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CNR-SANTÉ: LE RENFORCEMENT DU CONSEIL TERRITORIAL DE SANTÉ PARMI LES PISTES DES PREMIERS ATELIERS, AU MANS
LE MANS, 4 octobre 2022 (APMnews) - Les premiers ateliers du CNR-santé organisés à l'échelon local, au Mans, ont débouché sur plusieurs pistes pour améliorer la permanence des soins et l'attractivité des métiers, dont le renforcement du conseil territorial de santé, selon les restitutions organisées lundi lors du lancement national de la démarche.
Le ministre de la santé et de la prévention, François Braun, et la ministre déléguée chargée de l'organisation territoriale et des professions de santé, Agnès Firmin Le Bodo, ont lancé lundi le CNR-santé au Mans (cf dépêche du 03/10/2022 à 19:52), où ont été restitués les premiers travaux organisés vendredi avec des représentants sarthois du système de santé, des usagers ainsi que des élus locaux.
Les problèmes sont "locaux, les solutions le sont aussi, les problèmes sont collectifs, les solutions aussi", a insisté François Braun dans son discours d'ouverture, pour rappeler sa volonté de faire émerger des propositions à partir des territoires.
Vendredi, environ 80 personnes s'étaient réunies autour des quatre thèmes retenus pour les CNR territoriaux -l'accès aux soins et au médecin traitant, la continuité et la permanence des soins, l'attractivité et la prévention-, a expliqué à APMnews Guillaume Laurent, directeur du CH du Mans, établissement support du groupement hospitalier de territoire (GHT) de la Sarthe, et de trois hôpitaux de proximité du territoire.
Avant la communication officielle lundi, une restitution a été faite devant François Braun vendredi. "Notre objectif est de poursuivre la dynamique territoriale", a souligné Guillaume Laurent. Les participants étaient "satisfaits de ce mode d'échange entre tous les acteurs du territoire", facteur de "cohésion" et de "rapprochement".
Lundi, deux séances ont été consacrées à la présentation des travaux menés sur la continuité et la permanence des soins, puis sur l'attractivité des professionnels de santé.
Ceux sur la permanence des soins ont été exposés par Ludovic Radou, superviseur au centre 15 de la Sarthe, François Zimmermann, cadre supérieur de santé à l'établissement public de santé mentale (EPSM) de la Sarthe, le Dr Marianne Piron-Prunier, pédopsychiatre, présidente de la commission médicale d'établissement (CME) de l'EPSM de la Sarthe, et Catherine Robic, directrice du pôle santé Sarthe-et-Loir.
Outre les revalorisations nécessaires, notamment pour les personnels des zones à faible densité médicale, et le renforcement des collaborations dans les territoires, les porte-parole ont suggéré la mise en place d'interlocuteurs "de proximité", sorte de "guichets uniques" pour les parcours de soins, et insisté sur la notion de coordonnateur de parcours.
Des solutions locales à articuler avec des engagements nationaux
"De ne rien vous interdire, c'est ce qu'on vous demande", a encouragé Agnès Firmin Le Bodo. Sur le dispositif d'orientation gradué (DOG) par une hotline que les parties prenantes ont avec humour appelé "Hot DOG", en amont du service d'accès aux soins (SAS) pour soulager davantage le centre 15, François Braun a répondu que "des logiciels existent déjà, mais ne donnent pas entièrement satisfaction". Il a invité les groupes à "inventer" car "comme toujours on évalue et on voit ce que ça donne".
Face aux enjeux, rappelés pendant les débats, de proximité et de démocratie sanitaire, "on peut rappeler ce qu'est un conseil territorial de santé, qui est une instance relativement récente, [créée il y a] une douzaine d'années", a fait valoir le Dr Denis Colin, président de la conférence régionale de la santé et de l'autonomie (CRSA) des Pays de la Loire et du conseil territorial de santé (CTS) de la Sarthe.
