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11/02 2025
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CRISE AUX URGENCES EN MAYENNE: L'ARS PRÉCONISE DE NE PAS RENOUVELER LES DIRECTEURS DES TROIS PRINCIPAUX HÔPITAUX

(Par Antoine LAURENT)

NANTES, 11 février 2025 (APMnews) - En raison d'une collaboration jugée "insuffisante" entre les services des urgences des centres hospitaliers (CH) de Laval, du Haut Anjou à Château-Gontier et du Nord-Mayenne à Mayenne, l'agence régionale de santé (ARS) Pays de la Loire a annoncé qu'elle émettrait "un avis défavorable" au renouvellement des contrats des directeurs de ces trois établissements, dans un communiqué lundi.

Les trois établissements sont réunis au sein du groupement hospitalier de territoire (GHT) de la Mayenne, dont le CH de Laval est l'établissement support. Le département compte trois services d'accueil des urgences (SAU), un dans chacun de ces CH.

L'ARS estime que "malgré les efforts engagés, la collaboration entre les trois établissements reste insuffisante" et déplore des "difficultés RH", notamment un "manque de médecins urgentistes" ayant "complexifié la gestion des services d'urgence dans le département".

"Cette décision vise à relancer une dynamique de coopération afin de proposer des solutions concrètes", fait valoir l'agence dans son communiqué.

Ce n'est "en aucun cas une remise en cause des directeurs ayant mené depuis plusieurs années leurs missions, ou des équipes soignantes et administratives motivées et porteuses de projets au quotidien", assure-t-elle.

"Les contrats des trois directeurs arrivent à échéance à court ou moyen terme, et certains ont déjà annoncé leur départ", précise l'ARS.

La directrice du CH du Nord-Mayenne, Catherine Creuzet, a de son côté annoncé son départ à la retraite en 2025, à l'occasion d'une récente cérémonie de vœux, a-t-elle déclaré lundi à APMnews. Elle avait connu deux renouvellements de contrat successifs, dont un dérogatoire.

Le directeur du CH de Laval, Sébastien Tréguenard, en poste depuis 2022 (cf dépêche du 31/01/2022 à 19:32), avait aussi fait part de sa volonté de ne pas renouveler son contrat, qui s'achève en 2026.

Le contrat d'Eric-Alban Giroux, à la tête du CH du Haut-Anjou depuis 2021 (cf dépêche du 22/12/2020 à 11:50), s'achèvera en juin.

Une crise qui perdure pour les urgentistes en Mayenne

Les services d'urgence en Mayenne, et notamment au CH de Laval, souffrent d'un manque criant de praticiens.

"Le nœud du problème est la pénurie de médecins urgentistes. Le CH de Laval, le plus gros hôpital du département, connaît de grandes difficultés depuis novembre 2021", contextualise Pascal Grandet, président d'Audace 53, association d'usagers pour la défense de l'hôpital et des services publics de santé du Nord-Mayenne.

En septembre 2024, en raison de la pénurie d'urgentistes au CH de Laval, un projet de délocaliser la régulation nocturne du Samu 53 (Mayenne) vers le Samu 49 (Maine-et-Loire) à Angers avait été envisagé. Celui-ci avait suscité de très vives inquiétudes en interne (cf dépêche du 11/09/2024 à 16:00).

A cette occasion, sept médecins urgentistes extérieurs au CH de Laval, qui y intervenaient ponctuellement, ont annoncé leur démission. "Ces départs représentent 2,6 équivalents temps plein", détaillait alors Sébastien Tréguenard.

A la suite de cette crise, une mission de médiation et d'appui portée par Samu-Urgences de France a été mise en place en octobre 2024.

Cette médiation vise à mettre en place "une meilleure coordination des plannings et ouverture des services d'accueil des urgences pour garantir la continuité des prises en charge à la population mayennaise", explique l'ARS.

"Le fait que le CH de Laval soit régulé de plus en plus souvent, y compris en journée, provoque un afflux de patients à Mayenne et Château-Gontier et une surcharge de travail", relate Pascal Grandet.

"Normalement, les urgences en Mayenne fonctionnent avec trois Smur ouverts, et trois SAU. Or parfois, il n'y a pas de Smur, simplement des équipes paramédicales de médecine d'urgence (EPMU)", se désole de son côté Sébastien Lardeux, secrétaire général du syndicat Force ouvrière (FO) en Mayenne. "La situation se détériore dans le département, et les personnels sont épuisés."

