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25/04 2025
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CHIKUNGUNYA À LA RÉUNION: 60 LITS DE MÉDECINE SUPPLÉMENTAIRES OUVERTS DANS LES CLINIQUES PRIVÉES

(Par Antoine LAURENT)

SAINT-DENIS (La Réunion), 25 avril 2025 (APMnews) - Les établissements de santé de La Réunion ont ouvert 60 lits de médecine temporaires, "tous en clinique privée", pour faire face à l'épidémie de chikungunya sur l'île, a déclaré l'agence régionale de santé (ARS) La Réunion vendredi à APMnews.

Ces ouvertures de lits ont été réparties entre six établissements privés, précise Nicolas Thévenet, directeur adjoint veille et sécurité sanitaires de l'ARS. "Ces lits accueillent les patients que l'on ne pourrait plus accueillir dans les lits de médecine. Ils sont là pour appuyer les établissements de soin publics."

Le 11 avril, un arrêté a permis à l'agence régionale d'autoriser les établissements de santé "à exercer une activité de soins autre que celle au titre de laquelle ils ont été autorisés afin d'assurer la prise en charge des patients nécessitant une hospitalisation en médecine", rappelle-t-on (cf dépêche du 11/04/2025 à 17:48).

L'ARS ne prévoit plus d'ouverture de lits supplémentaires dans les jours à venir. "Nous regardons la situation avec attention. S'il y a par exemple nécessité de fermer des lits dans le sud de l'île, pour en rouvrir dans le nord, nous l'étudierons", précise Nicolas Thévenet en rappelant "l'équilibre à trouver" entre l'accueil des patients touchés par l'épidémie et les autres activités de soin.

Dans son bulletin hebdomadaire, Santé publique France (SPF) estimait mercredi que l'épidémie se stabilisait "à un haut niveau de transmission" sur l'île. L'agence sanitaire constatait aussi une différence de dynamique entre les zones géographiques nord et sud de l'île, avec une augmentation du nombre de passages aux urgences pour motif chikungunya sur le site Nord du CHU de La Réunion et une diminution sur le site Sud.

L'ARS observe un taux d'occupation moyen des lits de médecine "supérieur à 90%" dans les établissements de l'île.

Plan blanc toujours en cours au CHU

Le 4 avril, le CHU de La Réunion avait lancé un plan blanc en raison de la progression de son activité liée à l'épidémie (cf dépêche du 07/04/2025 à 18:38).

L'établissement, contacté par APMnews, a rapporté vendredi qu'il avait transformé 18 lits d'hospitalisation en de semaine en lits de médecine post-urgence (10 sur le site Sud du CHU, 8 sur le site Nord).

L'établissement a aussi ouvert 14 lits de médecine post-urgences supplémentaires, dont 4 sur le site de Saint-Pierre, et 10 sur son site de Saint-Joseph, tous deux dans le sud de l'île. Il a également mis en place une "filière d'accueil chikungunya" dans son service d'accueil des urgences du sud.

Le directeur général du CHU, Lionel Calenge, rappelle que l'île avait été touchée fin février par le passage du cyclone Garance. Celui-ci avait entraîné des dégâts estimés à environ 3 millions d'euros sur les infrastructures du CHU, ainsi que des déprogrammations d'activité.

"Au total, depuis un peu plus d'un mois et demi, les actes sur environ 350 patients ont été déprogrammés en raison du cyclone et de l'épidémie", recense Lionel Calenge.

Depuis le 7 mars, l'établissement a recensé un "sur-absentéisme" en raison de ces événements, touchant 540 soignants "en cumulé, sur toute la période", relève le directeur.

Pour faire face à l'afflux de patients touchés par l'épidémie, le CHU avait reçu le renfort de trois médecins de la réserve sanitaire.

Au cours de sa visite mercredi au CHU de La Réunion, le ministre chargé de la santé et de l'accès aux soins, Yannick Neuder, a promis le renfort de six médecins supplémentaires. Ceux-ci arriveront à partir du 6 mai, précise Lionel Calenge.

Plusieurs centaines d'agents mobilisés pour la lutte antivectorielle

L'ARS explique qu'à la suite du passage du cyclone Garance fin février sur l'île, plusieurs centaines de personnes ont été mobilisées dans le cadre d'une lutte antivectorielle visant à limiter la propagation du virus.

Elle se traduit par une "lutte mécanique" consistant à limiter les points d'eau dans lesquels les moustiques porteurs du virus pondent leurs larves.

Ces actions sont complétées par des actions d'information auprès de la population, et des actions de traitement chimique.

