Actualités de l'Urgence - APM

"Le destin de la santé des Martiniquais est en train d’échapper au pilier qu’est notre hôpital public. Il semble désormais reposer sur la responsabilité et la prise de conscience de chacun pour enrayer cette crise", s'alarme le CHU, dirigé depuis le 7 décembre par Dominique De Wilde dans le cadre de sa mise sous administration provisoire (cf dépêche du 10/12/2021 à 19:03).

"La situation s’aggrave nettement. Les statistiques qui nous alarmaient, à juste titre, avec 10 morts par semaine atteignent maintenant les 20 au CHUM." En Martinique, 70 nouvelles hospitalisations pour Covid ont eu lieu en une semaine, selon les dernières données de Santé publique France, note-t-on. Mercredi soir, 179 patients Covid étaient hospitalisés, dont 38 en soins critiques.

Le CHU de Martinique "vit maintenant depuis 2 ans des moments difficiles qu’il ne peut continuer à supporter. Il est durement touché, depuis le début de cette crise sanitaire, tant par le flux important de patients gravement atteints de la Covid, le nombre bien trop important de décès tant de ses patients que de ses personnels, mais aussi par l’épuisement actuel de ses forces vives qui ont, jusqu’à ce jour, rempli leur mission avec courage dans une situation jusque-là jamais atteinte par notre établissement", déclare la direction.

Elle fait état d'une "situation extrêmement préoccupante", avec une "baisse conséquente de l’envoi des renforts nationaux en professionnels de santé" dont il avait bénéficié lors de la 4e vague, qui "ne s’est jamais vraiment tassée en Martinique". Il signale aussi un "manque cruel de personnels soignants et médicaux dû à l’épuisement, aux nombreux arrêts de maladie et à la crise sociale nous privant d’une bonne partie de nos forces vives" et l'incapacité, par conséquent, "d’ouvrir des lits supplémentaires pour gérer l’afflux de patients Covid, et bien au contraire avec la contrainte d’en fermer".

Le CHU alerte sur un "retard accumulé dans la prise en charge des patients non Covid, ceux ayant des pathologies lourdes et nécessitant des soins sans interruption pour assurer leur survie". Il pointe "l'impossibilité actuelle d’effectuer des évacuations sanitaires vers l’Hexagone compte tenu d’une part, de la gravité des patients et d’autre part, de la situation sanitaire en métropole".

"La porte de sortie qui nous était offerte lors des précédentes vagues et plus particulièrement durant la 4e la plus meurtrière, nous est toujours offerte: celle de la vaccination", interpelle le CHU. Il considère qu'il est "maintenant légitime d’affirmer qu’il en va de la responsabilité de chacun". Selon Santé publique France, 38% de la population était complètement vaccinée en Martinique au 14 décembre.

"Population de Martinique, nous vous appelons à soutenir votre hôpital public", exhorte le CHU. "Aidez-nous à baisser la pression qui pèse sur nous". A l'approche des fêtes de fin d’année, il appelle à respecter les gestes barrières, le port du masque, la distanciation sociale, l’aération des locaux, et la population à se faire vacciner.

mlb/ab/APMnews