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13/01 2022
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COVID-19: FIN JANVIER, LA SITUATION DANS LES HÔPITAUX SERA "PROBABLEMENT PROCHE DE CELLE DES VAGUES DURES DE 2020" (ARNAUD FONTANET)

PARIS, 13 janvier 2022 (APMnews) - Les modélisations de l'Institut Pasteur révèlent qu'au rythme où se produisent les contaminations par le Sars-CoV-2, le nombre d'admissions hospitalières et de lits occupés en hospitalisation conventionnelle par des patients Covid-19 seront "à la fin du mois à des niveaux probablement proches de ceux des vagues dures de 2020", a rapporté l'épidémiologiste Arnaud Fontanet, jeudi lors d'un point presse.

L'objectif de ce point presse organisé par l'ANRS-Maladie infectieuses émergentes était de faire le point sur la situation épidémique.

L'incidence des infections par le Sars-CoV-2 est actuellement de 2.800 cas pour 100.000 habitants à l'échelle nationale, selon les données de Santé publique France (SPF), soit un taux près de 6 fois supérieur à celui observé lors de la 2e vague, en novembre 2020. Actuellement, 23.889 patients Covid-19 sont hospitalisés en France, dont 14.153 en hospitalisation conventionnelle et 3.985 en services de soins intensifs.

Pour l'heure, le nombre d'admissions hospitalières de patients Covid-19 est "encore inférieur" à celui observé au cours de la 2e vague, a noté Vittoria Colizza, directrice de recherche à l'Inserm, expliquant que cet effet était lié d'une part, à la vaccination et au rappel et d'autre part, aux propriétés d'omicron, désormais très majoritaire parmi les cas détectés.

Les données confirment en effet qu'omicron est moins sévère que delta, a rapporté l'épidémiologiste Arnaud Fontanet sur la base de 5 études menées en Afrique du Sud, en Angleterre, au Canada et aux Etats-Unis.

Elles montrent que le risque d'hospitalisation, estimé à partir de données brutes, est 3 fois plus faible avec omicron qu'avec delta. Et même lorsque l'on tient compte de covariables comme les antécédents d'infection, le statut vaccinal, l'âge et le sexe, on constate que la "sévérité intrinsèque" d'omicron reste 2 fois plus faible que celle de delta.

Des données sud-africaines montrent en outre que le risque d'aggravation une fois hospitalisé est 4 fois plus faible avec omicron qu'avec delta, et que la durée d'hospitalisation est divisée par deux (4 jours au lieu de 8).

"Ça va être extrêmement difficile"

Arnaud Fontanet a toutefois prévenu des répercussions que ce variant pouvait avoir aussi bien dans la vie quotidienne ("avec la désorganisation que ça va entraîner") que sur les admissions à l'hôpital. "On entend beaucoup dire: '[omicron] est un variant qui est peu dangereux, infectons-nous, ça va contribuer à l'immunité collective'... Mais attention!"

Le chercheur a présenté les dernières modélisations de l'Institut Pasteur relatives à l'impact de la 5e vague de Covid-19 sur le système hospitalier.

"Qu'on parle des admissions quotidiennes ou du nombre de lits occupés en hospitalisation conventionnelle, on arrive à la fin du mois à des niveaux qui seront probablement proches de ceux des vagues dures de 2020", a pointé l'épidémiologiste. Ceci, dans un scénario avec une "transmissibilité élevée" d'omicron, une sévérité réduite de 77% par rapport à delta et une durée moyenne de séjour en hospitalisation conventionnelle de 6 jours.

"Ça va être extrêmement difficile, notamment dans le sud de la France, où les lits sont toujours occupés par les patients delta", a commenté Arnaud Fontanet.

Toujours selon ce scénario, l'impact sur les services de soins intensifs devrait être "en dessous de la saturation qui avait été observée dans les pics de 2020" puisque les patients sont moins sévèrement atteints.

Et lorsque les modélisations sont conduites avec une durée moyenne de séjour hospitalier fixée à 4 ou 3 jours (sur la base de données anglaises), "ça améliore un petit peu les choses mais ça n'est pas majeur", a noté Arnaud Fontanet, qui espère néanmoins que "ça contribuera à alléger un petit peu la surcharge sur les hôpitaux".

