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10/06 2022
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CONTINUITÉ DES SOINS: AVOIR "UN RAISONNEMENT GLOBAL SUR LA CHAÎNE" DES PRISES EN CHARGE (MARIE-SOPHIE DESAULLE)

(Par Maryannick LE BRIS)

PARIS, 10 juin 2022 (APMnews) - Les mesures annoncées par la ministre de la santé et de la prévention, Brigitte Bourguignon, pour assurer la continuité des soins pendant l'été, face à la crise des services des urgences, doivent s'inscrire dans un "raisonnement global sur la chaîne" des prises en charge, a plaidé Marie-Sophie Desaulle, présidente de la Fédération des établissements hospitaliers et d'aide à la personne privés solidaires (Fehap), vendredi dans un entretien à APMnews.

Marie-Sophie Desaulle a précisé les préoccupations et demandes prioritaires de la Fehap, relayées avec le directeur général de la fédération, Antoine Perrin, auprès de la ministre de la santé et de la prévention au cours d'un échange la semaine dernière. Brigitte Bourguignon a successivement reçu plusieurs organisations du champ sanitaire dans la semaine du 30 mai, rappelle-t-on.

Marie-Sophie Desaulle, présidente de la Fehap (Photo Fehap)
Marie-Sophie Desaulle, présidente de la Fehap (Photo Fehap)

La présidente de la Fehap, qui s'est aussi entretenue au téléphone avec le ministre des solidarités, de l'autonomie et des personnes handicapées, Damien Abad, s'est félicitée des périmètres des nouveaux ministères.

Dans le domaine de la santé, "la prévention doit être un axe majeur", a-t-elle fait valoir. Dans le champ social et médico-social, "nous plaidions pour avoir une organisation ministérielle qui soit cohérente sur la question du pouvoir d'agir des personnes fragiles et qui pilote la 5e branche". Cette structuration "peut aider à la cohérence de la politique".

Avec la ministre de la santé et de la prévention, accompagnée de sa directrice de cabinet, Carole Bousquet-Bérard, les échanges ont en partie été centrés sur "la manière dont on allait passer l'été", a-t-elle relaté. "Les mesures qui viennent d'être annoncées faisaient partie de ce que nous avions demandé, sur le fait que les élèves infirmiers et aides-soignants puissent travailler dès l'été, les plans de continuité des soins, la logique de [majoration] des heures supplémentaires".

Interrogée sur l'application au secteur privé non lucratif de ce dispositif de majoration, Marie-Sophie Desaulle a répondu considérer "naturellement que cela [le] concerne", précisant qu'il faudra, comme pour le secteur public, les financements correspondants.

Sur le sujet de la continuité des soins, "il ne faut pas traiter que de la situation des urgences", a-t-elle pointé. "On ne peut pas déshabiller Paul pour habiller Pierre et les urgentistes disent eux-mêmes qu'ils ont besoin d'avoir des lits de soins de suite ouverts", pour lesquels il faut aussi des professionnels.

Il faut aussi garantir un "accès à du soin infirmier dans tous les Ehpad [établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes], ce qui peut passer par du cumul emploi-retraite également" dans ces établissements ou "des forfaits pour les libéraux comme on a su le faire pendant la crise" du Covid.

"Il faut avoir un raisonnement global sur la chaîne de soins, sinon on n'y arrivera pas", a estimé Marie-Sophie Desaulle.

La Fehap préconise que les plans de continuité des soins attendus "soient supervisés par les agences régionales de santé dans une logique de simplification pour permettre aux acteurs sur les territoires de s'organiser".

"Du sur-mesure travaillé avec tous les acteurs"

À l'image de ce qui a été mis en place durant la crise Covid, les organisations "ne doivent pas dépendre du national ou du régional, mais être coconstruites avec l'ensemble des acteurs" des secteurs public, privé non lucratif, lucratif et les professionnels libéraux. "Il ne peut pas y avoir d'application identique dans tous les territoires, qui ne sont pas les mêmes" et n'ont pas les mêmes difficultés, a insisté Marie-Sophie Desaulle. "Il faut du sur-mesure travaillé avec tous les acteurs."

