Actualités de l'Urgence - APM

CRISE DE LA PÉRINATALITÉ: ARMÉE DE SES PROPOSITIONS, LA SFMP APPELLE LE GOUVERNEMENT À SORTIR DE L'ATTENTISME
La SFMP déclare s'associer au "cri de révolte" lancé par les journalistes Anthony Cortes et Sébastien Leurquin sur l'augmentation alarmante de la mortalité infantile en France, dans leur livre-enquête "4,1. Le scandale des accouchements en France" publié début mars (cf dépêche du 18/03/2025 à 12:19), tout en soulignant de "notables divergences sur leur diagnostic".
La société savante, qui regroupe l'ensemble des spécialités médicales et paramédicales de la périnatalité, rappelle que "les professionnels de santé tirent la sonnette d'alarme depuis plusieurs années concernant la dégradation de l'offre de soins en périnatalité et demandent aux autorités de santé d'agir, sans être entendus".
Elle déplore en particulier que les auteurs de l'ouvrage "fassent porter sur la fermeture des petites maternités la cause essentielle de la dégradation de l'offre de soins, en se basant sur une seule et unique étude qui cherche à établir une corrélation entre le temps de trajet jusqu'au plateau d'accouchement et le taux de décès périnatal. Les auteurs de cette étude soulignent pourtant eux-mêmes que leurs résultats ne sont pas significatifs". Cette étude, menée en Bourgogne, a été publiée en 2013, note-t-on.
La SFMP partage les points d'analyse relatifs à l'insuffisance de la place des PMI, le recours excessif à l'intérim médical, la dégradation de la prise en charge des prématurés, etc., mais "déplore que tant de place soit accordée à des affirmations sans fondement scientifique sur la pratique des césariennes ou au fait de qualifier systématiquement les grandes maternités 'd'usines à bébés', ce qui n'est pas la réalité".
"L'angle mort du livre, c'est que nous devons composer avec une réalité qui est la pénurie croissante des professionnels en salle d'accouchement. Non seulement l'augmentation du nombre de maternités est inenvisageable mais les fermetures vont immanquablement se poursuivre. Il faut, par ailleurs, stopper l'hémorragie des ressources humaines en prenant en compte les attentes des jeunes professionnels qui souhaitent très majoritairement exercer dans de grands établissements et à proximité d'une grande ville".
La SFMP cite de nouveau l'exemple de la Finlande et de la Suède, qui ont les taux de mortalité infantile les plus bas d'Europe, alors que ces pays ont connu une "réduction encore plus drastique du nombre de maternités". Mais ces fermetures "ont été planifiées, anticipées et réalisées dans le cadre d'une réorganisation globale de l'offre de soins avec, à la clef, les investissements nécessaires à l'amélioration concomitante de l'accompagnement et de la prise en charge des femmes et des nouveau-nés, mais aussi à l'amélioration des conditions de travail des personnels de santé".
Pour la société savante, "la responsabilité essentielle de la dégradation de l'offre de soins périnataux en France incombe donc avant tout au manque total de vision d'ensemble et d'anticipation des pouvoirs publics", l'activité d'une maternité qui ferme étant répercutée sur d'autres établissements sans évaluation ni renforcement des moyens nécessaires, ce qui augmente la charge de travail des équipes, déjà en tension, des départs de professionnels, des difficultés de recrutement, avec un "effet domino", fragilisant à leur tour les établissements qui semblaient les plus solides.
"Il est impératif que les pouvoirs publics se saisissent enfin du problème et engagent la réorganisation de notre système de soins périnataux sous peine qu'il ne s'effondre totalement. La SFMP réitère sa demande de rendez-vous avec le ministre [chargé de] la santé et appelle le gouvernement à sortir de l'attentisme en commençant par nouer un dialogue constructif avec les professionnels de santé, les usagers et les élus", déclare la Pr Delphine Mitanchez, présidente de la SFMP, dans le communiqué.
