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25/11 2020
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COVID-19: L'ACTION DES CUMP EN EHPAD CENTRÉE SUR LES ÉPISODES PSYCHOTRAUMATIQUES AIGUS

(Par Valérie LESPEZ)

LYON, 25 novembre 2020 (APMnews) - L'action des cellules d'urgence médico-psychologiques (Cump) en Ehpad pour soutenir personnels et familles doit être centrée sur les épisodes psychotraumatiques aigus, a expliqué Nathalie Prieto, psychiatre référente nationale et responsable de la Cump Auvergne-Rhône-Alpes, lors d'un entretien avec APMnews mardi.

"Notre action lors de la première vague épidémique a été reconnue car nous avons obtenu, dans le cadre du Ségur de la santé, pour chacune des 41 Cump permanentes, un équivalent temps plein de psychologue et un équivalent temps plein d’infirmier [cf dépêche du 30/10/2020 à 16:58]", s'est réjouie Nathalie Prieto, précisant que ces nouvelles forces étaient en cours de recrutement.

Elle a rappelé que les missions des cellules, "depuis la première vague épidémique, débordent un peu de notre champ d'action habituel [cf dépêche du 27/03/2020 à 19:04]", et s'inscrivent dans le "grand cadre" des "troubles réactionnels". Il s'agit aussi de "participer à l'effort".

Comme pendant la première vague, le soutien des Cump aux soignants est d'abord dirigé vers "la première ligne, la 'réa', le Samu, les urgences", via des entretiens, mais aussi "beaucoup d'informel, de discussions autour d'un café, par exemple", les Cump ayant fait de "l'aller vers" l'un de leurs moyens d'action, et étant opportunément installées dans des établissements hospitaliers.

Contrairement à la première vague, durant laquelle le Grand Est, notamment, avait été particulièrement impacté, toutes les régions sont aujourd'hui concernées par le rebond épidémique, et toutes les Cump de tout le territoire sont donc sollicitées, a-t-elle souligné.

De même, si certaines cellules ont pu intervenir auprès d'établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) en mars-avril, ce type d'intervention est désormais formalisé, à travers une "note d'accompagnement" destinée aux structures médico-sociales et datée du 13 novembre (cf dépêche du 23/11/2020 à 16:52).

Dès lors, "pour les Ehpad, la gériatrie, ce sont des demandes institutionnelles; ce ne sont pas les soignants qui nous sollicitent", a précisé Nathalie Prieto.

"Nous n'avons pas encore nos moyens nouveaux en place, mais nous sommes déjà sollicités par les établissements médico-sociaux", a-t-elle souligné, mentionnant, depuis la sortie de cette "note", déjà une douzaine d'appels d'Ehpad à la Cump Auvergne-Rhône-Alpes basée à l'hôpital Edouard-Herriot des Hospices civils de Lyon (HCL), et une visioconférence déjà programmée "la semaine prochaine", dans un établissement de la Loire confronté à "une vague massive de décès et des personnels qui n'arrivent plus à travailler".

Garder le sens de la mission des Cump

Attention, a rappelé Nathalie Prieto, la prévention des risques psycho-sociaux auprès de personnels épuisés "n'est pas notre objet. Nous intervenons dans un contexte aigu, de crise psychotraumatique, pour soutenir les équipes en cas de décès, ou soutenir les familles endeuillées qui seraient psychotraumatisées".

Elle s'est d'ailleurs réjouie que cette distinction entre "des soignants qui souffrent parce qu'ils ont vu des personnes décéder" et "des soignants qui sont mal parce qu'ils sont fatigués, surchargés" soit bien comprise par les directeurs d'Ehpad qui l'ont sollicitée.

Cette distinction, et derrière elle, le maintien du sens de la mission de la Cump, est d'autant plus importante que ces interventions rendent parfois sceptiques certains "puristes" du psychotrauma, et se déroulent "dans un contexte de fatigue, même pour les Cump!"

