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08/07 2020
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COVID-19 EN GUYANE: LE CH DE CAYENNE "A VÉRITABLEMENT BESOIN DE RENFORTS"

(Par Sylvain LABAUNE)

CAYENNE, 8 juillet 2020 (APMnews) - Le centre hospitalier (CH) de Cayenne "a véritablement besoin de renforts" pour faire face à la progression continue des admissions de patients Covid, a alerté mardi soir auprès d'APMnews Amandine Papin, secrétaire générale de l'établissement.

La situation est "très tendue" à Cayenne comme "sur l'ensemble des établissements" du groupement hospitalier de territoire (GHT) de Guyane, a-t-elle déclaré.

L'établissement prenait en charge mardi 23 patients Covid en réanimation et 120 patients Covid dans les autres unités d'hospitalisation. "En quatre semaines, nous avons quadruplé notre capacité Covid, ce qui a donc nécessité une très forte mobilisation des équipes", témoigne Amandine Papin.

Le CH dispose actuellement d'une capacité de 154 lits Covid dont 83 de médecine, 31 en réanimation, 21 en maternité, 7 en pédiatrie, 2 en médecine et réanimation néonatale, 4 en psychiatrie et 6 en établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad)/unité de soins de longue durée (USLD) .

En réanimation, 6 nouveaux lits ont été ouverts lundi dans une unité qui pourra compter jusqu'à 15 lits. "L'objectif est de les armer la semaine prochaine", a précisé la secrétaire générale.

"Nous sommes en train de travailler avec les tutelles pour ouvrir 15 lits supplémentaires de réanimation. Les modalités de cet ultime palier sont en cours de réflexion", annonce-t-elle.

Jusqu'à 400 lits d'hospitalisation nécessaires dans le scénario pessimiste

Le pic épidémiologique est prévu dans la deuxième quinzaine de juillet et l'hôpital se prépare à une progression importante des admissions dans les jours qui viennent.

Les projections épidémiologiques sont toutefois "assez incertaines", explique Amandine Papin. Il y a deux types de prévisions, une pessimiste dans laquelle "nous aurions besoin sur le territoire, au 24 juillet, de 70 lits de soins critiques et de 400 lits d'hospitalisation conventionnelle".

Dans le scénario "plus optimiste", "nous aurions besoin de 45 lits de soins critiques pour 150 lits d'hospitalisation conventionnelle". "La vérité est peut-être entre les deux", commente-t-elle.

De nombreuses réorganisations internes ont été conduites au CH de Cayenne. Une grande partie du personnel a été "redéployée sur les activités Covid et plusieurs unités ont été transformées en unités Covid". C'est le cas du service des maladies infectieuses et tropicales, de la médecine interne, du post-urgences et des soins de suite et de réadaptation (SSR).

"Des professionnels du bloc opératoire ont notamment également été redéployés en réanimation", a-t-elle souligné.

Désormais, "nous arrivons un peu au bout de la logique interne et nous avons véritablement besoin de renfort", même si l'arrivée de professionnels depuis la métropole "semble s'accélérer".

Un besoin immédiat estimé à environ 80 professionnels

Une campagne de recrutement conduite au CH a toutefois permis le recrutement de 64 équivalents temps plein (ETP), ainsi que de 22 ETP de la réserve sanitaire et de l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP).

Au total, les renforts atteignaient mardi "88 ETP", rapporte Amandine Papin.

Mais les besoins sont très importants et les renforts ne suffisent pas pour l'instant à pallier les besoins liés aux ouvertures récentes de lits. Sans compter le renfort de 88 ETP, "il manque déjà avec les unités ouvertes 90 IDE [infirmiers diplômés d'Etat], 70 aides-soignants et 10 médecins".

Et cela sachant que "nous avons encore une montée en charge à assurer", souligne-t-elle.

Les équipes, "dont l'engagement doit être salué", sont aujourd'hui "fatiguées" car la crise dure depuis mars. "Nous avons réorganisé l'hôpital au moment du confinement et nous avons dû ensuite faire face à l'arrivée plus massive de patients Covid", avec l'explosion fin mai du nombre en cas en Amérique latine et notamment au Brésil, poursuit-elle.

"On espère d'ailleurs que l'arrivée de renforts va permettre à nos équipes de prendre du repos, voire de poser des congés pour certaines qui n'en ont pas eu depuis mars", continue-t-elle.

