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COVID: LA CRISE AUX ANTILLES A ÉTÉ "AU-DELÀ DE TOUT CE QUE NOUS AVIONS PU CONNAÎTRE" (CÉCILE COURRÈGES)
Cécile Courrèges s'est exprimée lors d'une table ronde de la mission commune d'information du Sénat "pour évaluer les effets des mesures prises ou envisagées en matière de confinement ou de restrictions d'activités".
La mission a "inauguré" à cette occasion le lancement de travaux sur la situation Covid dans les territoires ultra-marins, compte tenu de la "gravité particulière de la 4e vague", a expliqué Bernard Jomier (apparenté socialiste, Paris) et président de la mission. Elle va conduire dans ce cadre une série d'auditions et formulera des préconisations "utiles pour l'exécutif" pour mieux faire face aux "semaines et mois à venir".
Les sénateurs se pencheront notamment sur les "causes de la flambée de l'épidémie" en outre-mer et "surtout" sur les conséquences sanitaires, économiques et sociales de la crise, a précisé Bernard Jomier.
La mission compte 19 membres issus de différents groupes politiques du Sénat. Ses rapporteurs sont Jean-Michel Arnaud (Union centriste, Hautes-Alpes) et Roger Karoutchi (LR, Hauts-de-Seine).
Cécile Courrèges, cheffe du pôle d'organisation des soins du centre de crise sanitaire du ministère et ancienne directrice générale de l'offre de soins (DGOS), a témoigné de son expérience lorsqu'elle a été envoyée en soutien aux Antilles, du 21 août au 11 septembre.
Les renforts étaient extrêmement importants à cette période en Martinique et Guadeloupe avec "200 à 300" professionnels de santé présents chaque semaine de façon permanente sur chaque île, a-t-elle expliqué.
Cela a "posé des questions d'articulation extrêmement fortes entre le niveau national et local". Une partie de "ma mission consistait à favoriser le dialogue et la compréhension réciproque" entre les autorités locales et le ministère des solidarités et de la santé, dans une "sorte de déport" du centre de crise national en appui des agences régionales de santé (ARS).
La crise aux Antilles "a été au-delà de ce qu'ont pu connaître au pire de la crise les régions métropolitaines", y compris le Grand Est et l'Ile-de-France, a insisté Cécile Courrèges.
Le "bilan sanitaire sera fait ultérieurement puisque aujourd'hui nous n'avons pas une connaissance complète de la mortalité, notamment de la surmortalité à domicile", a-t-elle précisé.
"Nous avons été sur des situations de débordement complet avec des stratégies de priorisation sur l'accès aux soins critiques" conduites par des équipes pluridisciplinaires de médecins.
"Les médecins se sont retrouvés dans des situations de devoir prendre des décisions de priorisation [...] dans des conditions que n'ont pas connues les hôpitaux métropolitains", a-t-elle continué.
Ces priorisations ont pu être "une épreuve" pour les professionnels métropolitains venus en renfort, a-t-elle souligné.
Des couloirs remplis de lits Covid
La Martinique a été "submergée par une vague extrêmement violente et rapide", tandis que la Guadeloupe a été touchée avec un décalage de deux semaines qui a permis de "préparer et accompagner" la montée des capacités des établissements, a continué Cécile Courrèges.
Malgré un taux d'incidence "deux fois supérieur" en Guadeloupe par rapport à la Martinique, la crise a été moins importante que prévu dans l'archipel guadeloupéen grâce à ce travail d'anticipation.
Contrairement à la Martinique où le plateau hospitalier a été très haut pendant longtemps, la décrue a été "extrêmement rapide" en Guadeloupe "puisque quand j'ai quitté les Antilles vers le 10 septembre, il y avait des lits vacants en soins critiques", alors que des patients étaient encore en attente dans l'île voisine.
Elle a décrit des établissements, notamment les deux CHU, "transformés en hôpitaux Covid" avec "couloirs énormes" sans en voir le "bout", complètement remplis de "lits de réanimation des deux côtés".
Aux urgences, il y avait "des lits et brancards partout, avec des tentes" à l'extérieur du service. Des réanimations éphémères "ont été créées totalement en 48 heures, par exemple à la polyclinique de Guadeloupe [aux Abymes] dans des locaux qui n'étaient pas prévus pour cela à l'origine".
L'arrivée d'un si grand nombre de renforts humains a été "extrêmement impressionnante", a poursuivi Cécile Courrèges. "J'ai vu arriver des rotations de centaines de professionnels deux fois par semaine", sachant "que cela n'a pas marché dans cette dimension-là lors de la 1re vague en métropole".
"On aurait pu penser que l'éloignement géographique rendrait plus difficile" l'arrivée de renforts mais "au contraire il y a eu un effort de solidarité exceptionnelle qu'il faut saluer", a-t-elle souligné.