"Tout le monde est fatigué, y compris les professionnels du soin psychique. On est logés à la même enseigne", a-t-elle souligné. "Il y a une crainte de certains collègues des Cump de voir les missions déportées, mais il y a aussi une fatigue", a-t-elle répété. "On a été très sollicités lors de la première vague, on est beaucoup allés au devant, peut-être un peu trop, ce qui explique que pour la deuxième vague, c'est peut-être plus compliqué de s'engager", a-t-elle remarqué.

Mais elle a estimé "qu'il y a beaucoup d'états traumatiques chez les personnels de gériatrie et des Ehpad qui ont été confrontés au Covid. En réa aussi, mais eux sont formés à cela. Les Ehpad sont bien sûr habituellement confrontés à des décès, mais pas autant, massivement, qu'avec le Covid."

De manière générale, "hors Covid, nous sommes habitués à ce qu'on nous sollicite pour tout et n'importe quoi et à répondre 'non' lorsque l'intervention souhaitée ne rentre pas dans notre mission", a précisé Nathalie Prieto, rapportant son message à ses collègues des Cump: "A l'impossible nul n'est tenu. Il faut nous centrer sur les situations aiguës et traumatiques, en ciblant les indications."

Interrogée sur la connaissance du monde médico-social par les professionnels du psychotraumatisme, elle a assuré que les Cump étaient "acculturées au médico-social", à la fois aux Ehpad et aux structures pour personnes handicapées, listant certains "événements traumatiques qui se passent dans ces institutions", comme "des incendies, des défenestrations, des suicides, des fugues".

"On ne découvre pas ces établissements", a-t-elle ainsi affirmé, précisant que "la spécificité Covid demande qu'on soit en lien avec le responsable et la ressource psy à l'intérieur de la structure". Elle s'est réjouie au passage du fait qu'il y ait des psychologues dans de nombreux Ehpad.

Par ailleurs, pour la population générale, le numéro d'écoute national, le 0800.130.000, a été réactivé fin septembre-début octobre. Comme pendant la première vague, les écoutants peuvent orienter les personnes vers des associations comme la Croix-Rouge, Sida Info Service, ou encore SOS Amitié, qui, elles-mêmes, peuvent renvoyer, si besoin, vers les Cump du territoire. Sur ce sujet, "jusqu'ici, nous ne sommes pas submergés", a rapporté Nathalie Prieto.

vl/nc/APMnews

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LYON, 25 novembre 2020 (APMnews) - L'action des cellules d'urgence médico-psychologiques (Cump) en Ehpad pour soutenir personnels et familles doit être centrée sur les épisodes psychotraumatiques aigus, a expliqué Nathalie Prieto, psychiatre référente nationale et responsable de la Cump Auvergne-Rhône-Alpes, lors d'un entretien avec APMnews mardi.

"Notre action lors de la première vague épidémique a été reconnue car nous avons obtenu, dans le cadre du Ségur de la santé, pour chacune des 41 Cump permanentes, un équivalent temps plein de psychologue et un équivalent temps plein d’infirmier [cf dépêche du 30/10/2020 à 16:58]", s'est réjouie Nathalie Prieto, précisant que ces nouvelles forces étaient en cours de recrutement.

Elle a rappelé que les missions des cellules, "depuis la première vague épidémique, débordent un peu de notre champ d'action habituel [cf dépêche du 27/03/2020 à 19:04]", et s'inscrivent dans le "grand cadre" des "troubles réactionnels". Il s'agit aussi de "participer à l'effort".

Comme pendant la première vague, le soutien des Cump aux soignants est d'abord dirigé vers "la première ligne, la 'réa', le Samu, les urgences", via des entretiens, mais aussi "beaucoup d'informel, de discussions autour d'un café, par exemple", les Cump ayant fait de "l'aller vers" l'un de leurs moyens d'action, et étant opportunément installées dans des établissements hospitaliers.

Contrairement à la première vague, durant laquelle le Grand Est, notamment, avait été particulièrement impacté, toutes les régions sont aujourd'hui concernées par le rebond épidémique, et toutes les Cump de tout le territoire sont donc sollicitées, a-t-elle souligné.

De même, si certaines cellules ont pu intervenir auprès d'établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) en mars-avril, ce type d'intervention est désormais formalisé, à travers une "note d'accompagnement" destinée aux structures médico-sociales et datée du 13 novembre (cf dépêche du 23/11/2020 à 16:52).

