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16/05 2019
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CONCILIATION MÉDICAMENTEUSE: LES PATIENTS ADMIS PAR LES URGENCES SONT À PRIVILÉGIER

(Par Sylvie LAPOSTOLLE, à Hopipharm)

MARSEILLE, 16 mai 2019 (APMnews) - Les patients admis par les urgences sont à privilégier pour la conciliation médicamenteuse qui cherche à réduire la iatrogénie, montre une étude du CHU de Bordeaux présentée mercredi à Hopipharm, congrès du Syndicat national des pharmaciens des établissements publics de santé (Synprefh).

La conciliation médicamenteuse (qui a pour but la prévention et l'interception des erreurs médicamenteuses, en se reposant sur une transmission formalisée et exhaustive des informations entre les différents professionnels de santé, en lien avec le patient) est "un outil puissant" mais chronophage puisqu'il nécessite de 33 à 60 minutes par patient, a rappelé Marin Lahouati, interne en pharmacie au CHU de Bordeaux.

C'est pour cette raison que les pharmaciens cherchent à cibler les patients qui en bénéficient pour être le plus utile possible en tenant compte de l'âge (les patients de plus de 75 ans), de la polymédication (plus de 5 lignes de traitement), des pathologies chroniques (diabète), ou des modes d'administration les plus à risque.

L'équipe bordelaise a cherché à évaluer l'impact du passage par les urgences avant l'admission dans le service de soins sur la gravité potentielle des erreurs médicamenteuses détectées lors de la conciliation médicamenteuse.

Il s'agit d'une étude rétrospective menée sur 7 mois auprès des patients de plus de 75 ans du service de médecine interne ayant fait l'objet d'une conciliation médicamenteuse. Au total, elle a inclus 207 patients de 85 ans en moyenne, dont 169 avaient été admis après un passage aux urgences et 38 directement dans le service.

Sur 99 divergences non intentionnelles (DNI) relevées, 95 concernaient des patients admis via les urgences (26 étaient d'impact clinique potentiel -ICP- significatif et 11 d'ICP majeurs) et 4 les patients admis directement (2 d'ICP significatif et aucune d'ICP majeur). Une DNI avec un ICP significatif nécessitait une surveillance et une DNI majeure avait une conséquence pour le patient.

Les DNI par patient (0,478) étaient plus fréquentes dans le groupe admis par les urgences (0,562 versus 0,105 par patient). Les DNI par patient au moins significatives étaient 4 fois plus nombreuses dans le groupe de patients admis par les urgences (0,218 versus 0,502 par patient).

Marin Lahouati a relevé que 25,1% des patients avaient au moins une DNI dont 12% avec un ICP au moins significatif (28,4% dont 13,6% aux urgences et 10,5% dont 5,2% en cas d'admission directe). Les DNI d'ICP majeur concernaient 3,8% des patients, tous dans le groupe d'admission via les urgences.

Cette différence peut s'expliquer par le fait qu'en cas d'admission via les urgences, c'est une pathologie aiguë qui peut être prioritaire et par le flux important de patients qui laisse moins de temps pour une recherche exhaustive des traitements, alors que les patients admis directement étaient souvent des patients chroniques dont le traitement habituel était connu, a expliqué l'interne.

Les patients transitant par les urgences présentent donc un risque plus élevé d'erreurs médicamenteuses potentiellement graves.

"Ce sont des patients à privilégier pour la conciliation médicamenteuse", a conclu l'interne en pharmacie. Au CHU de Bordeaux, cela a été mis en place sur un site, a-t-il indiqué. Cette démarche nécessite un temps plein de pharmacien.

De plus, une étude de faisabilité va évaluer la possibilité de réaliser une conciliation médicamenteuse directement dans le service des urgences, pour les patients âgés, afin de sécuriser la prise en charge médicamenteuse des patients dès leur entrée à l'hôpital.