Concernant la situation des effectifs dans les établissements adhérents de la Fehap, Marie-Sophie Desaulle a rapporté qu'au total "7 établissements sur 10" sont en difficulté sur le plan des ressources humaines, avec des incidences sur les services. "Certains blocs sont fermés, des lits également". Mais les difficultés d'attractivité ne sont pas les mêmes selon les territoires. Par ailleurs, "le manque de personnel n'est pas partout le même: à certains endroits il manque des médecins, dans d'autres ce sont des infirmiers ou des aides-soignants".

Les Espic "contribuent déjà à la permanence et à la continuité des soins", conformément à leur mission de service public, a souligné la présidente de la Fehap. "La question qui se pose est celle de l'organisation de la réponse, car nous avons tous des difficultés de recrutement."

Il ne s'agit pas "d'envoyer tout le monde dans les services des urgences publics, avec ensuite une difficulté pour réorienter les personnes, c'est en amont qu'il faut que la régulation se fasse et orienter les patients sur l'ensemble des établissements, dont ceux du secteur privé solidaire", a-t-elle plaidé.

S'agissant des chantiers de plus long terme, "nous avons rappelé à la ministre que l'on considère qu'avoir les mêmes missions de service public signifie avoir les mêmes financements", a poursuivi la présidente de la Fehap. "S'il doit y avoir une revalorisation du point d'indice des fonctionnaires hospitaliers, cela veut dire que nous attendons une dotation équivalente pour pouvoir faire évoluer la rémunération de nos professionnels."

"Nous avons fait remarquer à la ministre que nous n'avions pas été traités de la même façon sur les mesures du Ségur 2 et avons demandé que rapidement ce déséquilibre soit compensé", a aussi rapporté Marie-Sophie Desaulle.

La dernière délégation de crédits n'a pas permis de compenser le financement de la transposition du Ségur 2 dans les Espic, a-t-elle rappelé. "On a eu 30% de moins que le public, cela correspond à 34 millions d'euros."

Outre une égalité de traitement, la Fehap demande "une prolongation de la garantie de financement" des établissements de santé qui doit se terminer fin juin, ainsi que la "prise en compte de l'inflation qui n'était pas prévue dans la loi de financement de la sécurité sociale pour 2022".

Sur ces revendications, "il m'a semblé qu'il n'y a pas eu de désaccord sur l'objectif", mais se pose la question "de la manière d'avancer", a considéré Marie-Sophie Desaulle.

La Fehap a fait valoir qu'elle était "disposée à participer à la conférence des parties prenantes sur l'évolution du système de santé et que, selon [elle], le travail qui avait été lancé pour le plan 'Ma santé 2022' allait dans le bon sens et qu'il fallait repartir sur cette dynamique".

Mais ce plan "n'avait pas suffisamment pris en compte les acteurs du domicile, alors qu'ils sont les vigies en logique de prévention et de facilitation de la vie à domicile", a souligné la présidente de la fédération.

Il faut "construire des solutions sur les territoires, avec au niveau national des effets leviers que l'on pourra utiliser en fonction des besoins" locaux, a-t-elle plaidé. "Il faut selon nous ne pas reproduire les expérimentations 'article 51', qui sont d'une telle lourdeur qu'elles ne permettent pas vraiment la transformation de notre système."

Elle a rappelé que la Fehap demande une loi de programmation pluriannuelle en santé. "Nous plaidons pour de la visibilité, de la transparence, de la proximité et de la confiance", a résumé Marie-Sophie Desaulle.