Mardi 4 février, environ 80% des personnels des urgences du CH du Nord-Mayenne étaient en arrêt maladie, pour huit jours, rapporte Catherine Creuzet, directrice de l'établissement. Ces arrêts concernent "essentiellement des soignants" et des "personnels non médicaux".

"On ne saura que mercredi si les personnels reprennent leur poste", s'inquiète-t-elle.

La difficile coordination du planning des urgences

Pour Catherine Creuzet, l'annonce de l'ARS semble être tombée "à contretemps", les travaux de coordination entre les trois établissements lui donnant "plutôt le sentiment d'être sur une bonne voie", malgré la rencontre de "problématiques différentes" en fonction des établissements.

"Le planning des urgences est élaboré en lien avec les CH de Laval et de Château-Gontier", décrit-elle.

Elle explique que son établissement a notamment acté une régulation par le centre 15 chaque jeudi, entre 20h30 et jusqu'à 8h le vendredi matin. "Nous nous sommes donné pour enjeu de mettre en route le planning pour le 1er mars. Le planning fera l'objet d'une présentation officielle avec une diffusion."

"Le point le plus délicat est d'avoir, idéalement, au moins deux services d'accueil ouverts simultanément dans le département", remarque-t-elle. "A défaut, il faut deux services ouverts le jour, et un la nuit".

Elle ajoute qu'à défaut de pouvoir ouvrir simultanément trois Smur, et trois SAU simultanément en Mayenne, "l'ambition serait d'avoir a minima deux Smur ouverts le jour, et un la nuit".

Dans son communiqué, l'ARS explique que le fonctionnement des trois services d'urgence "doit passer par la mise en place d'une organisation concertée et coordonnée, tenant compte des ressources médicales et paramédicales disponibles".

"L'idée est intéressante, et mérite d'être explorée", réagit Catherine Creuzet, en prenant l'exemple "réussi" de la mise en place d'un groupement pour les laboratoires au sein du GHT.

L'ARS précise que le comité de suivi des urgences se réunira le 10 mars, "afin de faire le point sur l'avancée des travaux et d'identifier les prochaines étapes pour améliorer durablement l'organisation des urgences en Mayenne".

"L'organisation territoriale peine à se mettre en route, en raison d'un problème évident: il faut des effectifs pour cette organisation", commente Sébastien Lardeux. "Parfois, il est difficile d'avoir deux services d'urgences ouverts. Il va falloir trouver des moyens, y compris pour mettre en place cette procédure dégradée."

A Château-Gontier, des professionnels vent debout contre la décision de l'ARS

Au CH de Château-Gontier, une commission médico-soignante (CMS) exceptionnelle a été organisée lundi après-midi, réunissant une trentaine de membres. Celle-ci a organisé un vote interne, dont les résultats ont été présentés à la presse lundi soir.

La CMS a notamment acté le port d'un "gilet jaune" à partir de jeudi, en signe de protestation contre "la situation actuelle" des urgences en Mayenne.

Elle a aussi rejeté "à l'unanimité" un éventuel projet de fusion des trois hôpitaux, et soutient "à l'unanimité" le maintien du directeur.

"A l'origine, la médiation de Samu-Urgences de France a été créée pour résoudre les difficultés entre la direction du CH de Laval et ses médecins urgentistes. Aujourd'hui, on nous fait croire que cette médiation existe pour régler des problèmes entre les trois directions", peste une source interne au CH de Château-Gontier.

"L'un des problèmes au CH de Laval est que les médecins des étages ne veulent pas coopérer avec les urgentistes. C'est l'une des raisons pour lesquelles des praticiens refusent de travailler à Laval", pousse Philippe Henry, maire UDI de Château-Gontier et président du conseil de surveillance du CH, sollicité par APMnews.

"Il y a une volonté du CH de Laval de vampiriser les autres établissements de Mayenne. Nous sommes d'accord pour prêter main-forte aux autres établissements, mais pas pour 'piquer' des médecins aux autres", soupçonne-t-il. "Nous ne sommes pas dans un climat de confiance."

L'élu défend le directeur d'établissement à Château-Gontier qui, selon lui, a fait preuve d'une "capacité à mettre en place des organisations agiles, et à travailler avec la médecine de ville" depuis sa prise de fonction, et dénonce une répartition "inéquitable" des efforts de chaque établissement en matière d'ouverture des urgences.