Il a en outre insisté sur le fait qu'une réduction de 20% des contacts (notamment par le télétravail et "l'autorégulation des individus" qui font "attention dans leur quotidien") pouvait avoir un impact majeur sur l'évolution épidémique, en divisant par deux le nombre de cas d'infection et d'admissions hospitalières. Cela "peut avoir un rôle encore extrêmement important sur ce que les hôpitaux vont vivre dans les semaines à venir", a-t-il estimé.

Importance de la dose de rappel pour les personnes âgées

Par ailleurs, alors que la situation en Angleterre est scrutée avec attention, Arnaud Fontanet a fait part de deux points de vigilance à garder à l'esprit lors des comparaisons avec la France. Le premier est que la part des 65 ans et plus qui ont reçu leur dose de rappel est de 90% en Angleterre contre 75% en France. Le deuxième est que "dans la situation anglaise, le niveau d'occupation des lits d'hospitalisation conventionnelle et de réanimation était moins important comparé à ce qu'on trouve en France, notamment dans le Sud".

En France, "il y a encore beaucoup de patients hospitalisés en raison de la vague delta et du coup, moins de marge pour absorber les patients supplémentaires que pourrait nous apporter la vague omicron", a noté le chercheur.

Il a également insisté à plusieurs reprises sur "l'importance de la dose de rappel chez les personnes âgées, par rapport au risque d'hospitalisation". Selon des données anglaises (UKHSA) qu'il a présentées, l'efficacité vaccinale contre les formes d'omicron conduisant à une hospitalisation est de 94% "dans les suites de la dose de rappel" (entre 2 et 9 semaines) chez les 65 ans et plus, et "se maintient à 3 mois de recul" avec un taux de 89%.

La dose de rappel, "elle marche et elle est extrêmement importante" pour protéger contre les formes sévères, a martelé Arnaud Fontanet.

Quant aux personnes qui ne sont pas encore vaccinées, l'intérêt pour elles sera "visible dès le premier mois" après la 1re dose de vaccin, a souligné l'épidémiologiste, toujours sur la base des données anglaises. Cette dose "divisera par deux le risque d'être hospitalisé, donc ça vaut le coup, même encore maintenant, même si on a l'impression que la vague omicron est déjà très avancée".

sb/ab/APMnews

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PARIS, 13 janvier 2022 (APMnews) - Les modélisations de l'Institut Pasteur révèlent qu'au rythme où se produisent les contaminations par le Sars-CoV-2, le nombre d'admissions hospitalières et de lits occupés en hospitalisation conventionnelle par des patients Covid-19 seront "à la fin du mois à des niveaux probablement proches de ceux des vagues dures de 2020", a rapporté l'épidémiologiste Arnaud Fontanet, jeudi lors d'un point presse.

L'objectif de ce point presse organisé par l'ANRS-Maladie infectieuses émergentes était de faire le point sur la situation épidémique.

L'incidence des infections par le Sars-CoV-2 est actuellement de 2.800 cas pour 100.000 habitants à l'échelle nationale, selon les données de Santé publique France (SPF), soit un taux près de 6 fois supérieur à celui observé lors de la 2e vague, en novembre 2020. Actuellement, 23.889 patients Covid-19 sont hospitalisés en France, dont 14.153 en hospitalisation conventionnelle et 3.985 en services de soins intensifs.

Pour l'heure, le nombre d'admissions hospitalières de patients Covid-19 est "encore inférieur" à celui observé au cours de la 2e vague, a noté Vittoria Colizza, directrice de recherche à l'Inserm, expliquant que cet effet était lié d'une part, à la vaccination et au rappel et d'autre part, aux propriétés d'omicron, désormais très majoritaire parmi les cas détectés.

Les données confirment en effet qu'omicron est moins sévère que delta, a rapporté l'épidémiologiste Arnaud Fontanet sur la base de 5 études menées en Afrique du Sud, en Angleterre, au Canada et aux Etats-Unis.

Elles montrent que le risque d'hospitalisation, estimé à partir de données brutes, est 3 fois plus faible avec omicron qu'avec delta. Et même lorsque l'on tient compte de covariables comme les antécédents d'infection, le statut vaccinal, l'âge et le sexe, on constate que la "sévérité intrinsèque" d'omicron reste 2 fois plus faible que celle de delta.