La société savante a fait parvenir le 1er février un courrier au ministre chargé de la santé et de l'accès aux soins, Yannick Neuder, pour demander un rendez-vous sur le sujet, mais cette demande est restée sans réponse à ce jour.
Regroupements concertés, accouchements sécurisés, hébergements de proximité…
La SFMP rend publiques à cette occasion ses propositions "pour sortir de la crise majeure que traversent les maternités et les services de néonatologie".
En premier lieu, il est nécessaire de "regrouper les plateaux d'accouchements en tenant compte des spécificités de chaque territoire". Aucun seuil minimum de nombre d'accouchements n'est proposé -et notamment pas le seuil de 1.000 accouchements annuels- car "les décisions de fermeture doivent impérativement tenir compte de la singularité de chaque territoire et se fonder sur des critères objectifs de sécurité et d'accessibilité".
Pour cela, il faut veiller à ce que toutes les femmes aient un temps de trajet sécurisé au plateau d'accouchement le plus proche ne dépassant pas une heure, prône la société savante.
Il faut aussi que les équipes soignantes soient de taille suffisante pour garantir aux professionnels un exercice pluridisciplinaire et sécurisé de leur activité, avec une limite de cinq gardes mensuelles et une durée maximale de travail hebdomadaire de 48 heures, conformément à la réglementation; garantir aux femmes l'accès aux plus hauts standards de soins; permettre aux femmes d'être accompagnées dans leur projet de naissance.
La SFMP propose en outre de transformer les maternités qu'on ne pourra maintenir en "maternités sans accouchement", qui "continueraient d'assurer le suivi de proximité avant et après l'accouchement y compris celui des femmes à haut risque du fait de leur précarité psychologique et/ou sociale" et pourraient aussi réaliser l'ensemble des actes gynécologiques de routine, en travaillant en coordination avec les plateaux d'accouchements qui auront été maintenus et renforcés.
Elle appelle à développer les maisons de naissance, contiguës aux plateaux techniques, pour répondre aux nouvelles demandes des femmes.
Elle préconise également de revoir le maillage territorial des transports médicalisés (Smur, VSL, taxi…), afin de garantir l'accès à un plateau d'accouchements dans un laps de temps d'une heure partout sur le territoire national.
Il faut en outre "développer des solutions adaptées d'hébergement à proximité des plateaux d'accouchement", tels que des hôtels maternels, "mais aussi la possibilité d'hospitalisation avant la naissance".
La SFMP répète aussi la nécessité de revoir les décrets de 1998 sur la périnatalité, qui requièrent une réactualisation des normes en ressources humaines. Des préconisations professionnelles conjointes détaillées ont été publiées en 2019 par les représentants des sociétés savantes concernées (cf dépêche du 07/12/2018 à 16:47), mais elles n'ont jamais été prises en compte, souligne-t-elle.
L'activité d'urgence en périnatalité et la pénibilité du travail doivent être reconnues, les secteurs intermédiaires (travailleurs sociaux, PMI) doivent être développés pour mieux soutenir et suivre les femmes en précarité, et l'accompagnement psychologique des femmes durant la période périnatale doit être renforcé, notamment en améliorant le maillage territorial en psychologues, psychiatres et pédopsychiatres.
La SFMP appelle aussi les pouvoirs publics à "mettre en œuvre les recommandations de la mission sénatoriale sur l'avenir de l'offre de soins en périnatalité", notamment la création d'un registre national des naissances et des décès périnataux et un audit de l'offre de soins (cf dépêche du 11/09/2024 à 17:56 et dépêche du 11/09/2024 à 18:45).
