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11/12 2020
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COVID-19: COMMENT LE CH DU PUY-EN-VELAY A PU TENIR

(Par Sabine NEULAT-ISARD)

LE PUY-EN-VELAY, 11 décembre 2020 (APMnews) - Le centre hospitalier du Puy-en-Velay qui a fait face à une "déferlante" de patients touchés par le Covid-19 à partir de la fin octobre, a réussi à tenir grâce notamment à l'hospitalisation à domicile (HAD), à quelques transferts ou encore à l'e-santé, a relaté son directeur, Jean-Marie Bolliet, dans un entretien à APMnews jeudi.

Doté d'environ 560 lits et places (toutes activités confondues), établissement support du groupement hospitalier de territoire (GHT) de la Haute-Loire, le CH du Puy-en-Velay est situé dans un département qui a vu son taux d'incidence s'envoler en octobre pour arriver à plus de 1.000/100.000 début novembre (cf dépêche du 28/10/2020 à 13:40, dépêche du 03/11/2020 à 12:22, dépêche du 05/11/2020 à 12:14).

D'autres départements d'Auvergne-Rhône-Alpes ont enregistré un tel taux, notamment celui de la Loire qui est à côté de la Haute-Loire et qui a été touché de plein fouet en premier.

Evolution du nombre de patients Covid+ hospitalisés au CH du Puy-en-Velay
Evolution du nombre de patients Covid+ hospitalisés au CH du Puy-en-Velay

"Ce n'était pas une vague mais une déferlante", résume aujourd'hui Jean-Marie Bolliet en distinguant nettement cette période de la première vague de par sa "hauteur" et sa "soudaineté". Le nombre de cas "a explosé fin octobre, début novembre".

Focus sur le pic de la 2e vague
Focus sur le pic de la 2e vague

Pour faire face à l'afflux de patients Covid devant être hospitalisés, l'hôpital a mobilisé de nombreux lits de chirurgie et de médecine. "Au plus fort de la crise, nous étions à 150 lits de médecine Covid", indique le directeur.

Début novembre, au haut niveau de la vague, l'établissement a compté 145 patients Covid en médecine. "Nous avons mis en place un module informatique pour partager en temps réel les disponibilités en lits avec les autres établissements de la Haute-Loire. Malgré cela, nous avons été à la limite de la saturation", souligne-t-il. "On a été à 5 lits de la saturation".

Différentes actions ou expérimentations ont permis à l'établissement d'éviter d'être débordé.

Outre les relations entretenues avec les 11 structures d'aval du territoire pour fluidifier les transferts de patients, Jean-Marie Bolliet insiste sur l'importance du rôle joué par l'HAD. "C'est surtout l'HAD qui nous a permis de tenir", souligne-t-il en indiquant que l'HAD a suivi en effet près de 30 patients Covid à domicile et "quasiment le même volume en Ehpad", évitant ainsi d'emboliser d'autant les lits de l'hôpital.

En réanimation, alors que le CH a habituellement 8 lits dans ce domaine (et 4 de surveillance continue), l'établissement a "triplé" sa capacité pour la porter à 23 lits dont 19 consacrés au Covid. Pour y parvenir, l'hôpital a déprogrammé 70% de son activité chirurgicale mais a sanctuarisé certaines autres, comme en priorité la chirurgie des cancers.

Une petite dizaine de patients en réanimation ont été transférés au CHU de Clermont-Ferrand au cours de la période. Aucune évacuation sanitaire vers d'autres régions n'a en revanche eu lieu.

Les activités des urgences ou du centre de prélèvements ont été "en tension" tout en restant "maîtrisées". Aux urgences, 8 boxes ont été consacrés aux patients Covid, ce nombre montant jusqu'à 10 ou 12 au plus fort de la crise. Le centre de prélèvements fonctionnait à plein et a réalisé entre 200 et 300 tests par jour.

Sur le plan des ressources humaines, l'établissement a dû gérer les arrêts maladie liés au Covid. Sur ce plan, "on a regretté que par le biais du site internet de l'assurance maladie, des agents qui étaient positifs au coronavirus mais pas forcément symptomatiques puissent être mis automatiquement en arrêt maladie", souligne son directeur.