Des données sud-africaines montrent en outre que le risque d'aggravation une fois hospitalisé est 4 fois plus faible avec omicron qu'avec delta, et que la durée d'hospitalisation est divisée par deux (4 jours au lieu de 8).

"Ça va être extrêmement difficile"

Arnaud Fontanet a toutefois prévenu des répercussions que ce variant pouvait avoir aussi bien dans la vie quotidienne ("avec la désorganisation que ça va entraîner") que sur les admissions à l'hôpital. "On entend beaucoup dire: '[omicron] est un variant qui est peu dangereux, infectons-nous, ça va contribuer à l'immunité collective'... Mais attention!"

Le chercheur a présenté les dernières modélisations de l'Institut Pasteur relatives à l'impact de la 5e vague de Covid-19 sur le système hospitalier.

"Qu'on parle des admissions quotidiennes ou du nombre de lits occupés en hospitalisation conventionnelle, on arrive à la fin du mois à des niveaux qui seront probablement proches de ceux des vagues dures de 2020", a pointé l'épidémiologiste. Ceci, dans un scénario avec une "transmissibilité élevée" d'omicron, une sévérité réduite de 77% par rapport à delta et une durée moyenne de séjour en hospitalisation conventionnelle de 6 jours.

"Ça va être extrêmement difficile, notamment dans le sud de la France, où les lits sont toujours occupés par les patients delta", a commenté Arnaud Fontanet.

Toujours selon ce scénario, l'impact sur les services de soins intensifs devrait être "en dessous de la saturation qui avait été observée dans les pics de 2020" puisque les patients sont moins sévèrement atteints.

Et lorsque les modélisations sont conduites avec une durée moyenne de séjour hospitalier fixée à 4 ou 3 jours (sur la base de données anglaises), "ça améliore un petit peu les choses mais ça n'est pas majeur", a noté Arnaud Fontanet, qui espère néanmoins que "ça contribuera à alléger un petit peu la surcharge sur les hôpitaux".

Il a en outre insisté sur le fait qu'une réduction de 20% des contacts (notamment par le télétravail et "l'autorégulation des individus" qui font "attention dans leur quotidien") pouvait avoir un impact majeur sur l'évolution épidémique, en divisant par deux le nombre de cas d'infection et d'admissions hospitalières. Cela "peut avoir un rôle encore extrêmement important sur ce que les hôpitaux vont vivre dans les semaines à venir", a-t-il estimé.

Importance de la dose de rappel pour les personnes âgées

Par ailleurs, alors que la situation en Angleterre est scrutée avec attention, Arnaud Fontanet a fait part de deux points de vigilance à garder à l'esprit lors des comparaisons avec la France. Le premier est que la part des 65 ans et plus qui ont reçu leur dose de rappel est de 90% en Angleterre contre 75% en France. Le deuxième est que "dans la situation anglaise, le niveau d'occupation des lits d'hospitalisation conventionnelle et de réanimation était moins important comparé à ce qu'on trouve en France, notamment dans le Sud".

En France, "il y a encore beaucoup de patients hospitalisés en raison de la vague delta et du coup, moins de marge pour absorber les patients supplémentaires que pourrait nous apporter la vague omicron", a noté le chercheur.

Il a également insisté à plusieurs reprises sur "l'importance de la dose de rappel chez les personnes âgées, par rapport au risque d'hospitalisation". Selon des données anglaises (UKHSA) qu'il a présentées, l'efficacité vaccinale contre les formes d'omicron conduisant à une hospitalisation est de 94% "dans les suites de la dose de rappel" (entre 2 et 9 semaines) chez les 65 ans et plus, et "se maintient à 3 mois de recul" avec un taux de 89%.

La dose de rappel, "elle marche et elle est extrêmement importante" pour protéger contre les formes sévères, a martelé Arnaud Fontanet.

Quant aux personnes qui ne sont pas encore vaccinées, l'intérêt pour elles sera "visible dès le premier mois" après la 1re dose de vaccin, a souligné l'épidémiologiste, toujours sur la base des données anglaises. Cette dose "divisera par deux le risque d'être hospitalisé, donc ça vaut le coup, même encore maintenant, même si on a l'impression que la vague omicron est déjà très avancée".

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