"Le fait d'y avoir associé depuis un an les élus, de manière extrêmement claire, renforce [sa] représentativité", a-t-il relevé, appelant aussi à améliorer dans les CTS la place des usagers. L'idée par la Conférence nationale de santé (CNS) est de "renforcer les fonctions et le rôle de ces conseils territoriaux de santé, qui sont très appuyés par les délégations territoriales des ARS" (cf dépêche du 16/09/2022 à 16:04), a-t-il souligné.
Ces CTS renforcés pourraient être "à l'initiative d'un projet territorial de santé, accompagné par la délégation territoriale et validé par l'ARS à l'échelle régionale", à l'instar du projet territorial de santé mentale.
Guillaume Laurent a, pendant les échanges, fait part d'une proposition de mettre "trois outils à la disposition des territoires pour avancer": le projet territorial de santé, une gouvernance territoriale renforcée et des "modes de financement collaboratifs".
Le projet territorial de santé serait "basé sur des indicateurs de santé de la population", élaboré avec tous les acteurs du territoire et s'appuierait sur "le projet régional de santé et serait capable d'interagir avec lui et de l'enrichir", a complété Denis Colin. Il engloberait "tous les champs de la santé".
Ce CTS est envisagé comme "une maison commune à l'échelle du territoire, avec une autonomie suffisante pour porter des projets", a renchéri Guillaume Laurent.
Céline Lagrais, directrice de l'EPSM de la Sarthe, a abordé la question du "financement territorial", pour faire une place plus importante "au mécanisme de dotation populationnelle".
Celle-ci serait accordée par l'Etat aux régions et au sein de ces dernières, elle serait répartie "en fonction d'indicateurs de santé et sociaux, avec un principe de différenciation assumée", afin que "l'équité prenne le pas plus encore qu'aujourd'hui sur l'égalité stricte de répartition des enveloppes".
Les travaux sur l'attractivité ont été présentés par le Dr Jérémy Lellouch, médecin au pôle de santé Sarthe et Loir, le Dr François Goupil, président de la CME du CH du Mans, le Dr Philippe Landais, médecin coordonnateur du centre de santé de La Ferté-Bernard, et Elisa Marais, présidente de la communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) du Perche Emeraude.
Le groupe a notamment imaginé un "dispositif territorial d'appui à l'attractivité", qui favoriserait la mobilité et l'accompagnement des trajectoires professionnelles en fonction des besoins territoriaux, avec une plateforme territoriale de l'emploi permettant une diversification des parcours. Il offrirait également un soutien logistique (recherche du logement, offre de transport adaptée en envisageant sa gratuité, offre de garde d'enfants, de services type conciergerie...) et aiderait à "fédérer les collectifs", en intégrant notamment les étudiants dans un réseau professionnel.
La crise sanitaire du Covid a montré que "le couple maire-préfet a bien fonctionné, à quand un couple maire-ARS qui fonctionne ?", a interpellé pendant les échanges avec la salle Florent Bercault, maire de Laval (Mayenne), représentant de l'association des villes moyenne, Villes de France.
Le "lien préfet, ARS et élus doit être institutionnalisé, et nous allons essayer de trouver le modus vivendi pour le mettre en oeuvre", a sur ce point répondu Agnès Firmin Le Bodo.
Président de la conférence des présidents de CME de CHU, le Pr Rémi Salomon (AP-HP) est intervenu pour souligner que les CHU "jouent un rôle essentiel dans tous les sujets qui ont été abordés", dont ceux "des territoires, de la gradation des soins".
"Le CHU est aussi l'endroit où l'on forme", et "pour former les gens, il faut un CHU fort" et que celui-ci "irrigue sur le territoire".
Il a aussi alerté sur la nécessité d'arrêter la fuite des personnels hospitaliers, qui met en difficulté les urgences dans "plusieurs centres hospitaliers de la grande couronne", "à la veille des épidémies hivernales".
Les jeunes professionnels "croulent sous les gardes, ils s'en vont", a-t-il pointé. "Je regrette que dans le PLFSS [projet de loi de financement de la sécurité sociale], on n'ait pas abordé ce sujet de la valorisation de la permanence des soins, c'est un sujet central".
