Actualités de l'Urgence - APM

CINQ QUESTIONS À JULIEN COUVREUR, DG DU CH D'AUCH, ÉTABLISSEMENT SUPPORT DU GHT DU GERS
Le GHT du Gers compte officiellement 12 membres: le CH d'Auch, les CH de Mirande et de Vic-Fezensac (ex-hôpitaux locaux, en direction commune avec le CH d'Auch), le CH de Condom, le CH de Nogaro, le centre hospitalier spécialisé (CHS) du Gers (Auch), les CH de Mauvezin, de Lombez, de Gimont et de Fleurance, le centre Cantaloup-Lavallée, et l'établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) Lavallée (Saint-Clar).
Il compte environ 3.000 agents non médicaux, quelque 130 médecins salariés et une centaine de collaborateurs libéraux. Son budget consolidé est légèrement inférieur à 200 millions d'euros.
<+APM: La naissance du GHT du Gers a été difficile. Le 21 septembre, une délégation de médecins, syndicats, et représentants des usagers du CHS d'Auch, était encore reçue par le cabinet de la ministre des affaires sociales et de la santé, Marisol Touraine, pour demander à ne pas intégrer le GHT. Qu'en est-il aujourd'hui ?+>
LIMG 2137<+Julien Couvreur:+> La naissance du GHT du Gers a effectivement connu quelques "vicissitudes". Mais les choses avancent...
Le CH de Condom [qui souhaitait intégrer le GHT Moyenne Garonne, NDLR] a signé, la semaine dernière la convention constitutive du GHT du Gers. Résultat: à l'heure d'aujourd'hui, 11 des 12 établissements membres du GHT ont signé cette convention [seule manque la signature du CHS du Gers, spécialisé en psychiatrie].
Nous avons installé notre comité stratégique, qui a tenu sa première session formelle courant septembre. Et les choses vont s'accélérer, avec la mise en place d'un comité médical. A ce propos, et même si la naissance du GHT du Gers a pu connaître certaines difficultés, des coopérations thématiques inter-établissements existaient déjà, sur un mode conventionnel. C'était notamment le cas concernant la médecine préventive, l'hygiène, ou encore les soins palliatifs. Les choses se faisaient un peu "en tuyaux d'orgue", souvent à partir d'initiatives individuelles. Mais elles existaient.
Nous avons d'ailleurs essayé de structurer la démarche en décembre 2015, dans l'optique de la création à venir du GHT. Non seulement via des échanges entre directeurs d'établissements et présidents de CME [commissions médicales d'établissement]. Mais plus encore via la création de groupes thématiques sur les quatre fonctions dont la mutualisation prochaine était annoncée. Ces quatre groupes associaient les 12 établissements membres du GHT.
<+Le GHT du Gers a-t-il un visage un peu particulier?+>
Il a, oui, quelques particularités. Hors même le caractère rural et vieillissant du Gers. D'une part, sa structure quelque peu atomisée en termes d'organisation sanitaire: il réunit en effet nombre de structures (12) pour un bassin de population départemental d'à peine 200.000 habitants.
Il a, d'autre part, une forte composante médico-sociale, l'essentiel de ses lits et places étant des lits d'Ehpad: il en compte 1.449 au total.
Pour le reste, il compte 702 lits et places en MCO [médecine, chirurgie, obstétrique] et de psychiatrie, 232 en SSR [soins de suite et de réadaptation], 195 en USLD [unité de soins de longue durée] et 224 places en Ssiad [services de soins infirmiers à domicile].
<+Quels sont les axes stratégiques du futur projet médical partagé du GHT du Gers?+>
Cinq grandes thématiques ont déjà été identifiées. Premier axe: la structuration de la filière gériatrique, l'objectif étant d'homogénéiser les pratiques. Pour cela, nous allons travailler à faire vivre une équipe mobile gériatrique (qui existe déjà mais ne fonctionne pas de manière optimum), et à développer l'activité de consultation en hôpital de jour. Nous souhaiterions aussi harmoniser les pratiques concernant l'orientation des patients se retrouvant en situation critique.
Deuxième axe: harmoniser les orientations et prises en charge en SSR, activité présente dans quasi tous les établissements du GHT. Pour cela, il nous faut continuer à soutenir toutes les coopérations existantes en la matière - je pense notamment aux consultations avancées des praticiens hospitaliers (PH) du CH d'Auch, qui se déplacent tous les 15 jours dans différents établissements du département. Mais il faut aussi nous mettre d'accord sur un schéma d'orientation des patients sur les différents sites SSR du GHT.
