• le début de la rénovation du centre de consultations universitaire d'abord d'ORL puis d'ophtalmologie (10 millions € pour la reconfiguration du plateau de 3.000 m²)
• l'opération "chamboule-tout" dans le bloc opératoire avec l'extension des vacations pour offrir des délais de prise en charge plus courts et le renforcement des équipes à hauteur de près de 10 équivalents temps plein (ETP).

Stéphane Pardoux a également évoqué sa volonté de "redéfinir l'ambition recherche" pour les cinq prochaines années. Le Chic est le 1er centre hospitalier en termes de volume de financement Merri (missions d'enseignement, de recherche et d'innovation) et le 2e CH en termes de point Sigaps, a rappelé la direction à APMnews.

"Chaque équipe doit participer à cette dynamique recherche", qui doit par ailleurs dépasser le cadre du Chic, a souligné le directeur. Il a fait part de sa volonté d'accueillir des praticiens à forte capacité de recherche et de créer en 2018 une fondation pour la recherche afin d'être plus réactif.

Il a également mentionné des "projets ambitieux" autour de l'ophtalmologie de la chirurgie bariatrique, de l'aval des urgences et de la réanimation et la nécessité d'avancer sur la recomposition des unités du pôle femme-enfant-adolescent. Il envisage de réfléchir à l'acquisition d'un robot chirurgical et a prévu une enveloppe de 250.000 € pour financer des projets innovants portés par les équipes.

Après l'introduction de moutons au Chic, il a évoqué celle d'abeilles "pour vendre notre miel", ce qui "compensera pour partie la baisse des tarifs", a-t-il ironisé.

Parmi les autres sujets attendus en 2018, il a cité la dématérialisation complète du dossier patient, un petit robot en pédiatrie pour accompagner l'éducation thérapeutique, l'expérimentation d'une borne automatique pour simplifier les admissions en partenariat avec Agfa, le projet de préfinancement des recettes T2A avec la Banque postale (cf dépêche du 30/11/2017 à 12:38) et le renouvellement massif des près de 50 échographes avec un "modèle économique nouveau".

En 2018, le président de la CME souhaite par ailleurs introduire auprès des soignants la "médecine narrative", déjà populaire en Amérique du Nord et qui consiste à raconter son expérience au sein de l'établissement et écouter celle des autres. Son approche, qui vise à valoriser le travail de chacun et améliorer la qualité des soins, passera par une démarche institutionnelle avec la communauté médicale, la directrice des soins et le directeur.

cb/ab/APMnews