"J'ai eu un sentiment d'écoute, d'une vraie conscience des difficultés, d'une volonté de coconstruction et d'attention à la méthode", mais "le fait est qu'on va attendre des actes", a-t-elle conclu.

mlb/ab/APMnews

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(Par Maryannick LE BRIS)

PARIS, 10 juin 2022 (APMnews) - Les mesures annoncées par la ministre de la santé et de la prévention, Brigitte Bourguignon, pour assurer la continuité des soins pendant l'été, face à la crise des services des urgences, doivent s'inscrire dans un "raisonnement global sur la chaîne" des prises en charge, a plaidé Marie-Sophie Desaulle, présidente de la Fédération des établissements hospitaliers et d'aide à la personne privés solidaires (Fehap), vendredi dans un entretien à APMnews.

Marie-Sophie Desaulle a précisé les préoccupations et demandes prioritaires de la Fehap, relayées avec le directeur général de la fédération, Antoine Perrin, auprès de la ministre de la santé et de la prévention au cours d'un échange la semaine dernière. Brigitte Bourguignon a successivement reçu plusieurs organisations du champ sanitaire dans la semaine du 30 mai, rappelle-t-on.

Marie-Sophie Desaulle, présidente de la Fehap (Photo Fehap)
Marie-Sophie Desaulle, présidente de la Fehap (Photo Fehap)

La présidente de la Fehap, qui s'est aussi entretenue au téléphone avec le ministre des solidarités, de l'autonomie et des personnes handicapées, Damien Abad, s'est félicitée des périmètres des nouveaux ministères.

Dans le domaine de la santé, "la prévention doit être un axe majeur", a-t-elle fait valoir. Dans le champ social et médico-social, "nous plaidions pour avoir une organisation ministérielle qui soit cohérente sur la question du pouvoir d'agir des personnes fragiles et qui pilote la 5e branche". Cette structuration "peut aider à la cohérence de la politique".

Avec la ministre de la santé et de la prévention, accompagnée de sa directrice de cabinet, Carole Bousquet-Bérard, les échanges ont en partie été centrés sur "la manière dont on allait passer l'été", a-t-elle relaté. "Les mesures qui viennent d'être annoncées faisaient partie de ce que nous avions demandé, sur le fait que les élèves infirmiers et aides-soignants puissent travailler dès l'été, les plans de continuité des soins, la logique de [majoration] des heures supplémentaires".

Interrogée sur l'application au secteur privé non lucratif de ce dispositif de majoration, Marie-Sophie Desaulle a répondu considérer "naturellement que cela [le] concerne", précisant qu'il faudra, comme pour le secteur public, les financements correspondants.

Sur le sujet de la continuité des soins, "il ne faut pas traiter que de la situation des urgences", a-t-elle pointé. "On ne peut pas déshabiller Paul pour habiller Pierre et les urgentistes disent eux-mêmes qu'ils ont besoin d'avoir des lits de soins de suite ouverts", pour lesquels il faut aussi des professionnels.

Il faut aussi garantir un "accès à du soin infirmier dans tous les Ehpad [établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes], ce qui peut passer par du cumul emploi-retraite également" dans ces établissements ou "des forfaits pour les libéraux comme on a su le faire pendant la crise" du Covid.

"Il faut avoir un raisonnement global sur la chaîne de soins, sinon on n'y arrivera pas", a estimé Marie-Sophie Desaulle.

La Fehap préconise que les plans de continuité des soins attendus "soient supervisés par les agences régionales de santé dans une logique de simplification pour permettre aux acteurs sur les territoires de s'organiser".

"Du sur-mesure travaillé avec tous les acteurs"

À l'image de ce qui a été mis en place durant la crise Covid, les organisations "ne doivent pas dépendre du national ou du régional, mais être coconstruites avec l'ensemble des acteurs" des secteurs public, privé non lucratif, lucratif et les professionnels libéraux. "Il ne peut pas y avoir d'application identique dans tous les territoires, qui ne sont pas les mêmes" et n'ont pas les mêmes difficultés, a insisté Marie-Sophie Desaulle. "Il faut du sur-mesure travaillé avec tous les acteurs."

