Actualités de l'Urgence - APM

COAGULOPATHIE DU TRAUMATISÉ SÉVÈRE: LE PLASMA LYOPHILISÉ PLUS EFFICACE QUE LE PLASMA FRAIS CONGELÉ (ESSAI RANDOMISÉ)
PARIS, 27 septembre 2016 (APM) - Le plasma lyophilisé (PLYO), produit par le Centre de transfusion sanguine des armées (CTSA), est plus efficace que le plasma frais congelé pour la coagulopathie aiguë des patients traumatisés sévères, montre une étude randomisée française menée dans le contexte de la médecine civile, présentée samedi au congrès de la Société française d'anesthésie et de réanimation (Sfar) à Paris.
L'armée française a développé un plasma lyophilisé, qui peut être utilisé six minutes après sa reconstitution. Destiné jusqu'à présent aux opérations militaires extérieures, son intérêt pour la médecine civile a été soulevé, notamment dans le contexte d'afflux massif de victimes, comme cela a été le cas lors des attentats de Paris en 2015.
Les avantages de ce produit sont sa reconstitution rapide -alors que le plasma frais congelé nécessite 30 minutes de décongélation- et sa conservation à température ambiante (inférieure à 26°C), a rappelé le Dr Delphine Garrigue (CHU de Lille), lors de la session "Hot topics" de la Sfar. Il présente en outre une compatibilité ABO.
Il était cependant nécessaire d'évaluer son impact dans un contexte civil, dans un essai randomisé de phase III. Au total, 45 patients traumatisés sévères, admis dans un centre de traumatologie, ont été randomisés entre le PLYO et un plasma frais congelé (PFC), dans l'essai TRAUCC. Les patients étaient éligibles s'il était prévu de leur transfuser au moins quatre culots de globules rouges dans les six premières heures du traumatisme, selon "le libre arbitre de l'anesthésiste", a indiqué le Dr Garrigue.
Le délai entre la randomisation et le passage du premier culot a été significativement différent entre les deux groupes, de 14 minutes dans le groupe PLYO contre 82 min dans le groupe PFC.
Le critère principal d'évaluation était la variation de la concentration de fibrinogène à 45 min après la randomisation. Celle-ci a significativement augmenté dans le groupe PLYO, passant de 1,41 g/L à 1,56 g/L, tandis qu'elle a diminué dans le groupe PFC, passant de 1,14 g/L à 1,05 g/L.
"Une différence significative entre les deux groupes a été observée à 45 min et à 6 heures", mais il n'y avait plus de différence à 12 heures et 24 heures, a indiqué le Dr Garrigue.
Il n'y a pas eu d'épargne de plaquettes dans les 24 premières heures, mais moins de fibrinogène a été utilisé dans le groupe PLYO, a-t-elle noté. La mortalité à J30 n'était pas significativement différente entre les deux groupes (19% contre 29%).
"Il s'agit de la première étude randomisée prospective chez les traumatisés sévères à ma connaissance", a noté la chercheuse. Celle-ci est néanmoins limitée par son faible effectif, souligne-t-elle.
"On espère voir ce PLYO apparaître en médecine pour les civils. On l'utiliserait uniquement à la phase aiguë de la prise en charge, en pré-hospitalier, soit dans le premier pack transfusionnel. Il faudrait discuter de l'intérêt de l'avoir dans nos pharmacies, en cas de risque d'afflux massif de victimes", a-t-elle conclu.
Le coût annoncé pour l'instant du PLYO est trois fois plus élevé que celui du PFC, a-t-elle noté. Ce coût est à mettre en parallèle des inconvénients de la décongélation préventive de PFC: il est alors disponible pendant cinq jours entre 1°C et 6°C, mais il y a des doutes sur son efficacité, le risque potentiel de contamination, le risque de perte et le risque d'erreur transfusionnelle, a-t-elle évoqué.