"Il faut que l'on replanifie l'évolution des carrières de l'infirmier" avec une "vraie échelle salariale selon les formations et l'expertise", a notamment plaidé Didier Samuel, président de la conférence des doyens de faculté de médecine.
mlb/ab/APMnews
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LE MANS, 4 octobre 2022 (APMnews) - Les premiers ateliers du CNR-santé organisés à l'échelon local, au Mans, ont débouché sur plusieurs pistes pour améliorer la permanence des soins et l'attractivité des métiers, dont le renforcement du conseil territorial de santé, selon les restitutions organisées lundi lors du lancement national de la démarche.
Le ministre de la santé et de la prévention, François Braun, et la ministre déléguée chargée de l'organisation territoriale et des professions de santé, Agnès Firmin Le Bodo, ont lancé lundi le CNR-santé au Mans (cf dépêche du 03/10/2022 à 19:52), où ont été restitués les premiers travaux organisés vendredi avec des représentants sarthois du système de santé, des usagers ainsi que des élus locaux.
Les problèmes sont "locaux, les solutions le sont aussi, les problèmes sont collectifs, les solutions aussi", a insisté François Braun dans son discours d'ouverture, pour rappeler sa volonté de faire émerger des propositions à partir des territoires.
Vendredi, environ 80 personnes s'étaient réunies autour des quatre thèmes retenus pour les CNR territoriaux -l'accès aux soins et au médecin traitant, la continuité et la permanence des soins, l'attractivité et la prévention-, a expliqué à APMnews Guillaume Laurent, directeur du CH du Mans, établissement support du groupement hospitalier de territoire (GHT) de la Sarthe, et de trois hôpitaux de proximité du territoire.
Avant la communication officielle lundi, une restitution a été faite devant François Braun vendredi. "Notre objectif est de poursuivre la dynamique territoriale", a souligné Guillaume Laurent. Les participants étaient "satisfaits de ce mode d'échange entre tous les acteurs du territoire", facteur de "cohésion" et de "rapprochement".
Lundi, deux séances ont été consacrées à la présentation des travaux menés sur la continuité et la permanence des soins, puis sur l'attractivité des professionnels de santé.
Ceux sur la permanence des soins ont été exposés par Ludovic Radou, superviseur au centre 15 de la Sarthe, François Zimmermann, cadre supérieur de santé à l'établissement public de santé mentale (EPSM) de la Sarthe, le Dr Marianne Piron-Prunier, pédopsychiatre, présidente de la commission médicale d'établissement (CME) de l'EPSM de la Sarthe, et Catherine Robic, directrice du pôle santé Sarthe-et-Loir.
Outre les revalorisations nécessaires, notamment pour les personnels des zones à faible densité médicale, et le renforcement des collaborations dans les territoires, les porte-parole ont suggéré la mise en place d'interlocuteurs "de proximité", sorte de "guichets uniques" pour les parcours de soins, et insisté sur la notion de coordonnateur de parcours.
Des solutions locales à articuler avec des engagements nationaux
"De ne rien vous interdire, c'est ce qu'on vous demande", a encouragé Agnès Firmin Le Bodo. Sur le dispositif d'orientation gradué (DOG) par une hotline que les parties prenantes ont avec humour appelé "Hot DOG", en amont du service d'accès aux soins (SAS) pour soulager davantage le centre 15, François Braun a répondu que "des logiciels existent déjà, mais ne donnent pas entièrement satisfaction". Il a invité les groupes à "inventer" car "comme toujours on évalue et on voit ce que ça donne".
Face aux enjeux, rappelés pendant les débats, de proximité et de démocratie sanitaire, "on peut rappeler ce qu'est un conseil territorial de santé, qui est une instance relativement récente, [créée il y a] une douzaine d'années", a fait valoir le Dr Denis Colin, président de la conférence régionale de la santé et de l'autonomie (CRSA) des Pays de la Loire et du conseil territorial de santé (CTS) de la Sarthe.
"Le fait d'y avoir associé depuis un an les élus, de manière extrêmement claire, renforce [sa] représentativité", a-t-il relevé, appelant aussi à améliorer dans les CTS la place des usagers. L'idée par la Conférence nationale de santé (CNS) est de "renforcer les fonctions et le rôle de ces conseils territoriaux de santé, qui sont très appuyés par les délégations territoriales des ARS" (cf dépêche du 16/09/2022 à 16:04), a-t-il souligné.