cd/nc/APMnews
Informations professionnelles
- AFMU
- Agenda
- Annonces de postes
- Annuaire de l'urgence
- Audits
- Calculateurs
- Cas cliniques
- Cochrane PEC
- COVID-19
- DynaMed
- E-learning
- Géodes
- Grand public
- Librairie
- Médecine factuelle
- Outils professionnels
- Portail de l'urgence
- Recherche avancée
- Recommandations
- Recommandations SFMU
- Référentiels SFMU
- Textes réglementaires
- UrgencesDPC
- Webinaire
- Weblettre

CRISE DE LA PÉRINATALITÉ: ARMÉE DE SES PROPOSITIONS, LA SFMP APPELLE LE GOUVERNEMENT À SORTIR DE L'ATTENTISME
La SFMP déclare s'associer au "cri de révolte" lancé par les journalistes Anthony Cortes et Sébastien Leurquin sur l'augmentation alarmante de la mortalité infantile en France, dans leur livre-enquête "4,1. Le scandale des accouchements en France" publié début mars (cf dépêche du 18/03/2025 à 12:19), tout en soulignant de "notables divergences sur leur diagnostic".
La société savante, qui regroupe l'ensemble des spécialités médicales et paramédicales de la périnatalité, rappelle que "les professionnels de santé tirent la sonnette d'alarme depuis plusieurs années concernant la dégradation de l'offre de soins en périnatalité et demandent aux autorités de santé d'agir, sans être entendus".
Elle déplore en particulier que les auteurs de l'ouvrage "fassent porter sur la fermeture des petites maternités la cause essentielle de la dégradation de l'offre de soins, en se basant sur une seule et unique étude qui cherche à établir une corrélation entre le temps de trajet jusqu'au plateau d'accouchement et le taux de décès périnatal. Les auteurs de cette étude soulignent pourtant eux-mêmes que leurs résultats ne sont pas significatifs". Cette étude, menée en Bourgogne, a été publiée en 2013, note-t-on.
La SFMP partage les points d'analyse relatifs à l'insuffisance de la place des PMI, le recours excessif à l'intérim médical, la dégradation de la prise en charge des prématurés, etc., mais "déplore que tant de place soit accordée à des affirmations sans fondement scientifique sur la pratique des césariennes ou au fait de qualifier systématiquement les grandes maternités 'd'usines à bébés', ce qui n'est pas la réalité".
"L'angle mort du livre, c'est que nous devons composer avec une réalité qui est la pénurie croissante des professionnels en salle d'accouchement. Non seulement l'augmentation du nombre de maternités est inenvisageable mais les fermetures vont immanquablement se poursuivre. Il faut, par ailleurs, stopper l'hémorragie des ressources humaines en prenant en compte les attentes des jeunes professionnels qui souhaitent très majoritairement exercer dans de grands établissements et à proximité d'une grande ville".
La SFMP cite de nouveau l'exemple de la Finlande et de la Suède, qui ont les taux de mortalité infantile les plus bas d'Europe, alors que ces pays ont connu une "réduction encore plus drastique du nombre de maternités". Mais ces fermetures "ont été planifiées, anticipées et réalisées dans le cadre d'une réorganisation globale de l'offre de soins avec, à la clef, les investissements nécessaires à l'amélioration concomitante de l'accompagnement et de la prise en charge des femmes et des nouveau-nés, mais aussi à l'amélioration des conditions de travail des personnels de santé".
Pour la société savante, "la responsabilité essentielle de la dégradation de l'offre de soins périnataux en France incombe donc avant tout au manque total de vision d'ensemble et d'anticipation des pouvoirs publics", l'activité d'une maternité qui ferme étant répercutée sur d'autres établissements sans évaluation ni renforcement des moyens nécessaires, ce qui augmente la charge de travail des équipes, déjà en tension, des départs de professionnels, des difficultés de recrutement, avec un "effet domino", fragilisant à leur tour les établissements qui semblaient les plus solides.