Le directeur du CH de Cayenne, Christophe Robert, assure également la direction par intérim du CH de Kourou. Aucune place en réanimation n'a pour l'instant été ouverte dans cet établissement mais il est "prévu d'y armer 4 lits de soins continus", indique-t-elle par ailleurs.

Les renforts n'ont pas encore été trouvés pour ouvrir ces lits à Kourou qui "permettraient de délester quelques patients [pris en charge à Cayenne]".

Le déclenchement du plan blanc a permis d'ouvrir de nouveaux lits

Les trois CH de Guyane qui composent le GHT de Guyane ont déclenché conjointement samedi un plan blanc (cf dépêche du 06/07/2020 à 11:54).

"Dans la réalité, toute une série de mesures du plan blanc étaient déjà mobilisées avec l'organisation de filières Covid et la transformation de services", explique la secrétaire générale. Le déclenchement officiel "nous donne la possibilité de rappeler les personnels et de modifier les horaires de travail".

Les unités d'hospitalisation "passent notamment à une organisation de 12 heures pour les soignants" et le fait de rappeler des personnels "nous a permis d'ouvrir les 6 nouveaux lits de réanimation à Cayenne", détaille-t-elle.

Plus largement, les mesures barrières "sont aujourd'hui largement partagées par la population guyanaise", après "une phase d'appropriation comme en métropole".

Le confinement n'a pas été prononcé par la préfecture de Guyane mais uniquement un couvre-feu, avec des règles plus ou moins strictes en fonction des communes. La frontière entre le Brésil et la Guyane a par ailleurs été fermée.

L'agence régionale de santé (ARS) a dénombré mardi 5.178 cas confirmés de Covid (contre 4.913 cas samedi), 123 hospitalisations en cours dont 30 en réanimation (contre 23 samedi). Vingt-et-un décès ont été déplorés (contre 16 samedi) et 2.119 personnes ont été déclarées guéries depuis le début de la crise.

Lundi, le centre hospitalier de l’Ouest guyanais (Chog), à Saint-Laurent-du-Maroni, n'avait plus de places disponibles en réanimation et son directeur compte sur l'arrivée rapide de renforts pour en ouvrir de nouvelles (cf dépêche du 07/07/2020 à 17:04).

Le premier ministre, Jean Castex, a annoncé mercredi matin qu'il se rendrait dimanche en Guyane, où cela "se passe mal" (cf dépêche du 08/07/2020 à 10:55).

syl/nc/APMnews

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CAYENNE, 8 juillet 2020 (APMnews) - Le centre hospitalier (CH) de Cayenne "a véritablement besoin de renforts" pour faire face à la progression continue des admissions de patients Covid, a alerté mardi soir auprès d'APMnews Amandine Papin, secrétaire générale de l'établissement.

La situation est "très tendue" à Cayenne comme "sur l'ensemble des établissements" du groupement hospitalier de territoire (GHT) de Guyane, a-t-elle déclaré.

L'établissement prenait en charge mardi 23 patients Covid en réanimation et 120 patients Covid dans les autres unités d'hospitalisation. "En quatre semaines, nous avons quadruplé notre capacité Covid, ce qui a donc nécessité une très forte mobilisation des équipes", témoigne Amandine Papin.

Le CH dispose actuellement d'une capacité de 154 lits Covid dont 83 de médecine, 31 en réanimation, 21 en maternité, 7 en pédiatrie, 2 en médecine et réanimation néonatale, 4 en psychiatrie et 6 en établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad)/unité de soins de longue durée (USLD) .

En réanimation, 6 nouveaux lits ont été ouverts lundi dans une unité qui pourra compter jusqu'à 15 lits. "L'objectif est de les armer la semaine prochaine", a précisé la secrétaire générale.

"Nous sommes en train de travailler avec les tutelles pour ouvrir 15 lits supplémentaires de réanimation. Les modalités de cet ultime palier sont en cours de réflexion", annonce-t-elle.

Jusqu'à 400 lits d'hospitalisation nécessaires dans le scénario pessimiste

Le pic épidémiologique est prévu dans la deuxième quinzaine de juillet et l'hôpital se prépare à une progression importante des admissions dans les jours qui viennent.

Les projections épidémiologiques sont toutefois "assez incertaines", explique Amandine Papin. Il y a deux types de prévisions, une pessimiste dans laquelle "nous aurions besoin sur le territoire, au 24 juillet, de 70 lits de soins critiques et de 400 lits d'hospitalisation conventionnelle".

Dans le scénario "plus optimiste", "nous aurions besoin de 45 lits de soins critiques pour 150 lits d'hospitalisation conventionnelle". "La vérité est peut-être entre les deux", commente-t-elle.

