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22/10 2020
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COVID-19 EN ILE-DE-FRANCE: DES DÉPROGRAMMATIONS SUPPLÉMENTAIRES ENVISAGÉES ET 2.000 LITS DE MÉDECINE À TROUVER SOUS 8 JOURS

PARIS, 22 octobre 2020 (APMnews) - Les établissements de santé publics et privés d'Ile-de-France se préparent à franchir un palier supplémentaire de déprogrammations pour affronter la tension sur les capacités en réanimation, mais doivent aussi trouver 2.000 lits de médecine supplémentaires d'ici 8 jours, ont expliqué l'agence régionale de santé (ARS) et plusieurs acteurs jeudi à APMnews.

En Ile-de-France, 3.515 patients Covid étaient hospitalisés mercredi, soit 427 supplémentaires en 24 heures, selon les données de Santé publique France. Parmi eux, 672 étaient en réanimation (+70). Ce qui signifie que près de 60% de ces lits sont occupés par des patients Covid.

Pour faire face à la tension hospitalière, l'agence régionale de santé (ARS) Ile-de-France a demandé le 13 octobre aux établissements de santé de déprogrammer jusqu'à 30% de leur activité, rappelle-t-on (cf dépêche du 15/10/2020 à 14:02). Ce qui correspond au "palier 2", selon la graduation des déprogrammations fixée avec les établissements de la région. Le déclenchement du palier 3 induira une déprogrammation jusqu'à 60% des activités.

Interrogée jeudi sur l'évolution de la situation, l'agence a précisé que le "palier 2" était toujours en vigueur, "avec une demande de déprogrammation de 20% à 30% pour basculer les personnels vers les services de réanimation".

L'objectif est de "libérer 500 lits de réanimation supplémentaires au sein des capacités globales de soins critiques, en transformant des lits de surveillance continue en lits de réanimation", a-t-elle rappelé.

Les établissements de santé qui ne disposent plus de lits transfèrent d'ores et déjà leurs malades vers d'autres établissements de la région, en passant par la cellule régionale de transfert mise en place au niveau du Samu zonal.

Pour autant, "un travail d'anticipation sur le palier 3", avec l'objectif de libérer "700 lits de réanimation supplémentaires, pour arriver à un total de 1.800 lits de réanimation" pour les patients Covid, a déjà débuté au sein de l'ARS Ile-de-France, en anticipation des taux d'occupation d'ici mi-novembre.

"L'ensemble de nos établissements publics sont sous tension en ce moment, surtout du fait de forts besoins en hospitalisation conventionnelle en services de médecine", a fait savoir la Fédération hospitalière de France (FHF) Ile-de-France jeudi à APMnews.

"La capacité à disposer d'assez de lits de réanimation n'est donc pas la seule variable à considérer", pointe-t-elle.

Les transferts entre établissements de la région ont commencé, notamment de la Seine-Saint-Denis vers Paris, ajoute la FHF. Elle s'attend à ce que cette régulation, qui repose sur la solidarité entre les établissements, prenne davantage d'ampleur. "Il s'agira de privilégier une certaine proximité géographique" à l'intérieur de la région, précise-t-elle néanmoins.

Mobiliser notamment les lits de SSR

Interrogé par APMnews, Jacques Léglise, directeur de l'Hôpital Foch à Suresnes (Hauts-de-Seine) et président de la conférence des directeurs généraux d'établissements MCO de la Fédération des établissements hospitaliers et d’aide à la personne privés non lucratifs (Fehap), a fait état d'une progression des hospitalisations dans la région, "avec depuis ce week-end une accélération".

"Il y a eu un pic d'entrée dans les réanimations, et d'une manière générale dans le système hospitalier".

A l'Hôpital Foch, 60% des lits de réanimation habituels sont devenus des lits Covid, de même qu'une trentaine de lits d'hospitalisation conventionnelle dans des unités spécifiques.

"Jusqu'à il y a 15 jours au moins, 90% des séjours Covid se trouvaient dans un établissement qui ont un service d'urgence", a-t-il complété.