Troisième axe et enjeu fort: la filière urgences. Le GHT doit, à cet égard, nous permettre de garantir une offre de soins correspondant aux besoins des patients, sachant que les deux établissements du GHT disposant d'une offre de soins en la matière - les CH de Condom et d'Auch - font face à un certain nombre de difficultés.
Le CH de Condom (un peu moins de 8.000 passages par an) dispose d'un service d'accueil des urgences, ainsi que d'un Smur dont le médecin chef est [théoriquement] fourni par le CH d'Auch. Le CH d'Auch, doté d'un service d'urgences, d'un Samu et d'un Smur, connaît, je vous l'accorde, des difficultés en termes de recrutement de médecins. Conséquence: le taux de temps de travail additionnel des médecins y est fort, et le recours à l'intérim marqué. Et ce, dans un contexte de mise en place, partielle, de la réforme du temps de travail des urgentistes.
Entre ces deux établissements, il existe une fédération des urgences, mais elle connaît, c'est vrai, des difficultés de fonctionnement. Nous devons impérativement y remédier - la refonder, et définir une nouvelle organisation médicale. Pour cela, il nous faut commencer par mettre en place une équipe médicale de territoire, avec partage des ressources. Cela me semble impératif, même si cela doit se faire sans "bousculer" les professionnels et les établissements.
Le GHT du Gers a d'ailleurs demandé, après discussion avec l'ARS, à être accompagné sur cette thématique 'urgences', dans le cadre du dispositif d'appui opérationnel prévu dans le plan national d'accompagnement [cf APM SAN9ODUTYE].
Quatrième axe: la filière santé mentale. Avec un objectif majeur: trouver, avec le CHS du Gers (seul établissement public du département à avoir une activité psychiatrique), les modalités d'évaluation gérontopsychoatrique les plus adaptées pour les différents établissements du GHT. Nous sommes en effet un peu démunis sur le sujet, alors que les besoins sont forts.
Cinquième axe: organiser l'accès aux plateaux techniques et spécialisés uniquement présents au CH d'Auch pour les différentes spécialités - imagerie, biologie, etc. Cela pourrait se faire, par exemple, via des plages de consultations dédiées.
<+Quel est, selon vous, le rôle d'un établissement support de GHT?+>
Je dirais tout d'abord, qu'en un sens, nous avons une certaine "chance": l'essentiel de l'activité MCO du territoire étant réalisée à Auch, le GHT ne sera pas pour nous un outil pour gérer d'éventuelles concurrences entre établissements.
Plus globalement, j'estime que le CH d'Auch, en tant qu'établissement support, a surtout un rôle d'animation territoriale. Il a aussi un rôle d'expertise, de soutien aux établissements membres, qui doit être développé - par exemple par le biais de consultations avancées. En retour, nous souhaiterions bien sûr que les médecins libéraux, qui participent au fonctionnement des anciens hôpitaux locaux membres du GHT, nous adressent prioritairement leurs patients en cas d'orientation impérative. Cela permettrait qui plus est de contrer la fuite des patients, assez marquée dans le département, que ce soit vers Agen, Tarbes ou, bien évidemment Toulouse.
<+Quid de l'éventualité d'associer au GHT d'autres établissements?+>
Certains établissements vont, bien sûr, être membres associés du GHT: ne serait-ce que, comme le prévoit la loi, le CHU de Toulouse, qui est notre CHU de référence, et la HAD [hospitalisation à domicile]. Les échanges avec le CHU se sont déjà engagés, notamment sur la manière dont le CHU pourrait nous accompagner dans la constitution de filières de soins n'existant actuellement pas dans le Gers - je pense notamment à la chirurgie urologique.
L'accueil éventuel d'Ehpad publics du département dans le GHT est aussi fortement envisagé - d'autant que certains semblent intéressés.