"Il est impératif que les pouvoirs publics se saisissent enfin du problème et engagent la réorganisation de notre système de soins périnataux sous peine qu'il ne s'effondre totalement. La SFMP réitère sa demande de rendez-vous avec le ministre [chargé de] la santé et appelle le gouvernement à sortir de l'attentisme en commençant par nouer un dialogue constructif avec les professionnels de santé, les usagers et les élus", déclare la Pr Delphine Mitanchez, présidente de la SFMP, dans le communiqué.
La société savante a fait parvenir le 1er février un courrier au ministre chargé de la santé et de l'accès aux soins, Yannick Neuder, pour demander un rendez-vous sur le sujet, mais cette demande est restée sans réponse à ce jour.
Regroupements concertés, accouchements sécurisés, hébergements de proximité…
La SFMP rend publiques à cette occasion ses propositions "pour sortir de la crise majeure que traversent les maternités et les services de néonatologie".
En premier lieu, il est nécessaire de "regrouper les plateaux d'accouchements en tenant compte des spécificités de chaque territoire". Aucun seuil minimum de nombre d'accouchements n'est proposé -et notamment pas le seuil de 1.000 accouchements annuels- car "les décisions de fermeture doivent impérativement tenir compte de la singularité de chaque territoire et se fonder sur des critères objectifs de sécurité et d'accessibilité".
Pour cela, il faut veiller à ce que toutes les femmes aient un temps de trajet sécurisé au plateau d'accouchement le plus proche ne dépassant pas une heure, prône la société savante.
Il faut aussi que les équipes soignantes soient de taille suffisante pour garantir aux professionnels un exercice pluridisciplinaire et sécurisé de leur activité, avec une limite de cinq gardes mensuelles et une durée maximale de travail hebdomadaire de 48 heures, conformément à la réglementation; garantir aux femmes l'accès aux plus hauts standards de soins; permettre aux femmes d'être accompagnées dans leur projet de naissance.
La SFMP propose en outre de transformer les maternités qu'on ne pourra maintenir en "maternités sans accouchement", qui "continueraient d'assurer le suivi de proximité avant et après l'accouchement y compris celui des femmes à haut risque du fait de leur précarité psychologique et/ou sociale" et pourraient aussi réaliser l'ensemble des actes gynécologiques de routine, en travaillant en coordination avec les plateaux d'accouchements qui auront été maintenus et renforcés.
Elle appelle à développer les maisons de naissance, contiguës aux plateaux techniques, pour répondre aux nouvelles demandes des femmes.
Elle préconise également de revoir le maillage territorial des transports médicalisés (Smur, VSL, taxi…), afin de garantir l'accès à un plateau d'accouchements dans un laps de temps d'une heure partout sur le territoire national.
Il faut en outre "développer des solutions adaptées d'hébergement à proximité des plateaux d'accouchement", tels que des hôtels maternels, "mais aussi la possibilité d'hospitalisation avant la naissance".
La SFMP répète aussi la nécessité de revoir les décrets de 1998 sur la périnatalité, qui requièrent une réactualisation des normes en ressources humaines. Des préconisations professionnelles conjointes détaillées ont été publiées en 2019 par les représentants des sociétés savantes concernées (cf dépêche du 07/12/2018 à 16:47), mais elles n'ont jamais été prises en compte, souligne-t-elle.
L'activité d'urgence en périnatalité et la pénibilité du travail doivent être reconnues, les secteurs intermédiaires (travailleurs sociaux, PMI) doivent être développés pour mieux soutenir et suivre les femmes en précarité, et l'accompagnement psychologique des femmes durant la période périnatale doit être renforcé, notamment en améliorant le maillage territorial en psychologues, psychiatres et pédopsychiatres.
La SFMP appelle aussi les pouvoirs publics à "mettre en œuvre les recommandations de la mission sénatoriale sur l'avenir de l'offre de soins en périnatalité", notamment la création d'un registre national des naissances et des décès périnataux et un audit de l'offre de soins (cf dépêche du 11/09/2024 à 17:56 et dépêche du 11/09/2024 à 18:45).
cd/nc/APMnews