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08/12 2020
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COVID-19: LE PRÉSIDENT DE LA MISSION D'INFORMATION DE L'ASSEMBLÉE NUANCE LES CONCLUSIONS DU RAPPORTEUR

PARIS, 8 décembre 2020 (APMnews) - Le président de la mission d'information de l'Assemblée nationale chargée d'enquêter sur la gestion et les conséquences de l'épidémie de Covid-19, Julien Borowczyk (LREM, Loire), a fait part de ses "points de divergence" avec les conclusions du rapporteur, Eric Ciotti (Les Républicains, Alpes-Maritimes), dans l'avant-propos du rapport définitif de la mission publié mardi.

Les conclusions de la mission ont été adoptées le mercredi 2 décembre sans l'appui de la majorité présidentielle (LREM et Modem), qui désapprouvait la tournure acide du rapport à l'égard des autorités sanitaires et politiques, rappelle-t-on (cf dépêche du 02/12/2020 à 18:54).

Alors que seule la version préparatoire du rapport avait jusqu'ici fuité dans la presse, la version définitive intégrant une centaine de pages regroupant notamment les contributions des différents groupes parlementaires et l'avant-propos du président de la mission a été publiée mardi (cf dépêche du 08/12/2020 à 15:23).

"Si le présent rapport apparaît à charge, notamment envers les personnels soignants, votre président souhaite insister sur le constat dressé, en creux, de la formidable capacité de notre pays à réagir dans une séquence en tous points redoutable", écrit Julien Borowczyk dans cet avant-propos, regrettant au passage que "certaines des auditions aient été éludées" du rapport.

"Le respect des recommandations sanitaires internationales et des avis spécialisés français et européens ont contraint une communication parfois complexe à assimiler pour nos concitoyens mais qui a été in fine éclairée par les évolutions des connaissances médicales sur l'épidémie", a-t-il poursuivi.

Il a tenu à apporter "un éclairage spécifique sur les points de divergence qui sont apparus avec les conclusions présentées par le rapporteur", revenant sur 6 points en particulier.

Des difficultés d'approvisionnement en EPI relativisées

S'agissant de "l'organisation de la réponse à la crise", Julien Borowczyk a rappelé que le ministère de la santé avait perçu "dès les premiers jours de janvier" les alertes venues d'Asie, et que l'activation du centre opérationnel de régulation et de réponse aux urgences sanitaires (Corrus) a été activé le 2 janvier.

Il souligne aussi que "le travail interministériel n'a pas attendu la constitution de la cellule interministérielle de crise pour être engagé" et que les difficultés soulevées par le rapport du général Lizurey sur le contrôle qualité de la gestion de crise "ont été corrigées au fur et à mesure", avec 15 de ses 21 propositions finalement mises en oeuvre.

Sur le plan du "défi logistique majeur" de l'approvisionnement en équipement de protection individuelle (EPI), Julien Borowczyk juge, comme Eric Ciotti, que la réforme de l'agence, "à tout le moins, de la fonction de gestion opérationnelle de crise qui lui incombe, apparaît indispensable".

Il tempère les conclusions du rapporteur en notant que l'organisation ad hoc mise en place à partir de mars avec une cellule de coordination interministérielle logistique et des moyens sanitaires (CCIL) "a rendu possible l'obtention de masques et d'EPI dans un contexte international de pénurie auquel tous les pays ont été confrontés".

Si le président de la mission reconnaît un besoin de "réflexion stratégique sur la nature et le dimensionnement de stocks à conserver sous la responsabilité du ministère de la santé", il explique qu'"il n'en demeure pas moins que ces équipements ont été achetés, puis acheminés avec une grande réactivité, illustrée notamment par la mise en place historique d'un pont aérien, puis maritime".

Concernant la communication gouvernementale relative au port du masque par le grand public, Julien Borowczyk rappelle qu'elle a été guidée "par les connaissances scientifiques et les consignes internationales", notamment de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Alors qu'Eric Ciotti pointe dans le rapport une "sous-estimation" du risque de seconde vague pendant l'été, le président de la mission d'information estime que ce risque "n'a jamais été minoré ou ignoré", avançant pour preuve les interventions du premier ministre et du ministre des solidarités et de la santé pendant la période estivale. Il relève aussi que les pouvoirs publics ont anticipé les besoins en EPI liés à cette seconde vague, avec la constitution d'un stock de plus d'un milliard de masques en septembre.