L'agence déclare avoir mobilisé 100 agents pour ce travail, ainsi que 100 intérimaires supplémentaires recrutés "depuis de nombreux mois". Ces agents ont été appuyés "depuis 15 jours" par 120 militaires.

Environ 400 personnes en parcours emploi compétences (PEC, en emplois aidés) ont également été mobilisées par les communes de l'île pour réaliser ce travail. La préfecture de La Réunion a annoncé qu'elle financerait jusqu'à 800 PEC afin d'accélérer leurs actions.

"Le passage du cyclone Garance a provoqué beaucoup de dégâts, et tous les déchets n'ont pas encore été évacués. Or, tous ces déchets forment ensuite des petits réservoirs d'eau dans lesquels les moustiques pondent et se reproduisent", contextualise Nicolas Thévenet.

"Nous avons une approche ciblée sur lieux les plus sensibles, c'est-à-dire les lieux proches des habitats des femmes enceintes, des nouveau-nés, des personnes avec des comorbidités, les lieux publics et les administrations", détaille-t-il.

L'ARS confirme avoir lancé "doucement" sa campagne de vaccination contre le virus. Elle estime qu'environ 3.000 personnes auraient pour l'instant été vaccinées.

Elle a été élargie la semaine dernière à l'ensemble des personnes de plus de 65 ans et à celles de plus de 18 ans présentant des comorbidités.

Nicolas Thévenet reconnaît que l'ARS s'attendait à un "chiffre un peu supérieur" de vaccination.

Pour rappel, 40.000 vaccins Ixchiq* ont été envoyés par le laboratoire et sont pris en charge par l'ARS dans le cadre de cette campagne (cf dépêche du 24/03/2025 à 16:44). L'agence sanitaire a commandé 50.000 doses supplémentaires, dont l'arrivée s'étalonnera jusqu'à fin mai.

L'ARS ajoute avoir commandé plus de 20.000 moustiquaires, et a commencé à les distribuer dans les maternités aux femmes enceintes et aux parents.

"C'est une mesure de protection du moustique qui pourrait contaminer les nouveau-nés", décrit Nicolas Thévenet. L'ARS prévoit d'étendre cette distribution aux personnes âgées et aux personnes en situation de comorbidité.

al/nc/APMnews

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CHIKUNGUNYA À LA RÉUNION: 60 LITS DE MÉDECINE SUPPLÉMENTAIRES OUVERTS DANS LES CLINIQUES PRIVÉES

(Par Antoine LAURENT)

SAINT-DENIS (La Réunion), 25 avril 2025 (APMnews) - Les établissements de santé de La Réunion ont ouvert 60 lits de médecine temporaires, "tous en clinique privée", pour faire face à l'épidémie de chikungunya sur l'île, a déclaré l'agence régionale de santé (ARS) La Réunion vendredi à APMnews.

Ces ouvertures de lits ont été réparties entre six établissements privés, précise Nicolas Thévenet, directeur adjoint veille et sécurité sanitaires de l'ARS. "Ces lits accueillent les patients que l'on ne pourrait plus accueillir dans les lits de médecine. Ils sont là pour appuyer les établissements de soin publics."

Le 11 avril, un arrêté a permis à l'agence régionale d'autoriser les établissements de santé "à exercer une activité de soins autre que celle au titre de laquelle ils ont été autorisés afin d'assurer la prise en charge des patients nécessitant une hospitalisation en médecine", rappelle-t-on (cf dépêche du 11/04/2025 à 17:48).

L'ARS ne prévoit plus d'ouverture de lits supplémentaires dans les jours à venir. "Nous regardons la situation avec attention. S'il y a par exemple nécessité de fermer des lits dans le sud de l'île, pour en rouvrir dans le nord, nous l'étudierons", précise Nicolas Thévenet en rappelant "l'équilibre à trouver" entre l'accueil des patients touchés par l'épidémie et les autres activités de soin.

Dans son bulletin hebdomadaire, Santé publique France (SPF) estimait mercredi que l'épidémie se stabilisait "à un haut niveau de transmission" sur l'île. L'agence sanitaire constatait aussi une différence de dynamique entre les zones géographiques nord et sud de l'île, avec une augmentation du nombre de passages aux urgences pour motif chikungunya sur le site Nord du CHU de La Réunion et une diminution sur le site Sud.

L'ARS observe un taux d'occupation moyen des lits de médecine "supérieur à 90%" dans les établissements de l'île.