S'agissant de la réanimation, "on tient encore dans les capacités mobilisées en palier 2" des déprogrammations, mais, "là où cela se tend ces derniers jours, c'est sur la médecine conventionnelle, pour les malades Covid et non Covid", a-t-il également rapporté.

Les établissements se trouvent face à un "engorgement post-urgence Covid et non Covid", en raison des pathologies hivernales. Contrairement à la première vague de l'épidémie où des déprogrammations massives avaient désengorgé les hôpitaux, ils doivent conjuguer plusieurs flux d'activité.

"L'ARS nous incite à trouver l'équivalent de 2.000 lits de médecine dans les 8 prochains de jours", a-t-il fait savoir.

L'agence a confirmé cet objectif, transmis aux établissements mercredi "dans le cadre du plan de mobilisation" établi avec les établissements. Outre la déprogrammation d'activités en médecine, les actions envisagées pour l'atteindre sont "le recours au maximum à la téléconsultation, le recours massif à l'hospitalisation à domicile, la prise en charge de patients dans les services de soins de suite et de réadaptation (SSR) et le développement de l'ambulatoire en médecine".

Dans les établissements privés à but lucratif, les déprogrammations sont décidées de façon variable en fonction des établissements et des territoires, a expliqué à APMnews Helena Kisler-Elkouby, déléguée générale de la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP) Ile-de-France.

Certains départements sont "déjà submergés, comme la Seine-Saint-Denis, et une partie des Yvelines".

Les établissements privés franciliens "prennent en charge 23% des malades Covid en soins critiques et 16% en hospitalisation conventionnelle", a-t-elle précisé, soulignant que "la coopération continue avec les établissements de santé publics".

La préoccupation "du moment porte sur les lits de médecine", a-t-elle aussi témoigné. "De la même manière qu'il y a eu une augmentation capacitaire en réanimation des établissements privés d'Ile-de-France en première vague, on est en train de [mobiliser] les lits de SSR afin de créer des lits de médecine pour prendre en charge des malades dans de bonnes conditions".

Pour l'instant, il n'est pas question de transfert de personnel vers les hôpitaux, car "tout le monde a besoin de tout son personnel, dans tous les établissements, de tout statut", a-t-elle souligné.

mlb/nc/APMnews

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PARIS, 22 octobre 2020 (APMnews) - Les établissements de santé publics et privés d'Ile-de-France se préparent à franchir un palier supplémentaire de déprogrammations pour affronter la tension sur les capacités en réanimation, mais doivent aussi trouver 2.000 lits de médecine supplémentaires d'ici 8 jours, ont expliqué l'agence régionale de santé (ARS) et plusieurs acteurs jeudi à APMnews.

En Ile-de-France, 3.515 patients Covid étaient hospitalisés mercredi, soit 427 supplémentaires en 24 heures, selon les données de Santé publique France. Parmi eux, 672 étaient en réanimation (+70). Ce qui signifie que près de 60% de ces lits sont occupés par des patients Covid.

Pour faire face à la tension hospitalière, l'agence régionale de santé (ARS) Ile-de-France a demandé le 13 octobre aux établissements de santé de déprogrammer jusqu'à 30% de leur activité, rappelle-t-on (cf dépêche du 15/10/2020 à 14:02). Ce qui correspond au "palier 2", selon la graduation des déprogrammations fixée avec les établissements de la région. Le déclenchement du palier 3 induira une déprogrammation jusqu'à 60% des activités.

Interrogée jeudi sur l'évolution de la situation, l'agence a précisé que le "palier 2" était toujours en vigueur, "avec une demande de déprogrammation de 20% à 30% pour basculer les personnels vers les services de réanimation".

L'objectif est de "libérer 500 lits de réanimation supplémentaires au sein des capacités globales de soins critiques, en transformant des lits de surveillance continue en lits de réanimation", a-t-elle rappelé.

Les établissements de santé qui ne disposent plus de lits transfèrent d'ores et déjà leurs malades vers d'autres établissements de la région, en passant par la cellule régionale de transfert mise en place au niveau du Samu zonal.

