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13/09 2022
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COVID-19: LE PR PERRONNE JUGÉ PAR SES PAIRS APRÈS SES PROPOS POLÉMIQUES SUR LA GESTION DE L'ÉPIDÉMIE

(Par Vincent GRANIER)

PARIS, 13 septembre 2022 (APMnews) - Le Pr Christian Perronne a comparu mardi matin devant la chambre disciplinaire de première instance (CDPI) de l'ordre des médecins d'Ile-de-France pour répondre notamment de propos polémiques tenus sur la gestion de la pandémie de Covid-19 courant 2020.

À l'appel de collectifs et associations de la mouvance "antivax", antimasques ou promouvant l'hydroxychloroquine ou l'azithromycine, quelques centaines de manifestants et plusieurs personnalités d'extrême-droite étaient venus soutenir le Pr Perronne, tout en étant maintenus à distance du siège du conseil régional de l'ordre des médecins (Crom) par plusieurs véhicules de police, a constaté APMnews sur place.

L'arrivée de l'ancien chef du service des maladies infectieuses à l'hôpital Raymond-Poincaré (AP-HP, Garches, Hauts-de-Seine) a été saluée par des applaudissements tandis que la foule scandait "merci professeur", en brandissant des banderoles ou panonceaux le présentant comme "l'honneur de la médecine" ou exigeant l'arrêt de la suspension des soignants non vaccinés.

La décision de la juridiction disciplinaire devrait être connue dans quelques semaines. Contacté par APMnews sur le déroulement de l'audience, dont l'accès a été restreint par la police, son avocat, Me Thomas Bénages, n'avait pas donné suite en fin de journée.

Trois plaintes étaient examinées par la CDPI mardi. Une première émanait du Conseil national de l'ordre des médecins (Cnom), qui a engagé début décembre 2020 des poursuites contre six médecins, principalement pour des propos tenus dans le cadre de l'épidémie de Covid-19 (cf dépêche du 22/12/2020 à 11:58), avant d'en poursuivre 10 autres en juillet 2021 (cf dépêche du 09/07/2021 à 17:31).

La juridiction disciplinaire était également saisie de deux plaintes croisées pour "non-confraternité" respectivement déposées par le Pr Perronne et le Dr Nathan Peiffer-Smadja, infectiologue à l'hôpital Bichat (AP-HP), se visant l'un et l'autre.

Le Cnom avait saisi la juridiction disciplinaire du cas du Pr Perronne pour des propos tenus le 15 octobre 2020 sur l'antenne de Sud Radio, laissant entendre que les médecins généralistes et les établissements étaient incités financièrement à signaler des cas positifs au Covid-19 (cf dépêche du 20/10/2020 à 13:10).

Étaient également en cause ses propos tenus dans les médias au printemps 2020 alors qu'il faisait la promotion d'un ouvrage paru chez Albin Michel, et qui avait donné lieu à un signalement au conseil départemental (CDOM) des Hauts-de-Seine, lequel n'avait finalement diligenté aucune poursuite (cf dépêche du 25/06/2020 à 11:31).

Publié le 17 juin 2020 aux éditions Albin Michel, ce livre intitulé "Y a-t-il une erreur qu'ils n'ont pas commise?" et sous-titré "L'union sacrée de l'incompétence et de l'arrogance", entendait montrer "à quel point la crise du Covid-19 a été un désastre sanitaire", selon son éditeur (cf dépêche du 18/06/2020 à 12:27).

Dans cet ouvrage, il se rallie au Pr Didier Raoult, ex-directeur de l'institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection, pour promouvoir l'hydroxychloroquine (Plaquenil*, Sanofi) dans le traitement du Covid-19, dont l'efficacité supposée a pourtant été battue en brèche dès juin 2020. Depuis, des soupçons de falsification pèsent sur les travaux de l'IHU (cf dépêche du 06/09/2022 à 19:15 et dépêche du 19/11/2021 à 14:12).

Fin mai 2020, la propre équipe du Pr Perronne de l'hôpital Raymond-Poincaré avait retiré de la plateforme de preprint MedRxiv une étude favorable à l'hydroxychloroquine, largement biaisée (cf dépêche du 26/05/2020 à 12:03).

Interrogé l'avant-veille de la sortie du livre sur BFMTV, le Pr Perronne avait estimé que l'utilisation de l'hydroxychloroquine aurait permis d'éviter 25.000 décès, et accusé ses pairs de corruption par les laboratoires pharmaceutiques, rejoignant sur ce point la thèse développée par le Pr Raoult devant la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur la gestion de la crise du Covid-19 (cf dépêche du 24/06/2020 à 22:48).

