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27/01 2021
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COVID, VACCINATION, PROJETS D'INVESTISSEMENTS…: LE CH DE MOULINS-YZEURE SUR PLUSIEURS FRONTS

(Par Sabine NEULAT-ISARD)

MOULINS-YZEURE, 27 janvier 2021 (APMnews) - Après un automne 2020 très difficile en raison d'un grand nombre de patients Covid+ à prendre en charge, le centre hospitalier (CH) de Moulins-Yzeure remplit sa mission dans la vaccination tout en prévoyant d'autres projets non "Covid" pour 2021, a indiqué sa directrice, Laurence Garo, dans un entretien à APMnews.

Comme de nombreux autres établissements d'Auvergne-Rhône-Alpes, l'hôpital de Moulins a été très impliqué dans la deuxième vague de l'épidémie de Covid-19.

"Alors qu'au pic de la première vague, nous avons pris en charge jusqu'à 15 patients Covid, lors de la deuxième, sur la partie hôpital, nous avons eu par jour, et sur plusieurs semaines, entre 50 à 60 patients, voire plus de 60 avec la réanimation, et nous sommes même montés à 70", relate la directrice du CH de Moulins qui évoque une vague "extrêmement violente" sans cause réellement identifiée.

Avec le secteur personnes âgées (USLD et Ehpad), "nous étions à plus de 100 par jour avec de gros clusters", ajoute Laurence Garo.

Elle indique que cette période a été spécialement difficile sur le plan des ressources humaines.

En cumulé depuis le début de l'épidémie, le centre hospitalier a eu 280 de ses professionnels positifs au Sars-CoV-2, soit "plus de 10%" de ses effectifs, dont 251 personnels soignants et administratifs et 28 praticiens. "En novembre-décembre, au moment où il y avait les clusters dans le secteur personnes âgées, nous avons eu jusqu'à 40 à 50 professionnels arrêtés en même temps", souligne-t-elle.

Pour faire face à cette situation, certains professionnels de l'hôpital, qui utilise le logiciel de remplacement Whoog, "ont enchaîné les heures supplémentaires". "On a dû faire sauter un peu les verrous concernant la réglementation que nous avions mise en place", constate la directrice. Aujourd'hui, "les équipes sont très fatiguées et n'ont pas toujours le moral. Nous en sommes presque à réclamer un troisième confinement".

Depuis la mi-décembre, même si le plateau des hospitalisations pour Covid-19 reste élevé, l'hôpital accueille moins de patients. Sur les 27 lits "identifiés Covid", moins de 20 (17 mardi) sont occupés, ce qui "permet de souffler".

En réanimation, sur les 14 lits dont dispose l'établissement, dont 8 ont été "upgradés", 8 sont occupés par des patients Covid, ce qui est tout de même relativement important. "Cela fait longtemps que nous n'avions pas eu autant de patients en réanimation", remarque Laurence Garo.

Après une nouvelle envolée de son taux d'incidence début janvier, l'Allier enregistre désormais un taux inférieur à la moyenne régionale. Alors que le taux moyen régional était, au 23 janvier sur 7 jours glissants, de 227,6/100.000, dans l'Allier, il était à la même date de 215,8 puis de 209 au 25 janvier. Le taux est même plus faible chez les plus de 65 ans.

Cette amélioration de la situation, qui touche surtout les secteurs de Moulins et de Vichy et moins celui de Montluçon, est liée certainement à l'avancée du couvre-feu à 18h (cf dépêche du 09/01/2021 à 19:12) et à la campagne de vaccination. "Nous n'avons pas eu non plus de contrecoup lié aux fêtes de fin d'année", se félicite Laurence Garo.

Vaccination: une position ressentie comme un signe de reconnaissance

Cette situation permet au centre hospitalier de Moulins-Yzeure de se concentrer sur la vaccination contre le Sars-CoV-2, ayant été désigné établissement pivot dans ce domaine pour l'ensemble de son département (cf dépêche du 06/01/2021 à 10:53). "Nous avons pris cette désignation comme un signe de reconnaissance de la part de l'ARS [agence régionale de santé]", souligne sa directrice qui salue une décision ayant "redopé le moral des hospitaliers".

Six centres de vaccination ont été ouverts dans l'Allier, dont 2 à Moulins (au CH et en ville), un public/privé à Vichy, un public/privé à Montluçon, un à Saint-Pourçain-sur-Sioule et le bus itinérant mis en place par le conseil départemental (cf dépêche du 18/01/2021 à 16:29). L'hôpital de Moulins s'occupe du conditionnement et de la distribution mais pas de la livraison des doses, précise Laurence Garo.

L'hôpital a été également un des 12 établissements en France à recevoir des vaccins Moderna du fait de son fort taux d'incidence début janvier (cf dépêche du 11/01/2021 à 10:27). Avec les près de 5.000 flacons attribués, "nous avons majoritairement approvisionné les centres de vaccination public/privé et vacciné nos patients hospitalisés fragiles".