Concernant la situation des effectifs dans les établissements adhérents de la Fehap, Marie-Sophie Desaulle a rapporté qu'au total "7 établissements sur 10" sont en difficulté sur le plan des ressources humaines, avec des incidences sur les services. "Certains blocs sont fermés, des lits également". Mais les difficultés d'attractivité ne sont pas les mêmes selon les territoires. Par ailleurs, "le manque de personnel n'est pas partout le même: à certains endroits il manque des médecins, dans d'autres ce sont des infirmiers ou des aides-soignants".

Les Espic "contribuent déjà à la permanence et à la continuité des soins", conformément à leur mission de service public, a souligné la présidente de la Fehap. "La question qui se pose est celle de l'organisation de la réponse, car nous avons tous des difficultés de recrutement."

Il ne s'agit pas "d'envoyer tout le monde dans les services des urgences publics, avec ensuite une difficulté pour réorienter les personnes, c'est en amont qu'il faut que la régulation se fasse et orienter les patients sur l'ensemble des établissements, dont ceux du secteur privé solidaire", a-t-elle plaidé.

S'agissant des chantiers de plus long terme, "nous avons rappelé à la ministre que l'on considère qu'avoir les mêmes missions de service public signifie avoir les mêmes financements", a poursuivi la présidente de la Fehap. "S'il doit y avoir une revalorisation du point d'indice des fonctionnaires hospitaliers, cela veut dire que nous attendons une dotation équivalente pour pouvoir faire évoluer la rémunération de nos professionnels."

"Nous avons fait remarquer à la ministre que nous n'avions pas été traités de la même façon sur les mesures du Ségur 2 et avons demandé que rapidement ce déséquilibre soit compensé", a aussi rapporté Marie-Sophie Desaulle.

La dernière délégation de crédits n'a pas permis de compenser le financement de la transposition du Ségur 2 dans les Espic, a-t-elle rappelé. "On a eu 30% de moins que le public, cela correspond à 34 millions d'euros."

Outre une égalité de traitement, la Fehap demande "une prolongation de la garantie de financement" des établissements de santé qui doit se terminer fin juin, ainsi que la "prise en compte de l'inflation qui n'était pas prévue dans la loi de financement de la sécurité sociale pour 2022".

Sur ces revendications, "il m'a semblé qu'il n'y a pas eu de désaccord sur l'objectif", mais se pose la question "de la manière d'avancer", a considéré Marie-Sophie Desaulle.

La Fehap a fait valoir qu'elle était "disposée à participer à la conférence des parties prenantes sur l'évolution du système de santé et que, selon [elle], le travail qui avait été lancé pour le plan 'Ma santé 2022' allait dans le bon sens et qu'il fallait repartir sur cette dynamique".

Mais ce plan "n'avait pas suffisamment pris en compte les acteurs du domicile, alors qu'ils sont les vigies en logique de prévention et de facilitation de la vie à domicile", a souligné la présidente de la fédération.

Il faut "construire des solutions sur les territoires, avec au niveau national des effets leviers que l'on pourra utiliser en fonction des besoins" locaux, a-t-elle plaidé. "Il faut selon nous ne pas reproduire les expérimentations 'article 51', qui sont d'une telle lourdeur qu'elles ne permettent pas vraiment la transformation de notre système."

Elle a rappelé que la Fehap demande une loi de programmation pluriannuelle en santé. "Nous plaidons pour de la visibilité, de la transparence, de la proximité et de la confiance", a résumé Marie-Sophie Desaulle.

"J'ai eu un sentiment d'écoute, d'une vraie conscience des difficultés, d'une volonté de coconstruction et d'attention à la méthode", mais "le fait est qu'on va attendre des actes", a-t-elle conclu.

mlb/ab/APMnews

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