Actualités de l'Urgence - APM

Des élus et des comités de défense n'acceptent pas la régulation des urgences de l'hôpital carhaisien la nuit en vigueur depuis septembre, rappelle-t-on.

Des manifestants réclamant le maintien des urgences la nuit à Carhaix avaient occupé mi-septembre pendant plusieurs heures les locaux de la délégation départementale de l'agence régionale de santé (ARS) Bretagne à Quimper (cf dépêche du 15/09/2023 à 19:27).

Le 9 octobre, la gouvernance du CHU de Brest-Carhaix avait prôné l'apaisement et demandé que soient reconnus les efforts des équipes hospitalières pour assurer les activités de l'hôpital de Carhaix, dans le contexte de crise de la démographie médicale (cf dépêche du 10/10/2023 à 09:24), mais l'agitation continuait.

"Les services de l'Etat, le CHU de Brest-Carhaix en lien avec les collectivités, renouvellent et étendent leur engagement pour le maintien et le développement de l'offre de soins à l'hôpital de Carhaix à travers la signature" de ce protocole, est-il souligné dans le communiqué diffusé par la préfecture.

Le protocole "décrit les objectifs d'un plan d'action pour consolider les mesures engagées par l'Etat", "formalise les engagements à court terme pour recruter des médecins au service des urgences" et "présente les engagements à moyen terme pour le maintien et le développement des activités de l'hôpital de Carhaix", est-il résumé dans le communiqué.

Egalement, "le contexte et les difficultés rencontrées aux urgences de Carhaix et de Brest" sont détaillés dans le texte.

Selon le protocole qu'APMnews a pu consulter vendredi, parmi les engagements pris pour "la réouverture complète des urgences de Carhaix" figure celui de "recruter les médecins urgentistes nécessaires" et "garantir la présence a minima d'un médecin généraliste en complément du médecin du Smur".

"L'enjeu est de disposer d'un médecin généraliste, dans l'attente du recrutement d'un autre médecin urgentiste, qui viendrait en complément des deux médecins déjà présents sur l'hôpital", est-il détaillé.

"Dès le recrutement de ce troisième médecin, toute personne accueillie aux urgences de Carhaix aura la garantie d'être vue, si son état le nécessite, par un médecin", selon le protocole.

Les fiches de postes pour ces recrutements ont déjà été publiées.

En outre, le CHU "a décidé de renforcer les leviers d'attractivité dans les fiches de postes au travers de la prise en charge des frais de transports, de logement et de restauration".

Et "si ces mesures ne suffisent pas, des dispositifs complémentaires d'attractivité pourront être identifiés en lien avec les élus". Sont mentionnées des solutions de gardes d'enfants, réponses en matière de logement, de mobilité professionnelle des conjoints, ou encore des solutions de transport.

Il est en outre "proposé d'élargir immédiatement la communication sur ces fiches de poste, et de renforcer le travail avec l'ordre des médecins et tout autre partenaire pour identifier des viviers de médecins retraités susceptibles de se réengager ou tout autre médecin volontaire".

Autre engagement selon ce protocole: "favoriser le recrutement des personnels non médicaux dans tous les services pour pourvoir les [20] postes vacants" avec "différents dispositifs d'attractivité".

Ces dispositifs vont de "contrats d'engagement aux élèves" infirmières à l'évolution des aides-
soignantes en infirmières "au travers de promotions professionnelles fléchées pour l'hôpital de Carhaix", en passant par "des forfaits d'heures supplémentaires majorées" pour infirmières et aides-soignantes "pour pouvoir pleinement mobiliser le capacitaire en soins médicaux".

"Dans l'attente du recrutement des médecins, le renforcement des ressources infirmières pourra être complété dès novembre 2023 par la mise en place d'un protocole de service permettant de déléguer des tâches aux professionnels paramédicaux en vue d'accélérer la prise en charge des patients", est-il exposé.

Par ailleurs, l''Etat "réaffirme son engagement à maintenir les activités actuellement autorisées au sein de l'hôpital de Carhaix", mais aussi celui "de poursuivre le développement et la modernisation de l'offre hospitalière sur le site".

Concrètement, il est prévu entre autres l'"implantation d'un [appareil d']IRM fixe cinq jours par semaine au premier trimestre 2025 "en substitution de l''IRM mobile actuellement en fonctionnement deux jours par semaine", la création d'une unité de soins palliatifs de 10 à 12 lits.

Autre engagement: la "réalisation du programme d'investissement prévu dans le cadre du Ségur investissement notamment en matière de rénovation du secteur Ehpad et unité de soins longue durée (USLD) avec un lancement au deuxième trimestre 2024 pour une "réception visée au premier trimestre 2026".

Des "réunions de point d'étape régulières pour le suivi" des différentes mesures du protocole seront mises en place. Elles devraient se tenir tous les "deux mois".

Il est souligné que "les collectivités signataires du présent protocole seront les garantes avec l'Etat et le CHU […] du respect des engagements".

La première réunion se tiendra avant fin 2023.

Une situation dégradée "pas satisfaisante par rapport au fonctionnement" avant l'été

Il est rappelé dans le protocole qu'en été "pour garantir le fonctionnement 24h/24 du Smur, […]l'accueil des patients aux urgences a été adapté avec un accès régulé via le centre 15".

"Ces difficultés liées à la démographie médicale sont rencontrées par de nombreux établissements de santé en Bretagne et partout en France", est-il avancé.

Mais il est reconnu dans le protocole qu'"en raison de l'éloignement des autres sites hospitaliers publics et privés, et des difficultés générales rencontrées par la population […] pour accéder aux soins, la situation des urgences de Carhaix est particulièrement sensible et plus globalement celle du service des urgences du CHU Brest-Carhaix".

"Le retour à l'organisation habituelle prévu à compter du lundi 4 septembre n'a pu se faire en raison d'arrêts maladie inopinés de médecins urgentistes titulaires à temps plein et de l'absence de réponse des médecins intérimaires", est-il complété.

Or, il est avancé dans le protocole que "cette situation dégradée n'est pas satisfaisante par rapport au fonctionnement connu avant l'été. Ce constat est collectivement partagé et le fait que cette situation soit ressentie comme inacceptable doit être entendu".

"L'accès au service des urgences en soirée et la nuit est toujours régulé par le centre 15" actuellement, est-il par ailleurs rappelé.

jyp/ab/APMnews