Philippe Henry ajoute que le 31 janvier, au cours d'un entretien en visioconférence réunissant l'ARS et plusieurs élus locaux, le directeur général de l'agence, Jérôme Jumel, aurait glissé qu'en cas d'échec de la coopération des trois établissements sur l'organisation des urgences, "on en viendra à une forme de direction partagée" entre les trois établissements de Mayenne.

"Je pense que l'ARS a fait davantage que penser à mettre en place une direction commune en Mayenne. Et qu'ils se sont ravisés face à la montée de bouclier", estime-t-il.

L'ARS dément formellement un projet de direction commune

"Aucune direction commune ne sera imposée sans la concertation et la validation des conseils de surveillance des établissements", répond l'ARS dans son communiqué. "Le seul objectif visé par l'agence est de maintenir le fonctionnement des trois services d'urgence."

"A ma connaissance, il n'y a pas de projet en cours allant dans le sens d'une direction commune", fait écho Catherine Creuzet.

Elle rappelle qu'en 2022, un projet de direction commune entre le CH de Laval et le CH du Nord-Mayenne était étudié (cf dépêche du 26/10/2022 à 16:20). Ce projet n'avait finalement pas abouti, en raison d'une "adhésion des décideurs insuffisante".

"Cette perspective revient régulièrement sur le tapis", conçoit-elle néanmoins.

"Nous ne voulons pas de direction commune entre les trois établissements", affiche aussi Maxime Lebigot, secrétaire général FO au CH Laval, craignant que les sites de Mayenne et de Château-Gontier "ne deviennent des centres de médecine et de gériatrie géants".

Au cours d'une réunion organisée vendredi, la préfète de la Mayenne, Marie-Aimée Gaspari, aurait par ailleurs exprimé un "non catégorique" à un projet de direction commune des trois établissements, face aux représentants de FO Mayenne et d'Audace 53.

Contacté par APMnews, le directeur du CH du Haut Anjou, Eric-Alban Giroux, a expliqué lundi vouloir "appliquer strictement son devoir de réserve" concernant la décision de l'ARS le concernant.

De même, le directeur du CH de Laval, Sébastien Tréguenard, a indiqué "ne pas vouloir s'exprimer" sur cette décision de l'ARS.

al/sl-san/nc/APMnews

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(Par Antoine LAURENT)

NANTES, 11 février 2025 (APMnews) - En raison d'une collaboration jugée "insuffisante" entre les services des urgences des centres hospitaliers (CH) de Laval, du Haut Anjou à Château-Gontier et du Nord-Mayenne à Mayenne, l'agence régionale de santé (ARS) Pays de la Loire a annoncé qu'elle émettrait "un avis défavorable" au renouvellement des contrats des directeurs de ces trois établissements, dans un communiqué lundi.

Les trois établissements sont réunis au sein du groupement hospitalier de territoire (GHT) de la Mayenne, dont le CH de Laval est l'établissement support. Le département compte trois services d'accueil des urgences (SAU), un dans chacun de ces CH.

L'ARS estime que "malgré les efforts engagés, la collaboration entre les trois établissements reste insuffisante" et déplore des "difficultés RH", notamment un "manque de médecins urgentistes" ayant "complexifié la gestion des services d'urgence dans le département".

"Cette décision vise à relancer une dynamique de coopération afin de proposer des solutions concrètes", fait valoir l'agence dans son communiqué.

Ce n'est "en aucun cas une remise en cause des directeurs ayant mené depuis plusieurs années leurs missions, ou des équipes soignantes et administratives motivées et porteuses de projets au quotidien", assure-t-elle.

"Les contrats des trois directeurs arrivent à échéance à court ou moyen terme, et certains ont déjà annoncé leur départ", précise l'ARS.

La directrice du CH du Nord-Mayenne, Catherine Creuzet, a de son côté annoncé son départ à la retraite en 2025, à l'occasion d'une récente cérémonie de vœux, a-t-elle déclaré lundi à APMnews. Elle avait connu deux renouvellements de contrat successifs, dont un dérogatoire.

Le directeur du CH de Laval, Sébastien Tréguenard, en poste depuis 2022 (cf dépêche du 31/01/2022 à 19:32), avait aussi fait part de sa volonté de ne pas renouveler son contrat, qui s'achève en 2026.