Pour autant, "un travail d'anticipation sur le palier 3", avec l'objectif de libérer "700 lits de réanimation supplémentaires, pour arriver à un total de 1.800 lits de réanimation" pour les patients Covid, a déjà débuté au sein de l'ARS Ile-de-France, en anticipation des taux d'occupation d'ici mi-novembre.

"L'ensemble de nos établissements publics sont sous tension en ce moment, surtout du fait de forts besoins en hospitalisation conventionnelle en services de médecine", a fait savoir la Fédération hospitalière de France (FHF) Ile-de-France jeudi à APMnews.

"La capacité à disposer d'assez de lits de réanimation n'est donc pas la seule variable à considérer", pointe-t-elle.

Les transferts entre établissements de la région ont commencé, notamment de la Seine-Saint-Denis vers Paris, ajoute la FHF. Elle s'attend à ce que cette régulation, qui repose sur la solidarité entre les établissements, prenne davantage d'ampleur. "Il s'agira de privilégier une certaine proximité géographique" à l'intérieur de la région, précise-t-elle néanmoins.

Mobiliser notamment les lits de SSR

Interrogé par APMnews, Jacques Léglise, directeur de l'Hôpital Foch à Suresnes (Hauts-de-Seine) et président de la conférence des directeurs généraux d'établissements MCO de la Fédération des établissements hospitaliers et d’aide à la personne privés non lucratifs (Fehap), a fait état d'une progression des hospitalisations dans la région, "avec depuis ce week-end une accélération".

"Il y a eu un pic d'entrée dans les réanimations, et d'une manière générale dans le système hospitalier".

A l'Hôpital Foch, 60% des lits de réanimation habituels sont devenus des lits Covid, de même qu'une trentaine de lits d'hospitalisation conventionnelle dans des unités spécifiques.

"Jusqu'à il y a 15 jours au moins, 90% des séjours Covid se trouvaient dans un établissement qui ont un service d'urgence", a-t-il complété.

S'agissant de la réanimation, "on tient encore dans les capacités mobilisées en palier 2" des déprogrammations, mais, "là où cela se tend ces derniers jours, c'est sur la médecine conventionnelle, pour les malades Covid et non Covid", a-t-il également rapporté.

Les établissements se trouvent face à un "engorgement post-urgence Covid et non Covid", en raison des pathologies hivernales. Contrairement à la première vague de l'épidémie où des déprogrammations massives avaient désengorgé les hôpitaux, ils doivent conjuguer plusieurs flux d'activité.

"L'ARS nous incite à trouver l'équivalent de 2.000 lits de médecine dans les 8 prochains de jours", a-t-il fait savoir.

L'agence a confirmé cet objectif, transmis aux établissements mercredi "dans le cadre du plan de mobilisation" établi avec les établissements. Outre la déprogrammation d'activités en médecine, les actions envisagées pour l'atteindre sont "le recours au maximum à la téléconsultation, le recours massif à l'hospitalisation à domicile, la prise en charge de patients dans les services de soins de suite et de réadaptation (SSR) et le développement de l'ambulatoire en médecine".

Dans les établissements privés à but lucratif, les déprogrammations sont décidées de façon variable en fonction des établissements et des territoires, a expliqué à APMnews Helena Kisler-Elkouby, déléguée générale de la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP) Ile-de-France.

Certains départements sont "déjà submergés, comme la Seine-Saint-Denis, et une partie des Yvelines".

Les établissements privés franciliens "prennent en charge 23% des malades Covid en soins critiques et 16% en hospitalisation conventionnelle", a-t-elle précisé, soulignant que "la coopération continue avec les établissements de santé publics".

La préoccupation "du moment porte sur les lits de médecine", a-t-elle aussi témoigné. "De la même manière qu'il y a eu une augmentation capacitaire en réanimation des établissements privés d'Ile-de-France en première vague, on est en train de [mobiliser] les lits de SSR afin de créer des lits de médecine pour prendre en charge des malades dans de bonnes conditions".

Pour l'instant, il n'est pas question de transfert de personnel vers les hôpitaux, car "tout le monde a besoin de tout son personnel, dans tous les établissements, de tout statut", a-t-elle souligné.

mlb/nc/APMnews

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