Après, des conventions de partenariat pourraient aussi se monter entre le GHT et les trois établissements de soins privés du département - une polyclinique, et deux centres de SSR.
ed/ab/APM polsan
Informations professionnelles
- AFMU
- Agenda
- Annonces de postes
- Annuaire de l'urgence
- Audits
- Calculateurs
- Cas cliniques
- Cochrane PEC
- COVID-19
- DynaMed
- E-learning
- Géodes
- Grand public
- Librairie
- Médecine factuelle
- Outils professionnels
- Podcast
- Portail de l'urgence
- Recherche avancée
- Recommandations
- Recommandations SFMU
- Référentiels SFMU
- Textes réglementaires
- UrgencesDPC
- Webinaire
- Weblettre

CINQ QUESTIONS À JULIEN COUVREUR, DG DU CH D'AUCH, ÉTABLISSEMENT SUPPORT DU GHT DU GERS
Le GHT du Gers compte officiellement 12 membres: le CH d'Auch, les CH de Mirande et de Vic-Fezensac (ex-hôpitaux locaux, en direction commune avec le CH d'Auch), le CH de Condom, le CH de Nogaro, le centre hospitalier spécialisé (CHS) du Gers (Auch), les CH de Mauvezin, de Lombez, de Gimont et de Fleurance, le centre Cantaloup-Lavallée, et l'établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) Lavallée (Saint-Clar).
Il compte environ 3.000 agents non médicaux, quelque 130 médecins salariés et une centaine de collaborateurs libéraux. Son budget consolidé est légèrement inférieur à 200 millions d'euros.
<+APM: La naissance du GHT du Gers a été difficile. Le 21 septembre, une délégation de médecins, syndicats, et représentants des usagers du CHS d'Auch, était encore reçue par le cabinet de la ministre des affaires sociales et de la santé, Marisol Touraine, pour demander à ne pas intégrer le GHT. Qu'en est-il aujourd'hui ?+>
LIMG 2137<+Julien Couvreur:+> La naissance du GHT du Gers a effectivement connu quelques "vicissitudes". Mais les choses avancent...
Le CH de Condom [qui souhaitait intégrer le GHT Moyenne Garonne, NDLR] a signé, la semaine dernière la convention constitutive du GHT du Gers. Résultat: à l'heure d'aujourd'hui, 11 des 12 établissements membres du GHT ont signé cette convention [seule manque la signature du CHS du Gers, spécialisé en psychiatrie].
Nous avons installé notre comité stratégique, qui a tenu sa première session formelle courant septembre. Et les choses vont s'accélérer, avec la mise en place d'un comité médical. A ce propos, et même si la naissance du GHT du Gers a pu connaître certaines difficultés, des coopérations thématiques inter-établissements existaient déjà, sur un mode conventionnel. C'était notamment le cas concernant la médecine préventive, l'hygiène, ou encore les soins palliatifs. Les choses se faisaient un peu "en tuyaux d'orgue", souvent à partir d'initiatives individuelles. Mais elles existaient.
Nous avons d'ailleurs essayé de structurer la démarche en décembre 2015, dans l'optique de la création à venir du GHT. Non seulement via des échanges entre directeurs d'établissements et présidents de CME [commissions médicales d'établissement]. Mais plus encore via la création de groupes thématiques sur les quatre fonctions dont la mutualisation prochaine était annoncée. Ces quatre groupes associaient les 12 établissements membres du GHT.
<+Le GHT du Gers a-t-il un visage un peu particulier?+>
Il a, oui, quelques particularités. Hors même le caractère rural et vieillissant du Gers. D'une part, sa structure quelque peu atomisée en termes d'organisation sanitaire: il réunit en effet nombre de structures (12) pour un bassin de population départemental d'à peine 200.000 habitants.
Il a, d'autre part, une forte composante médico-sociale, l'essentiel de ses lits et places étant des lits d'Ehpad: il en compte 1.449 au total.
Pour le reste, il compte 702 lits et places en MCO [médecine, chirurgie, obstétrique] et de psychiatrie, 232 en SSR [soins de suite et de réadaptation], 195 en USLD [unité de soins de longue durée] et 224 places en Ssiad [services de soins infirmiers à domicile].
<+Quels sont les axes stratégiques du futur projet médical partagé du GHT du Gers?+>
Cinq grandes thématiques ont déjà été identifiées. Premier axe: la structuration de la filière gériatrique, l'objectif étant d'homogénéiser les pratiques. Pour cela, nous allons travailler à faire vivre une équipe mobile gériatrique (qui existe déjà mais ne fonctionne pas de manière optimum), et à développer l'activité de consultation en hôpital de jour. Nous souhaiterions aussi harmoniser les pratiques concernant l'orientation des patients se retrouvant en situation critique.