Il relève cependant la bonne collaboration avec la clinique Bon Secours du Puy-en-Velay. "Elle nous a mis à disposition du personnel, notamment des infirmiers, des infirmiers anesthésistes et des aides-soignants, nous permettant ainsi de tenir nos lignes de réanimation".

Renforcement de l'outil Memoquest pour le suivi ambulatoire des patients

Le CH a aussi continué d'utiliser l'application Memoquest* qu'il avait adaptée spécifiquement avec la société Calmedica, lors de la première vague, pour le suivi en ambulatoire de patients Covid se présentant aux urgences ou au cabinet de médecine de ville sans nécessiter d'hospitalisation (cf dépêche du 30/06/2020 à 15:35).

"Nous avons fait évoluer le dispositif en fournissant un oxymètre de doigt aux patients suivis par le biais de cette application", explique Jean-Marie Bolliet.

Dans ce cadre, la plateforme Memoquest* adresse tous les jours un SMS aux patients pour vérifier que les signes évocateurs de Covid ne s'aggravent pas et, grâce à l'utilisation de l'oxymètre, s'assurer que le taux de saturation d'oxygène dans leur sang ne dépasse pas la limite inférieure de 92%.

"Avec Calmedica, nous avons créé des protocoles médicaux de surveillance par SMS et, dans notre cellule Covid, avons affecté une infirmière à la surveillance des réponses aux SMS". Si des réponses sont incohérentes, elle appelle le patient pour avoir, dans un premier temps, plus d'informations.

Le dispositif avec l'oxymètre est déployé depuis une quinzaine de jours et a permis d'ores et déjà de suivre environ 35 patients à domicile. L'oxymètre est prêté gratuitement au patient en échange d'une petite caution et doit être rapporté à l'établissement ou au médecin au bout de 14 jours.

Outre la "sécurisation" qu'il apporte pour le patient à son domicile, le système permet d'écourter légèrement les durées d'hospitalisation et permet une "interaction" entre l'hôpital, le médecin de ville et le patient, observe Jean-Marie Bolliet qui précise qu’une soixantaine de médecins généralistes ont été "enrôlés" dans le fonctionnement de Memoquest*.

"Le système est très structurant et fédératif", se félicite le chef d'établissement, précisant que l'hôpital travaille de plus en plus "main dans la main" avec la médecine de ville, laquelle est participe d'ailleurs, avec le conseil de l'ordre, à la cellule de crise de l'établissement.

Au final, le CH du Puy-en-Velay a acheté 350 oxymètres dont 40 pour ses patients et 180 aux cabinets de ville, le reste demeurant en stock. Le conseil départemental de l'ordre des médecins en a acheté également 50 et le conseil régional 300 qu'il a donnés directement aux infirmiers libéraux du département (cf dépêche du 27/11/2020 à 10:54).

Comme lors de la première vague, le CH du Puy-en-Velay a aussi fortement soutenu les établissements médico-sociaux, notamment les 50 Ehpad du département "très touchés" par la vague de l'automne.

"Nous avons continué à les pourvoir en matériels et nos équipes mobiles, d'hygiène ou de soins palliatifs, les ont beaucoup aidés, de même que l'HAD qui a abattu toute sa puissance", souligne le directeur.

Un renfort en ressources humaines leur a été proposé en fonction de leurs besoins, à travers la mise à disposition d'étudiants infirmiers et aides-soignants qui étaient rémunérés pour cela.

"Nous avons aussi créé un fil WhatsApp avec tous les directeurs des Ehpad pour pouvoir échanger des informations et leur permettre de faire part de leurs difficultés ou de ce qu'ils ressentaient", ajoute Jean-Marie Bolliet.

Décrue du nombre de patients hospitalisés

Interrogé sur la situation actuelle, Jean-Marie Bolliet indique que l'hôpital n'accueillait jeudi plus que 35 patients Covid. La réanimation prenait en charge 12 patients dont 8 Covid.