Cette organisation a permis de vacciner de l'ordre de 10.000 personnes dans le département. Mais en raison du ralentissement actuel des livraisons, "nous sommes obligés de dire aux personnes qui appellent pour prendre rendez-vous que tous les créneaux sont pleins jusqu'au 14 février, pour la première injection". "C'est un peu attristant par rapport à la dynamique qui s'était mise en place et nous espérons que cela va revenir à un rythme plus normal", souligne la responsable.

Le projet d'agrandissement des urgences avance

Malgré la crise sanitaire, le centre hospitalier parvient également à concrétiser des projets "non Covid".

Début janvier, il a installé dans ses locaux un second scanner. Cet équipement va permettre de soulager l'autre équipement et de "réduire les délais de prise de rendez-vous pour les personnes extérieures", se félicite Laurence Garo qui précise que des délais de 5 semaines pouvaient être enregistrés.

L’établissement continue également de préparer son projet de restructuration qui concernera son service d'urgences, le Samu et deux unités de médecine attenantes et conduira à des modifications dans les organisations et les parcours patient (cf dépêche du 21/01/2020 à 16:28). Il souhaite intégrer aussi dans ce projet la construction d'une hélistation. Selon le projet qui sera établi, l'opération représentera un coût de 15 à 20 millions d'euros. Il prévoit de lancer l'appel d'offres cet été et de commencer les travaux "fin 2021 ou début 2022".

Le centre hospitalier travaille par ailleurs sur un dossier de demande d'autorisation pour obtenir un appareil d'IRM en propre et compléter celui qui est déjà dans ses locaux mais est exploité avec des praticiens libéraux.

Même s'il reste très "embolisé par l'actualité" liée au Covid, il prépare des projets dans d'autres domaines, notamment sur l'intégration d'un temps de médecin au sein de sa direction des affaires médicales (DAM), dans le but de mettre "plus de liant avec les médecins ainsi qu'avec les nouveaux arrivants ou à l'inverse, pour accompagner les départs".

Cette intégration viendra compléter les affectations d'une secrétaire médicale et d'un cadre de santé à la DAM et s'inscrit dans une politique d'amélioration de l'attractivité de l'hôpital vis-à-vis des médecins, au moment de leur arrivée mais aussi tout au long de leur parcours.

Cette politique est construite avec le Dr Davy Murgue, responsable du Samu, qui a été élu à la présidence de la commission médicale d'établissement (CME) en novembre 2020, précise Laurence Garo.

Le CH a dû faire face ces dernières années à une hausse de ses dépenses d'intérim médical. Cette hausse a été ressentie sur les résultats financiers qui ont été déficitaires de 4,4 millions d'euros (avec aides) en 2019 et de 3 M€ en 2020.

san/ab/APMnews

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COVID, VACCINATION, PROJETS D'INVESTISSEMENTS…: LE CH DE MOULINS-YZEURE SUR PLUSIEURS FRONTS

(Par Sabine NEULAT-ISARD)

MOULINS-YZEURE, 27 janvier 2021 (APMnews) - Après un automne 2020 très difficile en raison d'un grand nombre de patients Covid+ à prendre en charge, le centre hospitalier (CH) de Moulins-Yzeure remplit sa mission dans la vaccination tout en prévoyant d'autres projets non "Covid" pour 2021, a indiqué sa directrice, Laurence Garo, dans un entretien à APMnews.

Comme de nombreux autres établissements d'Auvergne-Rhône-Alpes, l'hôpital de Moulins a été très impliqué dans la deuxième vague de l'épidémie de Covid-19.

"Alors qu'au pic de la première vague, nous avons pris en charge jusqu'à 15 patients Covid, lors de la deuxième, sur la partie hôpital, nous avons eu par jour, et sur plusieurs semaines, entre 50 à 60 patients, voire plus de 60 avec la réanimation, et nous sommes même montés à 70", relate la directrice du CH de Moulins qui évoque une vague "extrêmement violente" sans cause réellement identifiée.

Avec le secteur personnes âgées (USLD et Ehpad), "nous étions à plus de 100 par jour avec de gros clusters", ajoute Laurence Garo.

Elle indique que cette période a été spécialement difficile sur le plan des ressources humaines.

En cumulé depuis le début de l'épidémie, le centre hospitalier a eu 280 de ses professionnels positifs au Sars-CoV-2, soit "plus de 10%" de ses effectifs, dont 251 personnels soignants et administratifs et 28 praticiens. "En novembre-décembre, au moment où il y avait les clusters dans le secteur personnes âgées, nous avons eu jusqu'à 40 à 50 professionnels arrêtés en même temps", souligne-t-elle.

Pour faire face à cette situation, certains professionnels de l'hôpital, qui utilise le logiciel de remplacement Whoog, "ont enchaîné les heures supplémentaires". "On a dû faire sauter un peu les verrous concernant la réglementation que nous avions mise en place", constate la directrice. Aujourd'hui, "les équipes sont très fatiguées et n'ont pas toujours le moral. Nous en sommes presque à réclamer un troisième confinement".

Depuis la mi-décembre, même si le plateau des hospitalisations pour Covid-19 reste élevé, l'hôpital accueille moins de patients. Sur les 27 lits "identifiés Covid", moins de 20 (17 mardi) sont occupés, ce qui "permet de souffler".