De même qu'avec les Evasan, via la création d'un pont aérien permettant de transporter jusqu'à 12 patients par avion vers la métropole, "cette crise a rendu possibles des choses que l'on pensait impossibles", a-t-elle ajouté.
syl/ab/APMnews
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COVID: LA CRISE AUX ANTILLES A ÉTÉ "AU-DELÀ DE TOUT CE QUE NOUS AVIONS PU CONNAÎTRE" (CÉCILE COURRÈGES)
Cécile Courrèges s'est exprimée lors d'une table ronde de la mission commune d'information du Sénat "pour évaluer les effets des mesures prises ou envisagées en matière de confinement ou de restrictions d'activités".
La mission a "inauguré" à cette occasion le lancement de travaux sur la situation Covid dans les territoires ultra-marins, compte tenu de la "gravité particulière de la 4e vague", a expliqué Bernard Jomier (apparenté socialiste, Paris) et président de la mission. Elle va conduire dans ce cadre une série d'auditions et formulera des préconisations "utiles pour l'exécutif" pour mieux faire face aux "semaines et mois à venir".
Les sénateurs se pencheront notamment sur les "causes de la flambée de l'épidémie" en outre-mer et "surtout" sur les conséquences sanitaires, économiques et sociales de la crise, a précisé Bernard Jomier.
La mission compte 19 membres issus de différents groupes politiques du Sénat. Ses rapporteurs sont Jean-Michel Arnaud (Union centriste, Hautes-Alpes) et Roger Karoutchi (LR, Hauts-de-Seine).
Cécile Courrèges, cheffe du pôle d'organisation des soins du centre de crise sanitaire du ministère et ancienne directrice générale de l'offre de soins (DGOS), a témoigné de son expérience lorsqu'elle a été envoyée en soutien aux Antilles, du 21 août au 11 septembre.
Les renforts étaient extrêmement importants à cette période en Martinique et Guadeloupe avec "200 à 300" professionnels de santé présents chaque semaine de façon permanente sur chaque île, a-t-elle expliqué.
Cela a "posé des questions d'articulation extrêmement fortes entre le niveau national et local". Une partie de "ma mission consistait à favoriser le dialogue et la compréhension réciproque" entre les autorités locales et le ministère des solidarités et de la santé, dans une "sorte de déport" du centre de crise national en appui des agences régionales de santé (ARS).
La crise aux Antilles "a été au-delà de ce qu'ont pu connaître au pire de la crise les régions métropolitaines", y compris le Grand Est et l'Ile-de-France, a insisté Cécile Courrèges.
Le "bilan sanitaire sera fait ultérieurement puisque aujourd'hui nous n'avons pas une connaissance complète de la mortalité, notamment de la surmortalité à domicile", a-t-elle précisé.
"Nous avons été sur des situations de débordement complet avec des stratégies de priorisation sur l'accès aux soins critiques" conduites par des équipes pluridisciplinaires de médecins.
"Les médecins se sont retrouvés dans des situations de devoir prendre des décisions de priorisation [...] dans des conditions que n'ont pas connues les hôpitaux métropolitains", a-t-elle continué.
Ces priorisations ont pu être "une épreuve" pour les professionnels métropolitains venus en renfort, a-t-elle souligné.
Des couloirs remplis de lits Covid
La Martinique a été "submergée par une vague extrêmement violente et rapide", tandis que la Guadeloupe a été touchée avec un décalage de deux semaines qui a permis de "préparer et accompagner" la montée des capacités des établissements, a continué Cécile Courrèges.
Malgré un taux d'incidence "deux fois supérieur" en Guadeloupe par rapport à la Martinique, la crise a été moins importante que prévu dans l'archipel guadeloupéen grâce à ce travail d'anticipation.
Contrairement à la Martinique où le plateau hospitalier a été très haut pendant longtemps, la décrue a été "extrêmement rapide" en Guadeloupe "puisque quand j'ai quitté les Antilles vers le 10 septembre, il y avait des lits vacants en soins critiques", alors que des patients étaient encore en attente dans l'île voisine.
Elle a décrit des établissements, notamment les deux CHU, "transformés en hôpitaux Covid" avec "couloirs énormes" sans en voir le "bout", complètement remplis de "lits de réanimation des deux côtés".
Aux urgences, il y avait "des lits et brancards partout, avec des tentes" à l'extérieur du service. Des réanimations éphémères "ont été créées totalement en 48 heures, par exemple à la polyclinique de Guadeloupe [aux Abymes] dans des locaux qui n'étaient pas prévus pour cela à l'origine".
L'arrivée d'un si grand nombre de renforts humains a été "extrêmement impressionnante", a poursuivi Cécile Courrèges. "J'ai vu arriver des rotations de centaines de professionnels deux fois par semaine", sachant "que cela n'a pas marché dans cette dimension-là lors de la 1re vague en métropole".
"On aurait pu penser que l'éloignement géographique rendrait plus difficile" l'arrivée de renforts mais "au contraire il y a eu un effort de solidarité exceptionnelle qu'il faut saluer", a-t-elle souligné.
De même qu'avec les Evasan, via la création d'un pont aérien permettant de transporter jusqu'à 12 patients par avion vers la métropole, "cette crise a rendu possibles des choses que l'on pensait impossibles", a-t-elle ajouté.
syl/ab/APMnews