L'établissement a pu donc désarmer une partie de ses lits de réanimation, et reprendre les activités qui ont été arrêtées ou freinées, notamment chirurgicales. "Mais nous le faisons avec mesure", affirme son directeur.

san/rm/APMnews

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COVID-19: COMMENT LE CH DU PUY-EN-VELAY A PU TENIR

(Par Sabine NEULAT-ISARD)

LE PUY-EN-VELAY, 11 décembre 2020 (APMnews) - Le centre hospitalier du Puy-en-Velay qui a fait face à une "déferlante" de patients touchés par le Covid-19 à partir de la fin octobre, a réussi à tenir grâce notamment à l'hospitalisation à domicile (HAD), à quelques transferts ou encore à l'e-santé, a relaté son directeur, Jean-Marie Bolliet, dans un entretien à APMnews jeudi.

Doté d'environ 560 lits et places (toutes activités confondues), établissement support du groupement hospitalier de territoire (GHT) de la Haute-Loire, le CH du Puy-en-Velay est situé dans un département qui a vu son taux d'incidence s'envoler en octobre pour arriver à plus de 1.000/100.000 début novembre (cf dépêche du 28/10/2020 à 13:40, dépêche du 03/11/2020 à 12:22, dépêche du 05/11/2020 à 12:14).

D'autres départements d'Auvergne-Rhône-Alpes ont enregistré un tel taux, notamment celui de la Loire qui est à côté de la Haute-Loire et qui a été touché de plein fouet en premier.

Evolution du nombre de patients Covid+ hospitalisés au CH du Puy-en-Velay
Evolution du nombre de patients Covid+ hospitalisés au CH du Puy-en-Velay

"Ce n'était pas une vague mais une déferlante", résume aujourd'hui Jean-Marie Bolliet en distinguant nettement cette période de la première vague de par sa "hauteur" et sa "soudaineté". Le nombre de cas "a explosé fin octobre, début novembre".

Focus sur le pic de la 2e vague
Focus sur le pic de la 2e vague

Pour faire face à l'afflux de patients Covid devant être hospitalisés, l'hôpital a mobilisé de nombreux lits de chirurgie et de médecine. "Au plus fort de la crise, nous étions à 150 lits de médecine Covid", indique le directeur.

Début novembre, au haut niveau de la vague, l'établissement a compté 145 patients Covid en médecine. "Nous avons mis en place un module informatique pour partager en temps réel les disponibilités en lits avec les autres établissements de la Haute-Loire. Malgré cela, nous avons été à la limite de la saturation", souligne-t-il. "On a été à 5 lits de la saturation".

Différentes actions ou expérimentations ont permis à l'établissement d'éviter d'être débordé.

Outre les relations entretenues avec les 11 structures d'aval du territoire pour fluidifier les transferts de patients, Jean-Marie Bolliet insiste sur l'importance du rôle joué par l'HAD. "C'est surtout l'HAD qui nous a permis de tenir", souligne-t-il en indiquant que l'HAD a suivi en effet près de 30 patients Covid à domicile et "quasiment le même volume en Ehpad", évitant ainsi d'emboliser d'autant les lits de l'hôpital.

En réanimation, alors que le CH a habituellement 8 lits dans ce domaine (et 4 de surveillance continue), l'établissement a "triplé" sa capacité pour la porter à 23 lits dont 19 consacrés au Covid. Pour y parvenir, l'hôpital a déprogrammé 70% de son activité chirurgicale mais a sanctuarisé certaines autres, comme en priorité la chirurgie des cancers.

Une petite dizaine de patients en réanimation ont été transférés au CHU de Clermont-Ferrand au cours de la période. Aucune évacuation sanitaire vers d'autres régions n'a en revanche eu lieu.

Les activités des urgences ou du centre de prélèvements ont été "en tension" tout en restant "maîtrisées". Aux urgences, 8 boxes ont été consacrés aux patients Covid, ce nombre montant jusqu'à 10 ou 12 au plus fort de la crise. Le centre de prélèvements fonctionnait à plein et a réalisé entre 200 et 300 tests par jour.

Sur le plan des ressources humaines, l'établissement a dû gérer les arrêts maladie liés au Covid. Sur ce plan, "on a regretté que par le biais du site internet de l'assurance maladie, des agents qui étaient positifs au coronavirus mais pas forcément symptomatiques puissent être mis automatiquement en arrêt maladie", souligne son directeur.