Dès lors, "pour les Ehpad, la gériatrie, ce sont des demandes institutionnelles; ce ne sont pas les soignants qui nous sollicitent", a précisé Nathalie Prieto.

"Nous n'avons pas encore nos moyens nouveaux en place, mais nous sommes déjà sollicités par les établissements médico-sociaux", a-t-elle souligné, mentionnant, depuis la sortie de cette "note", déjà une douzaine d'appels d'Ehpad à la Cump Auvergne-Rhône-Alpes basée à l'hôpital Edouard-Herriot des Hospices civils de Lyon (HCL), et une visioconférence déjà programmée "la semaine prochaine", dans un établissement de la Loire confronté à "une vague massive de décès et des personnels qui n'arrivent plus à travailler".

Garder le sens de la mission des Cump

Attention, a rappelé Nathalie Prieto, la prévention des risques psycho-sociaux auprès de personnels épuisés "n'est pas notre objet. Nous intervenons dans un contexte aigu, de crise psychotraumatique, pour soutenir les équipes en cas de décès, ou soutenir les familles endeuillées qui seraient psychotraumatisées".

Elle s'est d'ailleurs réjouie que cette distinction entre "des soignants qui souffrent parce qu'ils ont vu des personnes décéder" et "des soignants qui sont mal parce qu'ils sont fatigués, surchargés" soit bien comprise par les directeurs d'Ehpad qui l'ont sollicitée.

Cette distinction, et derrière elle, le maintien du sens de la mission de la Cump, est d'autant plus importante que ces interventions rendent parfois sceptiques certains "puristes" du psychotrauma, et se déroulent "dans un contexte de fatigue, même pour les Cump!"

"Tout le monde est fatigué, y compris les professionnels du soin psychique. On est logés à la même enseigne", a-t-elle souligné. "Il y a une crainte de certains collègues des Cump de voir les missions déportées, mais il y a aussi une fatigue", a-t-elle répété. "On a été très sollicités lors de la première vague, on est beaucoup allés au devant, peut-être un peu trop, ce qui explique que pour la deuxième vague, c'est peut-être plus compliqué de s'engager", a-t-elle remarqué.

Mais elle a estimé "qu'il y a beaucoup d'états traumatiques chez les personnels de gériatrie et des Ehpad qui ont été confrontés au Covid. En réa aussi, mais eux sont formés à cela. Les Ehpad sont bien sûr habituellement confrontés à des décès, mais pas autant, massivement, qu'avec le Covid."

De manière générale, "hors Covid, nous sommes habitués à ce qu'on nous sollicite pour tout et n'importe quoi et à répondre 'non' lorsque l'intervention souhaitée ne rentre pas dans notre mission", a précisé Nathalie Prieto, rapportant son message à ses collègues des Cump: "A l'impossible nul n'est tenu. Il faut nous centrer sur les situations aiguës et traumatiques, en ciblant les indications."

Interrogée sur la connaissance du monde médico-social par les professionnels du psychotraumatisme, elle a assuré que les Cump étaient "acculturées au médico-social", à la fois aux Ehpad et aux structures pour personnes handicapées, listant certains "événements traumatiques qui se passent dans ces institutions", comme "des incendies, des défenestrations, des suicides, des fugues".

"On ne découvre pas ces établissements", a-t-elle ainsi affirmé, précisant que "la spécificité Covid demande qu'on soit en lien avec le responsable et la ressource psy à l'intérieur de la structure". Elle s'est réjouie au passage du fait qu'il y ait des psychologues dans de nombreux Ehpad.

Par ailleurs, pour la population générale, le numéro d'écoute national, le 0800.130.000, a été réactivé fin septembre-début octobre. Comme pendant la première vague, les écoutants peuvent orienter les personnes vers des associations comme la Croix-Rouge, Sida Info Service, ou encore SOS Amitié, qui, elles-mêmes, peuvent renvoyer, si besoin, vers les Cump du territoire. Sur ce sujet, "jusqu'ici, nous ne sommes pas submergés", a rapporté Nathalie Prieto.

vl/nc/APMnews

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