Le contrat d'Eric-Alban Giroux, à la tête du CH du Haut-Anjou depuis 2021 (cf dépêche du 22/12/2020 à 11:50), s'achèvera en juin.

Une crise qui perdure pour les urgentistes en Mayenne

Les services d'urgence en Mayenne, et notamment au CH de Laval, souffrent d'un manque criant de praticiens.

"Le nœud du problème est la pénurie de médecins urgentistes. Le CH de Laval, le plus gros hôpital du département, connaît de grandes difficultés depuis novembre 2021", contextualise Pascal Grandet, président d'Audace 53, association d'usagers pour la défense de l'hôpital et des services publics de santé du Nord-Mayenne.

En septembre 2024, en raison de la pénurie d'urgentistes au CH de Laval, un projet de délocaliser la régulation nocturne du Samu 53 (Mayenne) vers le Samu 49 (Maine-et-Loire) à Angers avait été envisagé. Celui-ci avait suscité de très vives inquiétudes en interne (cf dépêche du 11/09/2024 à 16:00).

A cette occasion, sept médecins urgentistes extérieurs au CH de Laval, qui y intervenaient ponctuellement, ont annoncé leur démission. "Ces départs représentent 2,6 équivalents temps plein", détaillait alors Sébastien Tréguenard.

A la suite de cette crise, une mission de médiation et d'appui portée par Samu-Urgences de France a été mise en place en octobre 2024.

Cette médiation vise à mettre en place "une meilleure coordination des plannings et ouverture des services d'accueil des urgences pour garantir la continuité des prises en charge à la population mayennaise", explique l'ARS.

"Le fait que le CH de Laval soit régulé de plus en plus souvent, y compris en journée, provoque un afflux de patients à Mayenne et Château-Gontier et une surcharge de travail", relate Pascal Grandet.

"Normalement, les urgences en Mayenne fonctionnent avec trois Smur ouverts, et trois SAU. Or parfois, il n'y a pas de Smur, simplement des équipes paramédicales de médecine d'urgence (EPMU)", se désole de son côté Sébastien Lardeux, secrétaire général du syndicat Force ouvrière (FO) en Mayenne. "La situation se détériore dans le département, et les personnels sont épuisés."

Mardi 4 février, environ 80% des personnels des urgences du CH du Nord-Mayenne étaient en arrêt maladie, pour huit jours, rapporte Catherine Creuzet, directrice de l'établissement. Ces arrêts concernent "essentiellement des soignants" et des "personnels non médicaux".

"On ne saura que mercredi si les personnels reprennent leur poste", s'inquiète-t-elle.

La difficile coordination du planning des urgences

Pour Catherine Creuzet, l'annonce de l'ARS semble être tombée "à contretemps", les travaux de coordination entre les trois établissements lui donnant "plutôt le sentiment d'être sur une bonne voie", malgré la rencontre de "problématiques différentes" en fonction des établissements.

"Le planning des urgences est élaboré en lien avec les CH de Laval et de Château-Gontier", décrit-elle.

Elle explique que son établissement a notamment acté une régulation par le centre 15 chaque jeudi, entre 20h30 et jusqu'à 8h le vendredi matin. "Nous nous sommes donné pour enjeu de mettre en route le planning pour le 1er mars. Le planning fera l'objet d'une présentation officielle avec une diffusion."

"Le point le plus délicat est d'avoir, idéalement, au moins deux services d'accueil ouverts simultanément dans le département", remarque-t-elle. "A défaut, il faut deux services ouverts le jour, et un la nuit".

Elle ajoute qu'à défaut de pouvoir ouvrir simultanément trois Smur, et trois SAU simultanément en Mayenne, "l'ambition serait d'avoir a minima deux Smur ouverts le jour, et un la nuit".

Dans son communiqué, l'ARS explique que le fonctionnement des trois services d'urgence "doit passer par la mise en place d'une organisation concertée et coordonnée, tenant compte des ressources médicales et paramédicales disponibles".

"L'idée est intéressante, et mérite d'être explorée", réagit Catherine Creuzet, en prenant l'exemple "réussi" de la mise en place d'un groupement pour les laboratoires au sein du GHT.

L'ARS précise que le comité de suivi des urgences se réunira le 10 mars, "afin de faire le point sur l'avancée des travaux et d'identifier les prochaines étapes pour améliorer durablement l'organisation des urgences en Mayenne".