Julien Borowczyk réfute la thèse d'un "tri" entre les patients admis en réanimation

Sur le déploiement des tests virologiques, Julien Borowczyk reconnaît le "retard initial" pointé par le rapporteur, mais insiste sur le fait que ce retard "a fini par être rattrapé". "Aucun Etat paralysé par sa bureaucratie ou par son manque d'agilité n'aurait pu réaliser plus de 20 millions de tests depuis le début de la crise", note-t-il.

Enfin, concernant la réponse apportée à la crise par le système de soins français, le président de la mission a salué une "capacité d'adaptation inédite", avec notamment le doublement des capacités d'accueil en réanimation opéré six semaines.

Il regrette en particulier que "la thèse d'un tri selon le critère de l'âge" pour admettre les patients en réanimation "ait été présentée comme l'une des conclusions du travail d'enquête de la mission d'information, alors qu'aucun témoignage avéré n'a pu la confirmer".

Il taille en pièces cette affirmation d'Eric Ciotti qui s'appuie sur des chiffres de la direction générale de l'offre de soins (DGOS) relatifs à la baisse de la part des personnes âgées de plus de 75 ans admises en réanimation durant la crise, par rapport aux niveaux observés les années précédentes.

Il souligne que cette comparaison nécessite des "précautions", du fait du nombre plus important de patients admis en réanimation en 2020 et de la déprogrammation des activités chirurgicales non urgentes qui a conduit à un profil des patients admis en réanimation "totalement différent" de celui des années précédentes.

Julien Borowczyk conclut l'avant-propos du rapport en constant que "dans la plupart des pays comparables au nôtre, les réponses, les échecs, les doutes et les réussites ont été plus ou moins les mêmes face à une épidémie dont les inconnues restent déstabilisatrices".

Rapport d'information - Mission d'information Covid-19 de l'Assemblée nationale

rm/ab/APMnews

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PARIS, 8 décembre 2020 (APMnews) - Le président de la mission d'information de l'Assemblée nationale chargée d'enquêter sur la gestion et les conséquences de l'épidémie de Covid-19, Julien Borowczyk (LREM, Loire), a fait part de ses "points de divergence" avec les conclusions du rapporteur, Eric Ciotti (Les Républicains, Alpes-Maritimes), dans l'avant-propos du rapport définitif de la mission publié mardi.

Les conclusions de la mission ont été adoptées le mercredi 2 décembre sans l'appui de la majorité présidentielle (LREM et Modem), qui désapprouvait la tournure acide du rapport à l'égard des autorités sanitaires et politiques, rappelle-t-on (cf dépêche du 02/12/2020 à 18:54).

Alors que seule la version préparatoire du rapport avait jusqu'ici fuité dans la presse, la version définitive intégrant une centaine de pages regroupant notamment les contributions des différents groupes parlementaires et l'avant-propos du président de la mission a été publiée mardi (cf dépêche du 08/12/2020 à 15:23).

"Si le présent rapport apparaît à charge, notamment envers les personnels soignants, votre président souhaite insister sur le constat dressé, en creux, de la formidable capacité de notre pays à réagir dans une séquence en tous points redoutable", écrit Julien Borowczyk dans cet avant-propos, regrettant au passage que "certaines des auditions aient été éludées" du rapport.

"Le respect des recommandations sanitaires internationales et des avis spécialisés français et européens ont contraint une communication parfois complexe à assimiler pour nos concitoyens mais qui a été in fine éclairée par les évolutions des connaissances médicales sur l'épidémie", a-t-il poursuivi.

Il a tenu à apporter "un éclairage spécifique sur les points de divergence qui sont apparus avec les conclusions présentées par le rapporteur", revenant sur 6 points en particulier.