De nombreuses réorganisations internes ont été conduites au CH de Cayenne. Une grande partie du personnel a été "redéployée sur les activités Covid et plusieurs unités ont été transformées en unités Covid". C'est le cas du service des maladies infectieuses et tropicales, de la médecine interne, du post-urgences et des soins de suite et de réadaptation (SSR).

"Des professionnels du bloc opératoire ont notamment également été redéployés en réanimation", a-t-elle souligné.

Désormais, "nous arrivons un peu au bout de la logique interne et nous avons véritablement besoin de renfort", même si l'arrivée de professionnels depuis la métropole "semble s'accélérer".

Un besoin immédiat estimé à environ 80 professionnels

Une campagne de recrutement conduite au CH a toutefois permis le recrutement de 64 équivalents temps plein (ETP), ainsi que de 22 ETP de la réserve sanitaire et de l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP).

Au total, les renforts atteignaient mardi "88 ETP", rapporte Amandine Papin.

Mais les besoins sont très importants et les renforts ne suffisent pas pour l'instant à pallier les besoins liés aux ouvertures récentes de lits. Sans compter le renfort de 88 ETP, "il manque déjà avec les unités ouvertes 90 IDE [infirmiers diplômés d'Etat], 70 aides-soignants et 10 médecins".

Et cela sachant que "nous avons encore une montée en charge à assurer", souligne-t-elle.

Les équipes, "dont l'engagement doit être salué", sont aujourd'hui "fatiguées" car la crise dure depuis mars. "Nous avons réorganisé l'hôpital au moment du confinement et nous avons dû ensuite faire face à l'arrivée plus massive de patients Covid", avec l'explosion fin mai du nombre en cas en Amérique latine et notamment au Brésil, poursuit-elle.

"On espère d'ailleurs que l'arrivée de renforts va permettre à nos équipes de prendre du repos, voire de poser des congés pour certaines qui n'en ont pas eu depuis mars", continue-t-elle.

Le directeur du CH de Cayenne, Christophe Robert, assure également la direction par intérim du CH de Kourou. Aucune place en réanimation n'a pour l'instant été ouverte dans cet établissement mais il est "prévu d'y armer 4 lits de soins continus", indique-t-elle par ailleurs.

Les renforts n'ont pas encore été trouvés pour ouvrir ces lits à Kourou qui "permettraient de délester quelques patients [pris en charge à Cayenne]".

Le déclenchement du plan blanc a permis d'ouvrir de nouveaux lits

Les trois CH de Guyane qui composent le GHT de Guyane ont déclenché conjointement samedi un plan blanc (cf dépêche du 06/07/2020 à 11:54).

"Dans la réalité, toute une série de mesures du plan blanc étaient déjà mobilisées avec l'organisation de filières Covid et la transformation de services", explique la secrétaire générale. Le déclenchement officiel "nous donne la possibilité de rappeler les personnels et de modifier les horaires de travail".

Les unités d'hospitalisation "passent notamment à une organisation de 12 heures pour les soignants" et le fait de rappeler des personnels "nous a permis d'ouvrir les 6 nouveaux lits de réanimation à Cayenne", détaille-t-elle.

Plus largement, les mesures barrières "sont aujourd'hui largement partagées par la population guyanaise", après "une phase d'appropriation comme en métropole".

Le confinement n'a pas été prononcé par la préfecture de Guyane mais uniquement un couvre-feu, avec des règles plus ou moins strictes en fonction des communes. La frontière entre le Brésil et la Guyane a par ailleurs été fermée.

L'agence régionale de santé (ARS) a dénombré mardi 5.178 cas confirmés de Covid (contre 4.913 cas samedi), 123 hospitalisations en cours dont 30 en réanimation (contre 23 samedi). Vingt-et-un décès ont été déplorés (contre 16 samedi) et 2.119 personnes ont été déclarées guéries depuis le début de la crise.

Lundi, le centre hospitalier de l’Ouest guyanais (Chog), à Saint-Laurent-du-Maroni, n'avait plus de places disponibles en réanimation et son directeur compte sur l'arrivée rapide de renforts pour en ouvrir de nouvelles (cf dépêche du 07/07/2020 à 17:04).

Le premier ministre, Jean Castex, a annoncé mercredi matin qu'il se rendrait dimanche en Guyane, où cela "se passe mal" (cf dépêche du 08/07/2020 à 10:55).

syl/nc/APMnews

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