Des stocks de PLYO ont été mis à disposition dans le cadre de l'Euro 2016 cet été, en prévision du risque éventuel d'attentat, a-t-elle souligné. La plupart des packs "périment en décembre", et "on nous a autorisés à les utiliser dans la phase précoce", a-t-elle fait savoir.
cd/san/APM
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COAGULOPATHIE DU TRAUMATISÉ SÉVÈRE: LE PLASMA LYOPHILISÉ PLUS EFFICACE QUE LE PLASMA FRAIS CONGELÉ (ESSAI RANDOMISÉ)
PARIS, 27 septembre 2016 (APM) - Le plasma lyophilisé (PLYO), produit par le Centre de transfusion sanguine des armées (CTSA), est plus efficace que le plasma frais congelé pour la coagulopathie aiguë des patients traumatisés sévères, montre une étude randomisée française menée dans le contexte de la médecine civile, présentée samedi au congrès de la Société française d'anesthésie et de réanimation (Sfar) à Paris.
L'armée française a développé un plasma lyophilisé, qui peut être utilisé six minutes après sa reconstitution. Destiné jusqu'à présent aux opérations militaires extérieures, son intérêt pour la médecine civile a été soulevé, notamment dans le contexte d'afflux massif de victimes, comme cela a été le cas lors des attentats de Paris en 2015.
Les avantages de ce produit sont sa reconstitution rapide -alors que le plasma frais congelé nécessite 30 minutes de décongélation- et sa conservation à température ambiante (inférieure à 26°C), a rappelé le Dr Delphine Garrigue (CHU de Lille), lors de la session "Hot topics" de la Sfar. Il présente en outre une compatibilité ABO.
Il était cependant nécessaire d'évaluer son impact dans un contexte civil, dans un essai randomisé de phase III. Au total, 45 patients traumatisés sévères, admis dans un centre de traumatologie, ont été randomisés entre le PLYO et un plasma frais congelé (PFC), dans l'essai TRAUCC. Les patients étaient éligibles s'il était prévu de leur transfuser au moins quatre culots de globules rouges dans les six premières heures du traumatisme, selon "le libre arbitre de l'anesthésiste", a indiqué le Dr Garrigue.
Le délai entre la randomisation et le passage du premier culot a été significativement différent entre les deux groupes, de 14 minutes dans le groupe PLYO contre 82 min dans le groupe PFC.
Le critère principal d'évaluation était la variation de la concentration de fibrinogène à 45 min après la randomisation. Celle-ci a significativement augmenté dans le groupe PLYO, passant de 1,41 g/L à 1,56 g/L, tandis qu'elle a diminué dans le groupe PFC, passant de 1,14 g/L à 1,05 g/L.
"Une différence significative entre les deux groupes a été observée à 45 min et à 6 heures", mais il n'y avait plus de différence à 12 heures et 24 heures, a indiqué le Dr Garrigue.
Il n'y a pas eu d'épargne de plaquettes dans les 24 premières heures, mais moins de fibrinogène a été utilisé dans le groupe PLYO, a-t-elle noté. La mortalité à J30 n'était pas significativement différente entre les deux groupes (19% contre 29%).
"Il s'agit de la première étude randomisée prospective chez les traumatisés sévères à ma connaissance", a noté la chercheuse. Celle-ci est néanmoins limitée par son faible effectif, souligne-t-elle.
"On espère voir ce PLYO apparaître en médecine pour les civils. On l'utiliserait uniquement à la phase aiguë de la prise en charge, en pré-hospitalier, soit dans le premier pack transfusionnel. Il faudrait discuter de l'intérêt de l'avoir dans nos pharmacies, en cas de risque d'afflux massif de victimes", a-t-elle conclu.
Le coût annoncé pour l'instant du PLYO est trois fois plus élevé que celui du PFC, a-t-elle noté. Ce coût est à mettre en parallèle des inconvénients de la décongélation préventive de PFC: il est alors disponible pendant cinq jours entre 1°C et 6°C, mais il y a des doutes sur son efficacité, le risque potentiel de contamination, le risque de perte et le risque d'erreur transfusionnelle, a-t-elle évoqué.
Des stocks de PLYO ont été mis à disposition dans le cadre de l'Euro 2016 cet été, en prévision du risque éventuel d'attentat, a-t-elle souligné. La plupart des packs "périment en décembre", et "on nous a autorisés à les utiliser dans la phase précoce", a-t-elle fait savoir.
cd/san/APM