Des difficultés d'approvisionnement en EPI relativisées

S'agissant de "l'organisation de la réponse à la crise", Julien Borowczyk a rappelé que le ministère de la santé avait perçu "dès les premiers jours de janvier" les alertes venues d'Asie, et que l'activation du centre opérationnel de régulation et de réponse aux urgences sanitaires (Corrus) a été activé le 2 janvier.

Il souligne aussi que "le travail interministériel n'a pas attendu la constitution de la cellule interministérielle de crise pour être engagé" et que les difficultés soulevées par le rapport du général Lizurey sur le contrôle qualité de la gestion de crise "ont été corrigées au fur et à mesure", avec 15 de ses 21 propositions finalement mises en oeuvre.

Sur le plan du "défi logistique majeur" de l'approvisionnement en équipement de protection individuelle (EPI), Julien Borowczyk juge, comme Eric Ciotti, que la réforme de l'agence, "à tout le moins, de la fonction de gestion opérationnelle de crise qui lui incombe, apparaît indispensable".

Il tempère les conclusions du rapporteur en notant que l'organisation ad hoc mise en place à partir de mars avec une cellule de coordination interministérielle logistique et des moyens sanitaires (CCIL) "a rendu possible l'obtention de masques et d'EPI dans un contexte international de pénurie auquel tous les pays ont été confrontés".

Si le président de la mission reconnaît un besoin de "réflexion stratégique sur la nature et le dimensionnement de stocks à conserver sous la responsabilité du ministère de la santé", il explique qu'"il n'en demeure pas moins que ces équipements ont été achetés, puis acheminés avec une grande réactivité, illustrée notamment par la mise en place historique d'un pont aérien, puis maritime".

Concernant la communication gouvernementale relative au port du masque par le grand public, Julien Borowczyk rappelle qu'elle a été guidée "par les connaissances scientifiques et les consignes internationales", notamment de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Alors qu'Eric Ciotti pointe dans le rapport une "sous-estimation" du risque de seconde vague pendant l'été, le président de la mission d'information estime que ce risque "n'a jamais été minoré ou ignoré", avançant pour preuve les interventions du premier ministre et du ministre des solidarités et de la santé pendant la période estivale. Il relève aussi que les pouvoirs publics ont anticipé les besoins en EPI liés à cette seconde vague, avec la constitution d'un stock de plus d'un milliard de masques en septembre.

Julien Borowczyk réfute la thèse d'un "tri" entre les patients admis en réanimation

Sur le déploiement des tests virologiques, Julien Borowczyk reconnaît le "retard initial" pointé par le rapporteur, mais insiste sur le fait que ce retard "a fini par être rattrapé". "Aucun Etat paralysé par sa bureaucratie ou par son manque d'agilité n'aurait pu réaliser plus de 20 millions de tests depuis le début de la crise", note-t-il.

Enfin, concernant la réponse apportée à la crise par le système de soins français, le président de la mission a salué une "capacité d'adaptation inédite", avec notamment le doublement des capacités d'accueil en réanimation opéré six semaines.

Il regrette en particulier que "la thèse d'un tri selon le critère de l'âge" pour admettre les patients en réanimation "ait été présentée comme l'une des conclusions du travail d'enquête de la mission d'information, alors qu'aucun témoignage avéré n'a pu la confirmer".

Il taille en pièces cette affirmation d'Eric Ciotti qui s'appuie sur des chiffres de la direction générale de l'offre de soins (DGOS) relatifs à la baisse de la part des personnes âgées de plus de 75 ans admises en réanimation durant la crise, par rapport aux niveaux observés les années précédentes.

Il souligne que cette comparaison nécessite des "précautions", du fait du nombre plus important de patients admis en réanimation en 2020 et de la déprogrammation des activités chirurgicales non urgentes qui a conduit à un profil des patients admis en réanimation "totalement différent" de celui des années précédentes.

Julien Borowczyk conclut l'avant-propos du rapport en constant que "dans la plupart des pays comparables au nôtre, les réponses, les échecs, les doutes et les réussites ont été plus ou moins les mêmes face à une épidémie dont les inconnues restent déstabilisatrices".

Rapport d'information - Mission d'information Covid-19 de l'Assemblée nationale

rm/ab/APMnews

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