Il relève cependant la bonne collaboration avec la clinique Bon Secours du Puy-en-Velay. "Elle nous a mis à disposition du personnel, notamment des infirmiers, des infirmiers anesthésistes et des aides-soignants, nous permettant ainsi de tenir nos lignes de réanimation".

Renforcement de l'outil Memoquest pour le suivi ambulatoire des patients

Le CH a aussi continué d'utiliser l'application Memoquest* qu'il avait adaptée spécifiquement avec la société Calmedica, lors de la première vague, pour le suivi en ambulatoire de patients Covid se présentant aux urgences ou au cabinet de médecine de ville sans nécessiter d'hospitalisation (cf dépêche du 30/06/2020 à 15:35).

"Nous avons fait évoluer le dispositif en fournissant un oxymètre de doigt aux patients suivis par le biais de cette application", explique Jean-Marie Bolliet.

Dans ce cadre, la plateforme Memoquest* adresse tous les jours un SMS aux patients pour vérifier que les signes évocateurs de Covid ne s'aggravent pas et, grâce à l'utilisation de l'oxymètre, s'assurer que le taux de saturation d'oxygène dans leur sang ne dépasse pas la limite inférieure de 92%.

"Avec Calmedica, nous avons créé des protocoles médicaux de surveillance par SMS et, dans notre cellule Covid, avons affecté une infirmière à la surveillance des réponses aux SMS". Si des réponses sont incohérentes, elle appelle le patient pour avoir, dans un premier temps, plus d'informations.

Le dispositif avec l'oxymètre est déployé depuis une quinzaine de jours et a permis d'ores et déjà de suivre environ 35 patients à domicile. L'oxymètre est prêté gratuitement au patient en échange d'une petite caution et doit être rapporté à l'établissement ou au médecin au bout de 14 jours.

Outre la "sécurisation" qu'il apporte pour le patient à son domicile, le système permet d'écourter légèrement les durées d'hospitalisation et permet une "interaction" entre l'hôpital, le médecin de ville et le patient, observe Jean-Marie Bolliet qui précise qu’une soixantaine de médecins généralistes ont été "enrôlés" dans le fonctionnement de Memoquest*.

"Le système est très structurant et fédératif", se félicite le chef d'établissement, précisant que l'hôpital travaille de plus en plus "main dans la main" avec la médecine de ville, laquelle est participe d'ailleurs, avec le conseil de l'ordre, à la cellule de crise de l'établissement.

Au final, le CH du Puy-en-Velay a acheté 350 oxymètres dont 40 pour ses patients et 180 aux cabinets de ville, le reste demeurant en stock. Le conseil départemental de l'ordre des médecins en a acheté également 50 et le conseil régional 300 qu'il a donnés directement aux infirmiers libéraux du département (cf dépêche du 27/11/2020 à 10:54).

Comme lors de la première vague, le CH du Puy-en-Velay a aussi fortement soutenu les établissements médico-sociaux, notamment les 50 Ehpad du département "très touchés" par la vague de l'automne.

"Nous avons continué à les pourvoir en matériels et nos équipes mobiles, d'hygiène ou de soins palliatifs, les ont beaucoup aidés, de même que l'HAD qui a abattu toute sa puissance", souligne le directeur.

Un renfort en ressources humaines leur a été proposé en fonction de leurs besoins, à travers la mise à disposition d'étudiants infirmiers et aides-soignants qui étaient rémunérés pour cela.

"Nous avons aussi créé un fil WhatsApp avec tous les directeurs des Ehpad pour pouvoir échanger des informations et leur permettre de faire part de leurs difficultés ou de ce qu'ils ressentaient", ajoute Jean-Marie Bolliet.

Décrue du nombre de patients hospitalisés

Interrogé sur la situation actuelle, Jean-Marie Bolliet indique que l'hôpital n'accueillait jeudi plus que 35 patients Covid. La réanimation prenait en charge 12 patients dont 8 Covid.

L'établissement a pu donc désarmer une partie de ses lits de réanimation, et reprendre les activités qui ont été arrêtées ou freinées, notamment chirurgicales. "Mais nous le faisons avec mesure", affirme son directeur.

san/rm/APMnews

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