Un pharmacien dans l'auditoire a fait remarquer que les patients admis par les urgences représentaient une grosse proportion de patients, de l'ordre de 80%, et qu'il faudrait sans doute combiner d'autres critères pour savoir quels patients cibler pour que ce soit moins chronophage.

sl/nc/APMnews

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CONCILIATION MÉDICAMENTEUSE: LES PATIENTS ADMIS PAR LES URGENCES SONT À PRIVILÉGIER

(Par Sylvie LAPOSTOLLE, à Hopipharm)

MARSEILLE, 16 mai 2019 (APMnews) - Les patients admis par les urgences sont à privilégier pour la conciliation médicamenteuse qui cherche à réduire la iatrogénie, montre une étude du CHU de Bordeaux présentée mercredi à Hopipharm, congrès du Syndicat national des pharmaciens des établissements publics de santé (Synprefh).

La conciliation médicamenteuse (qui a pour but la prévention et l'interception des erreurs médicamenteuses, en se reposant sur une transmission formalisée et exhaustive des informations entre les différents professionnels de santé, en lien avec le patient) est "un outil puissant" mais chronophage puisqu'il nécessite de 33 à 60 minutes par patient, a rappelé Marin Lahouati, interne en pharmacie au CHU de Bordeaux.

C'est pour cette raison que les pharmaciens cherchent à cibler les patients qui en bénéficient pour être le plus utile possible en tenant compte de l'âge (les patients de plus de 75 ans), de la polymédication (plus de 5 lignes de traitement), des pathologies chroniques (diabète), ou des modes d'administration les plus à risque.

L'équipe bordelaise a cherché à évaluer l'impact du passage par les urgences avant l'admission dans le service de soins sur la gravité potentielle des erreurs médicamenteuses détectées lors de la conciliation médicamenteuse.

Il s'agit d'une étude rétrospective menée sur 7 mois auprès des patients de plus de 75 ans du service de médecine interne ayant fait l'objet d'une conciliation médicamenteuse. Au total, elle a inclus 207 patients de 85 ans en moyenne, dont 169 avaient été admis après un passage aux urgences et 38 directement dans le service.

Sur 99 divergences non intentionnelles (DNI) relevées, 95 concernaient des patients admis via les urgences (26 étaient d'impact clinique potentiel -ICP- significatif et 11 d'ICP majeurs) et 4 les patients admis directement (2 d'ICP significatif et aucune d'ICP majeur). Une DNI avec un ICP significatif nécessitait une surveillance et une DNI majeure avait une conséquence pour le patient.

Les DNI par patient (0,478) étaient plus fréquentes dans le groupe admis par les urgences (0,562 versus 0,105 par patient). Les DNI par patient au moins significatives étaient 4 fois plus nombreuses dans le groupe de patients admis par les urgences (0,218 versus 0,502 par patient).

Marin Lahouati a relevé que 25,1% des patients avaient au moins une DNI dont 12% avec un ICP au moins significatif (28,4% dont 13,6% aux urgences et 10,5% dont 5,2% en cas d'admission directe). Les DNI d'ICP majeur concernaient 3,8% des patients, tous dans le groupe d'admission via les urgences.

Cette différence peut s'expliquer par le fait qu'en cas d'admission via les urgences, c'est une pathologie aiguë qui peut être prioritaire et par le flux important de patients qui laisse moins de temps pour une recherche exhaustive des traitements, alors que les patients admis directement étaient souvent des patients chroniques dont le traitement habituel était connu, a expliqué l'interne.

Les patients transitant par les urgences présentent donc un risque plus élevé d'erreurs médicamenteuses potentiellement graves.

"Ce sont des patients à privilégier pour la conciliation médicamenteuse", a conclu l'interne en pharmacie. Au CHU de Bordeaux, cela a été mis en place sur un site, a-t-il indiqué. Cette démarche nécessite un temps plein de pharmacien.

De plus, une étude de faisabilité va évaluer la possibilité de réaliser une conciliation médicamenteuse directement dans le service des urgences, pour les patients âgés, afin de sécuriser la prise en charge médicamenteuse des patients dès leur entrée à l'hôpital.

Un pharmacien dans l'auditoire a fait remarquer que les patients admis par les urgences représentaient une grosse proportion de patients, de l'ordre de 80%, et qu'il faudrait sans doute combiner d'autres critères pour savoir quels patients cibler pour que ce soit moins chronophage.

sl/nc/APMnews

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