Plan blanc toujours en cours au CHU

Le 4 avril, le CHU de La Réunion avait lancé un plan blanc en raison de la progression de son activité liée à l'épidémie (cf dépêche du 07/04/2025 à 18:38).

L'établissement, contacté par APMnews, a rapporté vendredi qu'il avait transformé 18 lits d'hospitalisation en de semaine en lits de médecine post-urgence (10 sur le site Sud du CHU, 8 sur le site Nord).

L'établissement a aussi ouvert 14 lits de médecine post-urgences supplémentaires, dont 4 sur le site de Saint-Pierre, et 10 sur son site de Saint-Joseph, tous deux dans le sud de l'île. Il a également mis en place une "filière d'accueil chikungunya" dans son service d'accueil des urgences du sud.

Le directeur général du CHU, Lionel Calenge, rappelle que l'île avait été touchée fin février par le passage du cyclone Garance. Celui-ci avait entraîné des dégâts estimés à environ 3 millions d'euros sur les infrastructures du CHU, ainsi que des déprogrammations d'activité.

"Au total, depuis un peu plus d'un mois et demi, les actes sur environ 350 patients ont été déprogrammés en raison du cyclone et de l'épidémie", recense Lionel Calenge.

Depuis le 7 mars, l'établissement a recensé un "sur-absentéisme" en raison de ces événements, touchant 540 soignants "en cumulé, sur toute la période", relève le directeur.

Pour faire face à l'afflux de patients touchés par l'épidémie, le CHU avait reçu le renfort de trois médecins de la réserve sanitaire.

Au cours de sa visite mercredi au CHU de La Réunion, le ministre chargé de la santé et de l'accès aux soins, Yannick Neuder, a promis le renfort de six médecins supplémentaires. Ceux-ci arriveront à partir du 6 mai, précise Lionel Calenge.

Plusieurs centaines d'agents mobilisés pour la lutte antivectorielle

L'ARS explique qu'à la suite du passage du cyclone Garance fin février sur l'île, plusieurs centaines de personnes ont été mobilisées dans le cadre d'une lutte antivectorielle visant à limiter la propagation du virus.

Elle se traduit par une "lutte mécanique" consistant à limiter les points d'eau dans lesquels les moustiques porteurs du virus pondent leurs larves.

Ces actions sont complétées par des actions d'information auprès de la population, et des actions de traitement chimique.

L'agence déclare avoir mobilisé 100 agents pour ce travail, ainsi que 100 intérimaires supplémentaires recrutés "depuis de nombreux mois". Ces agents ont été appuyés "depuis 15 jours" par 120 militaires.

Environ 400 personnes en parcours emploi compétences (PEC, en emplois aidés) ont également été mobilisées par les communes de l'île pour réaliser ce travail. La préfecture de La Réunion a annoncé qu'elle financerait jusqu'à 800 PEC afin d'accélérer leurs actions.

"Le passage du cyclone Garance a provoqué beaucoup de dégâts, et tous les déchets n'ont pas encore été évacués. Or, tous ces déchets forment ensuite des petits réservoirs d'eau dans lesquels les moustiques pondent et se reproduisent", contextualise Nicolas Thévenet.

"Nous avons une approche ciblée sur lieux les plus sensibles, c'est-à-dire les lieux proches des habitats des femmes enceintes, des nouveau-nés, des personnes avec des comorbidités, les lieux publics et les administrations", détaille-t-il.

L'ARS confirme avoir lancé "doucement" sa campagne de vaccination contre le virus. Elle estime qu'environ 3.000 personnes auraient pour l'instant été vaccinées.

Elle a été élargie la semaine dernière à l'ensemble des personnes de plus de 65 ans et à celles de plus de 18 ans présentant des comorbidités.

Nicolas Thévenet reconnaît que l'ARS s'attendait à un "chiffre un peu supérieur" de vaccination.

Pour rappel, 40.000 vaccins Ixchiq* ont été envoyés par le laboratoire et sont pris en charge par l'ARS dans le cadre de cette campagne (cf dépêche du 24/03/2025 à 16:44). L'agence sanitaire a commandé 50.000 doses supplémentaires, dont l'arrivée s'étalonnera jusqu'à fin mai.

L'ARS ajoute avoir commandé plus de 20.000 moustiquaires, et a commencé à les distribuer dans les maternités aux femmes enceintes et aux parents.

"C'est une mesure de protection du moustique qui pourrait contaminer les nouveau-nés", décrit Nicolas Thévenet. L'ARS prévoit d'étendre cette distribution aux personnes âgées et aux personnes en situation de comorbidité.

al/nc/APMnews