Ces CTS renforcés pourraient être "à l'initiative d'un projet territorial de santé, accompagné par la délégation territoriale et validé par l'ARS à l'échelle régionale", à l'instar du projet territorial de santé mentale.
Guillaume Laurent a, pendant les échanges, fait part d'une proposition de mettre "trois outils à la disposition des territoires pour avancer": le projet territorial de santé, une gouvernance territoriale renforcée et des "modes de financement collaboratifs".
Le projet territorial de santé serait "basé sur des indicateurs de santé de la population", élaboré avec tous les acteurs du territoire et s'appuierait sur "le projet régional de santé et serait capable d'interagir avec lui et de l'enrichir", a complété Denis Colin. Il engloberait "tous les champs de la santé".
Ce CTS est envisagé comme "une maison commune à l'échelle du territoire, avec une autonomie suffisante pour porter des projets", a renchéri Guillaume Laurent.
Céline Lagrais, directrice de l'EPSM de la Sarthe, a abordé la question du "financement territorial", pour faire une place plus importante "au mécanisme de dotation populationnelle".
Celle-ci serait accordée par l'Etat aux régions et au sein de ces dernières, elle serait répartie "en fonction d'indicateurs de santé et sociaux, avec un principe de différenciation assumée", afin que "l'équité prenne le pas plus encore qu'aujourd'hui sur l'égalité stricte de répartition des enveloppes".
Les travaux sur l'attractivité ont été présentés par le Dr Jérémy Lellouch, médecin au pôle de santé Sarthe et Loir, le Dr François Goupil, président de la CME du CH du Mans, le Dr Philippe Landais, médecin coordonnateur du centre de santé de La Ferté-Bernard, et Elisa Marais, présidente de la communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) du Perche Emeraude.
Le groupe a notamment imaginé un "dispositif territorial d'appui à l'attractivité", qui favoriserait la mobilité et l'accompagnement des trajectoires professionnelles en fonction des besoins territoriaux, avec une plateforme territoriale de l'emploi permettant une diversification des parcours. Il offrirait également un soutien logistique (recherche du logement, offre de transport adaptée en envisageant sa gratuité, offre de garde d'enfants, de services type conciergerie...) et aiderait à "fédérer les collectifs", en intégrant notamment les étudiants dans un réseau professionnel.
La crise sanitaire du Covid a montré que "le couple maire-préfet a bien fonctionné, à quand un couple maire-ARS qui fonctionne ?", a interpellé pendant les échanges avec la salle Florent Bercault, maire de Laval (Mayenne), représentant de l'association des villes moyenne, Villes de France.
Le "lien préfet, ARS et élus doit être institutionnalisé, et nous allons essayer de trouver le modus vivendi pour le mettre en oeuvre", a sur ce point répondu Agnès Firmin Le Bodo.
Président de la conférence des présidents de CME de CHU, le Pr Rémi Salomon (AP-HP) est intervenu pour souligner que les CHU "jouent un rôle essentiel dans tous les sujets qui ont été abordés", dont ceux "des territoires, de la gradation des soins".
"Le CHU est aussi l'endroit où l'on forme", et "pour former les gens, il faut un CHU fort" et que celui-ci "irrigue sur le territoire".
Il a aussi alerté sur la nécessité d'arrêter la fuite des personnels hospitaliers, qui met en difficulté les urgences dans "plusieurs centres hospitaliers de la grande couronne", "à la veille des épidémies hivernales".
Les jeunes professionnels "croulent sous les gardes, ils s'en vont", a-t-il pointé. "Je regrette que dans le PLFSS [projet de loi de financement de la sécurité sociale], on n'ait pas abordé ce sujet de la valorisation de la permanence des soins, c'est un sujet central".
"Il faut que l'on replanifie l'évolution des carrières de l'infirmier" avec une "vraie échelle salariale selon les formations et l'expertise", a notamment plaidé Didier Samuel, président de la conférence des doyens de faculté de médecine.
mlb/ab/APMnews