"L'organisation territoriale peine à se mettre en route, en raison d'un problème évident: il faut des effectifs pour cette organisation", commente Sébastien Lardeux. "Parfois, il est difficile d'avoir deux services d'urgences ouverts. Il va falloir trouver des moyens, y compris pour mettre en place cette procédure dégradée."

A Château-Gontier, des professionnels vent debout contre la décision de l'ARS

Au CH de Château-Gontier, une commission médico-soignante (CMS) exceptionnelle a été organisée lundi après-midi, réunissant une trentaine de membres. Celle-ci a organisé un vote interne, dont les résultats ont été présentés à la presse lundi soir.

La CMS a notamment acté le port d'un "gilet jaune" à partir de jeudi, en signe de protestation contre "la situation actuelle" des urgences en Mayenne.

Elle a aussi rejeté "à l'unanimité" un éventuel projet de fusion des trois hôpitaux, et soutient "à l'unanimité" le maintien du directeur.

"A l'origine, la médiation de Samu-Urgences de France a été créée pour résoudre les difficultés entre la direction du CH de Laval et ses médecins urgentistes. Aujourd'hui, on nous fait croire que cette médiation existe pour régler des problèmes entre les trois directions", peste une source interne au CH de Château-Gontier.

"L'un des problèmes au CH de Laval est que les médecins des étages ne veulent pas coopérer avec les urgentistes. C'est l'une des raisons pour lesquelles des praticiens refusent de travailler à Laval", pousse Philippe Henry, maire UDI de Château-Gontier et président du conseil de surveillance du CH, sollicité par APMnews.

"Il y a une volonté du CH de Laval de vampiriser les autres établissements de Mayenne. Nous sommes d'accord pour prêter main-forte aux autres établissements, mais pas pour 'piquer' des médecins aux autres", soupçonne-t-il. "Nous ne sommes pas dans un climat de confiance."

L'élu défend le directeur d'établissement à Château-Gontier qui, selon lui, a fait preuve d'une "capacité à mettre en place des organisations agiles, et à travailler avec la médecine de ville" depuis sa prise de fonction, et dénonce une répartition "inéquitable" des efforts de chaque établissement en matière d'ouverture des urgences.

Philippe Henry ajoute que le 31 janvier, au cours d'un entretien en visioconférence réunissant l'ARS et plusieurs élus locaux, le directeur général de l'agence, Jérôme Jumel, aurait glissé qu'en cas d'échec de la coopération des trois établissements sur l'organisation des urgences, "on en viendra à une forme de direction partagée" entre les trois établissements de Mayenne.

"Je pense que l'ARS a fait davantage que penser à mettre en place une direction commune en Mayenne. Et qu'ils se sont ravisés face à la montée de bouclier", estime-t-il.

L'ARS dément formellement un projet de direction commune

"Aucune direction commune ne sera imposée sans la concertation et la validation des conseils de surveillance des établissements", répond l'ARS dans son communiqué. "Le seul objectif visé par l'agence est de maintenir le fonctionnement des trois services d'urgence."

"A ma connaissance, il n'y a pas de projet en cours allant dans le sens d'une direction commune", fait écho Catherine Creuzet.

Elle rappelle qu'en 2022, un projet de direction commune entre le CH de Laval et le CH du Nord-Mayenne était étudié (cf dépêche du 26/10/2022 à 16:20). Ce projet n'avait finalement pas abouti, en raison d'une "adhésion des décideurs insuffisante".

"Cette perspective revient régulièrement sur le tapis", conçoit-elle néanmoins.

"Nous ne voulons pas de direction commune entre les trois établissements", affiche aussi Maxime Lebigot, secrétaire général FO au CH Laval, craignant que les sites de Mayenne et de Château-Gontier "ne deviennent des centres de médecine et de gériatrie géants".

Au cours d'une réunion organisée vendredi, la préfète de la Mayenne, Marie-Aimée Gaspari, aurait par ailleurs exprimé un "non catégorique" à un projet de direction commune des trois établissements, face aux représentants de FO Mayenne et d'Audace 53.

Contacté par APMnews, le directeur du CH du Haut Anjou, Eric-Alban Giroux, a expliqué lundi vouloir "appliquer strictement son devoir de réserve" concernant la décision de l'ARS le concernant.

De même, le directeur du CH de Laval, Sébastien Tréguenard, a indiqué "ne pas vouloir s'exprimer" sur cette décision de l'ARS.

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