En réanimation, sur les 14 lits dont dispose l'établissement, dont 8 ont été "upgradés", 8 sont occupés par des patients Covid, ce qui est tout de même relativement important. "Cela fait longtemps que nous n'avions pas eu autant de patients en réanimation", remarque Laurence Garo.

Après une nouvelle envolée de son taux d'incidence début janvier, l'Allier enregistre désormais un taux inférieur à la moyenne régionale. Alors que le taux moyen régional était, au 23 janvier sur 7 jours glissants, de 227,6/100.000, dans l'Allier, il était à la même date de 215,8 puis de 209 au 25 janvier. Le taux est même plus faible chez les plus de 65 ans.

Cette amélioration de la situation, qui touche surtout les secteurs de Moulins et de Vichy et moins celui de Montluçon, est liée certainement à l'avancée du couvre-feu à 18h (cf dépêche du 09/01/2021 à 19:12) et à la campagne de vaccination. "Nous n'avons pas eu non plus de contrecoup lié aux fêtes de fin d'année", se félicite Laurence Garo.

Vaccination: une position ressentie comme un signe de reconnaissance

Cette situation permet au centre hospitalier de Moulins-Yzeure de se concentrer sur la vaccination contre le Sars-CoV-2, ayant été désigné établissement pivot dans ce domaine pour l'ensemble de son département (cf dépêche du 06/01/2021 à 10:53). "Nous avons pris cette désignation comme un signe de reconnaissance de la part de l'ARS [agence régionale de santé]", souligne sa directrice qui salue une décision ayant "redopé le moral des hospitaliers".

Six centres de vaccination ont été ouverts dans l'Allier, dont 2 à Moulins (au CH et en ville), un public/privé à Vichy, un public/privé à Montluçon, un à Saint-Pourçain-sur-Sioule et le bus itinérant mis en place par le conseil départemental (cf dépêche du 18/01/2021 à 16:29). L'hôpital de Moulins s'occupe du conditionnement et de la distribution mais pas de la livraison des doses, précise Laurence Garo.

L'hôpital a été également un des 12 établissements en France à recevoir des vaccins Moderna du fait de son fort taux d'incidence début janvier (cf dépêche du 11/01/2021 à 10:27). Avec les près de 5.000 flacons attribués, "nous avons majoritairement approvisionné les centres de vaccination public/privé et vacciné nos patients hospitalisés fragiles".

Cette organisation a permis de vacciner de l'ordre de 10.000 personnes dans le département. Mais en raison du ralentissement actuel des livraisons, "nous sommes obligés de dire aux personnes qui appellent pour prendre rendez-vous que tous les créneaux sont pleins jusqu'au 14 février, pour la première injection". "C'est un peu attristant par rapport à la dynamique qui s'était mise en place et nous espérons que cela va revenir à un rythme plus normal", souligne la responsable.

Le projet d'agrandissement des urgences avance

Malgré la crise sanitaire, le centre hospitalier parvient également à concrétiser des projets "non Covid".

Début janvier, il a installé dans ses locaux un second scanner. Cet équipement va permettre de soulager l'autre équipement et de "réduire les délais de prise de rendez-vous pour les personnes extérieures", se félicite Laurence Garo qui précise que des délais de 5 semaines pouvaient être enregistrés.

L’établissement continue également de préparer son projet de restructuration qui concernera son service d'urgences, le Samu et deux unités de médecine attenantes et conduira à des modifications dans les organisations et les parcours patient (cf dépêche du 21/01/2020 à 16:28). Il souhaite intégrer aussi dans ce projet la construction d'une hélistation. Selon le projet qui sera établi, l'opération représentera un coût de 15 à 20 millions d'euros. Il prévoit de lancer l'appel d'offres cet été et de commencer les travaux "fin 2021 ou début 2022".

Le centre hospitalier travaille par ailleurs sur un dossier de demande d'autorisation pour obtenir un appareil d'IRM en propre et compléter celui qui est déjà dans ses locaux mais est exploité avec des praticiens libéraux.

Même s'il reste très "embolisé par l'actualité" liée au Covid, il prépare des projets dans d'autres domaines, notamment sur l'intégration d'un temps de médecin au sein de sa direction des affaires médicales (DAM), dans le but de mettre "plus de liant avec les médecins ainsi qu'avec les nouveaux arrivants ou à l'inverse, pour accompagner les départs".

Cette intégration viendra compléter les affectations d'une secrétaire médicale et d'un cadre de santé à la DAM et s'inscrit dans une politique d'amélioration de l'attractivité de l'hôpital vis-à-vis des médecins, au moment de leur arrivée mais aussi tout au long de leur parcours.

Cette politique est construite avec le Dr Davy Murgue, responsable du Samu, qui a été élu à la présidence de la commission médicale d'établissement (CME) en novembre 2020, précise Laurence Garo.

Le CH a dû faire face ces dernières années à une hausse de ses dépenses d'intérim médical. Cette hausse a été ressentie sur les résultats financiers qui ont été déficitaires de 4,4 millions d'euros (avec aides) en 2019 et de 3 M€ en 2020.

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