Deuxième axe: harmoniser les orientations et prises en charge en SSR, activité présente dans quasi tous les établissements du GHT. Pour cela, il nous faut continuer à soutenir toutes les coopérations existantes en la matière - je pense notamment aux consultations avancées des praticiens hospitaliers (PH) du CH d'Auch, qui se déplacent tous les 15 jours dans différents établissements du département. Mais il faut aussi nous mettre d'accord sur un schéma d'orientation des patients sur les différents sites SSR du GHT.
Troisième axe et enjeu fort: la filière urgences. Le GHT doit, à cet égard, nous permettre de garantir une offre de soins correspondant aux besoins des patients, sachant que les deux établissements du GHT disposant d'une offre de soins en la matière - les CH de Condom et d'Auch - font face à un certain nombre de difficultés.
Le CH de Condom (un peu moins de 8.000 passages par an) dispose d'un service d'accueil des urgences, ainsi que d'un Smur dont le médecin chef est [théoriquement] fourni par le CH d'Auch. Le CH d'Auch, doté d'un service d'urgences, d'un Samu et d'un Smur, connaît, je vous l'accorde, des difficultés en termes de recrutement de médecins. Conséquence: le taux de temps de travail additionnel des médecins y est fort, et le recours à l'intérim marqué. Et ce, dans un contexte de mise en place, partielle, de la réforme du temps de travail des urgentistes.
Entre ces deux établissements, il existe une fédération des urgences, mais elle connaît, c'est vrai, des difficultés de fonctionnement. Nous devons impérativement y remédier - la refonder, et définir une nouvelle organisation médicale. Pour cela, il nous faut commencer par mettre en place une équipe médicale de territoire, avec partage des ressources. Cela me semble impératif, même si cela doit se faire sans "bousculer" les professionnels et les établissements.
Le GHT du Gers a d'ailleurs demandé, après discussion avec l'ARS, à être accompagné sur cette thématique 'urgences', dans le cadre du dispositif d'appui opérationnel prévu dans le plan national d'accompagnement [cf APM SAN9ODUTYE].
Quatrième axe: la filière santé mentale. Avec un objectif majeur: trouver, avec le CHS du Gers (seul établissement public du département à avoir une activité psychiatrique), les modalités d'évaluation gérontopsychoatrique les plus adaptées pour les différents établissements du GHT. Nous sommes en effet un peu démunis sur le sujet, alors que les besoins sont forts.
Cinquième axe: organiser l'accès aux plateaux techniques et spécialisés uniquement présents au CH d'Auch pour les différentes spécialités - imagerie, biologie, etc. Cela pourrait se faire, par exemple, via des plages de consultations dédiées.
<+Quel est, selon vous, le rôle d'un établissement support de GHT?+>
Je dirais tout d'abord, qu'en un sens, nous avons une certaine "chance": l'essentiel de l'activité MCO du territoire étant réalisée à Auch, le GHT ne sera pas pour nous un outil pour gérer d'éventuelles concurrences entre établissements.
Plus globalement, j'estime que le CH d'Auch, en tant qu'établissement support, a surtout un rôle d'animation territoriale. Il a aussi un rôle d'expertise, de soutien aux établissements membres, qui doit être développé - par exemple par le biais de consultations avancées. En retour, nous souhaiterions bien sûr que les médecins libéraux, qui participent au fonctionnement des anciens hôpitaux locaux membres du GHT, nous adressent prioritairement leurs patients en cas d'orientation impérative. Cela permettrait qui plus est de contrer la fuite des patients, assez marquée dans le département, que ce soit vers Agen, Tarbes ou, bien évidemment Toulouse.
<+Quid de l'éventualité d'associer au GHT d'autres établissements?+>
Certains établissements vont, bien sûr, être membres associés du GHT: ne serait-ce que, comme le prévoit la loi, le CHU de Toulouse, qui est notre CHU de référence, et la HAD [hospitalisation à domicile]. Les échanges avec le CHU se sont déjà engagés, notamment sur la manière dont le CHU pourrait nous accompagner dans la constitution de filières de soins n'existant actuellement pas dans le Gers - je pense notamment à la chirurgie urologique.
L'accueil éventuel d'Ehpad publics du département dans le GHT est aussi fortement envisagé - d'autant que certains semblent intéressés.
Après, des conventions de partenariat pourraient aussi se monter entre le GHT et les trois établissements de soins privés du département - une polyclinique, et deux centres de SSR.
ed/ab/APM polsan