Il a reproché aux autorités et à l'administration leur attentisme et leur besoin de disposer de preuves pour promouvoir un tel traitement, affirmant que les "sociétés savantes sont totalement corrompues" et alimentées par l'industrie pharmaceutique.

Le 18 juin 2020, lors d'un entretien avec Jean-Marc Morandini sur CNews, il a accusé des confrères nantais hospitaliers d'avoir "laissé crever" son beau-frère touché par le Covid-19 en refusant de lui administrer de l'hydroxychloroquine.

Ces propos avaient suscité de vigoureuses réactions sur les réseaux sociaux, poussant par exemple le Dr Nathan Peiffer-Smadja à lancer le 19 juin 2020 une pétition qui a recueilli jeudi 2.400 signatures, réclamant à l'ordre des médecins de se saisir du dossier.

Le Pr Perronne, qui a continué de tenir des propos polémiques sur la gestion du Covid-19, son traitement et la vaccination (cf dépêche du 04/12/2020 à 12:53), avait été démis de ses fonctions de chef de service à l'hôpital de Garches à la mi-décembre 2020 (cf dépêche du 17/12/2020 à 17:00 et dépêche du 21/12/2020 à 12:28).

Au même moment, le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) avait mis en demeure les sociétés Radio Monte-Carlo (RMC) et Diversité TV France (groupe NextRadioTV) de "se conformer à l'avenir" à leurs obligations en matière d'honnêteté et d'indépendance de l'information, face au manque de contradiction opposée au Pr Perronne lors de l'émission "Les Grandes gueules" du 31 août 2020 (cf dépêche du 06/01/2021 à 16:15).

En janvier 2021, le Pr Perronne et d'autres médecins poursuivis par leur ordre avaient été déboutés d'un recours en suspension formé contre le décret du 22 décembre 2020 modifiant le code de déontologie des médecins en renforçant l'obligation de prudence dans l'expression publique (cf dépêche du 18/01/2021 à 12:30).

Le Conseil d'Etat devrait se prononcer dans les prochains jours sur plusieurs requêtes en annulation formées contre ce décret, portées notamment par le Pr Perronne. À l'audience le 5 septembre, le rapporteur public avait recommandé le rejet de ces requêtes, précise-t-on.

vg/ab/APMnews

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(Par Vincent GRANIER)

PARIS, 13 septembre 2022 (APMnews) - Le Pr Christian Perronne a comparu mardi matin devant la chambre disciplinaire de première instance (CDPI) de l'ordre des médecins d'Ile-de-France pour répondre notamment de propos polémiques tenus sur la gestion de la pandémie de Covid-19 courant 2020.

À l'appel de collectifs et associations de la mouvance "antivax", antimasques ou promouvant l'hydroxychloroquine ou l'azithromycine, quelques centaines de manifestants et plusieurs personnalités d'extrême-droite étaient venus soutenir le Pr Perronne, tout en étant maintenus à distance du siège du conseil régional de l'ordre des médecins (Crom) par plusieurs véhicules de police, a constaté APMnews sur place.

L'arrivée de l'ancien chef du service des maladies infectieuses à l'hôpital Raymond-Poincaré (AP-HP, Garches, Hauts-de-Seine) a été saluée par des applaudissements tandis que la foule scandait "merci professeur", en brandissant des banderoles ou panonceaux le présentant comme "l'honneur de la médecine" ou exigeant l'arrêt de la suspension des soignants non vaccinés.

La décision de la juridiction disciplinaire devrait être connue dans quelques semaines. Contacté par APMnews sur le déroulement de l'audience, dont l'accès a été restreint par la police, son avocat, Me Thomas Bénages, n'avait pas donné suite en fin de journée.

Trois plaintes étaient examinées par la CDPI mardi. Une première émanait du Conseil national de l'ordre des médecins (Cnom), qui a engagé début décembre 2020 des poursuites contre six médecins, principalement pour des propos tenus dans le cadre de l'épidémie de Covid-19 (cf dépêche du 22/12/2020 à 11:58), avant d'en poursuivre 10 autres en juillet 2021 (cf dépêche du 09/07/2021 à 17:31).

La juridiction disciplinaire était également saisie de deux plaintes croisées pour "non-confraternité" respectivement déposées par le Pr Perronne et le Dr Nathan Peiffer-Smadja, infectiologue à l'hôpital Bichat (AP-HP), se visant l'un et l'autre.

Le Cnom avait saisi la juridiction disciplinaire du cas du Pr Perronne pour des propos tenus le 15 octobre 2020 sur l'antenne de Sud Radio, laissant entendre que les médecins généralistes et les établissements étaient incités financièrement à signaler des cas positifs au Covid-19 (cf dépêche du 20/10/2020 à 13:10).

Étaient également en cause ses propos tenus dans les médias au printemps 2020 alors qu'il faisait la promotion d'un ouvrage paru chez Albin Michel, et qui avait donné lieu à un signalement au conseil départemental (CDOM) des Hauts-de-Seine, lequel n'avait finalement diligenté aucune poursuite (cf dépêche du 25/06/2020 à 11:31).

Publié le 17 juin 2020 aux éditions Albin Michel, ce livre intitulé "Y a-t-il une erreur qu'ils n'ont pas commise?" et sous-titré "L'union sacrée de l'incompétence et de l'arrogance", entendait montrer "à quel point la crise du Covid-19 a été un désastre sanitaire", selon son éditeur (cf dépêche du 18/06/2020 à 12:27).

Dans cet ouvrage, il se rallie au Pr Didier Raoult, ex-directeur de l'institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection, pour promouvoir l'hydroxychloroquine (Plaquenil*, Sanofi) dans le traitement du Covid-19, dont l'efficacité supposée a pourtant été battue en brèche dès juin 2020. Depuis, des soupçons de falsification pèsent sur les travaux de l'IHU (cf dépêche du 06/09/2022 à 19:15 et dépêche du 19/11/2021 à 14:12).

Fin mai 2020, la propre équipe du Pr Perronne de l'hôpital Raymond-Poincaré avait retiré de la plateforme de preprint MedRxiv une étude favorable à l'hydroxychloroquine, largement biaisée (cf dépêche du 26/05/2020 à 12:03).

Interrogé l'avant-veille de la sortie du livre sur BFMTV, le Pr Perronne avait estimé que l'utilisation de l'hydroxychloroquine aurait permis d'éviter 25.000 décès, et accusé ses pairs de corruption par les laboratoires pharmaceutiques, rejoignant sur ce point la thèse développée par le Pr Raoult devant la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur la gestion de la crise du Covid-19 (cf dépêche du 24/06/2020 à 22:48).

Il a reproché aux autorités et à l'administration leur attentisme et leur besoin de disposer de preuves pour promouvoir un tel traitement, affirmant que les "sociétés savantes sont totalement corrompues" et alimentées par l'industrie pharmaceutique.

Le 18 juin 2020, lors d'un entretien avec Jean-Marc Morandini sur CNews, il a accusé des confrères nantais hospitaliers d'avoir "laissé crever" son beau-frère touché par le Covid-19 en refusant de lui administrer de l'hydroxychloroquine.

Ces propos avaient suscité de vigoureuses réactions sur les réseaux sociaux, poussant par exemple le Dr Nathan Peiffer-Smadja à lancer le 19 juin 2020 une pétition qui a recueilli jeudi 2.400 signatures, réclamant à l'ordre des médecins de se saisir du dossier.

Le Pr Perronne, qui a continué de tenir des propos polémiques sur la gestion du Covid-19, son traitement et la vaccination (cf dépêche du 04/12/2020 à 12:53), avait été démis de ses fonctions de chef de service à l'hôpital de Garches à la mi-décembre 2020 (cf dépêche du 17/12/2020 à 17:00 et dépêche du 21/12/2020 à 12:28).

Au même moment, le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) avait mis en demeure les sociétés Radio Monte-Carlo (RMC) et Diversité TV France (groupe NextRadioTV) de "se conformer à l'avenir" à leurs obligations en matière d'honnêteté et d'indépendance de l'information, face au manque de contradiction opposée au Pr Perronne lors de l'émission "Les Grandes gueules" du 31 août 2020 (cf dépêche du 06/01/2021 à 16:15).

En janvier 2021, le Pr Perronne et d'autres médecins poursuivis par leur ordre avaient été déboutés d'un recours en suspension formé contre le décret du 22 décembre 2020 modifiant le code de déontologie des médecins en renforçant l'obligation de prudence dans l'expression publique (cf dépêche du 18/01/2021 à 12:30).

Le Conseil d'Etat devrait se prononcer dans les prochains jours sur plusieurs requêtes en annulation formées contre ce décret, portées notamment par le Pr Perronne. À l'audience le 5 septembre, le rapporteur public avait recommandé le rejet de ces requêtes, précise-t-on.

vg/ab/APMnews

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